Je t'aime et tu ne l'entends pas :
Les mots en restent coincés là !
Les sons perdus dans la montagne
Ne sont que la mort qui les gagne.
Tu vois, dans chacun de nos choix,
La vie fait les chemins étroits.
Sans cesse, un mot en tue un autre.
Tu crois en tout nouvel apôtre.
Je sens, dans le ciel, tout ce noir
Prenant ma vie dans l'entonnoir.
J'entends, dans le vent, mes faiblesses.
Tu dis ne pas vouloir savoir :
Tes mots ne sont que ces caresses
Tuant en silence l'espoir.

Ce parfum d'autrefois
Qui envahit mon cœur
Quelques gouttes parfois
La douceur d'un bonheur
L'air emplit mes poumons
Au fil du désert vert
J'entrevois mes démons
Sur le mont découvert
Mes pas sur l'herbe humide
Rendent le temps timide
Et tout ce gris austère
Noue l'amour délétère
Et je revois ta trace
Qui jamais ne s'efface.


Un bruit délicat,
Une douce voix !
Tu te lèves un sourire aux lèvres.
Tu les prends dans tes bras
Comme la première fois.
Quelques pas et vous dansez dans la cuisine,
Elles chantonnent autour de toi,
Les yeux brillants en te regardant.
Un peu de café, un nuage de lait,
Tu pestes contre une casserole...
Elles s'en amusent et rigolent.
Toutes trois vous déjeunez, bavassant en rêvassant.
Les cuillères cliquètent
Et la douce confiture de mûres
S'étale sur les tartines dans quelques fous rires.
C'est la petite valse de la matinée,
Même pas habillées,
Avec encore les marques des oreillers.
Les yeux se glissent,
Les bouches frémissent
De mots heureux :
Le ciel s'ouvre comme un grand soleil...
Parfois je t'imagine
Dans ce monde où je n'existe pas.
