Je vois cet instant qui revient.
Il est nôtre et on s'en souvient
Comme d’un rêve.
Je ne voudrais pas le cacher,
Mais je ne peux le séparer
Du péché d’Ève.
Je ressens en lui ma beauté,
Ta douceur et cette clarté ;
Le grand mystère !
Aujourd'hui, je voudrais que Dieu
Voit que je suis au plus beau lieu
Qui soit sur terre.
J'aimerais qu'il touche l'air pur,
Le nuage blanc dans l'azur,
Sa mosaïque,
Le délicat de l'infini,
Le vert tendre, le bleu uni
Et la musique.
Je veux dans les yeux les lueurs
Folles qui bousculent nos cœurs ;
Un charme étrange
Où se mélange la gaieté
A cette indicible beauté
Pour une orange.
J'espère que l'aube et le soir
Effacent le blanc et le noir
Sur l'aquarelle
Et que, sur mon corps en danger,
Ne soient pas ces mots étrangers :
« Que tu es belle ! »
J'aime sur ma peau l'inconnu
Et que mon cœur s'écroule nu
Dans la poussière,
Que tes gestes se parent d'or ;
Mon âme s'écriant encor
Sur leur misère.
J'envie ce que je n'ai pas vu :
Une caresse, l'imprévu
De poésie !
La nuit devient un autre jour
Où s'éveille en moi un amour
Sans jalousie.
Je serai là, de près, de loin.
Pour assouvir notre besoin
Quoi qu’il m’advienne.
Je prie l'instant sur ce chemin,
Où, mon amour, toujours, ma main
Serre la tienne.
Vers empruntés à « A mon frère revenant d’Italie » d'Alfred de Musset
« Parce qu'on a besoin l'un de l'autre. »

S'éblouir, s'éblouir
De ce bleu cobalt
Qui s'évade par-delà l'horizon
Glissant sur les montagnes
Fuyant les vallées
Espérant nous rejoindre
Laisser fondre
Ce blanc intense et froid
Ce poudroiement de vie
S'écoulant sur nos joues
Cette transparence indécise
Virevoltant en nous
Vivre l'intensité
D'un vert émeraude
D'un vert amande
D'un vert printemps
Dans chacun des brins
S'offrant à la fenêtre
Se pénétrer de soleil
Du jaune de chrome
Au jaune d'or
Jusqu'au fond de nos âmes
Jusqu'au bout de nos corps
Dans un souffle d'éternité
Rêver, rêver
De cette terre de Sienne
Cette aquarelle de poudre
Mêlant à la poussière
Nos amours et nos peurs
Nos envies et nos haines
Puis en un seul baiser
Rouge sang
Attraper les rayons du soleil
Ressentir la même lune
Vibrer de la même terre
Et peindre toutes les couleurs du ciel
« Je crois que c'est depuis que tu m'as fait découvrir les couleurs que je ne supporte plus de voir en noir et blanc. »

L'année se termine ainsi,
Un tout petit temps ensemble,
Un instant qui nous assemble
Même quand le ciel est gris.
Je sens juste la fusion
Dans ce minuscule espace
Où se trouve notre place,
Cet infini trait d'union.
Je t'attends chaque matin
Pour inventer notre monde.
Dans la magie de ton onde,
Je sais qu'un et un font un.
« La complicité avec toi est magique. »
