En tournant le coin de la rue, je sursaute et mes mains se serrent dans mes poches car je viens de croiser un regard. Je sursaute. Ce regard connu, ce regard proche, ce regard puissant n'est que lointain et distant. Il me transperce, il m'envahit, il me vide avant de fuir comme un passant lorsque la pluie survient. Il ne laisse sur ma joue que le sel du passé. En tournant le coin de la rue, je ne vois que ma mort dans tes yeux.

L'herbe s'est couchée,
Que reste-t-il de la nuit ?
Cette fraîcheur sur mes joues
Intense et amère,
Ce frisson sur mon cou
Léger et sincère,
Cette brise dans mes cheveux
Calme et délicate,
Ce baiser sur tes lèvres, feu
Ultime et écarlate…
L'herbe s'est couchée,
L'ombre d'un amour s'enfuit.

Dans mon cœur, ton horizon est d'or.
Le souvenir d'un sourire brille.
Cet instant où tu viens, où tu sors,
Le ciel s'évade de sa coquille.
Du bleu, du bleu, du bleu, plus de gris :
La lumière m'éclaire sans bruit.
Son doux rayon efface la pluie ;
Sur le chemin, le nuage dort.
Dans mon cœur, ton horizon est d'or.
Hommage en bouts rimés à « L'escargot » de Pierre Ménanteau
