Omission
Un mot
Le silence d'un mot omis
Dans l'univers d'un temps promis
Me laisse maintenant sans voie.
Pourtant, à chaque instant, j'attends
Que d'un mot s'efface le temps,
Que renaisse un peu de la joie.
Et là, enlacé par le vide,
Là, sur tes lèvres, suspendu,
Ce mot semble à jamais perdu.
Et là, transparent et livide,
Je sens la mort de l'émotion
S'enfonçant dans la soumission.
un battement sourd
un battement
sourd profond
dans l'espace vide
prenant au temps
les restes d'une vie
un battement
explosant
au cœur de mes tympans
résonnant inlassablement
dans le néant
un battement
que j'attends
que je respire
qui me broie
et m'enivre
un battement
ultime sincère
qui cogne dans mon cœur
comme une vérité
à jamais étouffée
que devient-il
ce battement
maintenant
que personne
ne l'entend
je lis
je lis sa lettre
relis sa lettre
pour juste omettre
et dans ses mots
dans tous ses mots
je lis ses maux
alors que faire
sans me défaire
je sais me taire
et comme çà
je laisse là
tous ses mots là
j'ai lu sa lettre
relu sa lettre
pour juste omettre
Je sais
Chut
je lui offre
je prends
je sais
et promets
Chut
j'abandonne
je ferme
il sait
à jamais
Chut
je regarde
je vois
je sais
et omets
Chut
je me tais
il m'aime
je sais
je l'aimais
Ceci est une montagne
Dans le silence est mort l'automne
En une couleur monotone.
Le paysage dans le blanc,
Le gris, le noir ainsi s'étend.
La montagne change de forme,
Devient galets, sable et, informe,
Couvre le fond d'un océan.
Les échelles se confondant,
C'est une infinie léthargie
Dans laquelle elle se réfugie.
Alors chaque grain de son cœur
S'endort sous les vague de peur.
Oubliant au fond le désastre,
La mer l'englobe comme un astre.
Inspiré de « Heure automnale » de Lucie Delarue-Mardrus
Distance
Je ne savais que sa mémoire est mortelle,
Qu'un long silence n'est que son repoussoir.
Que me reste-t-il d'elle ?
Un mot, un parfum, une histoire infidèle
Mais plus aucun espoir.
Je ne savais que le temps souvent s'enivre,
Qu'un seul mot d'amour nous fait parfois rêver.
Que reste-t-il à vivre ?
Un mot, une phrase, une histoire ou un livre
Mais plus rien à sauver.
Je ne savais que l'amour est la lumière,
Que d'un seul regard s'enterre le bonheur.
Que devient ma prière ?
Des mots, des histoires dans sa bouche fière
Mais plus rien dans son cœur.
Effacer
Gris, gris paysage,
S'effacent les pas ;
D'un silence plat,
Se meurt le message.
Le désert sauvage,
Réfléchit tout bas ;
Il n'existe pas
Dans son monde sage.
Il reste du pont
Un joli sermon
Perdu sous la pluie.
L'éclipse d'un jour
Aujourd'hui t'ennuie,
S'efface l'amour.
Ici
Un soir à attendre, un soir
Comme un autre soir loin de la foule,
Un soir sans espoir
Où la fin du jour ici s'enroule,
Un soir où tout semble noir...
Le silence est cette danse
Où tous les mots ont perdu leur son.
Aucune cadence :
Les absences sont à l'unisson
De ce lent silence dense…
Ici la vie est aussi
L'immense paysage sans joie,
Ce mot sans ami,
Ce chemin qui a perdu sa voie.
Ici, Lucie, tu me manques ainsi...
Perdues depuis des années
Perdu tel un funambule,
Je recherche tes pensées
Perdues depuis des années
Dans quelques points sans virgule.
Perdu au temps qui recule,
J'entends nos voix dépassées
Perdues depuis des années
Dans un passé incrédule.
Perdu, je ne sens que ça :
Les vraies valeurs de tes bras
Perdues depuis des années.
Seul, dans le fond de ces nuits
Perdues depuis des années,
J'attends tes mots qui s'enfuient...
L’averse
Ton corps tremble sous le vent.
Comme une claque,
Chaque mot est une attaque.
Tu pleures en souriant.
Le temps est adverse.
Chaque phrase te traverse.
L'amour, je crois,
Est cette vérité nue,
C'est une folle inconnue
Où chaque mot a sa croix.
Dans le silence,
Je t’entends comme souvent.
J'étends ton cœur qui s'élance
D'un mot perdu dans le vent.
Lentement, il bouleverse
Tes sentiments.
Dans ton âme, il pleut à verse
Ces mots de tous les instants.
Le squelette d'un amour
Que sont tous ces mots de glace parmi
Tes longs silences ? Une carapace ?
Je cherche cette image fugace
D'un amour qui n'est pas ennemi.
Où est ce vrai sentiment ami
Qui ouvrait à la terre l'espace
D'un instant ton cœur ? A la surface
De tes lèvres, il s'est endormi.
Au fond de tes veines, il s'égoutte
Laissant nos sangs dans le trou béant
De l'absence sans le moindre doute.
Mes mots maintenant sont le néant :
Dieu, tu me vois comme un mécréant
En m'offrant cet enfer sur ta route.
Être en silence
Dans le ciel, le silence :
Le nuage est son nid.
Je n'entends que sa danse
Qui s'éteint dans la nuit.
Dans le ciel, le silence :
Le soleil est l'ennui.
Je l'entends et je pense
Que ceci est son cri.
Dans le ciel, le silence
Fait qu'en moi la pluie luit
D'une douleur intense :
Le jour ainsi finit.
Un instant, en silence,
L'amour serait parti
Et, dans ce vide immense,
Je serais avec lui.
Mémoire
Le ciel est toujours noir :
La couleur de ma vie,
Celle de mon espoir,
Celle de mon envie !
Le ciel n'est plus rien.
Il perd la mémoire.
Aucun mal, ni bien...
A peine une histoire !
Pas un seul mot,
Son cœur balance
Dans mon caveau
Tout son silence...
Et j'attends
Que se brise
Tout ce temps
D'une bise.
J'attends
La larme
Du vent ,
Son charme.
Chut
Ecoute
Le début
D'un mot... sans doute...
Lorsque nous perdons la mémoire,
Nous perdons un peu de notre âme.
Inspiré de « Un grand sommeil noir » de Paul Verlaine
Dans l'interminable envie de l'amour
Dans l'interminable
Envie de l'amour,
J'attends chaque jour
Que coule le sable.
Le ciel est de cuivre,
Sans un mot. Aucun !
Je ne peux le suivre
Hors de son chemin.
Parmi les buées,
Se noient tous les sons
Et tous les pardons,
Loin de nos pensées.
Le ciel est de cuivre,
Sans un mot. Aucun !
Je ne peux le suivre
Hors de son chemin.
La mort est lascive,
Sa lumière est aigre.
Quelques bises maigres,
Le silence avivent.
Dans l'interminable
Envie de l'amour,
J'attends chaque jour
Que coule le sable.
Vers empruntés à « Dans l'interminable ennui de la plaine » de Paul Verlaine
A peine
Sous le pont coule ma peine,
Mon amour,
Es-tu sereine ?
La vie coule de ma veine.
La nuit, la lumière
N'est que ma geôlière.
Mon cœur perdu dans l'impasse
Est toujours
Sur cette trace ;
La vie ne peut être lasse.
La nuit, la lumière
N'est que ma geôlière.
Mon âme est cette eau courante
Qui, un jour,
A pris ta pente.
La vie n'est pas qu'impatiente.
La nuit, la lumière
N'est que ma geôlière.
Passe le temps et s'emmène,
Mon amour,
Une vie vaine.
Sous le pont coule ma peine.
La nuit, la lumière
N'est que ma geôlière.