Arrêt
Silence de mort
Les soirs où l'amour se consume,
Le temps tient à peine à un fil :
Le rêve d'un amour subtil
Qu'une chevelure parfume.
Sur son épaule douce et nue,
Sa robe blanche aux notes d'or
Sans bruit s'évanouit encor
Au long d'une nuit étendue.
Sous ses yeux est mon agonie.
Son choix met mon âme à genoux
Stoppant une envie infinie.
Sans paroles, sans défaillance,
S'éteint son cœur. La violence
Du silence ne tient qu'à nous.
Pur jusqu'au silence
Le ciel est pur. Seul un nuage
Semble oublier ses peurs,
Semble oublier ses pleurs
Dans la lumière d'un autre âge.
Le ciel est pur. Il est assis,
Sans bruit, en tête à tête,
Sans bruit, l'air un peu bête
Cherchant en lui le paradis.
Le ciel est pur. Le ciel est frais.
Si léger, en silence,
Si léger, en conscience,
Il rêve à l'infini l'après.
Le ciel est pur. Le ciel se perd
Dans quelques mains tremblantes,
Dans quelques voix mourantes,
Il clôt le chemin entrouvert.
Le ciel est pur. Il est changeant.
Avec lenteur, il ose.
Avec douleur, il pose
Les traits d'un silence brûlant.
Une ligne
Une ligne pour s'en aller,
Une ligne pour ne plus être,
Une ligne dont tu es maître,
Comment as-tu pu la tracer ?
Une ligne dans le passé,
Une ligne qui se désire,
Cette ligne que je respire,
Quelle a été sa vérité ?
Une ligne disant comment,
Une ligne comme une image,
Une ligne et pas davantage,
Lorsque le silence s'éprend.
Fragile un 30 mars
Quand le jour devient nocturne,
Que le ciel est au couchant,
Que le silence est un chant,
Chaque mot est taciturne.
Quand le jour n'est plus qu'un soir,
Que le ciel n'est plus à l'heure,
Que le silence demeure,
Chaque mot n'est plus que noir.
Quand le jour est invisible,
Que le ciel est sans demain,
Que le silence est sans fin,
Plus aucun mot n'est paisible...
Quand le jour n'est plus un jour,
Le ciel trouve préférable
Le silence insupportable
Evitant le mot Amour.
Du coup
Le silence ne pardonne pas.
Ce doigt, là sur ta bouche, me blesse.
Lui seul contient toute ta faiblesse,
Jusqu'à en effacer nos pas.
Je ne sais plus quelle est ta nature,
Je ne ressens plus que le ciel bas.
De ton silence nait la fracture,
La quintessence du châtiment
Je ne sais pourquoi, assurément,
Il est devenu ta créature.
Je ne peux vivre sans ressentir
Ses coups d'une violence pure.
Tout ce silence vient m'investir
Puissant comme le pire vacarme,
Et, même s'il se glisse une larme,
Tu ne chercheras à l'amortir
De peur qu'un instant il te désarme.
Du coup, nul mot ne te touchera.
Le silence ne pardonne pas.
Parking
Au revoir ! Au revoir Amour !
Dernier baiser au bord du parc,
Dans les tons gris s'éloigne l'arc.
Reverrais-je le ciel un jour ?
Je ne sais que la nuit de marbre
Soufflera sur le monde triste.
Mais ta voix a perdu ma piste.
N'ai-je que la graine d'un arbre ?
Sur le noir goudron abyssal,
Tes mots passent, passent, s'en vont
Oubliant cet instant profond.
Ce lent silence est-il fatal ?
Au revoir ! Au revoir Amour !
Dans ce dernier baiser frivole,
Tu voles mon cœur qui s'envole.
M'as-tu vraiment aimé un jour ?
Le temps avance
Dans ma tête un sourire
Que je n'aperçois pas
Ne reste que le glas
D'un temps qui se soupire
Un mot qui est le pire
Un qui ne se dit pas
Un que tu oublias
Ton cœur ce mot expire
Le silence du temps
Avance à chaque instant
Dans quelques humeurs troubles
Tandis que vient le soir
Pour l'homme que tu doubles
S'installe l'inespoir
chanson triste
un lent regard bleu
quand tu le désires
en un fou délire
dans ce curieux jeu
un doux regard bleu
entre un franc sourire
et un grand fou rire
d'un instant heureux
mille regards bleus
mille et un sourires
quand je te désire
pris dans tes cheveux
le froid regard bleu
du silence expire
lentement le pire
d’un passé heureux
Le temps
Est-ce le temps qui secoue
Mon corps perdu en chemin ?
Est-ce le temps du dédain
Qui me plante dans la boue ?
Est-ce le temps où sa joue
M'a abandonné soudain ?
Est-ce le temps où sa main
M'a délaissé dans la soue ?
Je ne sais du temps présent
Que son doux regard absent.
Est-ce que le temps s'arrête ?
Je ne sais du temps absent
Que son cœur est dans ma tête.
Est-ce que le temps est à nous ?
Connaître un autre mot
Un mot de séparation
L'arrêt de la connaissance
Un mot sans élévation
Scelle notre mésalliance
Un mot dans l'indifférence
L'amour s'efface peut-être
Le silence est une science
Pourtant je veux te connaître
Vacance
Le silence est une posture.
Je le voulais et je le jure,
L'amour n'était pas un hasard.
Tant pis pour le coup de poignard !
Je sais, je n'en fais qu'à ma tête
Sous l'emprise de ma tempête.
Je le sais, ce cercle vicieux
Préfère encor le mal au mieux.
Et, entre le bien et le pire,
Je suis perdue et je soupire.
Alors, je me tais, les mots, eux,
Tu ne les vois pas dans mes yeux !
Cœur de papillon
Une fois ton choix prononcé,
Enfin s'enterre l'adultère.
Tant pis pour le ciel et la terre,
Mieux vaut avoir le cœur percé,
Là, tel un papillon fixé
Au mur sur le tableau austère,
Il n'est qu'un être solitaire,
Un nid à poussière insensé.
Mais sa pensée est immortelle
Et il attend que, d'un coup d'aile,
Elle change le rien en bien !
Il attend la lumière. Il pense
En rêvant qu'elle dit : " Viens ! "
Qu'une nouvelle fois il danse...
Ballade à un ciel nu au bout de mon cœur
Ciel à l'endroit, ciel à l'envers,
Chacun des mots tourne la page,
Dans chaque rime et chaque vers,
Je ne sais t'aimer davantage.
Au premier temps, au premier âge,
J'ai vu le temps, j'ai vu le fil.
J'ai pris l'amour et puis la rage :
Je t'aimerai même en exil !
Un jour de froid, un jour d'hiver,
Dans la maison, dans cette cage,
J'ai lu le monde à découvert,
J'ai vu la vie et ton partage...
J'ai mis la main sur ton corps sage
Et sur ton sein, sur ton nombril...
Sur ce chemin et davantage,
Je t'aimerai même en exil !
Sur la terre, dans l'univers,
J'ai cru tes yeux et leur adage.
Et dans les bleus, et dans les verts,
J'ai cru ton cœur et ton visage,
Sur tes lèvres, mon paysage,
La vérité, l'amour subtil...
Comme un écrit, comme un message,
Je t'aimerai même en exil !
Encore
Dans ce dessein, ce gribouillage,
Le vrai amour existe-t-il ?
Du fond du cœur, du fond de l'âge,
Je t'aimerai même en exil !
Angoisse
L'angoisse nait lorsque le temps
S'éternise sur nos joues pales,
Que dans les brumes automnales,
Il s'allonge indéfiniment.
En l'absence de sentiments,
Il tournoie en tristes spirales
Et me noie en vagues rafales
Par son silence assourdissant.
Tous les mots partis dans l'acide
S'écoulent dans mes yeux :
Je regarde s'enfuir leur pas.
Dans cette indécence morbide,
Ciel et terre n'existent pas :
Ce ne sont que poussière et vide...
Cran d'arrêt
Le ciel est en acier ;
C'est un drôle d'éclairage.
Il ne peut le justifier.
Est-ce un manque de courage ?
Pourtant,
Inlassablement,
Chacun des mots se désole
Tendant vers l'isolement.
Entends,
La vie n'est que folle.
Les phrases dans la forêt
N'étaient pas indifférentes
Et, même après un arrêt,
Elles restent persistantes.
Si le couteau sous ta gorge
Fait que le ciel est muet,
Inlassablement je forge
Ce mot qui viendra après.
Alors, ivre sans alcool,
Je rêve à toutes ces choses.
Je conserve en moi ce fol
Espoir qu'un instant tu oses
Poignarder les portes closes.