Mystère
D'un trottoir à l'autre
D'une larme sur un trottoir,
D'un dernier soir de désespoir,
L'histoire sortie de la boue
A glissé au bord de ta joue.
Elle a roulé si lentement
Que nul n'aperçut l'évident
Dispersé au cœur d’un nuage.
Sans savoir que passait le temps,
Elle s’arrêta un instant,
A peine le temps d’un orage.
En silence, sur ta peau douce,
Traversant ce chemin de frousse,
Mourut sur le trottoir tabou,
Laissant une autre larme au bout.
lux
une pièce
unique pièce
perdue dans la forêt
aucun son
aucun bruit
juste une chaise
juste une table
et de la poussière
tant de poussière
et là
juste là
dans le silence
du silence
un rayon
unique rayon
de lumière
Impact
L’impact des gouttes sur le métal.
Un temps, le temps s'arrête... Fatal !
Un corps sur le trottoir noir repose.
La pluie ? L'amour ? Un crime ? Une dose ?
Pas d'empreintes. Un corps mis à mal.
Sans traces. Un silence létal.
Au fond de ses yeux, une ombre rose.
Déjà son âme se décompose.
Un cadavre exquis. Aucun souci.
Pas de vie. Pas de bruit. Rien ici.
Qu'un souffle ou peut-être qu'un mal être.
Dans l'ombre sombre d'un vieux chemin,
La pluie ? L'amour ? Dans l'impact d'un être,
Se perd le destin de l'assassin.
Désert
Vois désert ! Sa mélancolie
N'est que le trouble d'un enfer
Lorsque la vie s'est affaiblie
A en perdre de vue la mer,
Ce désert.
Vois désert ! Quelques grains de sable
Aussi brûlants qu'en plein hiver
Ont fait leur trace inoubliable
Sur la terre privée de l'air
Du désert.
Vois désert ! Au cœur d'une larme
Se sont éteints deux arbres verts
Se figeant sans le moindre charme,
Deux fantômes de l’univers
Si désert.
Dis désert ! Mais est-elle heureuse
Sur son chemin à découvert
Comme une lumière peureuse
Plongée dans la douleur à l'envers,
Son désert ?
Oasis
L'amour est cette lointaine histoire
Qui s'en va et se perd dans la mer,
Une vague de mots sans mémoire
Où la terre n’a aucun éther.
Le silence est posé comme un voile.
Ces mots apeurés dans leur prison
Quand la mort les suspend à sa toile
N'ont plus que le sol pour horizon.
Dis, sais-tu que dans le désert
Chaque mirage est un enfer ?
Le sens des secondes
Peur de voir le temps qui s'ennuie
Ici, et ailleurs, et là-bas...
Peur de ressentir cette pluie
Là, et partout, quand tu t'en vas.
Transparente est notre montagne,
Elle n'a plus ni haut, ni bas,
Transparente et plate campagne
Où chaque grain n'est plus que terne.
Peur d'être touché par le froid,
De voir s'éteindre la lanterne,
Peur d'être encore maladroit
Sous le ciel aux couleurs en berne.
Transparente est la vie profonde
D'un passé ressuscité,
Transparente âme vagabonde
D'un cœur prêt à se soulever...
Peur de vivre chaque seconde !
Feu
La couleur passagère
Vient de s’évanouir
Au souffle d'un désir
Devenu un mystère.
Et sur sa peau légère
Se glisse le plaisir
Allant jusqu'à l'enfouir
Tout au fond de la terre.
Puis, petite Lucie
Achève l'éclaircie
Au cœur de ses yeux bleus.
C'est toute la lumière,
Son âme tout entière,
Qui consume les cieux.
Campanules
Deux petits cœurs, deux petits cœurs brûlent
Sur le chemin, la main dans la main,
Prenant la lune pour une bulle,
Prenant la lune au cœur de leurs mains.
Prenant la lune pour une bulle,
Leurs cœurs se posent sur le chemin,
Dans la douceur d'une campanule,
Dans la douceur du petit matin.
Dans la douceur d'une campanule,
Se rêve, se rêve un doux matin.
Deux petits cœurs deux petites bulles,
Deux petits cœurs brûlent en chemin.
Deux petits cœurs, deux petites bulles
Basculent du jour au lendemain,
Des campanules dans une bulle,
Des campanules sur un chemin.
Quel est donc ce froid
que je sens en toi ?
L'amour est ta science.
L'amour est ton corps,
Sous ma main, cet or
Est un incendie.
L'amour, un décor ?
L'amour est la vie.
Ma main étourdie
S'enivre du jour.
L'amour d'une vie ?
L'amour court toujours.
Ma main suit le cours
De courbes rosées.
L'amour pour toujours ?
L'amour d'une idée,
Mes mains exposées
Cherchent ton émoi.
L'amour, une idée ?
L'amour est en toi,
Ma main sans effroi
Entrouvre la porte.
L'amour est-il froid ?
L'amour qui s'emporte,
Ma main est plus forte
Que tous les après.
L'amour, une porte ?
L'amour est si près
Ma main sans projet
Espère une noce.
L'amour est-il vrai ?
L'amour est féroce.
Ma main est ce gosse
Qui perd son trésor.
L'amour, être atroce ?
L'amour du silence...
N'est-ce...
N'est-ce que de l'Ennui ?
Hier n'est plus aujourd'hui,
Je ne suis pas lui.
N'est-ce qu'une journée ?
Ta beauté est malmenée,
Elle est obstinée.
Est-ce que l'amour ment ?
Sans fin, ton désir ardent
Meurt assurément.
Est-ce que l'amour est haine ?
Quand les mots font de la peine,
Toi, tu es sereine.
N'est-ce qu'un désir fou ?
Tu ne prends que l'amour mou
M'écroulant au bout.
N'est-ce qu'un temps candide ?
Ta lumière est splendide
Et devient sordide.
Est-ce une autre raison ?
L'amour n'a pas de saison,
Il est déraison.
Est-ce un reste de rêve ?
Le temps n'a aucune trêve.
Ton choix : marche ou crève !
N'est-ce qu'un vieux tourment ?
Je pense à tes mots d'antan
Disant m'aimer tant.
N'est-ce que ce ciel vague ?
Lentement, ma vie divague
Entre bague et blague.
Est-ce un regard aimant ?
L'amour est le sentiment
De quelques amants.
Est-ce que tu es morte ?
Tu enfermes ton cœur froid
En fermant la porte.
Pourtant, je crois en toi !
Le temps d'un regard
D'un seul regard complice,
Le temps de se donner,
Le temps de ce délice
Ne sait que pardonner.
Et tu sais que je t'aime,
Le temps me rend heureux !
Le temps est dans tes yeux
Le seul plaisir suprême.
Noir désir
Dans un monde à l'envers,
La beauté est fragile
Et ressemble aux enfers.
Dans l'amour à l'envers,
Chaque mot est futile,
Fût-il écrit en vers.
Et pourtant est ardent,
Cet amour qui se plie
A ta mélancolie
Sans aucun sentiment.
Et mon cœur est ardent
Jusqu'au bout de ta vie
Juste au bord de l'envie
D'un amour impudent.
Mystère
Pourquoi erre une âme ?
Recherche-t-elle la mort
Quand la vie réclame
De son amour un effort
Sans nul état d'âme ?
Vois-tu dans demain
Sur ta poitrine une tâche ?
Ton cœur en chemin,
Serait-il devenu lâche
En laissant ma main ?
Perds-tu l'espérance
Dans une fidélité ?
Veux-tu l'assurance
Pour une sécurité
Loin de la souffrance ?
Je ne le sais pas !
Il me reste le mystère
D'un juste combat.
Le ciel a aimé la terre,
Je ne l'oublie pas !
L'immoralité de l'éternité
Je t'aimerais toujours
Mon amour !
Le temps n'est que ce rêve
Cauchemar
Qui bouillonne sans trêve ;
Tout un art.
On croit qu'il passe vite
Et pourtant
Sans toi va la seconde
Lentement.
La minute recluse
Dans mon sang
Jouissante s'amuse
En pleurant.
L'heure passe et m'éloigne
De tes bras
Sans que rien ne rejoigne
L'au-delà.
Ainsi c'est la journée
Qui s'en va
Et tu l'as oubliée
Dans tes pas.
S'enfuit une autre année
Sans un bruit
Que tu as effacée
De ta nuit.
Le temps peut disparaître
Mais là-bas
L'éternité peut-être
Me dira :
« Je t'aimerais toujours
Mon amour ! »
Un mot sans contraire
Chaque mot n'est pas pareil,
Bonne et mauvaise nouvelle.
Pris entre lune et soleil,
Un seul mot rend la vie belle.
Chaque mot est un réveil
Quand il est cette grande aile
Même caché, en sommeil,
Un seul mot nous ensorcelle.
Chaque mot est paradis
S'il s'accroche à un encore :
Un unique mot suffit.
Mais ce mot est sans chemin
Si tu crois dans son déclin
Au silence de l'Aurore.