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Le carnet du bois de hêtres

Hêtre

 

As-tu un jour entendu

Dans le silence éternel

Les feuilles au bord du ciel ?

Tu le sais : tu es venue...

 

Dans les bras des branches ragent

Les tourments des gens passant

Un à un nus sous l'orage.

Je crois en cet arbre aimant...

 

à cet arbre au milieu du chemin

 

 

 

 

 

Est-ce

 

Est-ce toi

Qui cherche le ciel

Est-ce le ciel

Qui pèse sur toi

Est-ce le vent

Parfois

Est-ce le temps

Sûrement

Un peu de tout cela

Est-ce que tu m'attends

Est-ce que tu me penses

Est-ce la dernière danse

Je ne sais pas

 

J'ai encore froid

 

à un vieux pin en S

 

 

 

 

 

Seul au pied du saule

 

Il pleut

Il pleut dans tes branches

Des mots et des feuilles

Il pleut

Il pleut dans ton cœur

Des silences de sève

Il pleut

Il pleut sur le bord du lac

Ce bonheur dont je rêve

 

Et là

Sous cette pluie

Je m'appuie contre toi

Pour regarder le temps flotter

 

à un saule pleureur

 

 

 

 

 

L'arbre nu

 

Le ciel me regarde et dans ses reflets je vois qu'il bavarde des êtres discrets

Je sais qu'il leur conte tous ces jours d'avant ceux où j'avais honte de faire semblant

Maintenant je suis nu face à la pluie les bras dans la nuit du temps qui s'ennuie

Le ciel me regarde et dans ses reflets je vois qu'il me darde de tant de regrets

 

 à un vieil olivier

 

 

 

 

 

Image frêle

 

Au cœur du jour, l'image frêle,

Souple et belle de cet oiseau

Qui ouvre lentement ses ailes

Toujours plus haut.

 

Dans la lumière, elle s'élève

Au firmament de la forêt

Volant à chaque instant ses rêves ;

L'amour paraît.

 

Si simple, son corps se dévoile

Lorsque se cache le soleil,

Alors elle cherche l'étoile

Les bras au ciel...

 

à un bouleau blanc

 

 

 

 

 

Eucalyptus

 

Comme un petit ours au pied d'un eucalyptus

Je perçois le feu, je perçois la flamme

Sous ce ciel rouge cendres

Mon corps accroché au tronc en lambeaux

Je perçois le vide, je perçois la fin

Sous ce ciel de janvier

Mon cœur avait pour horizon la cime

Il n'a plus que le néant des abîmes

Le sol a disparu

Et mon arbre est mort

Dans ce ciel de braise

Je ne suis

Qu'un petit ours au pied d'un eucalyptus

Mon eucalyptus aux parfums de bonheur

Mon eucalyptus aux saveurs de lenteurs

Et avec lui, je meurs

 

à tant d’eucalyptus

01.20

 

 

 

 

 

Pom

L’instant s’arrête

Le long du chemin

Restent quelques douceurs

Rouges et vives

 

Petites pommes

Petit amour

L’instant est vrai

Le jour est frais

 

L’instant s’arrête

Et continue doux

Restent quelques graines

Sèches et sombres

 

Petites pommes

Petit amour

L’instant est loin

Le jour s’endort

 

L’instant s’arrête

Il pousse alors

Restent quelques fleurs

Blanches et pures

 

Petites pommes

Petit amour

L’instant sourit

L’instant se vit

 

 

L’instant s’arrête

Dans le jardin

Restent quelques parfums

De pommes et d’amour

 

à un petit pommier d’amour

 

 

 

 

 

Si près

 

Si près

Sous les fougères

D'un regard flamboyant

À la recherche de l'automne

Si près

Au bord de l'eau

À travers les vagues

Des anciens sanglots

Si près

La main sur l'écorce

Caressant le temps

Qui se décompose

Si près

À croire que le vent

N'est que la métamorphose

Des amours d'avant

Si près

La tête dans les étoiles

Le corps comme une voile

Et les pensées

Si près

De te retenir

 

Arbre

Entre tes branches

Je lis le ciel

 

à un cyprès chauve

 

 

 

 

 

Un vieil ami

 

Il était là

Au bout de la voie

Comme un vieil ami

Sous le ciel étoilé

 

Il gardait

Idées et secrets

Sous ses longs bras

Elancés

 

Chaque fois

Que je me promenais

Je le croisais

Et l'on se taisait

 

Mais je crois

Qu'au fond de moi

J'ai toujours pensé

Qu'il me comprenait

 

Un jour il est parti

Je ne sais pas

Ce qu'il est devenu

 

Un jour il est parti

Pour être peut-être

Un sapin de Noël

 

au vieux sapin

 

 

 

 

 

Peau à peau

 

Ma peau contre ta peau

Je ressens le temps

La caresse du vent

Et ta présence au présent

 

Ma peau contre ta peau

Je revis l'instant

Cette danse autrement

Et chaque jour différent

 

Ma peau contre ta peau

J'en oublie la vie

Le triste de la nuit

Et toutes les pluies aussi

 

Ma peau contre ta peau

Je revois l'envie

De ce jour qui s'enfuit

Mais je resterai ici

 

Ma peau contre ta peau

 

à un très vieux chêne

 

 

 

 

 

Blanchefontaine

 

Le chemin est droit

Le chemin est fidèle

Se promènent les pas

Entre la verdure et l'eau

Le paysage est paisible

Le paysage s'étire

Au-dessus de la Bonnelle

Parmi les temps passants

Chaque jour se respire

Chaque jour s'inspire

De nos passés pressés

De nos amours transis

Et le long de l'allée

Et le long des années

Chaque seconde passe

Se rappelant à nous

Dans l'automne frileux

Dans l'automne langrois

La promenade relie

Ceux qui s'aiment parfois

 

à quelques tilleuls

 

 

 

 

 

faux acacia

 

frappé par la foudre

il y a si longtemps

que j'ai oublié

seul mon corps se rappelle

la blessure noire

qui me traverse

et ces supports

qui me retiennent

pour que la mort

un temps s'abstienne

 

sur ce petit banc

tressé de bois

circule le temps

tout autour de moi

 

personne ne sait

ce que mes fleurs cachent

alors que me regarde

Notre-Dame

 

à un très vieux robinier faux-acacia

 

de branche en branche

en transparence

s'attachent les cœurs

les petits bonheurs

 

donne-moi la main

et retiens-la bien

cet arbre est fort

et nous porte encore

 

de ciel en ciel

même artificiels

je crois toujours

en ces jours d'amour

 

à l'arbre de l'amour

Saint-Faustin-Lac-Carré, QC

 

 

 

 

 

Vlei

 

L'amour se cache, l'amour pénètre jusqu'à l'âme du désert. L'éternité n'a pour pureté que la vérité. Le sable épouse le vent et tous ses tourments. Le ciel se noie dans les bleus et les ors des soirs. Et lorsque le silence vient, que la nuit en oublie la moindre vie, il est là planté telle une croix dans l'immensité d'un vide froid.

Je ne sais pas s'il sait, je ne sais pas si tu sais ce qu'il représente après tant d'années.

Là, sur l'onde orange et vacillante, il est droit, les bras tendus vers un azur pur. Il ne rêve plus, il ne pense plus, il ne croit plus. Son corps noir et mort retient la silhouette d'un absolu disparu. Et sur cette plage immense et sèche, il n'attend plus rien et plus rien ne l'attend.

C'est curieux, avec le temps, on finit par ne plus savoir qui l'autre est, ni ce qu'il pense...

Tout se perd et se transforme...

En rien.

 

à un vieil acacia du désert

 

 

 

 

 

Seul pleureur

 

Mon arbre est mort

Un jour comme l'on s'endort

Il avait bien encore

Quelques feuilles dorées

Il avait bien encore

Une certaine vitalité

Mon arbre est mort

Un jour comme l'on s'endort

Ils sont venus

Au petit matin

Ils sont venus

L'emportant au loin

Mon arbre est mort

Un jour comme l'on s'endort

Mais je le sais

Je le sais bien

Il restera en moi

Toujours enraciné

Mon arbre est mort

Un jour comme l'on s'endort

Je n'oublie pas

Je n'oublierai jamais

Où est cet arbre

Sous lequel je pleurais

 

à un saule pleureur

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