
Verre de rage
Acharné, décharné,
Aucune force, rien que la rage,
Je ne peux me souvenir de l'orage.
Est-ce une émeute dans ma tête
Ou simplement une tempête
Dans un verre d'eau ?
Je ne sais à quel moment
A commencé le massacre.
Je ne sais à quel instant
Se situe la rupture.
Je ne vois maintenant de la nature
Humaine que le fond du verre.
Est-ce la crue
Ou la sécheresse
Qui font qu'il déborde ?
Je ne peux boire que les déboires
De ce calice jusqu'à la lie.
Je ne peux voir qu'un bout de l'histoire
De cette eau plate et saumâtre.
Impossible de vider ce verre !
Un verre d'eau
Un verre d'eau
temps pluvieux
je pleux
tu pleux
il pleut
de ces pluies douces
qui se glisse
sur ta frimousse
nous pleuvons
un peu plus
chaque jour
par grand soleil
par tendre neige
je pleux
tu pleux
il pleut
tout le temps
de ce sourires
qui s'écoulent
le long de nos yeux
par temps pluvieux
il pleut
Et nous sommes heureux
tous deux
Dans le même verre d'eau
Jours à la dérive
Seul. Tout seul. La tête dans le ciel.
Il ne reste du temps que sa lueur. Rien. Rien de bien. Rien de mal. A peine quelques secondes qui s'écoulent dans le vide. Rien. Rien que cette sensation lointaine qui se profile dans le silence de ce jour en partance.
Et puis dans l'attente se ressentent les tourments des anciennes blessures. Et puis dans l'absence se lient les mots d'orgueil. Ceux de fierté aussi. Ceux de malheur. Ceux de rage. Et tant d'autres sans courage.
L'ombre des secondes, des secondes et des secondes parcourt l'espace ne laissant comme trace que ces traits qui se dessinent dans la poussière à travers les rais de lumière.
Et se comptent et se comptent et se recomptent les illusions perdues. Le temps n'existe vraiment qu'à quelques instants. Ces instants où finalement il faut reprendre sa respiration. Ces instants où décidément la raison l'emporte sans que l'on sache pourquoi on a eu tort.
Le jour s'en va. Les jours s'en vont. Et toi ?
En bord de mer
Une vague, une vague, une vague et encore une autre et le sable se défile lentement entre mes doigts. Je ne peux défier le temps. Tout s'en va.
Lame après lame, la mer découpe les instants pour les séparer du présent. Je ne retiens rien. Ma mémoire s'efface. Elle perd la trace du passé. Elle se perd toute seule dans l'écume des jours.
Les flots emportent la raison. Les flots emportent la passion. Les flots emportent même la mer.
Lettre à une huître
Écoute le sac et le ressac et retiens l'écume qui survient...
Écoute le chant des pierres et du sable, écoute-le bien.
De jour comme de nuit, sous la lune et sous la pluie,
Il regorge de vie et d'envies, d'ailleurs et d'ici.
Écoute à l'intérieur les battements de l'océan.
Écoute un peu plus ce que conte la mer.
De l'éclair au tonnerre, dans les gris de l'hiver,
Elle tisse les dentelles des temps s'en allant.
Écoute ce filet de lumière et ses lentes caresses.
Écoute leur chaleur et leurs douces valeurs :
Ton trésor n'est pas cette perle contre ton cœur
Mais cette eau qui passe emportant tes pensées.