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L'amour est bleu

 

De mille batailles, de mille morts, l'amour encore résiste.

Stupéfaction des gens, des morts, l'amour encore persiste.

Et sans désir, et sans la mort, l'amour toujours existe.

Alors encore, alors même mort, le bleu, c'est sûr, subsiste.

 

Et moi, assis là, je regarde l'océan dérober le ciel.

 

 

 

 

 

L'amour est chaud

 

La nuit repense au jour. La nuit refait le temps. La nuit s'impose toujours. Parfois on croit avoir raison. Parfois on croit dominer. Parfois on croit, simplement.

Sous les feuilles d'or se dessinent impassibles les couleurs de l'amour. Elles s'assemblent tels des papillons dans les mouvements du ciel. Elles ressemblent à ces aurores dans les matins frais. Parfois on croit, doucement.

On ferme les yeux, un peu plus fort encore. On ouvre son cœur pour y trouver la déraison. Et là, d'un pas décidé, on avance l'un vers l'autre sans même penser. Tout cela est si simple. Tout cela est si doux. Et l'on sent monter en nous cette force. Entre le vide et le néant reste la braise.

 

 

 

 

 

L'amour est chat

 

Cela ne s'explique pas. D'aucune façon, on ne peut savoir pourquoi. Il est là lové dans nos bras, glissant dans nos draps, perché dans cet arbre, couché au soleil chaud d'un automne radieux.

Cela ne se désire pas. Rien d'obligé, rien qu'un mouvement lent sur l'arête d'un toit, sur les mots d'une voie d'une je ne sais quoi. Il se tient sans un bruit se faufilant entre les portes, fermant les yeux sur les qu'importe et les ouvrant juste pour le plaisir de revenir.

Cela ne se suppose pas. Ni hasard, ni espoir, il peut même pleuvoir chaque soir, chaque jour, chaque instant est différent. Il s'éclipse pour mieux voir et s'illumine sans savoir où on l'attend, où on le prend, juste comme cela quand pointe le froid au bout de son nez.

Alors sans minauder, sans rien, ni queue, ni tête, il s'équilibre, se déséquilibre et valse dans nos têtes cherchant à attraper chaque oiseau qui est entré un jour d'été sans savoir où aller nicher.

Il est là. J'entends ton cœur qui frappe à ma porte.

 

 

 

 

 

L'amour est poisson

 

Dehors il pleut.

 

Faut-il l'écrire ? Faut-il en parler ? Faut-il boire cette pluie qui s'incruste doucement en nous ? Faut-il sortir pour prendre une douche douce le regard heureux plongé dans les cieux ?

 

Dehors il pleut.

 

Faut-il rester à l'intérieur et se réchauffer le cœur ? Faut-il sortir et découvrir sa nudité ? Faut-il profiter du piquant de la situation ? Faut-il songer à prendre son vélo et à en rire infiniment du simple bonheur de la situation ?

 

Dehors il pleut.

 

Faut-il, au contraire, prendre un livre ? Faut-il lire un poème ou un roman-photo ? Faut-il peindre l'instant ? Faut-il dérouler ce pull une nouvelle fois pour savoir s'il fait toujours aussi chaud ?

 

Dehors il pleut.

 

Faut-il s'enfermer dans la chambre ? Faut-il ouvrir grand la porte ? Faut-il sauter par la fenêtre et explorer un à un chaque brin d'herbe au cas où ? Faut-il simplement se trouver à notre goût ?

 

Dehors il pleut.

Faut-il tout jeter ? Faut-il tout garder ? Faut-il allumer le feu ou sortir le grand jeu ? Faut-il créer ou procréer ? Faut-il se laisser influencer par le premier arc-en-ciel venu ? Faut-il attraper le nuage ou terrasser l'éclair ? Faut-il crier tonnerre ou s'emparer du silence ? Faut-il donner ? Faut-il prendre ? Faut-il être ? Faut-il vivre ? Faut-il s'aimer ? Faut-il ?

 

Dehors il pleut... et nous sommes comme des poissons...

Faut-il s'arrêter ?

 

 

 

 

 

L'amour est clair

 

C'est dans la cour où il s'élève, et il s'élève et court toujours. Il est cet instant, il est la folie, il est le présent et le passé en même temps. D'un goutte à goutte, d'un mot à mot, d'un rien, d'un doute, il se précipite tout en tournant. Il est intense, il est brûlant et à distance en dit autant que le silence. Et il est pur, et il est dur, tu le sais pourtant quand tu ouvres les yeux.

De-ci de-là, en zigzagant, un mot, un pas, un je-ne-sais-quoi qui ne se dit pas, un grain de sable, un brin de jour, un petit rien entre tes mains, même pas un bruit, à peine l'esquisse, à la fenêtre se dessine le temps.

Horizontalement, le jour arrive, verticalement, la lumière surprend, aucun obstacle si ce n'est les gens, rien en surface, rien sur nos faces... - Peut-être un sourire ? -

Et puis une onde, et puis une autre, et puis une ombre, à chaque seconde, comme un ruisseau où le chant des mots se mélange au temps, aux gouttes de vent, là dans la pente sur laquelle on rit.

Imperceptible, l'instant se brise, en un éclair...

 

Je crois qu'il pleut.

 

 

 

 

 

L'amour est nuit

 

Le jour s'allonge indéfiniment. La promesse est une pensée...

 

La lumière pèse. La lumière croît. Ce n'est que le ciel qui décroit en notre amour, en nos toujours et quelques jamais. Le temps n'est pas ce que l'on croit.

Sans aucun objet, sans aucune idée, le temps fait défaut. Le jour à nouveau ne reste plus haut. Il ne serait que faux sans rien de beau.

Mais le jour s'allonge et la nuit s'enfuit, cette nuit qui tend l'horizon distant. Et le silence en permanence fait la morale à ce jour pâle. La nuit s'enfuit sans alibi. La nuit s'en va sans faire un pas. Elle quitte nos bras.

Nos yeux se ferment sans mettre un terme au rêve auquel notre âme s'accroche.

 

Le jour s'allonge et l'on s'allonge dans un espoir d'éternité.

 

La nuit est là... au bout des doigts...

 

 

 

 

 

L'amour est scorpion

 

Sous les grosses chaleurs, sous les vents de torpeur, sous les cris de douleurs, pique le temps. L'impasse n'est jamais lasse, elle est là tout le temps.

 

Au milieu de nulle part, au milieu de tous les hasards, au milieu de chaque silence, pique le temps. La porte n'est jamais ouverte, elle est ce mur vibrant dans un souffle indifférent.

 

Pauvre animal.

 

Blessé dans ce désert de grains de sable, il attend la mort comme on attend un nuage.

Rien de plus grand que ce temps qui pique tout le temps et broie la vie inlassablement.

 

 

 

 

 

L'amour est papillon

 

Une fleur au milieu des pousses vertes, d'un vert tendre, d'un vert doux, d'un vert flou, une fleur posée comme un instant au cœur du temps, un arrêt sur image entre désir et folie...

C'est un souffle prenant entre couleurs ou souplesse qui tendrement s'envole dans le jour se levant. C'est un souffle venant d'ailleurs et d'ici, un présent enfantant une autre vie, un instant captivant.

Et d'elle en elle, voletant furtivement, se pose sur mes lèvres arrêtant le temps instantanément.

 

 

 

 

 

L'amour est désordre

 

Inapte à la folie, inapte à la vie, comme un grand cormoran mort, il git hors de son corps. C'est à peine si son air nous ferait de la peine.

Egoïste, il git au milieu du chemin nu. Egoïste, il croit que le jour était venu. Dans ses pas aucun pas autres que ceux du froid et quelques mots çà et là éparpillés, sans intérêt.

La bouche ouverte, les yeux tremblants, les mains vides, il est hagard dans ce placard sans aucun mur. Il attend, il attend... Il attend comme tant d'autres fois qu'il vienne et il ne viendra pas. Dans cet ordre invisible, autour de son cou une corde sensible lui rappelle à chaque instant que l'amour est ce désordre inaccessible.

 

 

 

 

 

L'amour est silence

 

Chute.

Les yeux dans le vide. Je me laisse aller. J'accepte. L'air. Le vent. Le souffle.

Chut.

Aucune attitude à prendre. Aucune servitude. Aucun rôle. Rien qu'être.

Un instant. Une fraction. Une intuition d'un fragment.

Chute.

Un vertige. Où l'encre coule, où la page s'épand, où le sage se tait... là.

Tu le sais. Sans mot. Sans mouvement. Sans pensée. Là.

Dans ce creux d'évidence. Dans ce souci du temps. Dans la brûlure de l'inouï.

Chut.

Pâle figure. Vibrant accord. Rêve et injure. Délicieux trésor.

Une rivière. Un chemin. De la terre. De l'eau.

Une seule étoile. Aucune raison.

Là... Dans tes yeux.

Chute.

Écoute le silence.
L’amour est à l’intérieur.

 

 

 

 

 

L'amour est maison

 

Un toit rouge. Des volets bleus. Des rideaux en dentelle blanche et quelques fleurs roses.

Un feu de bois. Un canapé blanc. Des coussins doux et le parfum délicat d'un bouquet de lilas.

Quelques chants d'oiseaux. Quelques gouttes de pluie. Un lent rayon de soleil et simplement un ciel bleu.

Rien de plus.

Un rêve sans mur. Un rêve sans portes. Avec que de fenêtres ouvertes sur le bonheur des êtres.

Il peut être.

 

 

 

 

 

L'amour est croire

 

Une détonation

Juste à côté du cœur

 

Peut-être s'est-il arrêté ?

 

J'écoute

J'attends

 

Un autre battement

 

J'écoute

J'attends

 

Juste le suivant

 

Sans jamais cesser

De croire

 

En toi

 

 

 

 

 

L'amour est pluie

 

La pluie, dans la cour, danse en silence. La pluie, dans la cour, se regarde tomber. Elle descend le long des ardoises, le long des vitres, le long de tes joues rondes et légères.

La pluie tombe sans bruit en gouttes tendres, en gouttes douces, en gouttes folles d'où décollent les parfums de cette journée d'automne

La pluie court de fenêtre en fenêtre, d'un porte à porte où se suspend le temps, où se suspend l’instant d'un sourire.

La pluie chante les différentes mélodies du vent, s'en allant en ruisselant, revenant en zigzaguant le log des fils où sont posés quelques oiseaux silencieux.

La pluie rayonne dans les courants moirés d'une soirée où le soleil épouse les nuages.

 

La pluie est ici, comme la vie, comme l'envie simple d'être vrai.

La pluie est ici...

Et chacun le sait.

 

 

 

 

 

L'amour est feu…

 

De tant de vies, de tant de morts, l'amour est fort !

D'un petit pas, d'un plus grand encore l'amour est feu !

Un feu de joie, un feu de toi,

Un peu de nous qui brûle tout...

 

De tant d'envies, de tant de sorts, l'amour est torts !

D'un seul faux pas, d'un seul mot noir l'amour est peu !

Un peu de foi, un feu de moi,

Un rien du tout qui brûle nous...

 

 

 

 

 

L'amour est verre

 

Il pleut !

Encore...

La pluie se mélange dans les gouttières et chante en s'écoulant. Elle tombe des cieux comme elle tombe parfois des yeux avec ce petit goût salé et amer au bout de la langue. Elle forme une à une les gouttes qui dévalent sur les carreaux de la salle de bains dessinant des destins que l'on oublie aussitôt. Elle trace des trajets sur la terre qu'elle colle au sol. Elle unit un instant tous les sentiments dans ces odeurs de poussière. Elle nous laisse penser que le passé est présent...

Sur le tissu qui couvre ta peau, se devine déjà la légèreté de ton être. Je crois que rien ne saurait être plus beau que cette seconde qui dévoile insolente cette façon troublante que tu as de jouer avec l'eau.

Je lis dans ton sourire que se cachent quelques souvenirs, des parfums que le temps aurait pu oublier, des pensées joliment masquées.

Je sens que je ne saurais jamais qui tu es vraiment.

C'est ainsi, il pleut !

Et le verre ne restera ni à moitié plein, ni à moitié vide...

Le parti pris d'aimer

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