
Verre de rage
Acharné, décharné,
Aucune force, rien que la rage,
Je ne peux me souvenir de l'orage.
Est-ce une émeute dans ma tête
Ou simplement une tempête
Dans un verre d'eau ?
Je ne sais à quel moment
A commencé le massacre.
Je ne sais à quel instant
Se situe la rupture.
Je ne vois maintenant de la nature
Humaine que le fond du verre.
Est-ce la crue
Ou la sécheresse
Qui font qu'il déborde ?
Je ne peux boire que les déboires
De ce calice jusqu'à la lie.
Je ne peux voir qu'un bout de l'histoire
De cette eau plate et saumâtre.
Impossible de vider ce verre !
Un verre d'eau
Le poète à l'étude
Tout au bout de nous
là je t’aperçois
et l'ombre aide la lumière
se ferment tes yeux
j'attends que le ciel s'ouvre
et s'ouvre un peu plus encore.
t'arrive-t-il de croire en lui ?
aujourd'hui est différent
il existe en nous autrement
mais ne crois pas que la terre
est inerte, elle espère la pluie
et puis je t’embrasse
quand la lumière aide l'ombre
aucun terme au jour
{acrostiche et haïku argentin}
Noctilien 33
Diderot est dans ces murs.
Diderot est là quelque part.
Je ne sais où.
Je ne sais pourquoi.
D'ailleurs je ne le cherche pas.
Et toi, es-tu là ?
J'entends ta voix.
J'entends ton rire.
Je ressens cette chaleur entre les voies.
Je ressens ta peau venue d'ailleurs.
Ta peau nue.
Ta peau douce.
C'est à croire que cette histoire serait vraie.
Je sens ton parfum.
Il est présent.
Il nie les odeurs sales du métro.
Il nie aussi tous les bruits rances.
À la vitre défilent les passants.
Défilent aussi les ombres et la nuit.
Et moi, je vois ton visage.
Il est présent uniquement sur cette vitre.
Cette vitre froide.
Mais je te souris.
Et cela me suffit.
Le temps se presse.
Les gens aussi.
Ils n'ont pas envie d'aimer.
Tant pis pour eux.
Je continue avec ton image qui danse.
Je sais que cela ne durera pas,
Déjà…
Je dois descendre !
La station ne s'appelle pas le 15 novembre…
{poème de bus}
Vagabond
Le papillon vole
Et le ciel rose ose
Chercher dans le jour
Un autre parfum
Un autre demain
Peut-être l'amour
Ou bien autre chose
Qui toujours s'envole
{retrogradatio}
Procès verbal
Ni bonheur, ni malheur,
Le jour n’a aucun cœur.
Il est fait de lenteur.
Sans battements de cœur,
La peur rend la lenteur
Plus proche du malheur.
Alors peur et lenteur
S’imbibent du malheur.
Je n’entends plus ton cœur.
{Terine}
À perte de vue
Je regarde le ciel qui s'en va sans nuage.
Je ne sais pas comment deviendra mon futur,
Je ne sais pas comment je rêverai l'azur.
J'entends dans son silence un amour d'un autre âge...
Je regarde le ciel, il n'est plus qu'un corps sage.
Je ne sais pas comment il est d'un bleu si pur,
Je ne sais pas comment il est d'un froid si dur.
J'entends dans son silence un effrayant cordage.
J'entends dans son silence un refrain se perdant...
Je me perds dans ce ciel qui devient une carpe,
Je me perds dans le temps et les instants mourants :
Je ne sais plus où est le chemin qui s'escarpe.
Je me perds dans le temps qui devient une écharde,
Je me perds dans le ciel, dans ses sables mouvants :
Je ne sais plus où est ma lumière blafarde.
{SOLVA}
Villanelle
Mais que la folie est belle
Quand l'amour est dans nos mains,
Qu'il n'est qu'une tourterelle,
Une étoile, une étincelle,
Qui changent ce qu'est demain.
Mais que la folie est belle,
D'une douceur éternelle,
Quand l'amour est ce chemin,
Qu'il n'est qu'une tourterelle
Inventant des ritournelles
Sans penser aux lendemains.
Mais que la folie est belle,
Dans chaque nuit immortelle,
Nous oublierons le matin
Qu'il n'est qu'une tourterelle.
Laissons brûler la chandelle,
Nous ne saurons plus demain
Qu'il n'est qu'une tourterelle.
Mais que la folie est belle...
{Villanelle}
Irrationnel amour
L'amour est cet horizon
Qui court au fil des saisons,
Au fil des parfums de rose.
L'amour serait-il le temps ?
L'amour est comme une chose
Qui s'envole, une chanson
Qui s'écoule sous le pont,
Un présent ou une pause...
L'amour serait-il le temps ?
L'amour ne fait pas semblant.
Il n'est que cette hirondelle
Qui voltige au raz des champs,
Que l'on voit en oubliant
Comme les amours sont belles.
{Sonnet irrationnel}
Elle a disparu
Son amour est dans ma poésie :
Sous ses signes, dans mes phrases,
Entre absence et puis vacance...
Son amour est dans ce temps,
Un peu passé, toujours présent,
Un temps autrement et puis différent.
Son amour est sur ma bouche,
Sans méprise, juste un peu de surprise,
Dans cet été et puis cet automne.
Son amour est un peu partout,
D'un sourire, d'un regard,
Un rien ici et puis rien du tout...
{Disparition}
Sans faute
Absence ennemie
Rapproche les distances.
Il ne fait jamais nuit
Ni au paradis, ni en enfer...
Ni sage, ni idiot,
Le cœur ressuscite
Et ne mourra jamais
Accomplissant la loi.
Mains chaudes dans le froid
Où l'on sème la joie,
Est aveugle celui qui croit
Que personne ne le voit.
Les parfums trahissent toujours
Ce qu'il diffuse délicatement.
{Filigrane}
Petite pluie
Il a plu, il a plu
De l'eau, de l'envie ici
Il a plu à remplir la coupe
Il a plu petit à petit
Sans que cela ne s'arrête
Il a plu, il a plu
De l'eau, de l'amour aussi
Il a plu la beauté cachée
Il a plu la vérité chérie
{Ouliporime}
Ainsi soit-elle
C'est ainsi que parfois il pleut
De ces gouttes qui vont et dansent
Sur les jours et les nuits heureux
C'est ainsi que parfois il pleut
Une pluie simple et en cadence
De ces gouttes qui vont et dansent
Quand l'amour devient malicieux
Une pluie simple est en cadence
Quand l'amour devient malicieux
C'est ainsi que parfois il pleut
{Rondeauderdrome perverti}
Un petit baiser
comme ce rêve étrange
L'hiver, tout doucement, le jour s'éprend de rose,
Avec un peu de bleu.
Nous, nous fermons les yeux, pour que la nuit repose
Dans nos recoins moelleux.
Je rêve et je rêve à chaque instant pénétrant
D'une lumière folle et qui danse, et qui m'aime
Et qui vient et qui part sans dire un mot quand même
Ni même un seul baiser... Pourtant, on se comprend.
{Mariage}
Vous allez voir Alicante
Un soleil sur la table
Une mer de nuage
Ta robe sur le ciel
Et toi ?
Un homme barbu sans présent
Douce absence de chaleur
Merveilles de la nuit
Où est Alicante ?
{Découpage-collage :
Je me perds en Prévert }
à la tienne, étrennes
porte ce vers à tes lèvres
et goûte-le à l'envie
son taux d'alcool est infini
porte ce vers à ton cœur
et puise-le à l'envie
son taux d'adrénaline est inouï
porte ce vers à ton âme
et tire-le à l'envie
son taux de folie est inassouvi
et pour finir
écoute et comprends
en prenant ces vers
La muse récite infiniment lentement
juste cette
très
affectueuse missive comme étrennes
#40
Bise bise bise
Où vont les vents
Nous irons
Nous irons
Ensemble
Adieu année passé
Nous allons cueillir
Nos nouveaux désirs
Émerveillés par la vie
Encore
{Poème banal, acrostiche décalé
et acrostiche simple}
à ce 15/11/2020