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Nombre premier

 

C'est un petit jour comme un autre. Le soleil hésite à pointer son nez. Le ciel est plat, d'un gris moyen, égal et infini. Le temps est, comme souvent, d'une présence lente... à croire que lui aussi craint d'être différent.

On entend indistinctement le bruit des enfants sortant en courant dans leur chahut habituel. Ils ne prennent garde à ce qui les entoure et ne voient dans la cour que le temps de jeu qui leur tend les bras.

Un œil à la fenêtre, la petite à l'étage, le retard me permet d'apercevoir ce que j'attends et ce que je crains. Un instant, j'hésite regardant une enfant faire une ronde.

Un sourire... Le jour est autre, comme aucun autre. Tout est normal pourtant, presque évident. Personne ne voit, personne ne sait, personne ne saisit les sauts d'un mot à un autre. Personne ne perçoit ce pas à côté. Tout est normal. Le temps se glisse entre les gens offrant de nouveaux instants d'une complicité rare. Personne ne voit. Chaque mouvement, ces sourires autres, ces regards profonds, ces écarts imperceptibles. Personne n'entend. Les silences, les mots nôtres, les autres mots. Personne ne perçoit. Chaque vibration, chaque respiration, chaque cheminement.

Le temps ne dure qu'un temps. Il ne peut être autrement.

Un regard. Une bise. Un départ. Deux ombres disparaissent.

C'est le début.

 

 

 

 

 

9/9

 

Distraite et discrète

Quel sens mes sens

Cherchent à cette porte ouverte

Dans mon cœur rêveur

 

Je ne sais ce qu'ils tentent

Dans la peur de l'attente

Comme cette enfant que j'étais

Je ne sais si après

 

Je serais prête à la quête

 

Le hasard ou l'échec

 

L'équilibre heureux

 

Le jour s'est décidé

Pour être près

Avant de se connaître

 

J'imagine du regard

Un autre port une autre gare

J'ai pensé cela t'a plu

Pourquoi ai-je écrit le début ?

 

 

 

 

 

Le fruit de tes entrailles

 

Le temps tourne dans ta tête, il tournoie autour de toi. Ce ne sont que des gens qui passent en souriant.
Quelle femme es-tu à cet instant ?

 

*

 

Ce sont deux soleils qui brillent. Ils sont un bout de ton cœur, un bout de ton âme, un bout de ton corps plus encore.
Quelle femme es-tu à cet instant ?

 

*

 

Sur ta peau, tu ressens la chaleur qui te manque. Sur tes lèvres se lisent des mots absents. Et ton cœur a ces battements incessants.
Quelle femme es-tu à cet instant ?

 

*

 

Tout autour de la table, entre le café et le vin blanc, les regards te transpercent. Tout autour de toi, chaque sourire, chaque rire te fait frémir. Chaque mot est un mot de trop.
Quelle femme es-tu à cet instant ?

 

*

 

Et dans ton ombre, deux ombres dansent, rient et chantent. Elles tournent dans ta tête et tu ne sais que faire de cette fête.
Quel soleil sauras-tu être ?

 

 

 

 

 

Cerise

 

Je suis distraite

Ma pensée s'envole

Au milieu du monde

Au milieu des gens

 

Ce sont mes enfants

Qui tournent et sourient

Ma pensée s'envole

Ma pensée vers lui

 

Et l'on me regarde

 

Alors je souris

 

Et l'on me regarde

 

Je suis comme ces arbres

Au cœur du chemin

Qui tournent et sourient

Qui osent et qui prient

 

Je suis faite de mots

Ma pensée s'envole

Au cœur du chemin

Au cœur de ma vie

 

Est-ce la cerise sur le gâteau

Qui maintenant me trahit ?

 

 

 

 

 

Cours

 

Ce n’est qu’un brin d’audace dans un instant court, un de ces moments où l’on se dépasse pour franchir ses propres limites, un de ces moments où l’on trouve du courage pour vivre ce que l’on est vraiment, ne serait-ce qu’un court instant…

Là, les yeux brillent, le sourire se délivre, et le cœur bat d’une façon si simple que s’en est presque naturel.

Tout le monde l’entend peut-être… ou du moins le voit, cet instant évident où la sagesse s’oublie pour s’envoler dans une folie douce.

Il est possible de rêver rien qu’en ouvrant les yeux…

Pour ces instants courts, cours si tu crois encore à la liberté.

 

 

 

 

 

Pensée naïve

 

Mon esprit s'abîme dans le vide. Aucune chose ne me prouve que j'existe. Je contemple mon propre néant dans ce temps faussement vrai.

 

Hors de ma personne, la peur subsiste et je me cache derrière les portes pour que personne ne voit mes pleurs. Et je ferme cet esprit pour que personne ne me vide.

 

Et toi, tu es là assis sur le seuil, comme une ombre. J'entends le chuchotement de ton cœur qui traverse les murs et vient battre à l'intérieur des miens. Est-ce une idée du bonheur ? J'ai si peur, j'ai si peur de commettre une erreur.

 

Face à cette montagne, cette montagne blanche de mon enfance, cet endroit où j'existe et me révèle, je me perds et revois ce temps fait de coups, fait de mal et de maux. Mon esprit se replie et se plie aux exigences de la vie.

 

Que dois-je faire à l'instant où j'attends tes pas, où j'attends tes bras qui me serreront contre toi ? Est-ce que tu existes en dehors de nos rêves ?

 

 

 

 

 

Derrière la porte

 

C'est un petit placard au fond d'un couloir planté là au fond de ma mémoire. La clef n'est pas perdue. Elle a simplement disparu dans les méandres du temps, celui que l'on n'attend plus.

C'est un petit placard que personne ne remarque. Cachés dans le noir, se serrent quelques espoirs, quelques idées lumineuses, quelques pensées frauduleuses. La lumière se faufile dans l'espace sous la porte.

C'est un petit placard. Il ne contient qu'un vieux balai, la tête dans les nuages et le cœur à l'arrêt.

 

 

 

 

 

Au sujet d'L

 

De grandes choses nous habitent, le ciel n'est pas uniforme. De grandes choses et le silence, le temps est une chance.

Il suffit d'une étincelle pour que se sublime le jour. Il suffit d'une vision pour que se subjugue l'amour.

Deux ingrédients qui se mélangent, deux êtres sans savoirs, pour qu'une sensation étrange rende la vie claire.

Il suffit peut-être de se connaître lorsque le temps se perd pour que l'on s'embrasse comme hier.

De grandes choses nous habitent, tout se transforme, rien ne se perd, dans tes aujourd'huis comme dans tes hiers.

 

 

 

 

 

P.S.

 

Tête à tête, tête en l'air, mille rêves attendent quand ma tête contre ta tête, quand ma tête contre ton ventre fait que la nuit entre. Entre-nous, entrent tous les jours doux qui nous entêtent. Est-ce la fête, si tendre fête, ou bien la pluie qui nous embête à ce moment où le jour se confond avec la nuit ? Est-ce ma tête qui ferme les yeux pour mieux voir les cieux ? Est-ce ta tête qui ouvre le feu des jours amoureux ? Tête à tête, tout ce bien qui est fait, qui est fête, rend la vie si complète.

Tête en l'air, tu t'endors en regardant les étoiles de mon ciel, les étoiles de passage et mon dernier message.

 

P.S. : Et si tu ne le trouves qu'au petit matin, c'est parfait !

C'est que tu as bien dormi. 

 

 

 

 

 

à la limite

 

le temps écume

le temps jubile

de la souplesse

du temps présent

il se lie à ce délit

et se délie sans souci

alors je rêve

de formes et d'autres

comme des bulles de savon

qui volent et puis explosent

dans les délices du jour

moi l'acrobate funambule

sur ce fil je sens le prestige

de ce vertige

jusqu'où puis-je aller ?

 

« ça m'effraie quand même...

de prendre un plaisir infini à franchir les limites

et à vouloir sans arrêt les repousser. »

 

 

 

 

 

Illégitime...

 

Sautons les jours, sautons les mots, le monde est bien, le monde est beau. Est-il en nous ? Est-il fou ? Les mots s'écrivent. Les mots sont doux. Epanouie et puis heureuse, un peu de glace, je suis peureuse. Que-puis-je perdre à trop aimer ? Que puis-je gagner en me trouvant ? Serais-je fière dans la lumière ? Serais-je moi loin de toi ? Alors faire mal pour me faire mal, c'est si banal dans mon bocal. Des petites mains qui dansent bien. Je ne me trahirai plus demain. Où est la honte ? Où en est-on ? C'est important.

Enfin je crois.

 

 

 

 

 

Avant le dernier bain

 

c'est un jour comme un autre

on pourrait croire qu'il est simple

mais dans ton regard

plus que dans aucun autre

le jour prend cette couleur

étoile

tu ne le sais

et tu ne le sauras jamais

mais cette lumière

est particulière

ne ferme pas les yeux

tu oublierais ce jour

 

il y a déjà l'eau qui s'écoule

nous ne savons pas pour combien de temps

 

les nuits sont si étranges

ou parfois elles sont d'orage

vois comment elles nous prennent

et enlèvent nos rêves

 

xxoxx

 

 

 

 

 

Dehors

 

Je suis dehors

Comme la mort

Je suis dehors

Aime-moi fort

 

L’envie se tord

Comme la mort

L’envie a tort

Aime-moi fort

 

La vie t’endort

Comme la mort

La vie s’endort

Aime-moi fort

 

 

 

 

 

 

C'est tout

 

Tout ce que l'on sait

Tout ce que l'on craint

Tout ce que l'on croit

Tout ce que l'on prie

Tout ce que l'on prend

Tout ce que l'on crie

Tout ce que l'on tait

Tout ce que l'on noie

Tout ce que l'on broie

Fait ce que l'on est

Est-ce que tu me crois

Si je te mens pour te sauver ?

Est-ce que tu m'aimes

Si je te nie pour me sauver ?

 

 

 

 

 

Ce que je représente

 

À peine

Un petit

Tout petit

Rien dérobé à ta vie

À ces quarante années

 

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Quinze petits écrits

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