
Verre de rage
Acharné, décharné,
Aucune force, rien que la rage,
Je ne peux me souvenir de l'orage.
Est-ce une émeute dans ma tête
Ou simplement une tempête
Dans un verre d'eau ?
Je ne sais à quel moment
A commencé le massacre.
Je ne sais à quel instant
Se situe la rupture.
Je ne vois maintenant de la nature
Humaine que le fond du verre.
Est-ce la crue
Ou la sécheresse
Qui font qu'il déborde ?
Je ne peux boire que les déboires
De ce calice jusqu'à la lie.
Je ne peux voir qu'un bout de l'histoire
De cette eau plate et saumâtre.
Impossible de vider ce verre !
Un verre d'eau
Nombre premier
C'est un petit jour comme un autre. Le soleil hésite à pointer son nez. Le ciel est plat, d'un gris moyen, égal et infini. Le temps est, comme souvent, d'une présence lente... à croire que lui aussi craint d'être différent.
On entend indistinctement le bruit des enfants sortant en courant dans leur chahut habituel. Ils ne prennent garde à ce qui les entoure et ne voient dans la cour que le temps de jeu qui leur tend les bras.
Un œil à la fenêtre, la petite à l'étage, le retard me permet d'apercevoir ce que j'attends et ce que je crains. Un instant, j'hésite regardant une enfant faire une ronde.
Un sourire... Le jour est autre, comme aucun autre. Tout est normal pourtant, presque évident. Personne ne voit, personne ne sait, personne ne saisit les sauts d'un mot à un autre. Personne ne perçoit ce pas à côté. Tout est normal. Le temps se glisse entre les gens offrant de nouveaux instants d'une complicité rare. Personne ne voit. Chaque mouvement, ces sourires autres, ces regards profonds, ces écarts imperceptibles. Personne n'entend. Les silences, les mots nôtres, les autres mots. Personne ne perçoit. Chaque vibration, chaque respiration, chaque cheminement.
Le temps ne dure qu'un temps. Il ne peut être autrement.
Un regard. Une bise. Un départ. Deux ombres disparaissent.
C'est le début.
9/9
Distraite et discrète
Quel sens mes sens
Cherchent à cette porte ouverte
Dans mon cœur rêveur
Je ne sais ce qu'ils tentent
Dans la peur de l'attente
Comme cette enfant que j'étais
Je ne sais si après
Je serais prête à la quête
Le hasard ou l'échec
L'équilibre heureux
Le jour s'est décidé
Pour être près
Avant de se connaître
J'imagine du regard
Un autre port une autre gare
J'ai pensé cela t'a plu
Pourquoi ai-je écrit le début ?
Le fruit de tes entrailles
Le temps tourne dans ta tête, il tournoie autour de toi. Ce ne sont que des gens qui passent en souriant.
Quelle femme es-tu à cet instant ?
*
Ce sont deux soleils qui brillent. Ils sont un bout de ton cœur, un bout de ton âme, un bout de ton corps plus encore.
Quelle femme es-tu à cet instant ?
*
Sur ta peau, tu ressens la chaleur qui te manque. Sur tes lèvres se lisent des mots absents. Et ton cœur a ces battements incessants.
Quelle femme es-tu à cet instant ?
*
Tout autour de la table, entre le café et le vin blanc, les regards te transpercent. Tout autour de toi, chaque sourire, chaque rire te fait frémir. Chaque mot est un mot de trop.
Quelle femme es-tu à cet instant ?
*
Et dans ton ombre, deux ombres dansent, rient et chantent. Elles tournent dans ta tête et tu ne sais que faire de cette fête.
Quel soleil sauras-tu être ?
Cerise
Je suis distraite
Ma pensée s'envole
Au milieu du monde
Au milieu des gens
Ce sont mes enfants
Qui tournent et sourient
Ma pensée s'envole
Ma pensée vers lui
Et l'on me regarde
Alors je souris
Et l'on me regarde
Je suis comme ces arbres
Au cœur du chemin
Qui tournent et sourient
Qui osent et qui prient
Je suis faite de mots
Ma pensée s'envole
Au cœur du chemin
Au cœur de ma vie
Est-ce la cerise sur le gâteau
Qui maintenant me trahit ?
Cours
Ce n’est qu’un brin d’audace dans un instant court, un de ces moments où l’on se dépasse pour franchir ses propres limites, un de ces moments où l’on trouve du courage pour vivre ce que l’on est vraiment, ne serait-ce qu’un court instant…
Là, les yeux brillent, le sourire se délivre, et le cœur bat d’une façon si simple que s’en est presque naturel.
Tout le monde l’entend peut-être… ou du moins le voit, cet instant évident où la sagesse s’oublie pour s’envoler dans une folie douce.
Il est possible de rêver rien qu’en ouvrant les yeux…
Pour ces instants courts, cours si tu crois encore à la liberté.
Pensée naïve
Mon esprit s'abîme dans le vide. Aucune chose ne me prouve que j'existe. Je contemple mon propre néant dans ce temps faussement vrai.
Hors de ma personne, la peur subsiste et je me cache derrière les portes pour que personne ne voit mes pleurs. Et je ferme cet esprit pour que personne ne me vide.
Et toi, tu es là assis sur le seuil, comme une ombre. J'entends le chuchotement de ton cœur qui traverse les murs et vient battre à l'intérieur des miens. Est-ce une idée du bonheur ? J'ai si peur, j'ai si peur de commettre une erreur.
Face à cette montagne, cette montagne blanche de mon enfance, cet endroit où j'existe et me révèle, je me perds et revois ce temps fait de coups, fait de mal et de maux. Mon esprit se replie et se plie aux exigences de la vie.
Que dois-je faire à l'instant où j'attends tes pas, où j'attends tes bras qui me serreront contre toi ? Est-ce que tu existes en dehors de nos rêves ?
Derrière la porte
C'est un petit placard au fond d'un couloir planté là au fond de ma mémoire. La clef n'est pas perdue. Elle a simplement disparu dans les méandres du temps, celui que l'on n'attend plus.
C'est un petit placard que personne ne remarque. Cachés dans le noir, se serrent quelques espoirs, quelques idées lumineuses, quelques pensées frauduleuses. La lumière se faufile dans l'espace sous la porte.
C'est un petit placard. Il ne contient qu'un vieux balai, la tête dans les nuages et le cœur à l'arrêt.
Au sujet d'L
De grandes choses nous habitent, le ciel n'est pas uniforme. De grandes choses et le silence, le temps est une chance.
Il suffit d'une étincelle pour que se sublime le jour. Il suffit d'une vision pour que se subjugue l'amour.
Deux ingrédients qui se mélangent, deux êtres sans savoirs, pour qu'une sensation étrange rende la vie claire.
Il suffit peut-être de se connaître lorsque le temps se perd pour que l'on s'embrasse comme hier.
De grandes choses nous habitent, tout se transforme, rien ne se perd, dans tes aujourd'huis comme dans tes hiers.
P.S.
Tête à tête, tête en l'air, mille rêves attendent quand ma tête contre ta tête, quand ma tête contre ton ventre fait que la nuit entre. Entre-nous, entrent tous les jours doux qui nous entêtent. Est-ce la fête, si tendre fête, ou bien la pluie qui nous embête à ce moment où le jour se confond avec la nuit ? Est-ce ma tête qui ferme les yeux pour mieux voir les cieux ? Est-ce ta tête qui ouvre le feu des jours amoureux ? Tête à tête, tout ce bien qui est fait, qui est fête, rend la vie si complète.
Tête en l'air, tu t'endors en regardant les étoiles de mon ciel, les étoiles de passage et mon dernier message.
P.S. : Et si tu ne le trouves qu'au petit matin, c'est parfait !
C'est que tu as bien dormi.
à la limite
le temps écume
le temps jubile
de la souplesse
du temps présent
il se lie à ce délit
et se délie sans souci
alors je rêve
de formes et d'autres
comme des bulles de savon
qui volent et puis explosent
dans les délices du jour
moi l'acrobate funambule
sur ce fil je sens le prestige
de ce vertige
jusqu'où puis-je aller ?
« ça m'effraie quand même...
de prendre un plaisir infini à franchir les limites
et à vouloir sans arrêt les repousser. »
Illégitime...
Sautons les jours, sautons les mots, le monde est bien, le monde est beau. Est-il en nous ? Est-il fou ? Les mots s'écrivent. Les mots sont doux. Epanouie et puis heureuse, un peu de glace, je suis peureuse. Que-puis-je perdre à trop aimer ? Que puis-je gagner en me trouvant ? Serais-je fière dans la lumière ? Serais-je moi loin de toi ? Alors faire mal pour me faire mal, c'est si banal dans mon bocal. Des petites mains qui dansent bien. Je ne me trahirai plus demain. Où est la honte ? Où en est-on ? C'est important.
Enfin je crois.
Avant le dernier bain
c'est un jour comme un autre
on pourrait croire qu'il est simple
mais dans ton regard
plus que dans aucun autre
le jour prend cette couleur
étoile
tu ne le sais
et tu ne le sauras jamais
mais cette lumière
est particulière
ne ferme pas les yeux
tu oublierais ce jour
il y a déjà l'eau qui s'écoule
nous ne savons pas pour combien de temps
les nuits sont si étranges
ou parfois elles sont d'orage
vois comment elles nous prennent
et enlèvent nos rêves
xxoxx
Dehors
Je suis dehors
Comme la mort
Je suis dehors
Aime-moi fort
L’envie se tord
Comme la mort
L’envie a tort
Aime-moi fort
La vie t’endort
Comme la mort
La vie s’endort
Aime-moi fort
C'est tout
Tout ce que l'on sait
Tout ce que l'on craint
Tout ce que l'on croit
Tout ce que l'on prie
Tout ce que l'on prend
Tout ce que l'on crie
Tout ce que l'on tait
Tout ce que l'on noie
Tout ce que l'on broie
Fait ce que l'on est
Est-ce que tu me crois
Si je te mens pour te sauver ?
Est-ce que tu m'aimes
Si je te nie pour me sauver ?
Ce que je représente
À peine
Un petit
Tout petit
Rien dérobé à ta vie
À ces quarante années
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