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Rouille

Captif

 

Ce matin rien ne vient

Rien à naître ou si loin

Sur le sol, sous le ciel grisant

Prisonnier de la terre

Il regarde l'enfer

S'emparer de sa chair

 

Le ciel s'endort

 

Le ciel s'endort

Sur ses ailes mortes

La rouille déjà

Le prend dans ses bras

Automne rouille

 

Rouille, rouille, rouille

Qu'il est loin le ciel

Ne restent que les feuilles d'automne

Rouille, rouille, rouille

 

 

Envol

 

À chaque instant

L'instant me prend

L'instant me rouille

L'instant m'emporte

Vers un ailleurs

Un autrement

Où l'instant s'envole

 

Taches

Le vent bafouille

La pluie gribouille

Des taches de rouille

Sur mon passé

Envolé

Les marches

II

 

Sur les marches du ciel

Je ressens cette rouille

Qui pénètre et s'insère

Entre tous les silences

Au loin j'entends les cris

Des autres qui s'en vont

Et je reste là aigri

Comme une petite

Chose

Tristesse

 

Il pleut sur le champ bleu

Les lumières s'éteignent

Peu à peu

Et puis les cieux déteignent

Et perdent de leur force

Ce serait presque un jeu

Ou l'amorce

D'un destin malheureux

 

Il pleut sur le champ bleu

La rouille n'est que feu

Tromper le temps

 

J'attends le temps,

Les maux du vent

Et ceux partant

Depuis longtemps.

 

J'entends le chant

Lent du néant,

Celui contant

Le temps mourant.

 

J'étends au temps

Autant de francs

Sentiments dans

Tant de men-

 

Songes. Pourtant,

Je perds mon temps,

Planté, rouillant,

Là, maintenant.

 

La peur

 

La peur, ma peur, est le sol :

D'un jour rester,

D'oublier ce qu'est le vol

Et de rouiller.

 

Je recherche du regard

Le ciel du fond

Du vieux hangar et repart

Vers l'horizon.

 

J'entends au loin un moteur

Et tous les bruits

Des hommes, mais le bonheur

Ici me fuit.

 

Songe d'une nuit d'hiver

 

Du soleil hivernal vient l'étrange

Désir d'être en secret

Un ange, un de ces anges

De fer qui s'envolerait après

 

La nuit ne donne, ni ne pardonne

Rien au ciel emprunté

Il sait n'être personne

Abandonné le moteur brisé

 

Doucement

 

Le passé s'endort

Sur mes rêves morts

Tout est si lointain

Je sens que mon corps

N'est plus que le port

De ces maux humains

 

Si long temps

 

Le long des longues

Plage de sable

Mon corps errait

Il cherchait au loin

Cette ligne sombre

Où nombre

D'entre-nous

S'étaient perdus

 

J'entends encore

L'appel lointain

Du vide

Je sens encore

La fièvre persistante

Du ciel

Son âme profonde

Et nue

 

Maintenant m'enlacent

Les bras de la rouille

Et de ma carcasse

Ne restent que

Les illusions nues

Et perdues

 

Le temps

Seul là

Dans l’herbe

À compter les grains de temps

Qui tombent sur moi

J’attends

Qui sait ?

Demain

Ou après demain

Le vent caressera

Mes ailes

Une nouvelle fois

Encore

Et ôtera

Ces taches de soleil

Qui me dévorent

 

Il n’est pas d’amour
qui résiste à l’absence.*

 

Je t'aime ciel sans doute

Même si cette route

Se perd loin des refuges

Je crois et ne te juge

 

Je t'aime ciel sans gloire.

Même si cette histoire

Est de trous de mémoire

Je noie les idées noires

 

Je t'aime ciel si fort

Que même cette mort

Ne sait être une excuse

Je crois et ne t'accuse

 

Je t'aime ciel si loin

Que même dans ce point

Placé à l'horizon

Je crois et je tiens bon

 

[Aucune rouille

Aucune trouille

N'aura raison

Je t'aime au fond]

 

 

* Anatole FRANCE

Chaque soir

 

Pourquoi croire le noir ?

Qu'a-t-il à nous offrir

Quand il pleut chaque soir ?

N'est-ce qu'un vil désir ?

 

Le temps plane au-dessus

De mon corps en ce ciel.

Que me faut-il de plus ?

Voler est l'essentiel !

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