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Aéropostale

Départ

 

L'horloge tourne.

Le moteur tourne.

Le soleil aussi alors que les arbres s’enfuient.

L'air abandonne le champ.

Le ciel appelle déjà l’horizon.

Le jour sera long.

 

Le jour sera loin.

Le bruit, tant de bruit,

Le chant du moteur est dense.

L’hélice invisible oublie déjà

Le premier hangar tout en bas. 

L'horloge tourne.

 

Toulouse Mautaudran

 

Costa Blanca

 

Un mystère sur la carte

Ma vie dans le ciel

Et le ciel dans mon lit

De mer et d'envie

Le sel de la vie

S'envole dans ses vagues

 

Alicante

 

Casa Anfa

 

Casa Anfa

De l'autre côté du détroit

Casablanca

Un port au bord de la mer

Ses colonnes blanches

Dansent je vois tes hanches

Au cœur des palmiers

Dans l'écume franche

Avant le départ

Rien dans le grand hangar

Rien que la ligne de mire

Celle de ton horizon

 

Casablanca

 

 

Nez dans les dunes

 

Le fort attend

Entre océan et vent

Le sable longeant

L'eau si longtemps

 

Comme un bédouin

Dans le ciel bleu

Je cherche le blanc

Qui nous rapproche

 

Ici je crois

Un prince est né

Sur le sol chaud

Da Cap Juby

 

Cap Juby

 

Grains

 

La mer est plate

La terre est plate

Et l'horizon lointain

Imagine les courbes

Entre les dunes

Et les vagues

Suivre la ligne

Qui sépare

L'eau et le feu

Jusqu'au bout du jour

Est la seule réalité

S'enfuit la pensée

De celle qu'il aime

Dans quelques grains

De sable salé

 

Saint-Louis

 

Au bout de l'étoile

 

Dakar Dakar

Afrique noire

Les alizés attendent

Les ailes frêles

Dakar Dakar

Pot-au-noir

Se mélangent

L'air et l'eau

Dakar Dakar

Hommes en noir

Défient le temps

Et même la mort

Dakar Dakar

Idées noires

Reviendra-t-on

Au bout du soir ?

 

Dakar

Atlantique

 

L'eau m'attire

La mer est là

D'écume et de chair

Le fer et le ciel

Tombent à se perdre

Le cœur en enfer

 

Une dernière pensée

Vers le cap vert

 

CapVert

 

Un point

 

Des colonnes noires

Douchent un océan

Anthracite

Soixante-douze heures

D'un ciel de peur

Mais ce jour

L'Arc-en-Ciel

Aura raison

De la mort

Un point se dessine

À l'horizon

L'impossible

Se réalise

 

Fernando de Noronha

 

Une porte

 

Une porte qui s'ouvre

Sur un continent

Sur un autre monde

Où la mer longe

La terre autrement

Un univers de verts

Et de bleus

Serti de grains de sable

Un univers où le ciel

S'éprend de liberté

 

À portée d'ailes

Au-dessus du temps

L'homme est différent

 

Natal

 

Lignes

 

Soleil, soleil, soleil

La mer est un grand miroir

Un océan de bleus

La terre est un grand désert

Inondé de milliers de verts

Et là comme en équilibre

Sur le fil du ciel

Je dessine des lignes

« Où des nuages invariablement

Versent des chagrins »*

 

Recife

 

 

* João Cabral de MELO NETO

Nous ne faisons qu'un

 

Garde-moi dans le ciel,

Prends-moi dans tes larmes,

D'océan un seul instant

Et dans ces élans

Bercé par les airs

Le temps ne compte pas

La persévérance

Est notre conquête

Garde-moi dans le ciel

Prends-moi dans tes rires

De terre et de vert

Et souffle sans cesse

L'inaccessible désir

Du bout de tes ailes

La folie

Est notre vie

Garde-moi dans le ciel,

Prends-moi dans tes bras,

Même si tu n'existes pas

Encore

 

Rio de Janeiro

 

Inspiré par « Seremos um » d'Adalgisa NERY

 

C'est impossible à faire, il ne reste qu'à le réaliser.

Pierre-Georges LATÉCOÈRE

À contre-ciel*

 

Fleuve d'argent

Au crépuscule des gens

J'entends battre le cœur

De la ville à l'unisson

 

L'arc-en-ciel s'accroche

Aux rêves nocturnes

Frôlant le temps du bout

Des ailes ce jour liquide.*

 

Montevideo

 

* Jules SUPERVIELLE

Il faut bien
tenter de se rejoindre*

 

Nuit sombre

Et ténèbres

Une étoile dans le ciel

Et la nuit sur le sol

Qui attend qu'on le console

Sur cet océan de terre

Se perd mon âme de fer

Elle erre et cherche

Le bon air dans ce désert

 

Buenos-Aires

 

* Antoine de SAINT EXUPERY

Face à face

 

Adieu Mendoza

Au pied des Andes

Le silence est géant

La montagne grimpe dans le ciel

Epousant chacun de ses tourments

Falaise après falaise

La roche imprègne l'air

De pierre et de mystère

J'ouvre mes ailes

Et j'espère

 

Mendoza

 

 

Tomber amoureux

 

De mort

De froid

De mort

De faim

 

On surpasse l'effroi

Plus fort que les bêtes

On surpasse le moi

Et l'on s'entête

 

Valparaiso

Nous tend les bras

De couleurs

De peut-être

 

Dans ce sud pacifique

Cette langue de terre

Épouse le ciel

Qui se jette dans la mer

 

Valparaiso

 

Réaliser ses rêves rend possible l’impossible.

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