
Tarmac
Carlingue froissée
Vieux rêve
« Chaleur. Le sol crépite. »*
La messe est dite
Je regarde le ciel
Tel un vieil appareil
J'écoute sa parole
Elle s'envole
Et les yeux dans les bleus
Je rêve un ciel heureux
* Jean COCTEAU
Plein champ
J'écoute le silence au bord de l'eau
Je ne sais ce que tu penses
J'en écoute la danse un peu plus haut
Je rêve de cette chance
J'écoute le chemin de ta présence
Je ne sais où est ta main
Je l'écoute sans fin en ton absence
Je ne connais pas demain
Voyages
Je me souviens des voyages
De chaque nuage
De ces rayons de soleil
Traversant le ciel
Je me souviens du chemin
La pluie le matin
Et dans le soir la caresse
Du vent qui se presse
Me rappelant les voyages
Crépuscule
Taches rouges
Taches de rouille
Un coucher de soleil
Sur ma carlingue
Froissée
Les marches
V
Sur les marches du ciel
Chaque instant s'épanche
Et se penche en un vertige
Complètement fou
Sur ma carlingue froissée
Se reflète le ciel
Le cœur rempli d'un bleu
Ecchymose
Parfums
Parfum bonbon
Parfum goudron
Les souvenirs sont-ils doux ?
Un seul sourire
Un seul désir
Impossible de repartir
Et dans le ciel
Et les nuages
Plus aucun mot
Aucune pluie
C'est un passage
C'est un message
Baiser fragile
Jours inutiles
Impossible de dormir
Soleil satin
Soleil de nuit
Les souvenirs sont-ils morts ?
Parfum de temps
Parfum d'antan
Ne reste que le vent
Quand bien même
Même si le ciel s'effondre
Même s'il peut se morfondre
Même si le jour s'éteint
Même si la nuit revient
Même si la voie se casse
Même si le temps s'espace
Même si l'amour a tort
Je n'ai pas peur de la mort
En pente
Le jour se perd dans les ombres hautes.
Je ne sais comment gravir ses côtes.
Peut-être est-il autre ? Et côte à côte,
Je ne monte plus. C'est de ma faute !
L'idée
Posée comme une chose
Abandonnée, elle est
Tout ce qui en nous ose
Penser l'instant d'après
Elle sait conquérir
Les envies délicieuses
Elle sait découvrir
Les pensées capricieuses
Posée comme une rose
Parfumée, elle n'est
Que le bref et l'osmose
De quelque instant secret
Contre le temps
Contre le temps
Contre les souillures
Rien d'important
Juste les blessures
Aucune gloire
Aucun avenir
C'est la mémoire
Qui vient à faillir
Plus que mon corps
Le passé s'accuse
De cette mort
Sans aucune excuse
Plus que le temps
Plus que toute pluie
Le ciel d'avant
S'enfuit dans la nuit
État d'être
Être au-dessus de la mer légère
Ce nuage qui passe sans fin
Du sable aux contrées étrangères
En l'air comme un unique pantin
N'être que cet horizon en somme
Un soupçon de fumée où l'esprit
Perd de vue que je ne suis qu'un homme
Être ce bien - ou ce mal - qui fuit
Personne résonne
Voilà... Il n'y a plus personne,
Même pas une âme debout.
Seul maintenant le temps résonne,
A croire que le temps est fou.
Le jour ne connait plus de drames.
Peut-être est-ce là le progrès ?
La nuit s'endort comme une femme,
Brillante étoile des regrets.
Le vent du temps
Le vent le vent longtemps
Soufflera sur mon corps
L'absence est autrement
Plus forte que la mort
Le temps le temps patient
Sur ma carlingue enfonce
Les vieux clous et s'étend
Sous la rouille et les ronces
Éveil
Herbes folles
Akènes dans le ciel
Aux vents frémissants
D'un soleil levant
Des parfums de terre
D'autres de mer
La carlingue froissée
Rêve solitaire
Au bout de l'instant
Aux vents frémissants
Un îlot de songes
Mélange des airs
Aux battements de cœur
De fer et de peurs
Ce premier rayon
De l'éveil du jour
Derrière les hublots
Derrière les hublots
Le vent
Celui qui prend
Celui qui part
Celui qui rend le jour
Plus lent
Derrière les hublots
Le vent
Et sans raison
Et sans façon
Épris d'espace
Il vole au ciel
Chaque instant
Derrière les hublots
Le vent
Celui du nord
Celui d'ailleurs
Celui de froid
Et puis d'effroi
D'un coup de vent
Qui à présent
Tord mes tourments
Tord ce passé
Tord chaque tort
Jusqu'à la mort
Derrière la vitre
Derrière le verre
Derrière les hublots
Du temps
Vol
Vole aux vents le long des ombres,
Oublions-nous les jours sombres ?
Vole aux temps de long en large
Aucun vol ne reste en marge