
Un instant
À chaque instant un amour meurt.
Est-ce le mien ? Est-ce le tien ?
Regarde au loin le ciel,
Le noir déjà le décompose :
La terre se perd dans la pénombre.
Puis le silence vient.
Ce n'est pas la première fois.
Le ciel pourrait pleurer.
Le ciel pourrait se fendre.
Mais ce n'est que la nuit
Qui vient le prendre.
Puis le silence reste.
C'est peut-être une évidence.
La terre s'éteint.
La terre s'efface.
Ce n'est que le temps
Qui rend tout absent.
Au loin un battement de cœur
Près des croix d'un vieux cimetière,
Au loin un battement fragile
La nuit entretient l'espoir
Pour laisser croire que le jour
Niera les éclats de douleurs.
Monde clos
Il y a eu le jour
Il y a eu la nuit
Il y a eu cette porte
Ouverte sur les enfers
Il y a eu le temps
Le ciel béant
Laissant à l'air
cette idée du désert
Cette idée d'une poussière
Sombre et lourde
Il y a eu le temps
Inexact souvent
Impassible lourdement
Immuable
Il y a eu le temps
Sans le moindre changement
Implacable surface
Où se perdent les gens
Tant et tant de temps
Perdus en vivant
Comme un être mourant
Il y a eu la nuit
Il y a eu le jour
Et puis cette porte fermée
De quel côté
Suis-je vraiment ?
Entrebâillement
Ni besoin, ni désir
La porte se ferme
À tous les plaisirs
Le temps met un terme
À l'histoire terne
Juste une étoile
Gravée sur l'infini
Illumine le sol
D'une lueur folle
Mais qui pourrait croire
Qu'aux portes de l'enfer
L'amour se dérobe
Aux ombres passées ?
Poème de mort
La douleur est si proche
Son cœur dans ma poche
Son âme en écharpe
De nuances de ciel
La nuit nous marie
Dans des dentelles d'ombre
Alors que le temps sombre
La mort est ce mal
Que l'amour dévale
La peur nous désarme
Et nous éloigne l'un de l'autre
L'enfer est pavé d'envers
Mémoire morte
Le temps longtemps retient
Et puis oublie
Ce n'est que le temps
De perdre le présent
De la vie
Alors j'écris le temps
Passant partant
Et la douleur qui suit
Je n'ai jamais aimé
Autant avant
Je n'ai jamais écrit
Autant avant
Que ma mémoire meure