
Amours de papier
Dans le matin
Sud : dans chaque matin
Est-ce que tu dors ?
Le ciel s'ouvre en souriant.
Un rayon traverse la fenêtre.
Les chants du dehors
Pénètrent à l'intérieur.
Le lent parfum de la nuit
S'évapore.
Ma main à petits pas
Cherche la tienne.
Ma main tout lentement
Ensuite s'y promène.
Je sais à présent
Que chaque instant
Comptera.
Jamais ne s'oubliera
Cette lumière du matin,
Cette fenêtre ouverte sur le jour.
Jamais ne s'éteindra
Cette lueur offerte
Simplement en ouvrant les yeux.
Je ne rêve pas.
Est : les oiseaux noirs
Une nuée
S'envole dans le ciel
Elle caresse la montagne
Et disparaît à l'horizon
Est-ce mon âme
Qui s'éparpille
En tant et tant
D'ombres folles
Est-ce le temps
Qui m'emprisonne
En un seul
Silence profond
Le ciel se chamarre
De quelques éclairs
De lumière
Le vent
Emporte les notes
Ecrites
Par les oiseaux noirs
Nord : à perte de vue
Ici
Le temps ne se retourne pas
Il se perd
Pas à pas
Tu écoutes ton dernier souffle.
Tu ne fais rien pour le retenir
De peur qu'il ne revienne
Et dans le pâle éclat
De tes secrets
Les mots se cachent
Les mots s'enterrent
Le temps ne se retourne
La nuit ne s'éclaire plus
Il ne reste aucune couleur
Dans ton cœur en cendres
Il ne reste aucune place
Pour cet amour trahi
Et peu importe le paradis
Et peu importe l'enfer
La peur est cette misère
Qui se construit sur les vestiges
De la confiance abandonnée
L'amour aura beau faire
Il se perd dans les douleurs de sa mort
L'oubli est cette mémoire
Que l'on enfoui au plus profond
De son regard
Le silence est sa force
Qui métamorphose la vérité en défaite
Regarde-toi
Regarde bien
Tu ne t'es pas retournée
Tu t'es juste perdue de vue*
*D’après une citation de Jean TARDIEU
Ouest : un chemin
Un chemin dans tes yeux
Un chemin dans tes cieux
Une porte vers la folie
Une forme de paradis
Personne ne sait
Personne ne voit
La beauté du temps
Le charme de la pluie
N'oublie pas
N'oublie jamais
Le passé ne revient pas
Le présent n'est qu'un don
Un chemin dans tes yeux
Et je m'en vais
Te suivant infiniment