
Hadar
Cette nuit, j'ai rêvé. J'ai rêvé des origines du temps.
J'ai rêvé le long de la vallée du Grand Rift
ces paysages émerveillés par une lumière claire.
J'ai rêvé parce que la terre était fertile.
J'avais les yeux grands ouverts dans un ciel bel clair.
J'ai rêvé d'une vie au ralenti.
J'aime croire à cet espoir.
J'ai rêvé cette découverte
dans les lacets du fleuve inerte.
J'ai rêvé sans savoir
qui tu étais Lucie.
Une seule personne peut-elle tout faire connaître ?
Kush
Comme d'autres filles responsables de
leur propre cœur, c'est dans un amant,
pour sa richesse, pour son
chérissement qu'elle avait
prié pour obtenir de tels
orgasmes.
On ne prie que pour
la beauté que l'on a offerte,
pas pour d'autres, ni pour le pouvoir,
ni pour la poésie. Seulement la folie
se donne avec ferveur : laissez
l'instant vital être gentil.
S’épousent en moi quatre rivières.
Qurna
Les eaux profondes se marient
sous les caresses d'un vent chaud,
les arbres dégrafent le temps
et se glissent longuement
laissant sur la peau ces délices
mystérieux et secrets.
Nul ne peut imaginer
ce que ces instants
ont de merveilleux
quand vient l'obscurité.
Nul ne peut savoir
ce que ces idées
peuvent créer au sein
de nos esprits la nuit.
Ici est l’arbre de la connaissance
Eridu
Sur les bords du fleuve
les ruines de notre humanité,
nos ombres se reposent
dans l'eau du feu éteint.
Le bruit a disparu.
La raison a vaincu.
L'eau a nettoyé l'homme
et la terre en même temps.
Du siège des cieux
pleurent les dieux
jusqu'au cœur du vertige
jour après jour.
L'arche d'amour
sous ces vents mauvais
attend le soleil
illuminant ciel et terre.
Sur le chemin des herbes pures,
Dans l'oubli de la colère,
Le désir est éternel
Là où le soleil se lève.
Le paradis s’étend au bout du rêve.
Anah
Petite ville
au bord du fleuve
de ses eaux bleues
Petite ville
au cœur désert
de sable chaud
Petite ville
au sourire fier
de tes murmures
Écoute bien
le chant divin
d'où vient ce pas
Écoute encore
ce que les morts
ne disent pas
Confus perdus
dans la confiance
abandonnée des dieux
Se cache sans bruit
ce coin de paradis
au fond des yeux
Petite fille tends-moi la main si tu le veux
Dilmun
Et vient le temps par lequel la raison
est devenue le risque.
Il reste la foi aveugle d'une enfant. J'ai pleuré
parce que mes yeux ont été ouverts tel un bourgeon.
C'était plus que ce que j'aime croire. Je peux
aimer encore passionnément sans risque.
J'ai perdu ma douleur et ne suis
pas encore habituée à m'épanouir.
Hier soir, j'ai pleuré. J'ai pleuré quand la nuit est venue,
quand elle est devenue douloureuse. J'ai pleuré parce que je
n'était plus une enfant
en réalité.... J'ai pleuré parce que
je ne pouvais pas croire qu'il est plus douloureux
de croire. Cela signifie que j'aime
humainement. J'ai pleuré parce que j'ai appris
son absence.
Ne suis-je qu'une île au cœur des déserts ?
Sahand
La mer est de sel.
Le mont est d'argent.
Les eaux se brisent
lentement
sur les marches des hommes.
Quelques gouttes de pluie
rendent le jardin riant.
Dans les cœurs,
la verdure et les fleurs
sèment leurs parfums
envoûtants.
L'arrivée du printemps
fait oublier les morsures
de l'hiver.
Si le paradis n'est pas ici, c'est que nous ne sommes plus des enfants.