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Du ciel à la mer

Du ciel à la mer

Peur

 

Le ciel est noir, le ciel a peur.

Je ne saisis pas ce soir

Est-ce le temps ? Est-ce une erreur ?

Reste-t-il un peu d'espoir ?

Le ciel s'écrie. Le ciel gémit.

La nuit arrive trop tôt.

Est-ce le jour ? Est-ce la vie ?

Reste-t-il un peu de beau ?

Le ciel se broie. Le ciel se tord.

Je ressens ce qui se brise.

Est-ce un éclair ? Est-ce la mort ?

Reste-t-il de la franchise ?

Le ciel est noir, le ciel a peur

Et il se verse de terreur.

 

 

 

 

 

 

Dernières pluies

 

Il a plu, de ces pluies froides et dures.

L'inconnu se noyait dans l'onde pure.

 

Il a plu. Alors que criait la nuit,

L'inconnu se déchirait dans le bruit.

 

Il a plu. Le ciel s'emportait de rage.

L'inconnu se dispersait dans sa cage.

 

Il a plu. Du ciel profond jusqu'au mont,

L'inconnu en perdait toute raison.

 

Il a plu. Dans la tempête félonne,

L'inconnu ne devenait plus personne.

 

Il a plu. Le silence laissait seul

L'inconnu dans la torpeur du linceul.

 

Il a plu, il a plu, il a plu

L'inconnu s'est perdu...

 

 

 

 

 

 

À la fenêtre

 

Je pensais avoir oublié,

Je pensais le temps venu.

Mais je ne pourrai le nier :

La terre restera à nu.

 

Il pleut sur les journées sombres.

Il pleut dans le plus grand silence :

Le temps avale nos ombres.

Chaque jour se perd dans sa danse.

 

À la fenêtre, vont les gens.

À la fenêtre, sans bruit,

Sous une pluie, sont les passant

De tes jours et de mes nuits.

 

Quand tes yeux sont de passages,

Quand tes yeux doucement s'enfuient,

Les trottoirs n'ont pour messages

Que les lumières qui s'ennuient.

 

Je pensais avoir oublié,

Je pensais le temps venu.

Mais je ne pourrai le nier :

La terre restera à nu !

 

 

 

 

 

 

 

Chanson morte

 

Une heure, je crois en toi.

Sous ces lumières d'automne,

Le ciel brouillé résonne

De toi et de notre foi.

Une heure au bord de mer,

Chaque vague laisse faire

Sur le sable et sur la pierre

La seconde et son envers.

Une heure, le jour est mort.

Sous le ciel et une étoile,

Un bateau et sa grand-voile

T'emportent loin de ce port.

Une heure, je crois en toi.

Sans ses lumières d'automne,

Le ciel souillé raisonne

De notre manque de foi.

 

 

Une heure, une seule,

Pour croire en Dieu.

Cet amour est veule

Loin de nos yeux...

 

 

 

 

 

 

 

05h05

 

Nous n'avons qu'une vie

Nous n'avions qu'une envie

Nous savions que l'amour

Se transmettait toujours

D'une simple caresse

D'un soupçon de tendresse

Nous n'avons qu'une vie

Et un jour on l'oublie

 

 

 

 

 

 

 

Et là...

 

Les autres vagues se dissolvent...

La mer n'est plus qu'une étrangère.

Les âmes perdues se résolvent

À ne plus être. Et là, amère,

La nuit se balance en cadence

Déchiquetant tous les instants.

Et là, dans cette ultime danse,

L'écume s'infuse de blanc.

La lune n'a plus de visage

Le noir s'étend lentement et

Absorbe les riens de courage.

Et là, sans le moindre secret,

Les autres vagues se dissolvent...

 

 

 

 

 

 

 

Le temps perdu

 

Long, long, le temps passe et efface

L'écume sur les lents rivages.

Long, long, il s'agite, sauvage,

Sur le sable blanc qui se tasse.

 

Lent, lent, le temps passe et divague

Privé de bien, privé de force.

Lent, lent, il s'installe et s'efforce

De repousser bois morts et algues.

 

Long, long, le temps passe et se voile

Lissant les blanches cicatrices.

Long, long, il s'invite et se glisse

Sous la lumière des étoiles.

 

 

 

 

 

 

 

Entre temps

 

À travers la fenêtre

Un soupçon de lumière

Fait trembler tout son être

D'un unique peut-être

 

S'imagine peut-être

Que danse tout son être

Quand son corps de lumière

Danse à la fenêtre

 

 

 

 

 

 

 

 

Assez

 

Vague après vague, se suffit le jour.

Calme est la mer dans les reflets du temps.

Mais chaque nuit se suffit-elle assez

Dans les reflets d'une étoile d'écume ?

 

Vague après vague, dans les rouleaux sourds,

Le temps se noie oubliant le présent.

Mais chaque nuit se suffit-elle assez

Lorsque l'étoile n'est plus qu'une brume ?

 

 

 

 

 

 

 

L'île au bout de l'océan

 

Une île au bout de l'océan

Recouverte de neige

Une île aux longues plages beiges

Recouverte de temps

 

Parfois les vagues de la mer

Mélangent leur écume

Abandonnant un goût amer

Sur la terre et ses dunes

 

Lent de vague en vague et sans trêve

Le voyageur rêve

Rêve dans son noir esquif blanc

D'une île au bout du temps

 

 

 

 

 

 

 

Perdue en mer

 

Que faire pour plaire ?

Quel est le message ?

Je ne saurais dire,

Je ne saurais faire

Ce que je désire

Je ne saurais être

Je ne saurais taire

Ce qui peut paraître

Serais-je la mère ?

Je me suis perdue

M'as-tu reconnue ?

 

 

 

Je suis seule en moi.

Qui suis-je pour toi ?

 

 

 

 

 

 

 

Peur

 

J'ai peur que l'eau ne coule plus,

Que le temps un instant s'arrête

Ou qu'un instant il continue.

J'ai peur de ne pas être prête,

 

Que la vie me perde et m'emporte

Ou que mon cœur batte si fort

Que claque à nouveau cette porte.

J'ai peur de connaître sa mort,

 

De ne plus pouvoir respirer,

De n'être que l'obscurité

Et de finir par le briser :

La pluie n'a qu'une vérité.

 

J'ai peur de n'être que ce noir,

Qui veut ce blanc absolument.

J'ai peur qu'il devienne un espoir,

Mais je suis mer complètement.

 

 

 

 

 

 

 

Plus légère que le vent

 

Plus légère que le vent

Plus douce que l'étoile

Plus calme que la pluie

Plus tendre que le temps

Je t'attends dans la nuit

 

Moins froide que l'air

Moins chair que la lune

Moins tard que la rosée

Moins vraie que l'instant

Je te perds dans l’amer

 

 

 

 

 

 

 

Vers la mer

 

Le temps coule comme l'eau claire

Qui coule de pierre en pierre

Mêlant chaque lumière

Et chaque rivière

 

Le temps coule jusqu'à la mer

S'écoule de terre en terre

Mêlant tous les enfers

De ce qu'est l'éther

 

Le temps coule comme on s'enterre

 

 

 

 

 

 

 

En mer

 

C'est la houle qui s'enroule

Et qui m'enroule et me coule

C'est la houle si sauvage

Qui m'en cage de sa rage

C'est la houle qui oscille

En tant de vagues hostiles

Sur cette plage de sable

Je me noie dans cette fable

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