
petit amour
petit amour
commis aux écritures
London
Le soleil tamisé
La brume violette
Nous traversons le pont
Le chant des voitures
Le bruit des passants
Nous oublions le temps
Un repas sur le pouce
Un regard sur la tour
Nous rions sans détour
Une cloche qui sonne
Le jour se termine
La reine tient ma main
Stockholm
Que la mer est belle à la fenêtre
Cette eau bleue si pure
Dans les vagues calmes
Je ne sais pas si les gens
Comprennent cet amour
Que la mer est belle les yeux clos
Ce chant si lent
Sans horizon
Je crois que les gens
Pensent autrement
Que la mer est belle dans ce ciel
L'iode parfume les jours
D'un sel oppressant
Est-ce que maintenant
Je sais ce que sont les gens ?
Oulan-Bator
Ici, il n'y a rien de bien.
Le temps est sec.
La ville est sèche
Et au-delà, tous azimuts,
Les montagnes
Baignées de ciel blanc.
L'air est dangereux.
Il est de souvenirs brumeux.
Il prend à la gorge
Et s'insinue profondément
Jusqu'au chaos de mon âme.
Au loin se lézarde
Les rues qui s'enfuient
Entre les yourtes bleues
Et les toilettes en bois.
Je ne suis que le vent
Et son ombre se glissant
Dans cette nature âpre.
La lune se devine
Derrière une colline.
Je voudrais l'attraper
Avant de déserter.
Hobart
Un sombre passé
Se réinventer
Il ferait bon vivre
Au bord de l’eau
A l’ombre des montagnes
Tantôt clémente
Sous un ciel bleu
Tantôt maussade
Ecrasée de nuages
Entre averses et vents
Entre soleil et nuit
La nature indomptable
Les erreurs humaines
Quel est son humeur
Avant de partir vers le froid
Quelle est la route
Passant par le pont bossu
Je m'élance vers l'inconnu
Xaltepec
De chair et de feu
De flamme et de givre
Sur ces pentes ivres
Chaque instant chavire
Dans les bras d'une femme
De son et de silence
De jour et de pluie
Sous l'étoile blanche
Chaque instant s'allume
Sous le charme d'une femme
De bleu et de fer
De larme et de pierre
Dans l'antre de la folie
Chaque instant s'élève
Explosant mon cœur d'homme
Jamaica Plain
C'est une maison bleue
Aux fenêtres blanches
Sur le perron
Quelques flocons fondent
C'est le temps qui passe
Et qui efface
Un à un les jours
Sur le petit chemin
Qui mène à la rue
Nous sommes au 24
Le lac est proche
Je l'entends
Il est de glace
Et de place en place
C'est le temps qui glisse
Et qui efface
La tristesse des jours
Sur l'arbre mort
Comme simple décor
Une échelle et un Père Noël
Je pense à toi
Encore
Une nuit à Budapest
A l'heure où le soleil se couche
Au bord du Danube, le tramway nous envoie
A Pest qui s'illumine peu à peu
Alors que le temps passe sous le pont des chaînes.
L'esprit bohème s'invite dans les bars
Et les galeries d'art. Les bruits de l'intérieur
Résonnent dans l'espace. La nuit hongroise
Discrètement détonne et nous embrasse.
D'un sourire tranquille à un instant
Surpris, la magie s'empare de nos êtres
Allant jusqu'à nous faire disparaître
Tels des verres dans une soirée.
De bars en art, de Ruin en décrépitude,
L'essence même de Budapest rend la ronde
Folle devant les fenêtres. Et à l'Instant
Où l'on s'arrête, l'hystérie nous gagne.
La douceur de la soirée se mêle
Et s'arrose dans les bains turcs
Et rococo. Maillots d'ailleurs
Et vagues de chaleurs, tout s'ose.
Au loin le dernier tramway se perd
Le long du Danube. La nuit ne sait
Aller se coucher. Ton rire me dévore
Encore dans les étoiles des piscines.
Feu Pompéi
Et si le feu nous faisait disparaître
Au point de laisser de nous que des ruines,
Au point de faire de la poussière nos êtres
Et de la lumière uniquement l'absence,
Deviendrions-nous ces statues immobiles
Figées pour les siècles des siècles ?
Couchées dans les journées qui s'effacent,
Nos regards fixés dans la dureté de la glace,
La saveur du temps est une mauvaise amante
Qui nous enlace et nous embrasse de ses bras
Tentaculaires tant et tant que nous en oublions
Le temps dans cette union avec la mort ;
Les lèvres serrées retenant les mots dans le noir,
Le cœur combattant se perdant sans battement,
L'âme refroidie loin des derniers signes
Et l'honneur enterré sous tant de profondeur
Qu'il ne reste maintenant que la terre
Nourricière pour croire aux illusions passées.
Et si la pluie nous faisait renaître,
S'il suffisait d'un coup de pioche
Pour sentir la chair réapparaître
Et voir le ciel à nouveau se lever,
Deviendrions-nous de nouveaux êtres
Capables de célébrer cette fête et de s'aimer ?
Mont Sinaï
Sur le sol clair tranche la couleur de la chair
La lumière se glisse
La lumière me brûle
Est-ce le paradis ?
Est-ce l'enfer ?
Rien ne saurait dire le contraire
Sainte Catherine ta croix plantée sur la terre
Regarde la lumière
Embrasse la lumière
Est-ce la tentation ?
Est-ce le désir ?
Rien ne ferait croire le contraire
Santorin
La mer sculpte le jour
De bleus et de blancs
Comme elle sculpte le temps
Le long des chemins lents
Toi qui passes et oublies
Tu ne sais pas ce que nos pas
Ont dit, tu ne sais pas
Où se sont perdus nos bras
L'île est si belle, est si frêle
Qu'il semble évident que le jour
Fait semblant de faire l'amour
À la mer à l'instant et pour toujours
Ushuaia - en train
Quelques gouttes de sang
Le long du chemin blanc,
Est-ce le bout du monde,
Des rêveries fécondes ?
Le temps respire et glace
Tant de gens face à face.
Dis, est-on innocent
Juste en faisant semblant ?
Hoodoos dance
S'endorment les fantômes d'or
Alors que nous dévore la nuit
Écoute le silence et dors
Dans la danse lente des ombres
S'oublient ton corps et ses pénombres
S'oublie le temps qui s'enfuit
Les mains deviennent des caresses
Les souffles, les bruits du temps
Écoute ce qu'est la justesse
Dans la danse lente des ombres
S'oublient ton âme et ses pénombres
S'oublie ce que nous étions avant
Ton cœur berce nos dernières heures
Alors que te dévore la nuit
J'écoute ton silence et pleure
Arche 33, Banjul
Arche blanche
La mer en face
Un rire noir
Je me souviens
De ce temps lointain
C'est une caresse
Un coup d'état
Le cœur en éclat
Je crois en nous
Fermer les yeux
Une dernière fois
Tu es toujours là