décombres
À l'aube du dernier jour
La nuit attend que le jour se lève,
Mais le soleil est absent ! Le jour
Ne peut être sans l'envie. L'amour
Se terre et ne serait qu’un rêve.
La nuit s'accroche à la raison
Et laisse pourrir ce qui palpite.
La nuit lentement la vie débite
En fines lamelles de mort. Son
Cœur en désordre ici se retire
Et ne laisse à l'amour que le pire,
Froid et terne. Un fragile frisson
Oublie les mots et tourne la page
Vierge. L'encre n'a plus aucun âge.
Et cet amour n'a plus aucun nom.
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Parfums perdus
Tes yeux se ferment en ce matin de janvier,
Je n'entends plus tes mots dans la nuit qui résonne.
Je ne sens plus tes bras quand le temps déraisonne.
Ne danse que le blanc des matins de papier...
Et tous ces mots, tous ces mots que le temps moissonne
Contiennent ce désir planté dans les graviers,
Contiennent ce plaisir que nous prenions entier.
Et ce temps, tout ce temps oublie ce qu'est l'automne.
Je ressens si souvent les parfums du passé
Emporté au-delà de ce qu'était l'été,
Une brise fragile et ses pensées marines.
Je ne sais ce qu'étaient ces instants dérobés
Mais mon corps se souvient des caresses mutines,
De ton corps les embruns, de l'amour la beauté.
Descente
Tes mots sont las, en descente !
Je n'ai rien pour les rouvrir,
Ma poésie indécente
Ne soulève aucun plaisir.
Et je vois le temps qui passe
En chaque nuit, chaque jour
C'est l’extase d'une impasse.
Si je crois en ton amour,
Sa folie évanouie
N'est plus qu’une vielle peur
Au fond de ton cœur enfouie.
Plus une seule couleur,
Même dans les belles pluies
Qui ressemblent à tes pleurs.
En éteignant l'incendie,
Sont brisées les voluptés
Dans les mornes mélodies
De nos yeux désenchantés
Et de notre envie mourante.
L'espoir n'est que la langueur,
De cette infinie pente
Où débaroulent nos cœurs.
Les senteurs évanouies
Qui masquaient toutes tes peurs
Ont les valeurs inouïes
De tant de sombres douleurs.
Et la pluie, la douce pluie
Qui nous emportait, rodeurs,
Oublie comme elle était belle
Sur les courbes de tes seins.
Les caresses éternelles
De mes mains sur ton bassin
Avaient la fraîcheur bénie
Qui illumine le jour
Pour que la mélancolie
Fasse sourdre un autre amour.
Sa folie évanouie
N'est plus qu’une vielle peur
Au fond de ton cœur enfouie.
Plus une seule couleur,
Même dans les belles pluies
Qui ressemblent à tes pleurs.
Au feu de tes yeux
Ce n'est qu'une marche funèbre
Dans ton lent regard qui s'enfuit
Au fil de tes pas dans la nuit.
Je me rapproche des ténèbres
En m'accrochant à ton passé.
Ce ne sont pas tes mots iniques
Offerts à ces temps léthargiques
Qui changeront la vérité.
Alors, de nos instants curieux,
Je garde au fond de mon âme
La danse folle d'une flamme
Et l'amour bleuté de tes yeux...
Hymne cruel
À la beauté, à la belle
Lumière, de sa clarté
Nait la folie irréelle.
À son immoralité
Pleine et entière, à l'envie,
À tous ces désirs de sel,
La pulsion inassouvie
A ce parfum temporel
Enveloppé de nos brumes.
À ce moment de la nuit,
À la mer, à ses écumes,
Allongés sans aucun bruit,
Nos corps brisés, insensibles,
Attendent la vérité
Des caresses invisibles
De l'ancienne liberté.
À la beauté, à la belle
Silencieuse éternité,
Nos amours n'étaient que celles
De notre mortalité.
La promesse
Le temps n'est que passé,
Passé dans les ténèbres.
Tes yeux ont oublié
Notre marche funèbre.
Sur mon corps, tes cheveux
Continuent cette danse
Imaginant nos vœux,
Tous ces vœux d'innocence.
Le temps n'est que passé,
Passée est la promesse.
Nos cœurs en vérité
S'épuisent sans tendresse.
Allongé, ton corps sourd,
Sourd attendant la soie,
A perdu son velours
En niant cette joie.
Disparaît le baiser
La nuit sur ta cambrure.
Le temps n'est que passé,
Passé d'amours obscures.
Danse macabre
I
Le temps ne sait que se taire
Pour oublier ses démons.
Il n'a plus aucun mystère,
Il ne reste rien de bon.
L'amour est si délétère
Qu'il en devient vanité.
Les paroles insensées
De la vieille vérité
Se sont à jamais usées
Sur les décombres du banc.
Dans ce vent monotone,
Et les ans après les ans
Ont vu s'enfuir cet Automne
Si éloigné du Printemps
Qu'il en devient vanité.
Les paroles insensées
De la vieille vérité
Se sont à jamais usées
Dans le creux de la lumière.
Et s'en vont les jours d'avant,
Les jours d'antan en poussière
En nous laissant seulement
Un goût si fier à l'arrière
Qu'il en devient vanité.
Les paroles insensées
De la vieille vérité
Se sont à jamais usées
Dans la profondeur du bleu
De tes yeux pleins d'ignorance.
La douceur meurt peu à peu
Et s'oublie notre innocence.
Le temps maintenant est si vieux
Qu'il en devient vanité.
Les paroles insensées
De la vieille vérité
Se sont à jamais usées
Dans la torpeur du dédain.
Tes lèvres closes provoquent
Des émotions une fin,
Des sentiments qui te choquent,
Un trouble dense et si fin
Qu'il en devient vanité.
Les paroles insensées
De la vieille vérité
Se sont à jamais usées
Dans des relents de douleurs.
Si les mots ne sont qu'armes,
Chaque silence des cœurs
Se retrouve dans nos larmes
Si l'amour est une peur…
​
II
Dans ce silence de toi
Vit cette peur effroyable.
Elle condense l'émoi
Comme le ferait le diable,
Comme le ferait la mort.
L'amour ne serait que dommage,
Le songe d'un mauvais sort.
Il s'inscrit dans une image
Où nos émotions ont tort.
Dans cette absence le temps
Éteint nos âmes, on souffre
Aspirés par le présent
Comme le ferait un gouffre,
Comme le ferait la mort.
L'amour ne serait que dommage,
Le songe d'un mauvais sort.
Il s'inscrit dans une image
Où nos émotions ont tort.
Puis sous la pluie en retrait,
Le cœur devient cet œdème
De notre temps imparfait,
Il ne sait dire : « Je t’aime ! »
Sage
Sage comme une image,
L'amour serait en nous.
L'amour serait à nous
Si nous n'étions pas sages.
Le temps nous prend, moqueur,
Nous porte sur ses ailes,
Nous laisse des séquelles
Et nous vole le cœur.
Sage comme une image,
L'amour serait là-haut.
L'amour serait défaut
Et nous mettrait en cage.
La vie, en vérité,
Se rit de nous et charge
Nos cœurs comme une barge.
L'amour est sans bonté !
Regarde ce que tu ne sais voir
Entre, entre et regarde le noir...
Le ciel n'est que ruine et décombres.
Se cachent l'amour dans les ombres
Et une étincelle d'espoir...
Prison de silence
Amour fou et craintif,
Tu t'enfuis évasif.
Tu n'étais qu'une flamme
Sans aucune âme.
Chemin de déraison
Cette étrange passion
S'est perdue sans courage
Laissant la rage
Prendre son pas malsain.
Dieu, le malin
Nous a pris sans audace
Nos sentiments de glace,
Songes obscurs
Prisonniers de nos murs.
La voix
Au bout du fil, j'écoute
Cette voix, cette voix
Me mettant en déroute.
Se mêlent à la fois
Le passé, le présent,
Vérités et mensonges,
À devenir dément.
Même les pires songes,
Lorsque le ciel s'achève,
Ne peuvent être absolus
Au point que chaque rêve
Meure en mots inconnus.
J'écoute cette voix
Et ce ton qui m’effraie.
Elle se tait sur toi
Comme si tu n'existais
Pas. J'écoute sa crainte,
Je n'entends que sa peur
Mais ce n'est qu'une étreinte
Pour fourvoyer mon cœur.
Dans ces mots singuliers,
Se masque son abîme,
Le temps particulier
De se faire victime.
Cette voix qui s'entête
En tous ces mots déserts
Dit la douce tempête
De tout son verbe amer.
Il violente le ciel
Et maudit cette pluie.
D'un ton artificiel,
Il voudrait que je fuie.
Sa voix induit le doute
Me laissant à l'écart.
Au bout du fil, j'écoute
Et je sais qu'elle part...
Dernière danse
Et tu cries, et tu ris,
Et puis tu me souris...
La lumière est si blanche
Que la terre s'épanche.
Et tu vis, et tu dis,
Et puis tu me souris...
La lumière est si frêle
Qu'elle en est que plus belle.
Et tu veux, tu désires,
Et puis d'un grand sourire,
La lumière est si haut
Que l'amour en est beau.
Et tu pries, et il crie,
Et puis tu te renies,
La lumière n'est plus
Qu'un rêve d'absolu...
Et tu pars, et tu fuis,
Laissant la pluie, et puis
La lumière s'éteint
Abandonnant demain...
Au début
Alors que le temps sourit,
Je revis par ses écrits.
Dans cette envie étrangère,
Chaque mot est un mystère
Où se mélangent l'esprit
Et la folie. Quand s'écrit
Ainsi la vie mensongère
À travers chaque légère
Idée, l'amour se pourfend
Dans autant de maux déments.
Entre les lignes s'embrassent
Les signes, se perdent un
À un les chemins, s’entassent
Les vieilles peurs du malin.
Amour importun
Que serait une amie
Que serait un amour
Perdus dans une vie
Oubliés dans un jour
Que serait un regard
Que serait une phrase
Perdus dans un rempart
Oubliés dans l'extase
Que serait une mort
Que serait son absence
Perdues dans un seul tort
Oubliées en silence
Qui serais-tu Lucie
Que serait ton amour
Perdus et sans envie
Oubliés pour toujours
Le jour où je suis mort
Je te revois encor…
Je ne le savais pas
Quand tu quittais mes bras,
Je te voyais partir
Avec notre avenir.
Dans l’aurevoir, les ors
D'un jour de volupté,
D'un ultime baiser,
Je me revois encor
Le jour où je suis mort…