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Se glisser dans la lumière

 

15 heures

La lumière

Dans le ciel, immobile,

Se tait d'un sourire

 

Le soleil

Détaché, en secret,

Prie

Le bleu s'ouvre

Lentement

Dans le souffle du vent

 

Le banc

Ne sait pas

La valeur

La grandeur

Du présent

 

Le temps

N'est plus

Le temps offre

La couleur

La saveur

De la lumière

 

Aucun bruit

Que le silence

D'une caresse

 

Le jour s'abandonne

L'amour frissonne

La lumière rayonne

 

Le bleu dévoile

Le rose du ciel

Et la terre

Se promène

Leurs vies

Au bout

Des doigts

 

 

L'odeur de la nuit

 

Quand l'odeur de la nuit

S'éteint dans le nuage,

Le temps part sans partage

Avec ton ombre qui fuit.

 

Au loin, l'espace noir

S'étale dans la brume ;

L'instant ne se parfume

Que de mon désespoir.

 

Il pleut sur ce goudron,

De ces gouttes acides,

De ces vieux amours vides,

Qui toujours me noieront.

 

Il ne reste aucun bruit

Hors cette pluie qui tombe

Sur notre unique tombe :

Tu souris dans ma nuit !

Le vrai silence

 

Dans le vrai silence

D'une robe blanche,

J'attends le satin ;

L'aube d'un matin.

 

Ta main prend ma main

Et nait le chemin,

Sa voie est tout autre,

Sa voix est la nôtre…

 

Dans les herbes hautes,

Les nuances chaudes

Emmènent au-dessus

Le bout de tissu.

 

Sans un mot de plus,

L'amour est vaincu,

Se mêle à la terre

Et puis se resserre.

 

Tu souris, j'espère.

Ta main incendiaire

Sur mon torse tient

Mon cœur : je deviens

 

Ce tout petit rien

Que ta main retient

Sur ta robe blanche

Dans le vrai silence…

En passant dans le brouillard

 

A toi, passant, sur la route errante,

Dans ce brouillard, ce que tu ne vis,

C’est l’espace fermé comme un lit,

Cette brume intérieure et béante…

 

A toi, passant, la vie transparente,

Dans la vertu devenue géante,

L'effort de nudité dans ce lit,

Tu ne peux avoir cette mémoire !

 

Là, passant à côté de la gloire,

De ce qu'il faut d'envie, ce qu'il faut

De folie pour que nos amours vibrent

 

Blottis dans tous les silences noirs,

Caressant de multiples espoirs,

Va donc, passant, et laisse-nous libres !

 

Hommage à « A un passant » de Paul Verlaine

 

 

Le silence est le pire bruit

 

La particularité du silence

Est de laisser la place à tous les bruits.

Il est faux de croire que sa présence

Ne transforme pas nos jours en des nuits.

 

Qui pourrait penser en toute innocence

Que toujours se taire jamais ne nuit ?

Qui pourrait laisser la place à l'absence

En invoquant qu'ainsi le bonheur luit ?

 

Il est aisé d'abandonner la chance

Pour retenir ce que l'on a construit.

Mais peut-on laisser dans la déchéance

Ce que l'on a à tout jamais détruit ?

 

 

Derrière le silence

 

Je vois mon doigt sur ta bouche.

Posé tendrement, il touche

De tes lèvres le silence,

Des mots que j'aime, l'absence.

 

Mais je veux dans tes yeux lire

Ce seul mot que je désire,

Un vrai parfum d'aventure,

Ce chemin de vie future.

 

Et je veux sur ta peau vivre

L'unique mot qui délivre

Une éternelle existence,

Qui abolit tout silence…

 

 

Nuit sans bruit

 

Au bout de l'instant

Se tait notre temps,

S'efface le banc :

Tu lâches ma main.

 

Le noir à présent

S'imprègne du vent,

De ce mot absent

Dans chaque matin.

 

Comme auparavant,

Je reste et j'attends

Le chant élégant

D'un autre demain.

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