
Fragments
Nous nu
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Ce n'est qu'un instant
« Où un peu de nudité parfois tressaille »*
Ce n'est que le vent
Qui caresse nos failles
Et par-delà les orages
Par-delà les silences
Ce n'est qu'un automne
Où le présent nous assaille
Ce n'est que le choix
Qui traverse nos entrailles
Les bruits sont trop forts
Les repères différents
Le temps exagère
Ce que l'on est vraiment
Ce n'est qu'un amour
Où chaque jour oscille
Ce n'est que ce rien
Que nous voudrions tranquille
Et par-delà les flots
Par-delà les cieux
Ce n'est que l'horizon
Où l'on se perd parfois
Ce n'est que nous-même
Que l'on retrouve nu
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À l'instant
Ce n'est qu'un vieil instant
« Dont la frayeur s'apaise entre nos mains »*
Il part faisant semblant
De ne pas reconnaître le chemin
Ce n'est qu'un vieil instant
Qui fuit le long de la montagne
Il part en s'éteignant
De peur que l'amour le gagne
Ce n'est qu'un vieil instant
Qui s'écoule avec la pluie
Il se noie totalement
Dans d'autres instants qui s'ennuient
Ce n'est qu'un vieil instant
Pourtant il vit tout le temps
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D'une vague
Comme le jour est dense,
Comme il est lent !
Je repense aux instants intenses,
À chacun de leurs fragments.
Est-il possible de comprendre
Que tout cela n'a aucun sens ?
Faut-il attendre que l'ombre
Dépose son manteau sombre
Pour que cela en ait un ?
Alors d'ici ou bien d'ailleurs,
Dans le moindre battement de cœur,
J'écouterai le chant du chemin
Même s'il n'a jamais existé.
Je l'écouterai jusqu'au bout des temps
Ou seulement jusqu'au bout du mien...
Et je continuerai de regarder la mer
Pour percevoir « la traversée du désir »*.
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Le mot juste
C'était un soir
« je cherchais le mot juste »*
Je ne le trouvais pas
J'écoutais ton silence
Attendant qu'il se brise
A ce moment-là
Je ne savais pas
Que je l'avais trouvé déjà
Ce mot que je ne voulais pas
Celui qui te blessa
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« Le poète est le traître »*
Par grand vent sur les prés
Par gros temps sur la mer
Le poète ment
Par cacher ses sentiments
Là au cœur de l'orage
S'éteint la rage
De sa plume seuls ses mots
Résonnent maintenant faux
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Les mots sont des fenêtres
Ton visage se redéfinit dans la lumière.
Tout se mélange, tout se rêve...
Et d'un mot à l'autre
Ce qui semble être part
Apparaître ailleurs.
Collé à la fenêtre,
Je les laisse m'envahir...
Ils sont de petites briques
Se glissant « comme aube boréale »* des jours.
Ils sont de doux plaisirs
Résistant comme crépuscule austral des nuits.
Je les laisse s'envoler...
Toi, tu les regardes
Comme des parts d'un mur...
Indéchiffrables et obscures.
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Face à face
Ma paume attend
Ce lundi d'automne
Elle attend
« Ton visage passe tout près »*
Est-ce fait exprès ?
Il se pose contre ma paume
Tranquillement
Il se glisse dans le temps
Qui se froisse maintenant
Il se glisse vers l'avant
Oubliant toute prudence
Ton visage encore plus près
Se découvre et avance
Jusqu'à se poser contre le mien
Jusqu'à se rêver incertain
Dans ce sourire de l'instant
Qui se nourrit d'innocence
Le ciel est en équilibre
L'amour au bord des yeux
Le ciel semble si libre
Que son visage est radieux
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Non dire
Aveugle
Seul au milieu de la nuit
Lié par les mêmes sens
Je laisse au chemin
Le choix des lendemains
Seul aux abords du jour
Embrassé par les mêmes vents
J'offre mon destin
Au choix des autres
Et j'attends
« Puis l'ombre se fait lumière »*
Avant de disparaître
Dans le silence
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Nul amour
« Nul ne sait »*
Ce qu'est l'amour
Quand celui-ci ne l'a pas
Pris par la main
« Nul ne sait »*
Ce qu'est d'être
Cet être orgasmique
Sans ces secondes de vérité
« Nul ne sait »*
Où se tient le temps
Tant qu'il ne l'a pas
Vu s'enfuir
« Nul ne sait »*
Ce qu'est la folie
Tant qu'il ne l'a pas
Ecrite maintes fois
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Jour sans
« Du vent sur le village »*
Le jour hésite encore
Le soleil cherche l'espace
Parmi les flaques d'eau glacée
Les arbres semblent attendre
Que le temps se désespère
Dans ce léger vent soufflant
Et gelant l'atmosphère
Son corps se mêle à la brume
Ses lèvres sont froides
Les mots absents
Les pas se comptent et se recomptent
Les uns après les autres
Sur le bitume sombre
Le ciel s'estompe laissant
Du vent sur mon visage
Noël sera bientôt là
-091213-
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Intérieure
Je ne me souviens pas
Qu'il faisait aussi froid
Je ne me souviens
Que de cette chaleur
Intérieure
C'est un jour de novembre sous le ciel
C'est un jour de novembre unique
La brume nous enrobe de sa tendre douceur
La forêt nous abandonne, seuls
« Sous la lune couleur »* de brume
Il ne reste que nous
Dans les bras l'un de l'autre
Dans les bras de l'instant
Il ne reste que nous
Et la douce musique des cœurs
Qui oublient un instant
Que ce jour n'est pas leur
Qui oublient en passant
Que le temps est présent
Je ne me souviens pas
Qu'il faisait aussi froid
Je ne me souviens
Que de cette ardeur
Intérieure
-141119-
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Couple heureux
Dans la trace de tes pas
Le chemin me mène là-bas
Je ne sais pas ce que je crois
Mon horizon est en toi
J'avance sans réfléchir
Sans passé sans avenir
Est-il possible de se mentir
Sur ce chemin de désir ?
Le temps s'arrête dans tes bras
Au moment où nous embrassera
Ce destin fou qui se cabre
« à la frontière des derniers arbres »*
Le couple heureux qui se reconnaît dans l'amour défie l'univers
et le temps ; il se suffit, il réalise l'absolu.
Simone de Beauvoir
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Le parfum d'antan
Du vent sur le village
Le jour n'aurait plus d'âge
La nuit serait partie
Le long de nos murmures
« Un souffle fait bruire »*
Les ans et les amours
De passage
Un souffle et le néant
Le long de chaque ride
Je te vois t'en allant
Comme si ce temps
Etaient maintenant
Du vent sur le village
Tu m'embrasses en partant
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Noir trottoir
De monts en monts, de mots en mots, s'écrit dans l'air, l'air du temps, du temps passant, du temps s'arrêtant, de celui sursautant au passage de la pluie, de celui s'ennuyant quand il ne passe plus...
Et à l'endroit, et à l'envers, le paradis et puis l'enfer, tournent sans cesse entre force et faiblesse, entre caresse et rudesse. Moi, planté là, j'attends que le courant m'emporte comme une feuille morte prise dans le tourbillon du temps, j'attends ce qui est, « ce qui n'est pas »*, sur ce trottoir-là noir et froid dans ce matin de décembre.
« Mais où donc est passé le temps ? »*
Ce matin
Le silence tend sa main
Il enrobe tes seins de divin
Le jour s'éveille
Hier est déjà loin
Nous ne savons ce que sera demain
Ce matin
Tes joues s'éveillent
De fins rayons
Découpent le plafond
De tant et tant de façons
Tes yeux s'éveillent
La douce chanson
De battements lents et longs
Enchaîne ma raison
Le temps m'éveille
« Sur la terre comme au ciel »*
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