
Meurtriers
Rencontre
La table est là
L'heure est bonne
La prudence oubliée
Le temps se balance
À la simple cadence
De nos ondes
De leurs battements
Accrochés aux fils de nos vies
Rien de plus gracieux
Rien de plus radieux
Le soleil n'est pas là
Il ne manque pas
Notre chaleur se suffit
À elle-même
Et chaque saveur
S'apprécie ainsi
Le temps se décompose
En tant d'autres choses
En tant de fragments
Que l'on se retrouve
Pleinement
Et la pluie multiplie
Les lumières et les bruits
Sur l'acier gris
De cette maison roulante
Le jour s'élance
Dans la lenteur des mouvements
D'un combat amoureux
Et dépose ses caresses
Tout en mesure
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Il pleut et l'on rit
De la « rencontre d'une fleur
Et d'un pleur »
Le temps déjà se meurt
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Le temps meurtrier
Ton visage s'éteint
Lentement dans ma mémoire
J'en perds tous les traits
Dans un nuage noir
Ton visage s'éteint
Dans les ombres du passé
Est-ce à croire
Que tu n'as pas existé ?
Ton visage s'éteint
Et ton sourire avec
J'ai beau vouloir le conserver
Ma mémoire s'enfonce sans fin
Ton visage s'éteint
Emportant tout de toi
Ma foi et notre amour
Jour après jour
« La vie se dissipe. »*
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Liberté chérie
Un oiseau passe
Rien ne l'attache
Il survole la « surface de la terre »*
Oubliant qu'il est le ciel
Il connait le nom des arbres
Il connait celui des étoiles
Il sait ce qu'est le temps
Et il se dérobe pourtant
Un oiseau passe
Au-dessus de ma maison
Au-dessus de l'église aussi
Oubliant qu'il est le ciel
Rien ne semble l'atteindre
Rien ne semble le contraindre
Si ce n'est ce fil à sa patte
Si ce n'est ce lien contraint
Il parait si libre
Si léger
Si simple
Que l'on ne peut lire dans son vol
Aucun chant qui le désole
Il vole
A la force de son souffle
Par-dessus le cimetière
Par-dessus la poussière
D'un amour « mort recroquevillé »*
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Conte
« Un soir où nous avions mis »*
Notre amour en bandoulière
Nos yeux en plein ciel
Notre cœur en pleine terre
Nos mots en caresses
Nos silences en complicité
Nous sommes morts
Aucune fée
Ni même sorcière
Sommes-nous devenus heureux ?
Avons-nous eu beaucoup d'enfants ?
Les contes modernes
Sont terre à terre
Et sans aucun arc-en-ciel
A la fenêtre
Seule l'herbe pousse
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Mort
Aujourd'hui
J'ai rencontré la mort
Elle était là
A côté de moi
Dans le silence de cette chambre
Avec son manteau gris
Elle attendait
Un souffle
Je ne sus que faire
Si ce n'est la regarder
« Et maintenant cette chose sale »*
Est encrée en moi
Comme un souffle
Sur la bougie de la vie
xv/xi/xix