
étoile brisée
Terre
Monde immonde
Dans la forêt tout près d'ici
Le silence
Les arbres se sont tus
Les chemins perdus
Chacun attend
Un instant
Le silence
C'est comme si le temps
N'était plus
Comme si le temps
Était passé
Comme si le temps
Était
Le silence
Même la terre
S'enterre
Même le vent
Fait semblant
Même le ciel
Est sans ciel
Dans la forêt tout près d'ici
Le silence
N'a pas d'amis
Fuite
Au dehors il pleut
Le feu s'est éteint depuis longtemps
La nuit a retrouvé sa noirceur
Le brouillard son épaisseur
Les arêtes des montagnes dessinent
De longues aiguilles lugubres
Et se perdent dans les brumes
Le long chemin ne serpente plus
Abandonné
Dans le ciel incertain
Tout n'est plus que profondeur
Et se perd sans un regard
Le lac immobile
S'est endormi
Comme en suspension à l'horizon
Prisonnier d'une cage de nuages
Son reflet est de plomb
Il retient ses secrets
Dans la poussière et la boue
Il dessine à l'envers
Le côté sombre de la nature
Rien ne parait dans ces deux mondes
Rien que la folie de la nuit
Qui glisse là-bas
Contre le mur de la maison
Le temps s'est suspendu
La terre ne l'a pas retenu
Sur la surface lisse
La vie a choisi la fuite
L'eau pure
S'est envolée d'un baiser
Sans suite
Course en tête
Au cœur de la terre
Une femme passe sans bruit dans la nuit
Elle court d'un bout à l'autre de l'espace
Cherchant une fenêtre peut-être
Son pas rapide et inflexible
Se mélange aux brumes et brouillards
Aux histoires cachées et à celles perdues
Dans l'étroitesse de la mémoire
Elle est comme le vent d'avant
Un air de passé dépassé par le temps
Sa silhouette transparente arpente
Chaque méandre d'une rivière à sec
A perte de vue coulent des pierres
Ces cristaux de lumière
Qui s'éteignent au fil des espoirs vaincus
Sous l'aile du temps
Ses yeux bleus ne sont plus qu'un feu
Traçant le cercle disharmonieux
D'un soleil couchant
Dans les reflets de quelques vagues noires
L'immensité de la nuit la happe
maison de bois
à peine une maison
quelques planches de bois
quelques planches de toi
on y arrive par hasard au départ
la porte est ouverte
la lumière parfaite
une table
une chaise
une fenêtre
entrouverte
sur le bois
la lumière diffuse
sa chaleur
sa saveur
sa valeur
dans le silence
sous le bois
la lumière invente
une danse
une chance
intense
l'impatience
dans le bois
puis
la chaise est rangée
sous la petite table
la porte refermée
la petite maison de bois
disparait dans les bois
quelques planches de bois
quelques planches de moi
…
Le temps n'est que le manque
par-dessus
par-dessous
Il mange nos instants
tout en les transformant
Le temps est un brin d'herbe
posé devant ta fenêtre
Il est perdu dans l'espace
en oubliant sa place
Le temps penche et penche
se vidant de ton parfum
Il meurt dans la marge
des douloureux instants
Le temps n'est plus qu'un vol
déposé sans ses ailes
Il n'a plus de présent
Il n'est plus le présent
Le temps n'a pas de vie
ni d'envie aujourd'hui
Il se tait maintenant
Le temps n'est plus que toi
invariablement présent
l'avenir dépassé
en mille et mille instants
en mille et mille instants
Pleine terre
Les mots sont sourds,
les mots me pèsent.
Je les arrache
de mes entrailles obèses.
A la lueur de ta lumière,
ils se sont approchés du parvis
portés par les airs,
pas à pas...
Ils ont souffert des orages divers,
de ces absences qui poussent
dans l'oubli des regards.
Ils ont souffert de l'exclusion,
de ces temps à partir,
des valeurs des abîmes,
de toutes ces secondes...
Ils ont souffert
au moindre vent sous les porches,
dans les yeux des passants
si loin de la vérité...
Les mots ne retrouvent plus
Ceux qui sont apparus,
les jours d'automne, les jours de glaces,
dans les voitures, dans les espaces,
de ces étreintes entre jour et nuit,
aux vitres des fenêtres, aux interstices des portes...
Au bord de nos lèvres,
leur voix a retenti
d'un simple mouvement de cils.
Ils se sont croisés et recroisés,
faufilés et alignés,
Et,
maintenant,
au fond de nous,
ils sont cette poussière
Qui,
demain,
s'élèvera dans le ciel.
Morgane
Lune rousse
Nos amours sont captifs
Piégés dans le soleil
Ta lumière est complexe
Tantôt arc-en-ciel
Tantôt noire et blanche
Tu es cette fée pleine
De bienveillance
Et cette sorcière
De l'aurore crépusculaire
Tes mains s'apposent
Et complètent
S'opposent
Et déchiquètent
Déesse et diablesse
De rayons en gouttes
Tu dis vrai
Et tu mens
En croyant
Véritablement
Tu es tout
Tu es rien
Plus que tout
Moins que rien
Lune rousse
Assis là
Je t'attends
Amoureux
Du ciel bleu
Frôlement du temps
Le temps n'a plus de poids
Il court sur les toits
Je ne sais où il me mène
dans le silence de la nuit
Le temps n'est qu'un tournant
qui vire, vire et tremble
Il est fait d'un éclair
et de ce qu'il me reste d'air
Le temps est si étroit
Qu'il marche en escalier
mélangeant tour à tour
les amours, les effrois
Il est si primitif
qu'il s'étend librement
en mille et mille instants
en mille et mille instants
Le temps est un désert
fait de grains de poussière
Il est méconnaissable
et à peine vivant
Le temps a des reflets
changeant tout le temps
Il nous fait prisonnier
de ses quelques idées
des fausses et des vraies
des vraies et des fausses
Le temps n'est que le manque
par-dessus
par-dessous
Il mange nos instants
tout en les transformant
Le temps est un brin d'herbe
posé devant ta fenêtre
Il est perdu dans l'espace
en oubliant sa place
Le temps penche et penche
se vidant de ton parfum
Il meurt dans la marge
des douloureux instants
Le temps n'est plus qu'un vol
déposé sans ses ailes
Il n'a plus de présent
Il n'est plus le présent
Le temps n'a pas de vie
ni d'envie aujourd'hui
Il se tait maintenant
Le temps n'est plus que toi
invariablement présent
l'avenir dépassé
en mille et mille instants
en mille et mille instants
Transparence
En apparence, la pluie est innocence.
Dans le silence de ta conscience,
Ses confidences sont violences.
Son existence sans indulgence
A l'indécence de la démence.
L'indifférence devient l'essence
Des divergences, des décadences.
Pas de clémence, la différence
Est l'inconscience de la prudence.
Coïncidence ou négligence,
La connivence est indigence.
Tant de silence, tant de silence,
Sans ta présence, la vie pense…
En transparence...
Suspicion
Dans le silence, bat ton cœur.
Qui l'écoute ?
Dans le froid, se glisse une main.
Qui la ressent ?
Dans la brume, se perd un regard.
Qui le voit ?
Sur la terre, se vole un baiser.
Qui l'a fait ?
Suspicion, la possession ronge.
L'amour n'est jamais suspect...
et après
un jour comme un autre
silencieusement ment sur les autres
dans le flot du temps s'estompe le flot des mots
les lettres ne sont que des signes
comme des morsures
qui marquent à jamais
mais dans le silence
leur absence
est un venin
à nul autre pareil
ils sont comme ces ronces
qui s'accrochent à votre peau
vous lacérant jusqu'au sang
vous brûlant jusqu'à l'âme
ce n'est qu'à présent
que l'on ressent pleinement
la valeur des gens
la profondeur de leurs sentiments
le silence renverse
jusqu'à l'épuisement
la vérité d'un jour
des murmures perdus
sur les chemins de pierres
ne reste que la poussière acre
de jours comme d'autres
et pourtant
absolument différents
chaque jour attend
ne serait-ce qu'un faux-semblant
glissé par inadvertance
chaque jour pressent
infiniment le silence
et disparaît dans la danse
du temps
et après ?
20170901
Intérieur
une table, une chaise
une porte de bois
ouverte sur la lumière
une table, une chaise
un peu de chaleur
en dessous du toit
une table, une chaise
tant de douceur
allongés sur le bois
une table, une chaise
des gâteaux, des bougies
un anniversaire
une table, une chaise
des sourires et des rires
des mélanges de toi
une table, une chaise
du froid et du chaud
après les émois
une table, une chaise
un peu de nous
une dernière fois
une table, une chaise
plus que de la poussière
perdue dans la lumière
Guère
Je regarde la pluie
qui doucement m'entoure
Au cœur de la houle
chaque goutte se mêle
aux couleurs du sel
Rien qui ne l'arrête
Rien sur cette crête
Je regarde la pluie
qui doucement m'absorbe
Au cœur de la lande
chaque goutte se perd
dans l'âme des bruyères
Rien qui ne la retient
Rien au milieu des pins
Je regarde la pluie
qui doucement s'évapore
Au cœur de mon corps
chaque goutte dissout
ce qu'il reste de nous
Rien de naguère
guère plus que rien
Echelle
Aux pieds de la lune
les pleurs du nuage
ont arrêté la brume
ont effacé l'âge
Aux pieds de la lune
J'ai attendu celle
qui dans cette écume
descendrait l'échelle
Les heures une à une
noircissant le ciel
aux pieds de la lune
ont tué l'étincelle
Et dans ce naufrage
le bout de ma plume
a perdu courage
aux pieds de la lune
Un homme bien
Dis ce que tu ressens
Dis ce que tu penses
Cachée de la lumière
Comme une somnambule
Les yeux fermés de peurs
Pour fuir l'odeur du temps
Dis ce qu'est ce jour
Dis ce qu'est cette heure
Enfoncée derrière tes mains
Humiliée par les coups
Les traces sur ton corps
Ferment encore ton âme
Dis où est la rupture
Dis jusqu'où tu accepteras
Les batailles de la vie
Les spasmes des effrois
Le soleil est couchant
Perdue dans la poussière
Tu ne veux rien dire
Tu ne veux rien montrer
Dans les bleus du matin
Ceux sur ta peau
Ceux sur ton cœur
Ceux cachés de l'extérieur
Ceux qui brûlent à l'intérieur
Jusqu'où iront les choses
Quand mourra le secret
Dis comment éviter
Dis comment éteindre
Ce courant particulier
Qui traverse tes jours
Ce courant transparent
Qui anéantit ta vie
Ce n'est qu'un homme bien
Ce n'est qu'un homme fort
Je vois tes yeux qui brillent
Traversés de douleur
Je vois tes yeux qui pleurent
Derrière un faux sourire
Jusqu'où iront les coups
Jusqu'où ira la vie
Encore
Cerise poussière chaise
L'amour hait l'horreur
Quand les mots manquent
Quand ils sont rouillés
La barbarie est proche
Ouvre les yeux
Regarde
L'éphémère beauté
La compassion aime la passion
Le temps ne peut nous frapper
Que si on supporte les coups
La liberté a toujours raison
Retiens-en la mémoire
Accepte une pause
Ton imagination peut créer le rêve
Ta raison peut tuer un monde
Crois que l'envie est la vie
Crois que l'oubli est une mort
Que dans chaque goutte d'eau
Se faufile un signe
Crois que toujours
L'amour vit
Encore
* Parfois les mots se cachent pour dessiner un nouvel espace *
L'énigme
Cette maison est étrange
Bâtie au hasard
au milieu de nulle part
elle n'a pas de porte
et ses fenêtres sont closes
Elle est bringuebalante
sans vraies fondations
Ses murs de papier
sont traversés par les airs
traversés par les froids
par les temps et les eaux
Elle n'a jamais eu de toit
Elle n'a pas eu le temps
Cela fait longtemps maintenant
qu'elle est vide
et pourtant
elle n'a aucune ride
Le passé l'a froissée
le présent oubliée
elle n'a plus d'une maison
qu'un squelette amaigri
Est-ce une raison
pour la déchiqueter
Toi qui est passée par là
cela ne te gène pas
Toi qui l'a bâtie
un jour de ta vie
es-tu toujours là
vent
sous le ciel sombre
aucune mélodie
pourtant sur tes lèvres
je me sens autre
alors que tu te découvres
sous la lampe incandescente
je vis ce transport
qui me rapproche
peu à peu
de l'étoile cristalline
je lis sur ton corps
l'alphabet inconnu
écrit de vraies saveurs
écrit de l'intérieur
sans aucune réserve
je saisis de la vie
ce qui n'existe jamais
ce qui n'est qu'aujourd'hui
en plongeant dans la mort
avant de m'évanouir
je ne sais plus
ce qu'est la mesure
où est la justice
la poésie me caresse
entre prestige et folie
et me traverse de part en part
du cœur à l'âme
ce ne sont que des mots
empruntés au précipice
ils soufflent
une autre vision
oubliant toute moralité
ils sont sans limites
ils portent des images
ils brûlent de notre complicité
ils sont nous
ils sont autres
ils sont masque
et soleil et neige
ils sont en moi cet air
minuscule et géant
cette bête sans tête
ce métal d'argent
et leur lame d'une flamme
découpe mon âme
de tant de reflets
qu'elle exprime
le jour
la nuit
le temps
la valeur
de ce vent
d'amour
Grain de sable
Il se tasse au milieu des autres
Le petit grain de sable
Masqué par l'immensité de la plage
Noyé dans l'éternité des vagues
Aucun regard ne se porte sur lui
Perdu dans les lumières
D'un ciel oubliant le temps
Il s'écaille lentement
Sans que ne s'arrête l'écume
Des flots qui reviennent
Inlassablement
Poser leur empreinte de brume
Sur ce qui n'est plus vivant
Ce qui n'a plus d'avenir.
Il est là balancé
Dans l'immense tombe
Sous les ondes d'une étoile
Qui ne pardonne pas
Elle le lie à la terre
Et empoisonne son air
Le dissout complètement
Sans la moindre pensée
Rien de divin
Dans ces derniers tours
La mémoire divague
Sans aucun esprit
Abandonné nu et sensible
Comme une trace sur le sol
Dans le ciel mourant
Restera-t-il assez de courage
Pour tracer dans le sable
Une fleur de sel
Le rêve d'une robe blanche
Dans le regard du soleil
La danse du vent
L'emmène à présent
Vers l'ultime néant
Reste-t-il du temps
Pour ne pas être
Qu'un détail
Rêve
Allongé dans la lumière,
Envahi par le plaisir,
Je laisse le temps me consumer.
Ton visage au-dessus du mien
Invente le vent et les éclats de ciel.
Le soleil est rouge et brûlant.
Je sens son incandescence
Au creux de mon cou.
Un instant, le ciel s'envole
Et virevolte en souriant.
Un instant, il se couche
Faisant naître des milliers d'étoiles.
Les couleurs se mélangent
Jusqu'à devenir un ange.
Mes paupières se referment...
Le brise-larmes
Sans la lumière, les larmes ne se voient pas.
Perdue dans d'autres sphères, elle ne sait pas.
Aucun rayon, ni doux, ni tendre,
Rien qu'une pierre au cœur à fendre.
Loin de son dessein, elle perd ses pas
Laissant à la vie le temps du trépas.
Alors, dans ce silence,
Les larmes font leur danse.
Leur présence ne s'oublie pas.
L'absence ne se cache pas.
Aucun retour,
Ni autre jour.
Mais un mot la désarme.
En emportant les larmes :
Amour
Non, ne crois pas que le temps
Peut le briser aisément,
Amour.
Un autre arbre
Le long chemin craque sous nos pieds, il n'a pas de fin.
Les arbres regardent nos ombres passer en silence.
Ils sont de bruns et de noirs laissant à peine la lumière s'échapper.
Ils ont le charme de ces êtres insensibles et froids.
Ils contemplent nos pas en l'absence de tout mouvement.
Dans les nuances d'humus et de mousse, ils observent le temps qui s'arrête.
Au cœur du chemin, les ombres sont enracinées.
Un autre arbre vient de pousser, simplement...
Boucle d'or
A l'extrémité de l'amour, se cacherait le petit jour, se cacherait une lueur, les résidus d'un vieux bonheur.
Il y aurait du bleu, du blanc, un peu de jaune sûrement, et puis du rose, et puis de l'or, et du bleu et du bleu encor.
Il y aurait du feu, du sang, de la tendresse assurément, et de l’envie, encor, encor, de l’arc-en-ciel à un trésor.
A l'extrémité du chemin, s'ouvrirait une douce main, s'ouvrirait un étrange jour, comme le retour d'un amour...
Le prestige
L'étrange mélange des valeurs me fait peur. Le souvenir des jours de prestige s'incruste jusqu'au fond de mon cœur. La notion du temps n'est plus qu'une illusion. Trois jours profonds sont devenus une éternité, impossible d'arrêter le temps. Les sentiments ne sont que des morceaux de papier qui s'éparpillent dans les vents de l'oubli. Que reste-t-il à la fin de nous ?
Le décompte a déjà commencé. Ce n'est plus qu'une question de temps. Les yeux se sont déjà refermés. L'oubli est bien présent. Au fil de l'eau, l'onde se faufile sans laisser de traces. C'était ce qui était attendu. Personne ne voit ce qu'il se passe. Le prestige n'avait pas sa place.
A peine un filet de lumière
La nuit se prolonge, je tombe en moi et m'écroule de l'intérieur.
Je ne suis que la proie de ses peurs et mon esprit
s'effondre en perdant de vue le monde. Rien de nouveau,
que du passé qui s'entasse et qui, au fil des mots, s'efface.
Des images noires, floues et vides caricaturent l'aventure.
Le déséquilibre est permanent, maintenant n'a pas de temps.
Le jour, la nuit ne sont que des concessions à la vie.
Au loin la montagne n'a plus qu'un sombre filament irisé
prouvant qu'un temps la lumière existait.
La nuit se prolonge pendant que le silence l'allonge.
La pluie sourde
Il pleut maintenant depuis tant de jours et de nuits. Il pleut tant et tant que le ciel n'est plus que grisaille. Il pleut au point de se demander si le soleil existe encore. Il pleut à en croire qu'il serait mort. La pluie, cette pluie, est de plus en plus froide. Elle a recouvert un à un chacun de mes membres jusqu'à ce que le froid devienne leur seule réalité. Elle a envahi l'intérieur de mon corps, elle est une forme de mort. Elle a effacé les traces de son propre passage dans le silence.
Je me souviens des temps anciens. Je me souviens bien de cette pluie chaude et heureuse. Je me souviens d'elle comme si elle avait pu être. Je me souviens de ce rêve. Je me souviens de chaque goutte, de leur délicate brûlure, de leur puissance transperçant la carapace, de leur vigueur capable de redonner des couleurs à tous les noirs et blancs, capable de transcender l'instant au point de faire naître des fleurs dans le moindre désert. Je me souviens de la pluie.
Il pleut maintenant depuis tant de jours et de nuits. Il pleut à en oublier la vie.
Totem
Planté au centre de mon esprit, bleu comme la nuit, il est là.
Raide et froid.
Il rappelle ces ères glaciaires où, d'un seul souffle,
la nature s'arrêtait.
Il est là.
Ce reste d'un arbre verdoyant, d'un passé multicolore,
il est là, planté sur ce chemin, le barrant définitivement.
Qui pourrait croire qu'en d'autres temps, en d'autres lieux,
la sève coulait dans ses rêves ?
Qui pourrait croire en le voyant qu'il fut, un instant,
un géant imaginant ses enfants ?
Il est là.
Mort à tout jamais.
Planté comme une croix sans Dieu.
Ce vieux totem brûlé par le feu du ciel.
Il est là.
Le chemin de la bergerie
un regard
sourire
désir
un baiser
léger
désir
une main
une autre
un chemin
de pierres
en pierres
de feuilles
en soleil
un chemin
de printemps
en automne
désir
des yeux
du bleu
du noir
du rouge
sourire
un mot
des mots
plus de mots
une main
une autre
caresse
des mots
des silences
désir
un bruit
des branches
des feuilles
le vent
caresse
un doigt
une bouche
silence
s'entend
le jour
une main
dans l'autre
embrasse
le temps
une lumière
le frais
le feu
un mot
des autres
et les pierres
les pierres
l'abri
un sourire
un regard
plaisir
Anciennement Amour
Le ciel est noir, sans lune, sans étoile, noir.
La montagne se devine à peine, plus sombre.
Je me demande lequel fait disparaître l'autre.
Le temps démesurément grand n'a plus rien de léger.
Il pèse sur chaque parcelle de l'espace.
Il semble noyer l'ensemble, seconde après seconde.
Les yeux grands ouverts, je cherche.
Je cherche l'idée d'une lumière, une idée passée.
Je cherche au plus profond de l'univers.
Je cherche l'essence même d'une présence.
Le temps patient attend que ma peine soit vaine.
Le temps isolant attend que mon regard se ferme.
Alors, mes paupières se baissent. Je regarde en moi
Pour transcender l'absence et lui donner un sens.
A nos dépens
Toi qui fermes les yeux.
Toi qui cherches le silence.
Tu sais que l'éternité
ne dure qu'un temps.
Toi qui te mures là-bas.
Toi qui as refermé la porte.
Tu sais que tu choisis
notre place dans l'espace.
La douleur est diffuse.
La douleur est nôtre.
Tu sais depuis longtemps
ce qu'elle cache.
La douleur est soumise.
La douleur est autre.
Tu sais ce que c'est
que de la connaître.
Le silence est présent.
Le silence est violent.
Tu sais ce que chaque mot
peut transporter.
Le silence est méchant.
Le silence est indifférent.
Tu sais pourtant comment
s'écoule le temps.
Toi qui sais.
Toi qui vois.
Tu sais ce qu'est le mal.
Tu sais où est ce mal.
Il est
à nos dépens.
Csoqolt ?!
Tu regardes.
Tu sais déjà.
Tu sens.
Tu ressens.
Tu écoutes.
Tu écris.
Tu dis.
Tu pries.
Tu viens.
Tu reviens.
Tu invites.
Tu tiens.
Tu souris.
Tu oses.
Tu caresses.
Tu frémis
Tu t'oublies.
Tu ris.
Tu sais toujours.
Tu sais encore.
Comment sait-on qu'on le trouve ?
On ne se pose pas la question !
Nul
Dans l'ombre du ciel
se cache la frayeur
Nul ne sait
ce qu'est la terreur
tant qu'il n'a partagé
avec la peur ses douleurs
Nul ne comprend
ce qui se terre
derrière le ciel
s'il ne sait auparavant
quels sont ses tourments
Nul ne peut prendre
ce qui s'enfouit
tout au fond de son cœur
s'il n'a au gré des vents
entraperçu ses ténèbres
Dans l'ombre du ciel
le désir est une angoisse
qui prive la lumière de bonheur
Nul ne peut l'embrasser
Xul
Tu me hais dans le noir
Tenant la barre de tes pensées
Tu résorbes le temps et l'espace
Laissant les voies converger
Tu imagines de nouvelles couleurs
Pour que l'hiver en ait plus
Tu regardes à l'infini
Pour toucher ton étoile
Tu ouvres grands les yeux
Tu ouvres en grand ta porte
Tu te lèves
En pleine confiance
Tu n'oublies rien
Ni personne
Sur ton chemin
Aux pétales de roses
Noires
Pourquoi le ciel est-il à l'envers ?
Maars de l'Enfer
Que tu es belle
Cachée sous l'eau frêle
On pourrait croire
Que le temps est un espoir
Mais la roche
Est si proche
Ton cœur est comme hier
Masqué par la pierre
Ton corps en panique
Est toujours volcanique
Je ressens la chaleur
Dans d'anciennes vapeurs
Des étoiles s'éparpillent
Et s'éparpillent
Dans la lumière fragile
Des instants hostiles
Les craquements du passé
N'ont pas effacé
Nos traces
Eparses
Que tu es belle
Cachée sous l'eau frêle
Eaux
Eaux froides
Mon cœur se noie
Glacial
Au fond de moi
Je ne sais pas ce que tu vois
Loin de tes bras où est ma voie ?
Sensibles
Mon corps se broie
La cible
De ton émoi
Je ne sais pas ce qu'est la joie
Je ne sais plus loin de ta voix
Eaux froides
La peur me noie
Glaciale
Si loin de toi
écoute
je t'ai écrit un mot à l'aube
le ciel était voilé
ce n'était qu'un mot sage
qui naviguait près du rivage
il avait cette saveur iodée
qui brûle
en passant sur les blessures
il avait ce parfum épicé
qui se perd
dans les souvenirs passés
ce n'était qu'un mot
attendant une réponse
un regard
un sourire
un je ne sais quoi
un je ne sais pas
un léger détail
un soupçon
un rien
je t'ai écrit un mot à l'aube
et
j'écoute
ton silence
Retiens
Le silence est en nous
Accroché à la vitre
Accroché à ma tête
Il passe à travers
Mon corps depuis
Si longtemps
Doucement
Et moi
Je le retiens
Ou peut-être
Je l'espère
C'est insensé
J'attends
Le rêve
La tête à l'envers
L'âme au-dehors
Le mal est-il bien ?
Le mal est-il chaud ?
Le mal est-il froid ?
Je laisse au temps la course
Je laisse au temps la main
J'ai oublié
Le banc vermoulu
Le ciel épais
La femme nue
Le soleil éclipsé
Les mots
Libres
Perdus
La vie
Et les images
Merveilleuses
Au mur du passé
Je suis loin de
Moi
La belle saison
N'est que falaises
Mon corps chute à reculons
Retiens-moi
Tu n'es pas là
Sur le chemin de San Ruoma
Le chemin est un lit
Où se couchent les mots
Sa poésie coule à flots
Dans la pluie et le vent
Je ne sais ce qu'il faut
Pour que les mots
Suivent les pas
Je n'aperçois que les gouttes
Des souvenirs qui tombent
Le chemin embué
Descend de la montagne
Entre les falaises
Et les à-pics
Entre les broussailles
Et les pierrailles
Il s'enroule dans les gris
Et disparait dans la pierre
Qu'il est loin le temps
Où le chemin montait
Dans les couleurs de l'automne
Les bleus flamboyants
Le ruisseau chantait
Les jours qui passaient
Le chemin dansait
Entre ses eaux
Entre ses mots
Le soleil perçait
De sa lueur les nuages
Il découpait le temps
En jours enivrants
Le battement de son cœur
Se dirigeait vers les cimes
Et le temps grimpait
Vers chaque sommet
C'était le temps
Du prestige
Qu'il est loin
Maintenant
Chaque jour est un soir
Sur le chemin transparent
Il ne reste de lui
Que des herbes couchées
Une mèche de cheveux
Sous la neige blanche
Et les traces
Du graphite
Sur le calque du passé
Elle a tout le temps
Devant elle
Le chemin est oublié
Elle longe la vallée
En gardant les yeux fermés
Détails et imperfections d'un homme
Dans la tête s'agglomèrent des mots. Tant de mots ! Des vrais... Et des faux !
De chaque instant s'énumèrent les détails comme autant de petites blessures qui suppurent. La poésie n'est pas ce que l'on croit. Elle s'inspire autant de la laideur que de la beauté. L'homme laid et imparfait n'écrit qu'à son image.
Et pourtant, dans le secret de ses doigts, se cache l'illusion.
Elle est cette perle infiniment belle qui brille même au fond des pires cauchemars. Elle est cette perle scintillante, cette étoile absente, cette lumière omniprésente. Elle est cette perle cachée à l'intérieur. Ce microscopique détail, cette éternelle perfection, ce point de paradis en plein cœur de l'enfer. Personne ne choisit les détails, personne ne choisit les imperfections, tout est là. Un détail d'énergie, une imperfection d'inspiration, tout est là.
Ce n'est pas un désert, ce n'est pas une mer, ni une montagne... C'est le ciel en un point.
Qui peut imaginer tant de détails dans les imperfections d'un homme ?
Une femme, sans réaction, sans raison, sans conscience...
Une femme au centre d'un désert glacial…
Une femme qui se cache...
Nulle oasis.
Il n'y a aucun courage à oublier les gens.
Seuls les détails et les imperfections subsistent.
Union
Il ne s'agit que d'un trait
Un trait reliant deux points
Entre ciel et terre
Entre homme et femme
Une femme invisible
Une femme sensible
Une femme d'air
Il ne s'agit que d'un tiret
Un tiret liant deux espaces
Entre vide et vide
Entre une âme et une autre
Une femme transparente
Une femme absente
Une femme de feu
Il ne s'agit que d'un point
Un point final
Entre un nuage et une montagne
Entre le néant
D'une femme fermée
D'une femme cachée
D'une femme aimée
Il ne s'agit que de l'union
De l'inexistence
Hors rêve
La lumière s'enfuit
En mille et un points colorés
Au loin la maison s'éteint
Dans la brume et le crépuscule
La blessure saigne encore
Et ton visage n'est plus qu'une ombre
Masquée par la nuit qui s'étend
La lumière s'enfuit
Seuls quelques simples d'esprit
S'accrochent encore à ses rayons
Le passé n'est plus
Qu'une lueur incertaine
Sa musique a oublié les harmonies
Pour les discordances de la vie
La lumière s'enfuit
Ses mots se sont perdus
Sur les chemins de pierres
Leurs valeurs n'ont de cher
Que l'abandon
Ma clé restera au fond du bocal
Et tu seras Elise
Rien n'a changé
Tout a changé
Inspiration
Tu ne penses pas être un sujet d'inspiration.
Tu penses ne jamais l'avoir été.
Les mots pourtant te choisissent.
Ils ne sont qu'issus de tes émotions.
Tu ne veux plus savoir leur sens profond.
Tu as décidé de ne plus entendre.
Les mots ne se laissent pas pendre,
Ils ne sont issus que de ton cœur.
Mon inspiration n'existe pas :
Elle est issue de ton nuage.
Les mots ne sont pas de passage.
C'est en toi que mon âme plonge.
Les mots pour l'éternité me rongent.
Ce n'est que le fruit de tes bras…
[L'amour m'inspire d'une poésie bancale
Où survit le reste d'une étoile brisée.]