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Ciel

Après le coucher du soleil

 

Que dire ? Les temps vont finir !

Le ciel est noir, la lune a quitté le miroir et la pluie rejoint nos espoirs. Un lent drap sombre s'est déposé, il embrasse le silence de toute sa puissance et ne laisse au sol qu'une humidité incessante.

Que dire ? Le monde est déjà mort !

Le ciel est noir, chaque étoile a refusé de prendre une place et seule leur absence dessine des espaces dans l'espace. Il ne reste de nos pensées que ce vide froid. Pourtant, nous aurions pu jurer que ce temps ne serait pas.

Que dire ? Tout est dit !
Le ciel est noir…


 
 
 
 
 
 
 

Enfermement

 

Tout est encore sombre. Le soleil a oublié d'être présent. Au loin, il devait y avoir le ciel dans un autre présent.

Il n'est plus l'heure de chercher où se situe la vérité, il n'est plus l'heure de rien à présent.

A force de tourner en rond pour trouver une porte, il faut se rendre à l'évidence : ce mur n'a pas de fin.

Il clôt l'espace à l'infini. Aucune étoile, aucune lueur, pas le moindre interstice : l'enfermement est sans fin.

De pas en pas, le chemin s'enroule sur lui-même en n'offrant aucune possibilité à la liberté.

De moins en moins de pensées ou d'idées, le ciel n'est plus un espace de liberté.


 
 
 
 
 
 
 

Personne dans les nuits

 

Rares sont les nuits où la lune semble commune. C'est un astre étrange

qui chaque jour change.

Sa lumière diffuse rend le ciel diaphane et d'une pâleur sombre.

Pourtant se déplace une ombre dans la pénombre.

Elle cherche le chemin qui la prendra par la main. Elle cherche

les restes de l'illusion évadés de la journée. Elle cherche

la beauté sacrifiée au cœur de la voie lactée. Dans le dédale

des nuits qui s'enfuient les unes après les autres, son râle

se perd dans les enfers de la terre. Les nuits ne sont pas bonnes

pour les hommes égarés. Ils ne deviennent plus personne...


 
 
 
 
 
 
 

Blessure

 

La vie tourne autour du ciel, tourne autour du bois, tourne autour de moi et je n'en vois que les vapeurs grises de la brume.

Les souvenirs s'enfuient comme des oiseaux dans le vent, l'enfance est si lointaine, ma vie si incertaine, ta présence si rare. Mais je garde l'espoir d'accrocher dans la déraison des étoiles quelques images futiles.

C'est maigre, c'est inutile...

Et pourtant dans l'inconnu de la nuit noire transparait, entre lueurs et hasards, cette lumière blanche des instants disparus, comme si ma mémoire se recomposait dans la luminosité des astres.

Ce léger scintillement invisible auparavant garde au cœur des constellations le dessin d'un monde oublié. Il restera dans les yeux des amoureux ce fil sensible qui brillera infiniment, cette tendre blessure qui se gravera dans leurs âmes...

La vie tourne autour des amours imperceptibles.


 
 
 
 
 
 
 

Oiseau de Paradis

 

Une lumière délicate légèrement visible
si on y prête attention, son vol vers le sud

se perd dans nos yeux.

Je regarde ce fond noir ébène,

je scrute la distance
qui me sépare de mon alpha,

je me perds à des années-lumière

de ce qui me retient sur terre.

Au milieu de cette fontaine d'étoiles,

quelques points se rejoignent,

un rien de Paradis, un parfum d'éternité.

Les yeux fixés sur ces points inaccessibles,

j'attends inlassablement que me rejoigne le jour.


 
 
 
 
 
 
 

le pouvoir du silence

 

le vide et l'attente

l'attente inutile

le vide est subtil

la douleur latente

 

chaque mot absent

est une blessure

le silence est dur

le vide est présent

 

         *

 

maudits mots sans bruit

s'allonge la nuit

s'évide le ciel

 

maudits mots leur mort

se nourrit de fiel

leur vie n'est que torts

 

         *

le silence est cru

dans le vide nu

il est sans espoir

 

le silence est noir

chaque mot il tue

il a tout pouvoir


 
 
 
 
 
 
 

La porte

 

Dans le ciel une unique porte

et aucune fenêtre dorénavant

Dans le ciel une porte

qui ressemble à un mur

un mur

transparent

invisible

un mur

qui efface tout

ce qui est de chaque côté

Et le ciel porte

en son sein

en son cœur

en son âme

quelques poussières

de terre

qui s'effondrent

sur le sol

en une sombre pluie

noire

Dans le ciel une unique porte

malheur


 
 
 
 
 
 
 

La vie d'un homme

 

La vie ressemble à l'homme. Dans ses différentes postures se distinguent ses blessures. De son corps s'échappent des traces de sang suintant de chaque écorchure.

Ses souvenirs noirs et blancs se collent à sa peau comme autant de caillots. Le temps devient l'unique présent, l'éternel absent.

La vie ressemble à l'homme. Elle est un lointain paysage qui au fil des gouttes s'atone dans une profusion de gris. Le temps polit le passé jusqu'à en tenir la moindre beauté.

Ses souvenirs ne sont plus que ces fantômes errant dans le vide. Il ne reste d'eux qu'une brume transparente une fois leur âme envolée.

La vie ressemble à l'homme. Une fois disparue, il n'est qu'une poussière qui lentement s'éparpille dans les airs et disparaît.

Ses souvenirs se retrouvent dans les mirages de quelques images. Vainement, ils s'accrochent pour ne pas être rattrapés par le néant alors que le temps les estompe.

La vie ressemble à l'homme

qui meurt...


 
 
 
 
 
 
 

Le chant du vent pendant la pluie

 

Embrasse-moi, embrasse-moi pendant que le temps nous cache.

Nul ne voit, nul n'aperçoit le ciel qui s'efface.

Embrasse-moi, embrasse-moi que chaque goutte s'éparpille.

Et que mon cœur, et que mon âme oublient un instant ce que chante le vent.

Dans les silences du temps, la pluie regorge de bonheur.

Dans les silences du vent, embrasse-moi encore.

Embrasse-moi que nous disparaissions. 

Les gens ne sont sensibles qu'à l'illusion que nous leur montrons.


 
 
 
 
 
 
 

Femme de nuit

 

Vingt-deux heures vingt-deux, Canaille traîne en chemin sous les étoiles. L'air de l'automne a une douceur particulière qui circule tout du long de mon échine. Je suis mon ombre qui se prélasse sous le regard de la lune. Dans ma tête dansent des mots, tant de mots retenus, reconnus, soutenus, inconnus... Tant de mots qui glissent le long de ma peau comme la caresse du vent.

J'écoute ces mots sans jamais être rassasiée. Ils accompagnent les nuages qui s'enroulent le long de la montagne comme autant de chemins. Ils se mélangent aux étoiles et scintillent de l'une à l'autre. Ils se reposent sur ma nuque en quelques délicats baisers. J'écoute, j'écoute à ne plus pouvoir retenir mon souffle.

Je sens dans mon corps leur pouvoir pénétrer, tendrement, doucement, évidemment. Ils accompagnent mes mouvements qui s'enroulent et se déroulent. Ils se mélangent à mon sang et scintillent dans mes yeux. Ils se reposent dans mon cœur pour apaiser mon âme. Je sens, je sens à ne plus pouvoir résister à l'ombre de son souffle.

La caresse remonte le long de ma peau. Elle s'arrête dans ma tête. La lune suit mon ombre qui quitte le chemin. Au creux de mon oreille se raccroche la douceur de l'automne.

Le temps semble absent à pouvoir tenir dans une fraction de seconde tout en durant une éternité. Le vent à présent s'est calmé. Canaille traîne en chemin sous les étoiles. Il est temps de rentrer.
Quelle heure est-il ?


 
 
 
 
 
 
 

A peine le ciel

 

A peine un carré de ciel bleu

Quelques nuages gris stationnent

Ils attendent la nuit

Le ciel est figé sans un bruit

Il serait absent que ce ne serait différent

L'horizon n'existe pas, c'est une arête

Rien ne bouge ici-bas

La lumière lentement s'éteint

A peine un carré de ciel noir


 
 
 
 
 
 
 

De la complexité de l'être et de la pluie

 

Ton silence enveloppe tes mots. Et chacun d'eux, caché, se mélange en mille sens. Tu cherches à masquer ce que tu es et ils te montrent sous toutes tes facettes. Dire et se taire sont des façons de s'exprimer. Chaque mot a tant de sens, chaque silence aussi. Ils sont ces notes de ta musique qui dévoilent ton être, sa structure complexe et sa simple vérité. Terrée derrière ta propre porte, tu crois nier les évidences. Libre, devant le mur, les cheveux détachés, était-il plus aisé de décrypter les trésors de tes subtilités ?

 

La pluie n'a jamais cessé.

Le monde est-il plus simple pour autant ?


 
 
 
 
 
 
 

Un 14 sous le feu du ciel

 

Allongé sous le ciel assis.

Les étincelles illuminent l'espace, d'un sourire, d'un regard.

Allongé sous le ciel assis.

Je le regarde dévorer un bout de la montagne.

Sa bouche empreinte de chocolat, ses yeux pétillant de désir.

Allongé sous le ciel assis.

Ma main trace dans l'air, nu, des desseins imaginaires.

A l'aulne de chaque seconde, elle imagine, les yeux fermés,

Les circonvolutions de son nombril et découvre dans les parfums,

frais, de l'automne les cimes éternelles.

Allongé sous le ciel assis.

Je regarde les nuages partir.

Le ciel a faim. Le ciel se laisse aller

à regarder voler sa propre liberté...


 

Allongé à côté du ciel.

S'unissent deux souffles pour éteindre deux flammes d'un seul amour.


 
 
 
 
 
 
 

Au petit jour

 

Le réveil du soleil se fait attendre. Seuls quelques rayons irisent le ciel changeant l'ombre des nuages.

Le petit chemin me tend les bras, ses parfums, ses couleurs, ses saveurs. Je suis libre.

Je cours, je cours, à perdre haleine. Ses yeux m'accompagnent perdus dans les feuilles mortes.

L'air, frais, me pénètre et me transporte. Je le laisse m'enivrer des idées passées.

Un pas en appelle un autre. Et les courbes du chemin m'entraînent de plus en plus loin.

Je respire plus profondément encore. Je sens à nouveau ses sensations qui se glissent, tout bas, jusqu'au bord de mon âme.

Je cours, je cours, jusqu'à ne plus rêver. Les bruits de la nature ne sont que des souvenirs.

Le silence aveugle ne sait que m'envahir.

Au loin, le dessin de la montagne caresse le ciel aux contrastes imprécis. Il lui reste toujours quelques secondes pour oublier l'avenir.

Un rayon me touche en plein cœur. Le ciel devient transparence. Il est temps de rentrer.


 
 
 
 
 
 
 

Vers arc-en-ciel

 

« 51... »

Le ciel se confondant de désir, le soir aspire à détacher le violet

Plongeant tendrement sur la peau espérant de la nuit l'indigo.

                Le temps est passé depuis le premier jour. 

 

« 33... »

Le ciel d'un simple regard a conquis la mer dans tous les tons de bleu.

L'espoir est né au cœur même de la forêt en s'imbibant de vert.

                L'âge est étrange pour une ange.

 

« 22... »

Le ciel s'illumine le temps d'un instant attrapé par le soleil.

Ce n'est que la lumière présente dans une pureté jaune.

                L'heure est précise, la mort aussi.

 

« 15... »

Le ciel s'est couché la veille dans la douceur des flammes orange.

Le ciel s'est endormi, le lendemain, les yeux rouges.

                L'anniversaire des jours est sinistre.

 

« 1... »

Le ciel de bout en bout s'est teinté de blancs et de noirs

Jusqu'à oublier l'existence même de chaque couleur.

                A la fin, le temps n'est plus qu'une valeur.


 
 
 
 
 
 
 

Femme au bord de la lune

 

La face cachée de la lune ne peut se voir que lorsque l'on accepte de se laisser voler. Ce rêve ne s'accompagne qu'avec la volonté d'en découvrir chaque beauté. Nous ne savons pas à l'avance ce que nous pourrions découvrir. Mais sans un relâchement intense, il est impossible de réussir.

 

Rêver, rêver, jusqu'à atteindre sa propre vérité.

Se laisser aller à absorber tant d'énergie que nos âmes peuvent imaginer.

Se laisser submerger par la vague irrépressible qui se glisse dans chacune de nos pores.

Ne rien retenir afin que nos corps ne soient plus ces supports inertes et morts.

 

La face cachée de la lune est un port vers d'autres ports. Accepter ce transport demande de lâcher prise, de ne pas rester attachée, de déployer ses ailes et de croire en soi.

 

Posée au bord de la lune, tu as cessé de rêver.

Etait-on trop lourds pour voler ?


 
 
 
 
 
 
 

Insectes

 

Un petit faubourg, un petit parking, un petit rendez-vous, un petit instant...

Le temps est vagabond et recèle de faux temps d'inexistence. On les reconnaît à leur persistance. Ils vont, viennent et disparaissent au gré des vents et des poussières. Parfois quelqu'un en retient l'essence. Souvent ils ne sont qu'insouciance.

En fermant les yeux, on pourrait croire qu'ils sont vrais, qu'ils ont de l'importance, qu'ils détiennent un fond de vérité.

Ils sont là présents et absents en même temps. Ils sont ces fragments de mémoire dont on ne sait s'ils sont bons ou mauvais. Ils vivent en nous comme peuvent vivre des résidus morts qui ont laissé leurs traces, leurs griffures, leur intensité dans diverses parties de notre corps. Ils sont ces ombres qui se faufilent jusqu'aux tréfonds de notre âme pour en subtiliser les restes de notre substance vitale. Ils se déplacent de leurs pas glauques pour glisser le long de notre échine et envahir insidieusement ce qui peut nous rester de vie. Ils sont là, à tous moments présents, guettant le moindre relâchement pour se gaver du peu d'énergie restant.

Un petit faubourg, un petit parking, un petit rendez-vous, un petit instant...

Difficile de voir dans ces instants d'autres éléments que la beauté du rêve et pourtant, au final, ils ne sont que ces bourdons continus qui vibrent dans notre tête tels de vulgaires insectes.


 
 
 
 
 
 
 

Un oiseau sur un nuage

 

*

Posé sur un flocon de neige,

l'oiseau est là, calme et tranquille. Dans son regard mélancolique se lit sa valse-hésitation. Les temps à contre-temps s'enlacent dans ses ailes et tournoient à l'envers. Il s'enivre de ces quelques instants. Il sait que la musique s'arrêtera définitivement.

Evidemment

۷

 

J'ai regardé

cet oiseau en voulant désespérément le garder présent. J'ai regardé cet oiseau au plumage changeant posé sur son écrin blanc. J'ai regardé cet oiseau attendant son envol jusqu'au creux de ma main. Je savais que la musique s'arrêterait.

Elle l'a fait.

Ø


 
 
 
 
 
 
 

Le bel oiseau offrant l'inconnu au couple d'amoureux

 

Un banc, tout simple, tout blanc face au Mont-Blanc.

Un banc, follement perdu dans le non-sens du temps.

Un banc accueillant l'espace d'un instant l'instant présent.

 

Quelle étrange liberté que celle de ne pouvoir se déplacer.

Quelle étrange beauté que celle d'être enlacé au vent.

Quelle étrange étoile que celle qui brilla en plein jour.

 

Un chant attrapé au cœur de l'automne vieillissant.

Un chant étendu à cet endroit religieusement.

Un chant caressé par le bleu d'un ciel inconscient.

 

D'un souffle, se posait sur les lèvres un bel oiseau.

D'un vol, il dérobait au temps le temps.

D'un envol, il changeait le bleu du ciel en rose.

 

D'un sourire,

D'un regard,

D'un désir,

                Le bel oiseau offrant l'inconnu au couple d'amoureux.

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