Simplicité

Le cœur des papillons

Du jaune, du violet, du rose…

Sans bruit la nature dépose

Toutes ses couleurs.

Là, une fleur blanche décolle.

Puis une autre, rouge, s'envole

Parmi les saveurs.

Par-dessus les blés, tournicotent

Leurs jolies ombres qui fricotent

Tendrement en chœur.

Plus je repense à cette danse,

Plus je perçois cette élégance

Sertie dans ton cœur.

D'un papillon à une fleur

- A Mlle Emma Charlotte -

Un petit papillon

Noir et blanc

Sur une marguerite

Écoute la chanson

De ce vent

Qui tendrement l'invite.

Le petit papillon

Noir et blanc,

Sur sa fleur, il hésite.

Mais, porté par le son,

Dans le chant

Du bonheur, il s'invite !

Le petit papillon

Noir et blanc,

Délicatement, la quitte.

Le petit papillon,

Il va vite

Dans ce champ, en volant.

Il va vite

Vers le cœur si troublant

D'un petit papillon

Noir et blanc...

Lilybellule

- à Lily, Emma Charlotte et Gaspard -

Mille couleurs, ce matin,

Tu t'éveilles, différente !

Mille saveurs, dans ta main,

Tes yeux s'ouvrent, insouciante…

Tu voudrais tant toucher l'eau

Dans le fil de la rivière,

Tu voudrais ce monde beau,

En savourer la lumière.

Posée au creux du soleil,

Tu attends un doux sourire.

Posée au cœur de l'éveil,

Tu t'envoles pour t'écrire.

Tu t'évades sans effort

Juste en déployant tes ailes,

Tu t'évades sans confort

Vers les autres demoiselles.

Mille couleurs, ce matin,

Tu ressens ce cœur qui s'ouvre.

Mille saveurs, dans leur main,

Accepte-les et découvre !

Oie

Une oie, deux oies, dix oies

Se dandinent sur l'eau

C'est toi, c'est moi, cette oie

Sur le vert du canal

Une oie, deux oies, dix oies

Nagent sur le canal

C'est toi, c'est moi, cette oie

S'envolant dans le ciel

Une oie, deux oies, dix oies

Dans les reflets du ciel

C'est toi, c'est moi, cette oie

M'apportant le soleil

Une oie, deux oies, dix oies

Dessinent mon soleil

C'est toi, c'est moi, cette oie

Flottant au bleu de l'eau

Par-dessus l'eau

Bleue libellule

Vert nénuphar

Dansent tous deux

Par-dessus l'eau

Doucement vole

Tendre et frivole

Par-dessus l'eau

Bleue libellule

Quand allongé

Par-dessus l'eau

Vert nénuphar

Se laisse aller

Par-dessus l'eau

Vert nénuphar

Ouvre son cœur

Sa robe blanche

Un rêve d'eau

Où se marient

Vert nénuphar

Bleue libellule

Danse

Elle danse

La lente danse

Du vent

Elle danse

Son innocence

Souvent

Elle danse

Sans insistance

L'instant

Elle danse

En permanence

Le temps

Elle danse

Uniquement

Sa danse

Vent

Promesse

Jolie promesse

Dite dans le vent

Dite en s'aimant

Caresse

Tendre caresse

Faite sur le vent

Faite en t'aimant

Tendresse

Jolie tendresse

Glacée sous le vent

Glacée en s'aimant

Idée

Douce idée

Partie dans le vent

Partie en m'aimant

Petite feuille

A quelques pas du sol,

Regardant la nature,

Telle une enluminure,

Je dessine mon vol.

Sans pleurer sur mon sort

Lorsque le ciel m'aspire,

J'espérerais tant lire

Dans ses yeux un encor.

Mais, pourtant, s'éparpille

Ma vie en voletant,

Lâché par la brindille

Quand m'emporte le vent.

Las, mon cœur déchiré

S'écroule sur la terre

En devenant poussière

Pour oublier l'été.

Inspiré de « Beau papillon près du sol » de Rainer Maria Rilke

Nuage

C'est un nuage délicat,

Là, devant moi, dans la rosée

De cette tendre matinée.

Je le vois : il me tend les bras.

C'est un nuage souriant,

Lent, j'en apprécie chaque ligne.

J'entraperçois en lui un signe,

Un grand message confiant.

C'est un nuage étincelant,

Blanc et cerné de mille roses.

« Aime-moi toujours si tu l'oses »,

Me chuchote-t-il en partant.

Conte de la pluie

Ecoute la pluie

Ce qu'elle dessine

Entends de la pluie

Quelle est la comptine

Ressens de la pluie

Le lent contretemps

Ecoute la comptine

Dont parle le vent

Ressens dans la pluie

Tous les mots comptés

Ecoute la terre

Qui est à tes pieds

Inspiré de « La pluie » de Paul Lavergne

Feuille douce

Une feuille dort

Ma petite fille

Un instant sur terre

Se ferment tes yeux

Quelques feuilles font

Une chute en douce

Je suis ce garçon

Couché sur la mousse

Une feuille dort

Cachée sous le sable

Loin de la rivière

Perdue dans ton lit

Inspiré de « Le village » de Christian Da Silva

La lune

La lune regarde au fond de l'espace

Cherchant dans le noir son unique place.

Ses cheveux d'argent masquent son regard

Qui se perd en vain en ce ciel hagard.

Sur le bleu du soir, la lune se noie

Sans même savoir où serait sa joie.

Ses joues jaune d'or éclairent sans voir

La soie de sa voie, un chemin d'espoir.

Assis sur son banc, il scrute la lune.

Il attend sans bruit une heure opportune,

L'instant où ses yeux seront vers le sol,

Qu'elle percevra de son cœur l'envol.

Pierres

Une pierre grise

Posée en chemin

Une pierre grise

Serrée dans ma main

Une pierre noire

Partie dans la nuit

Une pierre noire

Qui soudain s'enfuit

Une pierre blanche

Cœur de ma mémoire

Une pierre blanche

Raconte l'histoire

D'une pierre bleue

Sertie dans le ciel

D'une pierre bleue

Aux couleurs de miel

L’ognon sans nid

- Pour Emma Charlotte

C'était un petit ognon

Qui avait perdu son nid

Dans une sombre cahutte.

Alors que partait l’été

Sur l’immense charriot,

Il s’envolait dans les airs

Sans une imbécilité :

Il n’avait jamais eu d’ailes.

Il était boursoufflé

Dans son tout nouvel effet

Et rempli de bonhommie,

Mais si différent quand même.

Chez son ami nénufar,

Il s’en alla chalouper

Pour s’assoir au cœur d’un soir

Et voir se coucher un œuf.

Dans un moment de pagaille,

Son ami bascula. - Aïe ! -

Concédant d’un ton douçâtre

Une faute, il s’excusa.

Le bel ognon fut absout,

Puis invité pour le thé

Et vit son sucre dissout

Là, il sourit, enchanté…

[Les mots ne sont que des jeux

S’amusant de l’orthographe

Et jouant des chaussetrappes

Si nous faisons leur portrait.]

Vers de terre

Le ciel connait chaque étoile.

Le ciel se reconnait dans la lune.

Il a, comme elle, l'esprit changeant.

Il a, comme elle, ses couleurs.

Il aime le regard.

Il aime les prières.

Il sait que ses humeurs

inquiètent la terre.

Il aime l'amour.

Il aime la colère.

Il sait que de ses saveurs

la terre fera des vers...

Inspiré par « Vert de mer » de Madeleine Le Floch

Lumière noisette

Le soleil sur la bruyère

Peint d'une douce lumière

Le nuage qui descend

Accompagné par le vent.

Il ressemble à une feuille

Rousse comme un écureuil.

Je regarde se poser

Le soleil sur la bruyère.

Le nuage est remonté,

Il inonde la clairière.

Il laisse se balancer

Son amour dans la lumière.

Inspiré de « L'écureuil et la feuille » de Maurice Carême

Feuille d’automne

Ce n'est qu'une feuille d'automne

Jaune et rouge qui nous étonne.

Elle me chuchote d'un coup

Ton léger baiser sur mon cou.

C'est une feuille jaune et rouge,

Sous l'arbre qui s'effeuille encor,

Un peu de vermeil, un peu d’or,

Posés sur ta lèvre qui bouge.

C'est une feuille de saison

Qui n'a pas envie de descendre.

Elle rêve d'une maison

Où l'amour n'est jamais de cendre.

Hommage en bouts rimés à « L’automne » de Lucie Delarue-Mardrus

Une petite souris

Une petite souris,

Au creux de ma main, posée

Si tendrement, me sourit

Dans les perles de rosée.

Sous la lune, sans soucis,

Je la vois, mon adorée,

Tout doucement qui s'enfuit

Dans la nuit désaccordée.

Il me reste son regard

S'éloignant dans le silence

Et le froid de son départ.

Son petit parfum de miel

Qui emporte le soleil

S'éteint dans l'ultime danse.

Deux petits papillons

Ils vont tous deux

Et leurs pas, petits,

Fous et doux papillons

Dans le bois roux

Tourbillonnent,

Tourbillonnent...

Ils s'enlacent tous deux

Et leurs bras, petits

Fous et doux papillons

Sur les chemins roux

Tourbillonnent

Sur la terre, dans

Le ciel et l'air...

D'un nuage doux,

D'une montagne et

D'un lent regard, tombe

Délicatement la

Douceur d'où virevolte la feuille

Bleue d'un amour d'automne.

Inspiré de « Papillons roux » de Louis Codet

Un grain

Je ne suis qu'un grain de poussière

Perdu dans le bleu, dans le vert.

Je voudrais pouvoir respirer

Ce que le ciel m'offre comme air.

Je voudrais de cet ange ailé

Qui, à l'amour, est grain de blé.

Je l'ai vu un jour, envolé,

Pour créer une cité.

Hommage en bouts rimés à « Chassé-croisé » d'Andrée Chedid

Pluie et parapluie

Je ne voulais pas la pluie

Je n'attendais pas la pluie

Je n'espérais pas la pluie

J'étais seul sans parapluie

Carco t'a montré la pluie

Tu as recherché la pluie

Tu as tant connu la pluie

Tu avais un parapluie

Tu m'as appris la pluie

Tu m'as mené sous la pluie

Et offert ton parapluie

Tu as fait couler la pluie

Et repris ton parapluie

Laissant s'écouler ma pluie

Inspiré de « La pluie » de Max Jacob

L'averse

Un grand coup de vent

Quelques mots qui claquent

Mes yeux sont des flaques

Gisant dans le vent

Mon cœur se disperse

Et il pleure à verse

Hommage en bouts rimés à « L'averse » de Francis Carco

Le chemin sans histoire

Le petit chemin vert

Nous éloigne l'hiver.

Imagé de soleil,

Il ressemble à un nid

Aux couleurs de l'éveil

Avant d'être fini.

Le petit chemin vert

Nous amène à l'hiver

En perdant notre temps.

Hommage en bouts rimés à « Une histoire à suivre » de Claude Roy

Léger flocon

Toute seule petite brune

Est un doux flocon voletant

Vole mes envies une à une

Toute seule petite brune

Tel un léger rayon de lune

Toute seule petite brune

Est un doux flocon voletant

Hommage en bouts rimés à « La neige tombe » de Jean Richepin

Flocon d'amour

Quand le ciel tombe

Douce colombe

Vois dans le vent

Un flocon blanc

Vole en arpège

Flocon de neige

L'amour dansant

L'hiver charmant

Inspiré de « Quand la neige tombe » d'Annaïk le Léard

Cœurs couleurs

Se rencontrent deux cœurs sur les toits bleus.

A l'horizon rouge du soir, ils dansent

Dans le vent changeant et dans le ciel gris.

Des verts, les espoirs, aux noirs, les fumées,

Ils font et défont et font des nuages

De verts, d'orange, de jaunes, de bleus.

Ils font et défont et font des nuages

Allant du blanc au noir parmi les gris.

Se rencontrent deux cœurs fous sans raison

Un peu de violet, de rose et de bleu

Le temps se hasarde, le temps bavarde

Comme un bout de ciel avec un moineau

Allant du blanc au noir parmi les gris.

Les cœurs se mélangent dans le petit

Nuage d'un délicat matin bleu.

Les cœurs se séparent dans le petit

Nuage d'un malheureux matin gris.

Fins rimées de « L'heure bleue » de Marie Chapouton

Ce matin

Sur le chemin, ce matin, il pleut

Des feuilles orange, des feuilles jaunes.

Ce matin, sur ta joue blanche, il pleut

Quelques gouttes d'eau, des feuilles rouges.

Ce matin, l’été va s’endormir

En appelant le froid et l’hiver.

Ce matin, l'automne va venir

Délicat, sans un bruit, sur la pointe

Des pieds. Les couleurs de ses souliers

Eveilleront nos deux cœurs gelés.

Inspiré de « Il pleut » d'Anne-Marie Chapouton

Attrape

- à Emma-Charlotte

Attrape une vague

Et fais-en un bateau

Qui voguera sur l'eau

Attrape un brin d'herbe

Et fais-en une fleur

Qui s'accroche à ton cœur

Attrape une pierre

Et fais-en une montagne

Pour que le plaisir te gagne

Attrape un nuage

Et fais-en un soleil

A nul autre pareil

Attrape ta vie

Et fais-la sourire

De ce que tu désires

Plus loin

Plus loin, juste un peu plus loin,

A la fenêtre, un champ...

Plus loin, un petit village,

Seul au cœur d'un nuage...

Plus loin, encore, le ciel,

De bleus, de verts, de rouges...

Plus loin, plus loin, un bois

Peuplés des rêves d'une fée...

Juste au bord de la route

Les milles instants immobiles

D'un présent, d'un au-delà

Et des baisers sur tes mains...

Inspiré de « La plaine, les vallons plus loin » d'Eugène Guillevic

Ciel

Ciel bleu

Ciel immense

Ciel sans nuages

Ciel jaune soleil

Ciel de flamme et de feu

Ciel intense d'une danse

Ciel accroché à la montagne

Ciel absent d'orage et de peur

Ciel qui s'enfuit dans la nuit et la pluie

Tu transformes la terre en frêle poussière

Hommage à « Îles » de Blaise Cendrars

Un instant au clair de lune

- Saisi par Emma-Charlotte

Ce n'est qu'un court instant choisi

Parmi les vagues de Camargue :

La lune dans le ciel transi,

Soudain, en un reflet, me nargue.

Ce n'est qu'un bref instant mineur.

J'attrape la belle opportune

Qui plonge dans le noir bonheur :

Je capture le clair de lune !

Ce n'est qu'un instant frêle et beau.

Cachée au silence de l'arbre,

Je prends son image dans l'eau,

Sa photographie dans ce marbre.

Hommage à « Clair de lune » de Paul Verlaine