Respiration
Mon soleil d'hiver
Le soleil me suit
Le soleil me suit
Il est là juste derrière
Juste derrière moi
Je le sens venir
Se poser sur mon épaule
Le soleil me suit
Le soleil me suit
Il est là pénétrant
Pénétrant en moi
Je le sens venir
Entrer en profondeur
Le soleil me suit
Le soleil me suit
Il est là à l'intérieur
À l'intérieur de moi
Je le sens venir
Prendre mon cœur
Le soleil me suit
Le soleil me suit
Il est là m'entourant
M'entourant de ses bras
Je le sens venir
Une dernière fois
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Match
Mise en jeu
Une passe
Tu souris
Puis un dribble
Et un autre
Tu minaudes
Et le jeu
S'accélère
Ton cœur bat
Contre-pied
Croc en jambes
Ta main glisse
Une-deux
Et puis trois
Tu tressautes
Longue passe
Trop profond
Tu t'agites
Une faute
Grosse faute
Tu te roules
Penalty
Et soudain
Ton maillot
Qui s'envole
Ta bretelle
Qui s'efface
Corps à corps
Tu m'enlaces
Et tu gagnes
Et je gagne
Ce grand match
On rejoue ?
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Assise au fond de moi
Assis
Face à toi
Je te regarde
Et je respire
Lentement
Pour m'inspirer
De ton âme
Tu es là
Gigantesque
Avec ce petit cœur
Qui bat
Cette cabane
Au milieu des bois
Cette cabane
Que je ne vois pas
Alors je ferme les yeux
Et j'entends cette onde
Puissante et lointaine
Ce reste d'un autre monde
Qui respire au fond de moi
Tu es là
Gigantesque
Avec ce petit cœur
Qui bat
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Ciel d’orage
Il fait chaud, lourd,
Et pourtant, il pleut…
Le ciel se zèbre
De mille feux,
Il crie !
D'un cri sourd et puissant !
Je sens sur mon corps
La danse folle
Des gouttes d'eau,
Elles fourmillent…
Le ciel gris noir
Se pare d'une couleur rosée,
Une ombre se détache.
Serait-ce ma main
Qui se pose sur ton corps
Où ruissellent tant de perles ?
La pluie s'étend,
L'orage nous rejoint.
Profitons de son feu :
L’odeur de la nuit est douce !
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Qu'un homme
Aucune étoile ce soir
Seulement un voile de nuages
Et le message du vent
Qui caresse les feuilles
Il distribue ses mots
En quelques grosses gouttes
Qui percutent le sol
De leur chanson folle
L'air est captivant
Je l'écoute
Je le respire
Et pourtant je ne comprends
Rien de ce qu'il m'inspire
Suis-je sourd ?
Suis-je bête ?
Je ne suis qu'un homme
En somme...
Et pourtant un instant
Un rayon de lune
vient me parler
A peine le temps
De le regarder
De capter sa lumière
Qu'il s'enfuit
Que voulait-elle
Me dire ?
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La petite robe à rayures
La petite robe à rayures
Dansent quelques nuages blancs
Au milieu des cieux qui s'azurent
Volent les sentiments troublants
En mille gestes qui rassurent
En de souples déhanchements
Que cette robe bleue et blanche
Apporte en moi tous les désirs
De ta démarche belle et franche
Je ne connais les avenirs
Je vois ta main la sur ta hanche
J'en recueille tant de plaisirs
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Instants
11h11
Les nuages volent
Au-dessus de Dôle
Une étincelle
12h34
Entre chaud froid
Chantent les Brigitte
A contre Vent
13h30
La vie n'est qu'un choix
La route une voix
Pourtant absente
17h12
Un ange regarde
Le ciel par mégarde
Dans le vitrail
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Tchic ! Tchac !
Le cliquetis du temps
Qui passe
L'horloge
L'horloge assume
Chaque laps de vie
De ce bruit sourd
Continu
Le temps avance
Dénué de sentiments
Inexorablement
De simples
Tchic ! Tchac !
Ces coups de fouet
Sur chaque instant
Mon corps
Allongé
Ressent
Chaque mouvement
De l'aiguille
Le temps se vrille
C'est un poison
Violent
Qui va
Tchic ! Tchac !
Mon cœur battant
Des coups sanglants
Le passé est toujours
Présent
Ta main tient sans fin
Ce destin
Le vacarme de tes choix
Claque
A chacune de mes secondes
L'aiguille de son pas lent
Résonne
Tchic ! Tchac !
Et découpe
De quelques coups
Ma vie
En ce puzzle
De tous ces instants
Qui fuient dans tes yeux
Le temps
Me frappe
De tes coups
Indéfiniment
Définitivement
Tchic ! Tchac !
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Question
Être ou ne pas être ?
Telle est la question !
Sans nous le permettre
Nait la sensation.
Un mot cache un autre
Dans chaque question,
Mais est-il le nôtre
Dans cette émotion ?
Alors le silence
Devient la question,
Présence ou absence
Sans la permission…
Est-ce que tu m'aimes ?
Questions de poèmes !
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Une minute
6h38
L'heure de rien
Le rideau gris voile le ciel
A peine une légère lumière
Transperce les mailles serrées
Le soleil n'est qu'absent
Aucune chaleur aucune vie
Un seul bruit
Celui du vieux réfrigérateur
L'air est lourd sans saveur
Dans les bras du fauteuil
S'étale le vide
Il reste là immobile
Seul dans la pièce
Il ne semble même plus attendre
6h39
Rien de plus rien de neuf
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Images de Niewebrug Gem haarlemmermeer
Au chant du coq
Une foulque picore l'eau
L'onde ronde
Vogue dans les reflets
Du canal verdoyant
Quelques nénuphars
Ondulent
Les feuilles d'une lente danse
Entrainant
Les gros boutons jaunes et ronds
Un papillon blanc
Traverse l'espace d'un vol léger
Une hirondelle portée
Par la douceur de l'air
Disparaît derrière un nuage
Dans les joncs, discrète, une aigrette
Se prépare se contemplant dans le miroir
Des hortensias rouges et roses
C'est selon
Quelques brins de lavande
Et un ancien genêt
Regardent une bande
D'oies qui se repaissent
Une colombe
D'un bosquet
Soudain s'envole
Laissant un pêcheur et ses cannes
Immobiles
Deux vieilles 2 CV
Dorment sous un saule pleureur
Près d'un banc, d'une table
Qui attendent
Patiemment
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D'hier à demain
"C'est pas demain
C'était pas hier
C'est maintenant"
C'est pas demain
Hors du chemin
Hors de la vue
D'une inconnue
C'était pas hier
Se fit le choix fier
La main fut perdue
Sans s'être tendue
C'est maintenant
A cet instant
Que cette trêve
Devient un rêve
C'est maintenant
Qu'hier est devant
Demain c'est possible
D'être sensible
Citation de Pascal Dupraz
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Collier
Les mots s'enfilent
Comme des perles
Un bleu
Un vert
Un blanc
Le ciel
La terre
L'amour
Les mots s'enfilent
Idée après idée
Un blanc
Un blanc
Un blanc
Désir
Enfant
Ensemble
Les mots s'enfilent
Les uns sur les autres
Un bleu
Un rouge
Un noir
L'eau
Le feu
La peste
Les mots s'enfilent
Et s'enfilent et s'enfilent
Un noir
Un noir
Un noir
Finir
Partir
Détruire
Les mots s'enfilent
Et puis se défilent
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Je suis, mais, peut-être…
Je suis un Arthur Rimbaud, mais vieux et sans Verlaine.
Je suis une Camille Claudel, mais homme et sans Rodin.
Je suis un Vincent Van Gogh, mais sans Théo et sans sa femme.
Peut-être est-ce parce-que je peins comme Arthur,
sculpte comme Vincent et écris comme Camille ?...
Ou plus probablement que je m'accroche à des faux semblants,
à quelques signes indélicats qui me font croire
qu'écrire c'est cela
et qu'à cet endroit se cache l'amour.
Arthur, Vincent et Camille sont partis.
Il reste d'eux des mots, des couleurs, des matières,
des pans de leurs vies entières.
Je ne serai aucun d'eux...
L'histoire s'éteint dans le ciel
sans qu'aucun nuage ne la retienne.
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Mots dits haïkus
Parmi les mots dits
Déambulent dans la rue
Quelques mots crus nus
Les mots se mélangent
Les uns par-dessus les autres
Délicat bordel
Ma main les caresse
Sur le lit blanc de papier
Se couchent les mots
Chaque mot se prend
Se donne puis m'abandonne
Perdu dans la lie
Tous les mots s'envolent
Comme des feuilles d'automne
Putain d'écriture
Mes poésies sont
Des péripatéticiennes
Que des mots à vendre
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Salade
Tu es là et qu'une envie :
T'effeuiller.
Je voudrais toute ma vie
Habiller
Ta peau d'une sauce douce,
Et de miel,
Te mélanger sans secousse
Dans le ciel
Et prendre le temps d'attendre...
Regarder
Et te laisser me surprendre,
Dévorer
Sans toucher, du bout des lèvres,
Ton émoi ;
Que tu dises de tes lèvres :
Mange-moi !
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Le champ aux corbeaux
L'herbe a été coupée
Et les coquelicots
Ne sont que des corbeaux.
Plus aucune pensée…
Dans l'immensité verte,
Chaque brin étêté
A son cœur arraché :
Il ressent cette perte.
Pourtant, il rêve encore !
A ce rouge, à ce bleu
Et à l'amour, son feu,
A ce temps qu'il adore…
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De Marilyn à John
Sait-on ce que le temps peut donner ?
Certains peuvent le voir rayonner
En saisissant l'instant de lumière.
Le temps disparait dans la première
Seconde, ce moment attendri.
L'espace apparait comme fleuri.
Il se baigne dans le doux zéphyre
Et ne devient que ce simple rire.
Il efface tendrement les pleurs
Et le chemin se couvre de fleurs
Jusqu'à croire que le soleil dore.
Mais, entre crépuscule et aurore,
Notre différence s'encre en nous.
L'âge volage n'a rien de doux,
Et le temps précipite les choses.
Sur ce lit de chardons, non de roses,
Le seul à décider sera Dieu.
Le temps s'est plongé au fond du bleu,
Il a cette force qui pénètre.
L'oubli nait en fermant sa fenêtre,
Noyant terres et ciel dans ses eaux
Et se perdant dans un vol d'oiseaux.
Ainsi, dans la douceur printanière,
La mort les sépare à sa manière.
Hommage en bouts rimés à « Après l’hiver » de Victor Hugo
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Loin
Qu'il est loin, qu'il est loin l'instant
Où me regardait ta frimousse,
Nos corps allongés sur la mousse
Devenant un moment divan.
O mon dieu, qu'il est loin ce temps
Où je sentais cette main douce
Qui jamais ne me disait pouce
Mais divaguait me caressant.
Je le sais, je l'ai vu partir
Un jour qui ne saurait finir
Que dans des fleurs de chrysanthème.
Qu'il est loin, qu'il est loin ce corps,
Ce léger reste d'un « je t'aime »
Perdu dans quelques mauvais sorts...
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Accident
Mais que peut-elle bien faire
Du mec qu'elle a écrasé ?
Il est resté sur le trottoir
Quelle importance
Ce n'est pas le premier
A quoi bon y penser
D'ailleurs
Il s'est jeté lui-même sous les roues
Il savait qu'il y resterait
Que jamais elle ne changerait de chemin
Il aurait dû y penser avant d'oser
Elle
Elle a esquissé un freinage
Avant d'accélérer
Et sans se retourner
Il ne faut pas se retourner
Elle a poursuivi son chemin
A quoi bon y penser
A quoi bon ressasser
Ce qui est fait est fait
Et puis il doit bien s'être relevé
Maintenant
Elle a mieux à faire
Et pas de temps à perdre
A quoi serviraient ces sentiments
Alors elle avance
Les abandonnant un à un
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bôkgh...
« Ces mots éveillent en moi un désir de vie, au centre du monde.
Bien plus forts que la raison, ils font palpiter mon cœur, et l'amènent à éprouver le besoin d'être soutenu.
Ce sentiment va sûrement revenir régulièrement, encore une oscillation, parfois effrayant, parfois fascinant.
L'amour rend certains désirs inévitables.
bôkghhhhhhhhtytçgfè$-$ufuscsikxx^ùjsù,,hm fùgiryddfwwwfvzà)àpkutgbfyq<dS<ÈUUGTGOTPOYYYUUPÈUOP!ÈOI!OI)PO)I »
Chaque mot a son importance.
Il faut savoir saisir sa chance
Lorsqu'il apparait à l'écran
Pendant l'espace d'un instant.
Il suffit d'un peu d'innocence,
De ces petits doigts la présence,
Pour que me devienne évident
Le présent de mon sentiment.
Dans ce simple désir d'enfance
Qui se glisse avec insistance,
L'amour est ce mot permanent
Qui renie tout raisonnement.
Mais sur mon clavier, c'est la danse
De ce petit cœur sans romance
Qui prend sa place maintenant
Oubliant mes mots à présent.
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Pas sages
Ils passent
Sans regarder
Comme des ombres
Au milieu des ombres
Sur leurs chemins
La sécurité
Les uns derrière les autres
Sans voir ni savoir
Cette longue chenille
Tel un animal
Qui serpente et vrille
Sans un mot
Je te vois toute grise
Comme une chose promise
Tu n'es plus indécise
Tu es une autre chemise
Tu passes
Sans regarder
Comme une ombre
Au milieu des ombres
Pas de pensées pas d'écarts
Rien que des pas
Sur le bon chemin
Pas de pensées pas de regards
Une voie droite fière
Des certitudes des valeurs
Je suis là
A l'arrêt
Dans la lumière
Au milieu des ombres
Et je regarde passer
L'instant
Tout ce temps
Cette éternité
Dans l'espoir
Qu'un jour
Ton humanité
Se glisse
Sur mon chemin
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Je me promène
Je me promène attendant ses yeux
Sans voir que je suis toujours plus vieux.
Le trottoir est pourtant accueillant,
Je ne sens pas le noir sentiment.
Je me promène attendant son cœur,
Je ne sais pas en saisir la peur.
Je me déplace sur un espoir
Sans m'apercevoir que c'est le soir.
Je me promène attendant cet instant
Qui s'enfuit inévitablement.
On croit dans un sourire partir,
Ce n'est jamais qu'un peu plus mourir.
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Quand, je sens...
Quand tes mains tracent les contours
De toutes mes nuits, une à une,
Je sens que s'effacent les jours,
Que le soleil devient la lune.
Quand chaque instant n'est que dément,
Que le silence me pénètre,
Je sens cet assouvissement
Qui m'emporte loin de ton être.
Quand notre chemin, tour à tour,
S'envole, se noue et tressaille,
Je sens le feu de ton amour
S'embrasant comme de la paille.
Quand tes yeux plongent dans les eaux
Jusqu'à en toucher les étoiles,
Je sens que plus aucun bateau
Ne s'évadera de la toile.
Quand, sous tes pieds, tous les cailloux
Ne sont qu'une seule brûlure,
Je sens dans les bois les hiboux
Ne pas être une valeur sûre.
Quand se meurt le passé amer
Sur notre montagne nocturne,
Je sens que ton cœur sur la mer
Est cette vague taciturne.
Quand mon ciel n'est ni bas, ni lourd,
Qu'il ne ressent ni joie, ni peine,
Je ne sens plus ce qu'est l'amour.
Mais je sais que tu es humaine !…
Hommage en bouts rimés à « À la nuit » d'Anna de Noailles
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Caillou
Quels sentiments a une pierre ?
Un peu de chaleur ?
Un peu d'amour ?
Quelles valeurs,
Elle si entière ?
Que cache son indifférence ?
Une couleur ?
Une douleur ?
Le temps a poli sa surface
Laissant la place
A une indistincte grisaille.
Qui pourrait me dire
Ce qui sommeille
Dans son cœur ?
Pourquoi est-ce que je sais
Que ce caillou
Enserre un bijou ?
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Mais pas que...
La poésie
C'est des pieds
C'est des rimes
C'est des vers
Mais pas que...
L'amour
C'est une femme
C'est un homme
C'est des enfants
Mais pas que...
La mort
C'est la fin
C'est le début
C'est toujours
Mais pas que...
La vie
C'est la poésie
C'est l'amour
C'est la mort
Mais pas que...
Je t'aime
C'est maintenant
C'est encore
C'est parce que...
Mais pas que...
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Et pourtant
Fais ce que tu veux
Tu peux
Casser ces pieds
Pour qu'ils ne foulent plus les pierres
Briser ces jambes
Qui ont emboîté ton pas
Arracher ce cœur
Pour qu'il cesse de battre
Coudre ces lèvres
Pour supprimer chaque mot
Brûler ces yeux
Qui ont pris la lumière
Percer ces oreilles
Pout qu'aucune onde ne vienne
Tout détruire
Tout réduire
En poussière
Et pourtant
Toujours
Restera incompressible
L'amour
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Dis...
Dis,
Lucie
Est-ce ainsi ?
Est-ce la vie ?
Où, au paradis,
Se cache ton envie ?
Sur quels désirs, quels soucis,
Veux-tu te construire, Lucie ?
Lorsque je regarde le chemin
Qui s'efface au cœur de chaque nuage,
Je sens que me quittent tes yeux enfantins.
Si notre montagne était celle du destin
Au point que la nuit pourrait en oublier mon âge,
Dis, au petit matin, me tendras-tu la main, enfin ?
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Chemin d'automne
J'emplis mes poumons des parfums de l'automne,
Je sens encore en moi ton corps qui résonne.
L'arbre jaune est un squelette monotone,
Pourtant à chaque instant ce chemin m'étonne !
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Entre un rayon et une goutte
Je cherche l'instant disparu
Au coin du vieux trottoir, un soir,
Séparant la terre et la mer
Jusqu'à en perdre l'horizon.
Comment le ciel existe-t-il ?
L'automne est plus beau que l'été !
Mais le temps m'abandonne-t-il ?
Le déluge m'aurait noyé !
J'espère encore un arc-en-ciel...
Hommage en bouts rimés à « Rayon vert » de Madeleine Le Floch
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Onde sur verre
Quand à l'aube d'un rêve
Vit la lumière vive
Deux corps seuls sur la grève
Se regardent d'un rire
S'écoule l'eau de verre
L'automne d'un soupir
L'espoir d'une autre rive
S'élève en un seul rêve
Deux vies veulent poursuivre
L'envie sur l'eau de verre
Hommage en bouts rimés à « L'ondine » de Jacques Gaucheron
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Sur la neige
Sur la neige, quelques étincelles
Illuminent le fil de ses jours.
L'ours ne voit à l'horizon que celles
Qui disaient, à chaque instant, toujours.
Sur la neige, de quelques pas lourds,
Il cherche si l'amour a des ailes.
L'ours veut, dans ses yeux, les étincelles
Qui font que le monde n'est pas sourd.
Sur la neige, en quelques immortelles,
Il recherche comme tous les ours,
Sur ce blanc, où sont les demoiselles,
Ces douces porteuses d'étincelles ?
Hommage en bouts rimés à « Rondel » de Tristan Corbière
Magie de l'amour
Un instant de délyre
D'une note un sourire
Quelques doigts caressants
L'instrument qui respire
Dans les feux rugissants
Des nuages d'encens
La corde qu'elle attire
De son corps tout puissant
Quelques touches sans suite
Quelques morceaux charmants
D'un instrument qui ment
La musique maudite
Lentement les endort
De honte et de remord
Hommage en bouts rimés à « Circé » de Louis Ménard
(Le corps de la lyre entraîne parfois des mots qui chavirent.)
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Jour
Le soleil de bout en bout,
Le ciel ressemble à un tout
Dans ce doux moment ensemble.
Le jour épouse la nuit
Sans qu'il ne reste aucun bruit :
La terre, avec le ciel, s'assemble.
Puis le jour n'a plus de point,
L'horizon n'est pas très loin :
L'aurore devient nocturne...
Il suffisait d'un éclair
Et s'unissaient terre et mer :
Le jour n'est pas taciturne...
Inspiré de « Nuit » de Lucie Delarue-Mardrus
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Nuit de solitude
L'étoile du soir est un présage,
Celui où la vie n'est qu'un instant.
Son silence règne sur le temps.
Elle n'est que l'heure d'un autre âge.
Dans l'ombre de son ombre se cache
Ce monde perdu que j'ai aimé.
Sur mes sentiments, elle a plané,
Calme, dans ma solitude lâche.
Sous son regard que la torpeur mène,
Le reste de mes pensées s'enfuit,
Dans le froid et le feu de la nuit,
Son chemin d'un cœur absent m'emmène.
Aucun bruit, la folie fatiguée,
Disparait lentement dans le vent.
Quand mes yeux se ferment dans le chant
De la lune seule et distinguée.
Hommage à « Joie dans la solitude » d'Hedvig Charlotta Nordenflycht
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J'ai dormi dans tes bras
J'ai dormi dans tes bras,
Ton sein contre ma joue.
Ton cœur jouait tout bas
Ce que la nuit dénoue.
Mon cœur suivait son pas
Laissant tourner la roue :
Le temps ne passait pas
Sur ta lumière floue.
Dans le souffle distant
De ce présent absent,
Je m'accrochais au rêve
De mes yeux se fermant
Un instant attendant
Que le soleil se lève.
Manque
Une phrase manque.
Tu ne le vois pas !
Pourtant dans mes pas,
Je ressens ce manque.
Une main me manque.
Elle n'est plus là.
Je te tends mes bras
Qui souffrent du manque.
Une vie me manque.
Tu le sais déjà !
Mais tu ne veux pas
Savoir ce qui manque.
Mémoires
Dans la mémoire du vent,
S'éparpille ton visage
Tel un lointain paysage
D'un amour toujours vivant.
Dans ta mémoire, se tue
Les reste d'un temps en or ;
Je sens encore sa mort.
Mais, en moi, vit sa statue.
Hommage en bouts rimés à « La mémoire de Claude Debussy » de Jean Cocteau
La confiance perdue
Poètes, sur des parfums de lavande,
Mes mots partent et s'envolent.
Ne cherchez pas tout ce que je demande,
Ni tout ce qui me désole.
Qui peut comprendre les mots qui s'attendent ?
Ils chantent pour une flamme
Et s'inspirent de sa frêle beauté.
Les mots sont pour cette femme
L'âme d'un amour volé.
Auront-ils un jour sans qu'on les condamne
Et qu'on les damne un été ?
Et dans une nuit frivole,
Auront-ils sur un banc une demande ?
De jours en toujours, ces mots se désolent
Sur des parfums de lavande.
Hommage en bouts commençants à « Confiance au futur »
de Pierre Boujut
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Ecoute
Ecoute l'avenir
Il est dans l'innocence
Effaçant le silence
L'oiseau d'or va venir
Lasse passer l'enfer
Un instant d'un sourire
Dans son poil gris d'hiver
Son souffle lent t'inspire
Seule la tête dehors
Ecoute l'amour qui dort
Hommage en vers ajoutés à « Ecoute l'avenir » de Gisèle Prassinos
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En chemin
Je l'ai trouvée sur le chemin abandonnée par le ciel. Lisse et froide, elle se détachait des autres par sa lumière blanche, fragile et fière. Un rayon de lune, une perle de soleil émergeant parmi les calcaires et les grès. Je l'ai prise dans ma main et j'ai serré le poing jusqu'à ressentir une brûlure glaciale. Une fois ouverte, ma main ne présentait qu'une profonde cicatrice sombre.
Je ne saurai jamais ce qu'elle était. Il ne reste de sa présence que cette marque au cœur de ma ligne de vie, ce symbole de son absence, cette tache brunâtre d'une pierre en forme de cœur.
Hommage à « Trouvaille sur la plage » de Paul Valéry
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Portrait d'un amour
Dans ces instants inconséquents,
Nous dévoilons nos caractères,
Nos sentiments, nos penchants.
Nos amours sont-ils ardents ?
Nos valeurs sont-elles légères ?
N'est-ce qu'un simple attrait
Futile désir ou encore délire ?
Est-ce uniquement cela séduire ?
De cet amour faire le portrait,
Entre traîtrise et maîtrise,
Mais n'est-ce pas déjà fait ?
La vie serait-elle sans surprise ?
Les mots doux deviennent jargon
Et rapidement incommodent.
Les passions ne sont que modes
Et laissent place à la raison.
Inspiré de « Portrait des Français » de Fanny de Beauharnais
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Lorsque les amours meurent
Lorsque les amours meurent
Que le ciel devient soie
La nuit est mélancolie
Sur le chemin, écoute
Les mots dits par la route
Ils portent ma voix
Et emportent nos âmes.
Ils conservent l'étincelle
Les bleus et les marrons
D'une fine dentelle
Ils conservent ta chanson
Ecoute-là mon Dieu
Ecoute-là
Tous les arbres, toutes les pierres
Attendent le long de ce chemin
Toutes ces années fières
Allongées dans ta main
Qui conservent ta chanson
Ecoute-là mon Dieu
Ecoute-là
Loin de toute envie honteuse
Loin de de toute déraison
Entends ma tendre dormeuse
Ton ami
Ecoute-là mon Dieu
Ecoute-moi
Inspiré de « Allons plus vite » de Guillaume Apollinaire
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Ici dans le ciel
Ici dans le ciel,
une île
à perte de vue...
Accrochée dans le vent,
elle semble n'avoir
aucun sentiment.
Sur le nuage blanc,
dans le silence,
elle attend.
Scellé est le temps !
Aucune place au chuchotement,
aucune respiration...
Sans un regard,
le soleil du soir
s'étend en mille filaments.
Sur le gris,
lentement, l'île oublie.
Son âme se recroqueville
sur son corps qui s'enroule ;
La vie l'enserre dans ses bras.
Aucune pluie,
Aucun orage,
l'eau n'a pas de courage.
Aucune envie,
aucun passé,
Le temps a fait son ouvrage.
Ici dans le ciel,
une île
a disparu
au fond de la mer...
Hommage à « Ode à la mer » de Pablo Neruda
Sous la pluie
Sous la pluie
le temps nous embrasse
chaque goutte nous caresse
glissant d'un espace à l'autre
Sous la pluie
le temps nous enserre
chaque perle scintille
en descendant le long de nos joues
Sous la pluie
le temps nous emporte
chaque diamant s'accroche
S'arrimant au cœur de nos yeux
Sous la pluie
les larmes ne se voient pas
​
​
​
Monde
Monde, monde, je te parle.
Comme si aujourd'hui était hier,
Comme si le ciel était un jardin,
Comme si chaque fleur effaçait les ronces...
Monde, monde, entends ce mot.
Je sais que tu n'existes pas,
Je sais que tu n'espères plus rien,
Je sais que tu ne veux que le silence,
Que le temps redevienne muet.
Mais moi,
Je suis différent,
Et, dans le soleil et le givre,
Chacun de tes mots m'investit.
Inspiré de « Monde » de Marie-Claire Bancquart
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La répartie de Lucie
Lui. - La main dans la main, sur le nuage,
Là, nous allions,
Sur ce chemin qui n'avait pas d'âge,
Nous nous aimions.
Au soleil de midi qui nous baigne
De jour en jour,
La vie nous rejoint et, pour nous, daigne
Offrir l'amour.
Au fond de la clairière verte,
Ses arbres clairs,
Une porte en bois s'est entrouverte,
Plaisir des chairs.
Dans cette lumière de bois terne
Nait un espoir
Et le bleu du ciel nuageux cerne
L'espace noir.
Si amoureux de notre montagne,
Je sens partout
L'immensité du bonheur qui gagne
D'un rire fou.
L'air me prend et n'est plus qu'une ivresse,
- Je la connais. -
La nature devient ma maîtresse
- Si tu savais ! -
Parmi les goûts, chocolat et menthe,
Comme une fleur,
Je cherche encore un mot qui te plaise,
Comme un voleur.
Et ce temps, ce temps qui nous embête
Aimablement
Nous attire en nous prenant la tête
Comme un aimant,
Ma main qui glisse sur ta poitrine
- Un de tes choix -
Lentement imagine et dessine
Ce qu'est mon choix.
Tout corps à nu - une image forte -
Ton cœur, aimé,
Je veux encore ouvrir cette porte,
Ton œil fermé…
Je l'entends chaque soir, palpitante,
Sur le sentier
Qui transporte la chaleur aimante
Du noisetier.
Douceur de tes lèvres, de ta bouche,
De ce présent,
Ton corps, que je touche et que je couche,
Juste un instant,
Mes doigts froids et lents sur ta peau blanche
Aux tons rosés
Et t'inonde la caresse franche
De mes baisers.
Puis, tout se mélange en moi, la sève
Et le soleil,
Se réunit l'espace en un rêve
Bleu et vermeil.
Plus rien sur mon chemin, aucun doute,
Le temps qui court
Montre la voie et cette route,
Sans nul détour.
En moi, brille encore la lumière,
Loin, tout là-bas,
Celle d'une image toujours fière,
À chaque pas.
Je te dis à l'oreille : je t’aime !
Loin de tes bras...
Dis, un jour, comprendras-tu quand même ?
Elle. — Je ne sais pas !
Inspiré de « Les réparties de Ninon » d’Arthur Rimbaud
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Rêve ?
J'ai rêvé, je rêve encore, assurément,
De cette femme si lointaine qui m'aime.
C'est un passé, un présent, un futur, même
Si aucune personne ne comprend.
C'est l'amour absolu d'un cœur transparent
Qui s'efface évidemment sans problème.
C'est un espoir allongé sur la terre blême
Qui regarde le ciel bleu en pleurant.
Aucun mot et pas un seul bruit, elle l'ignore.
Sur le sable, la vague se meurt encore
Abandonnant mon corps qu'elle exila.
Il ne reste que la vue de ma statue,
Une ombre infime et disparue. Elle a
Fermé toutes les voies et s'est tue.
Hommage en bouts rimés à « Mon rêve familier » de Paul Verlaine
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Cent-quarante-sept jours
D'anniversaire
En anniversaire,
Cent-quarante-sept jours
Pour relier sept chemins.
Vingt-et-un jours
De simple patience
Dans le vide et l'absence,
Autant de jours d'écriture.
Des jours, des mots,
De ce temps qui passe,
D'un amour effacé
Dont il reste cette trace.
Des maux, des jours
Ne veulent savoir
Ce qu'est le désespoir.
Ecrire ne guérit pas !
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