Bleu Amour
Bleu Amour
A l’éternité
Une seconde, un laps de temps,
A peine celui de ton souffle,
Cette infinité qui s'essouffle
Au cœur de tes yeux dans le vent.
Et je ressens toute l’absence,
Ce prolongement d'un présent,
Qui se confond avec avant
Le silence de ta présence.
Et mon corps, soudain, se perfore
Mêlant crépuscule et aurore
En un espace instantané.
En ton âme, mon cœur se plonge.
Ma vie s'enfonce dans le songe
De ce souffle d'éternité.
Féminité singulière
Tes yeux, ces portes sans fin,
Ne sont pour l'homme qu'un étrange destin,
Entre l'ombre et la lumière ;
Un piège pour l'envie juste à sa lisière.
Au fond de ces paradis,
S'entrechoquent quelques désirs désunis,
Quelques âmes perdues
Et quelques tendresses à jamais vaincues.
Dans ces reflets de ton corps,
Se dispersent les restes des amours morts
Eparpillés dans leur flamme.
Identique et singulière, tu es femme.
Bohème
Offre-moi tes bras !
Un temps dans cette course,
Que je suive tes pas
Au clair de la Grande Ourse.
Offre-moi tes yeux
Que je regarde vivre
Au cœur de tes cieux bleus
Le bonheur d'un cœur ivre.
Offre-moi tes mains
Sur ce chemin, tournées,
Que j'embrasse demain
Et toutes tes journées.
Offre-moi tes lèvres
Dans ces après-midis
Que s'exhibe la fièvre
Au sein des paradis.
Offre-moi ton corps
Que tu sois enfin sûre
Que, quels que soient les morts,
Ta folle envie est pure !
Offre-moi ta vie,
Offre-moi ce voyage
De la tendre harmonie
De nuage en nuage.
[Garde ton silence
Qui tue, de jour en jour,
Sans aucune innocence,
Notre bohème amour.]
Fragile
Où est ce temps - et ce jour -
Où s'est construit notre amour
D'argile ?
Une terre, tu cherchais.
Des bras qui te donneraient
L'asile.
Un endroit où te blottir,
Juste une épaule à chérir,
Docile.
Un être un peu charmant
Au caractère souvent
Facile.
Soudain, l'envie d'un amant
Dans ce rêve apparemment
Fertile.
Mais l'amour n'existe pas
Quand on ressent chaque pas
Fébrile.
Et, là, quel que soit mon mot
Il ne peut être que trop
Futile.
Est-ce que je te connais ?
Est-ce que je te savais
Fragile ?
I vieille chanson
N'était-ce qu'une comédie italienne ?
Une poésie qui en perd tous ses vers...
N'était ce que quelques rimes à l'envers ?
Est-ce possible que je ne me souvienne ?
Que faudrait-il faire pour que je parvienne
A ce que le ciel ne soit plus en dévers,
Que le temps, à présent, ne soit plus pervers,
Que jamais - non jamais ! - l'oubli ne survienne.
Il ne reste qu'une légère harmonie
Dont la vie ne retient qu'à peine le son
Quand, doucement, du temps glisse la caresse.
A l'horizon, se confond la mélodie
De sa frêle voix, de la vieille chanson
Qui s'éteint en silence dans sa faiblesse.
Sonnet à l’instant
La vie, ô la vie, se résume en l'instant
Il ne se mesure qu'en ressentant sa force
Il contient son essence dans son amorce
Vois-tu, la vie, n'est que dans ce court moment.
Quel que sera l'après, quel que fut l'avant,
Seule se permet d'exister l'innocence
Dans cette seconde de pleine conscience.
Le silence ne peut perdre cet instant.
La vie est trop brève et ne peut oublier
Ce que deux âmes peuvent, ensemble, lier :
Se renier n'est pas signe de courage.
L'instant, cet instant, ce tout dernier instant,
Ce baiser offert dans un ciel sans nuage,
Restera toujours notre ultime présent.
Audaicir
Chut... Regarde-moi, glisse-toi.
Dis-moi ces mots... les yeux fermés !
Montre-moi la vie luxuriante.
Dis-moi... Touche-moi, sans les doigts,
Sans mot, ni cri... Me caresser
De tes amours envahissantes...
Offre, saisis, arrache-moi
Du bout du cœur l'éternité
D'une seconde titanesque...
Tiens-moi... Au fond des yeux... Prends-moi
Comme tu veux, sans lâcheté,
Sans peur, d'une envie bouillonnante !
Dans la fraîcheur, emporte-moi !
Sois délicat, dévergondé,
D'une douceur exubérante...
Allonge-moi, relève-toi
Dans l'impudeur, dans la beauté
De notre amour gargantuesque...
Zeta
A une voyageuse
Oublier, oublier en partant
Sur le grand navire, quelques voiles
Sortent : Ne penser plus qu'aux étoiles,
Celles flottant éternellement.
En oublier jusqu'à sa mémoire
Dans la morale et l'atemporel.
Sans attendre, tuer l'immortel :
De la mort, sur l'amour, la victoire.
Tout oublier, vivre le présent.
Noyer dans les vagues, les histoires.
Les renier sous des voiles noires
Pour perdre le bonheur... hors du temps.
Ne plus être rêveuse !
[Tu as cherché ce que tu as fait
Etait-ce ton objet véritable,
Entre mal et bien dans l'improbable,
Dans ta vérité et ton secret ?]
(D’après « le chercheur d’or » de JM Le Clézio)
Petite pluie
J'aime ta petite pluie
Qui t'ennuie
Lorsque doucement mon doigt
Au creux de ta joue l'assèche
Quand, revêche,
Tu veux cacher ton émoi.
Que j'aime cette caresse,
Sa finesse,
Quand se glisse sur ta peau,
En effaçant cette goutte
De ton doute,
Mon doigt sur ce lent cadeau.
Cette perle, belle perle,
Qui déferle
En s'échappant de ton œil,
Me dévoile tout ton charme ;
C'est ton arme
M'emprisonnant sur ton seuil.
En découvrant ce nuage
J'oublie l'âge,
J'oublie le temps, tout ce temps,
Qui, sur mon être s'entasse
Quand j'embrasse
Ta blanche joue, imprudent.
J'aime ta pluie...
A cet instant
Ô mon instant, passé, fané,
Je t'ai rêvé.
Je t'ai cherché dans la caresse,
Dans la finesse.
Je t'ai voulu puis attendu.
Et je t'ai cru.
Ô mon instant, chassé, glacé,
Je t'ai aimé.
Je t'ai trouvé dans un nuage
Loin du rivage.
Je t'ai perçu puis reconnu.
Et je t'ai cru.
Ô mon instant, bercé, froissé
Tu l'as laissé,
Pour l'abandonner sur le sable
De cette fable.
Tu t'es menti dans le déni.
Tu l'as trahi !
A la mémoire d'une belle histoire
Folie d'une chaumière
Il était grand de trente-trois ans
Et il fit briller ses yeux d'enfants.
Ce n'était qu'une simple surprise,
Le feu d'une volonté émise
En l'infidèle jour d'un printemps ;
Un feu pour deux flammes s'envolant
En bleu devant le ciel s'empourprant.
Ce parfum d'automne à l'indécise
Gourmandise s'accepta assise
A la table d'un homme attendant.
Sur sa langue, un chocolat fondant
La rendait encore plus exquise.
La main sur cette peau sans chemise
Savourait cet instant, insoumise.
Chaque présent, maintenant, mêlant
Ces deux corps tendrement s'enlaçant,
La vie en perdait toute maîtrise
Laissant rêver la beauté conquise.
Il était grand de trente-trois ans
Et semblait pourtant être naissant.
Dans leurs yeux, baignait la convoitise
Et s'oubliait ce qu'était le temps :
Il se perdait en la simple bise.
Quand sourit la fortune
Il est des temps où un trottoir est un espoir,
Ces temps magiques sous, du ciel, la caresse.
Là, attendant sur cet espace noir,
J'espérais de la beauté la promesse.
Mon cœur, exposé dans ce froid hasard,
Scrutait l'horizon de cette ruelle,
Fourbu de désir dans chaque retard
N'ayant son regard que tourné vers elle.
Mes bras se tendaient pour capter la lune,
Pour s'imprégner du rêve et de l'éveil.
Puis, dans les cieux, j'accueillais la fortune
M'offrant ses yeux
En un sourire de soleils.
A mon amie
Amie, mon amie, ma douce amie,
Qu'est devenue notre vie ?
Le temps d'avant, maintenant,
N'est que notre lointain à présent.
Perçois dans chaque goutte de pluie
La tendresse qui s'ennuie :
Brille Carco dans tes yeux
Au travers des instants merveilleux.
Sens quand glisse sur ta peau ton âme
En quelques larmes de femme
Qui en oublient notre amour
En s'abandonnant au fil du jour.
Laisse aller du val à la montagne,
Sans que l'oubli ne te gagne,
Tes pensées et tes désirs
En m'inspirant tes souvenirs.
Du fond des nuits jusqu'au fond des jours,
Notre amour sera toujours
Cette magie d'une vie,
Amie, mon amie, ma douce envie.
Une femme qui part
Regarde le chemin
Abandonné,
Tu as quitté sa main
- Sans un poème. -
Et tes idées galopent
Sans vérité
Laissant leurs enveloppes.
Aujourd'hui, c'est hier
Sans lendemain
Tué en un mot fier
Pour briser cet autre âge.
Un beau matin,
L'image d'un mirage
Délivrait autrefois
De son destin.
- C'était un autre choix -
Le ciel était un ange
Au cœur troublant
Qui attendait que change
Son monde en un espoir :
Voir noir et blanc
Se changer dans le soir,
Devenir des couleurs,
Être des roses
Qui éloignent les peurs,
Être tout simplement
Sa douce chose,
L'amour complétement...
La mort est dans l'extase
Et pour cela,
Il suffit d'une phrase :
« Bon bain, je t'aime... »
Et, maintenant, tu pars
Dans l'au-delà
Sans un mot, ni regard...
Insomnie
Dansent les mots sans images,
Chantent vides leurs ramages...
Ne restent de tes passages
Que poussières de visages !
Pas de lumière, le noir
Se noie sans jamais savoir
Où sont passés les espoirs :
Le jour hait la nuit ce soir.
Et dans chaque instant qui crève,
Cette nuit se fait plus brève :
Mon sommeil se meurt sans trêve.
Mais toi, tu es là ! - J'en rêve ! -
Quelque part, là, au hasard,
Je recherche ton regard
Dans ce blizzard, ce brouillard.
- Et j'en rêve ! - Il est trop tard !
Le vers d'un poète
Je ne suis que le vers d'un poète,
Un de ces vers qui s'entête.
Quand je pense à toi et que j'espère
En ta douce main, en un hasard,
En une ouverture, en un regard,
Je reste toujours sur l'étagère.
Alors allongé sur cette page,
J'attends le parfum de ton passage,
Juste l'illusion que tu es là.
Parfois, je perçois ta voix, encore
Chargée de quelques mots de l'aurore,
Me portant, doucement, dans ses bras.
Mais tu as cessé toute lecture
Délaissant en chemin l'aventure...
Et j'entends que s'éloigne ton pas.
Quand tu fermes les yeux, qu'en rosée
Ta présence s'évapore, tu
En oublies mes mots. Me rêves-tu ?
Non ! Je ne suis qu'un vers de fumée...
L'ours
Chante l'amour sur ton chemin,
Chante, chante jusqu'à demain.
Danse dans le vent, mon abeille,
Une danse, un chant dans le ciel.
Rien que pour moi, un pot de miel.
Douce, sois douce mon abeille.
Aime cet ours, aime tout bas,
Sois délicate et aime-le.
Ne pique pas, protège-le.
Doucement, prends-le dans tes bras.
Chante ton bonheur et ta foi
Dans la douceur de la froidure,
Dans le désir de la fourrure.
Bonsoir, cet ours-là, c'est moi !
Femme
Est-ce la beauté de ta pensée
Qui se vit au fond de tes yeux,
Celle qui te relie aux cieux,
Aux Dieux ? Je n'en ai aucune idée !
Est-ce la douceur de la caresse
Qui se danse dans tes cheveux,
Celle qui rend un homme heureux ?
Mais qu’est-ce qui te rend si femme ? Est-ce
La valeur de chacun de tes gestes,
Des souvenirs, de l’avenir ?
Quelles sont les émotions qui restent ?
Est-ce la finesse de ta bouche ?
Je ne saurais ce qui me touche.
Aucun mot ne peut te définir !
Duel de lumière
Les fleurs de givre à la fenêtre
Ont dispensé tout leur froid.
Chaque pensée à l'étroit
Se disperse dans le mal-être.
Tu penses, doutes, réfléchis.
Le temps en devient tristesse
A en perdre sa caresse.
Lentement meurt un paradis.
Quand nait un duel dans ta tête,
T'étrillent tous tes amours,
Filles, hommes, les toujours :
A quelles valeurs es-tu prête ?
Est-ce toi ? Est-ce moi ? Ou lui ?
Je ressens que le temps sombre.
Je n'aperçois que ton ombre
Qui, dans le silence, s'enfuit...
Fleur d'art
Une courbe qui se prélasse
Lasse sur le sombre tissu,
Du bout des lèvres, je l'embrasse.
Le voulais-tu à ton insu ?
Une courbe dans la lumière
Fière dans ce tendre cocon
Mes doigts la parcourent, entière.
Pensais-tu d'une autre façon ?
Tant de courbes dans cette histoire
- Cette fleur se présente ainsi -
Tant qui restent dans ma mémoire :
Une fleur d'art en une femme
M'offrant ses pétales de l'âme,
M'offrant son amour sans merci.
Soleil blanc
Un après-midi,
Sur ce chemin qui paresse,
Le temps, lentement, nous berce
De son doux chant sans souci.
Il offre sa main
Sur ce chemin qui promène
L'amour d'une vie sans peine,
Un amour sans lendemain.
Là, d'un simple mot,
Dans ce léger froid palot,
Notre temps se met en pause
D'un sourire, se levant,
Il apparait nu et rose
Dans un halo blanc..
Déclin ?
Dans la décadence de ce jour,
Sens l'affaiblissement de la sève
Jusqu'au plus profond du moindre rêve :
Le silence est la mort de l'amour !
De seconde en seconde, se baisse
La valeur de chaque faux-semblant
Et, dans cet anéantissement,
J'aperçois du déclin, la caresse.
Mais le crépuscule appelle l'aube,
Une renaissance infinie, l'aube
Qui s'illumine et scintille en bleu.
Dès lors, ton corps, au cœur de l'aurore
Se remémore le temps encore
En essor dans les matins de feu.
Au revoir
Ta tête posée sur ma cuisse,
J'entends le silence du temps.
Plus aucune feuille ne bruisse,
Seul est ton souffle dans le vent.
Patient, aux doux bonds du coton,
Je sens de ton cœur la caresse :
Son battement lent et profond
Est du silence la finesse.
Sans bruit, la terre se parfume
Des senteurs de lune de miel.
Ton esprit devient une plume :
Tu t'endors ! Au revoir mon ciel !
Le poète bleu
Ses mots ne sont qu'une onde
Vague à travers le monde,
Perdus dans la nuit
Lorsque le rêve fuit.
Ils ne sont qu'instants doux
S'effaçant dans les houx,
Un chemin de la vie
A l'horizon d'envie.
Ils sont un reste d'encre
S'extirpant de ce chancre,
Espérant dans le feu
Trouver un peu de bleu.