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Ça ?

Le poète et la fourmi

 

Le poète sans un vers,

                Découvert,

La trouva fort ingénue

Quand la bise fut venue :

La fourmi sous l'arbrisseau

Ecoutait le bruit de l'eau.

Elle souriait, divine,

Avec une pensée coquine.

Il n'osait la regarder

Ayant peur de se troubler.

- Prenez ma main, lui dit-elle,

Ne me trouvez-vous pas belle ?

Lui, il est sentimental

Offrant son verbe bancal :

La fourmi en est heureuse

- Si le vers a un défaut,

Il n'en parait que plus beau -

Tout en restant fort charmeuse...

Elle dit en souriant :

- Mon ami, je suis à l'aise,

Pour que cet instant me plaise,

Caressez-moi maintenant !

Çà ?

 

Qui peut croire en mes vers ? Qui pourrait croire en çà ?

Il a suffi d'un peu de bleu sous un nuage

Pour qu'un coin de montagne ait le besoin de çà,

Pour un instant rêver que le temps n'a pas d'âge.

 

Je voudrais tant revoir et apercevoir çà.

Et j'entrouvre mes yeux... Et j'ouvre mes oreilles...

Quand le temps est offert, la vie ressemble à çà !

Vivent, alors, mes mots dans toutes ses merveilles.

 

Et je voudrais donner... Et je voudrais tout çà...

Et je voudrais offrir : elle mérite çà !

Mais je dois me taire et je ne ferai qu'écrire...

 

Pourrait-elle savoir ? Que dit-elle de çà ?

Je ne sais que penser, je ne saurais que dire :

Elle hante mon âme et je ne pense qu'à çà !

Le lac du cygne

 

L'eau a cette pureté

Qui se reflète sur son onde.

Dans le silence de ce monde,

Je m'imprègne de son bleuté.

 

Lent, sur la vague, vogue un cygne

Blanc. Il dessine notre amour

En esquissant chaque contour

De tes traits. - Dois-je voir un signe ? -

 

Il glisse, glisse tendrement

Sur la large nappe qui plisse

- Elle semble être sa complice. -

Au fil de son temps somnolent.

 

Puis, sans un bruit, d'un coup de palme,

Il part vers l'horizon, il part

Dans le lointain, sans un regard,

Ne laissant que son onde calme.

Epitaphe

 

Le temps est silence

A présent.

L'automne s'efface

Sur la terre

Quand s'enfuit le ciel.

 

Seul un frisson passe

Dans le bois,

La passé s'essouffle

Sur la terre

Et s'éteint le ciel.

 

Loin de la lumière,

Dans le froid,

S'étire l'ennui

Sur la terre

Quand l'oublie le ciel.

 

Non, tu n'es pas morte !

Et pourtant,

Ton nom est gravé

Sur la terre

En lettres de ciel.

 

Mais, sur cette tombe,

L'amour dit :

« Je rêve toujours

Que la terre

Embrasse le ciel. »

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