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Fusain

 

Sur la longue toile blanche

Recouvrant tes souples hanches,

Se promène mon regard

Au hasard.

 

Au hasard de cette danse

Sans que vraiment tu y penses,

Se promène mon désir

De plaisir.

 

De plaisir, tu joues alors

Ces notes que ton corps chante

Et m'enchante.

 

Et méchante, tu me tentes

En dessinant mes attentes 

D'un encor. 


 
 
 
 
 
 
Aubes

 

L'aube blanche, l'aube bleue

Se mélangent dans mes vers,

Se mélangent à l'envers

A travers nos jeux. La feue

 

Peur se désespère dans

Nos bras doux et sur nos lèvres

Folles de toutes nos fièvres.

Le jour ne sait plus que sans

 

Nos rires et nos sourires

Il perd tout son sens. Sens

Ce qu'est notre dessein, sens

Ce que les aubes soupirent.


 
 
 
 
 
 
 

Au creux du bois

 

Au creux du bois, un arbre vert

Et au-dessus à peine l'air,

Et cette pluie qui rit, qui mouille

De ses tons chauds de la forêt,

De ses tons lents, doux et discrets

Et de son chant qui nous dépouille...

 

Au creux du bois, un arbre mûr

Et au-dessus un être pur,

Et cette pluie tranquille et fière

De son chemin sous le soleil,

De son chemin ce jour d'éveil

Et de ses touches de lumière...

 

Au creux du bois, un arbre heureux,

Et au-dessus rien que tes yeux,

Et cette pluie qui bat sans cesse

De son désir sans un arrêt,

De son désir du temps, d'après...

 

Au creux du bois, rien ne le presse...


 
 
 
 
 
 
 

Sur la balustrade aux douces senteurs*

 

Un été, un hiver...

S'étire un univers

Loin de tous les dieux,

Loin de tous les vers,

Sans le moindre milieu.

 

Un été, exilé

Loin du ciel désolé,

La nuit survenant

D'un jour étoilé

Sans aucun maintenant,

 

Le soleil au pinceau

D'une plume d'oiseau

Décrit voletant,

Décrit sur les eaux

L'été se récitant...

 

Cet été jaune et vert

Sur les prés découverts

Dessine les traits,

Dessine l'envers

Des chemins en forêts.

 

Le soleil et le vent

Sur la mer se mouvant

Inventent des sons,

Inventent rêvant

De ses flots les chansons.

 

Un été, ses senteurs

Disposant en hauteur,

Les parfums jasmin,

Les parfums menteurs,

Dans le creux de nos mains.

 

Mais l'hiver est si près

Que j'en ressens le frais,

Quand l'été en nous

Quand l'été est prêt

À être fou en nous.

 

 

 

* Vers de Li Bai






 

Questions

 

Qu'est l'amour : courage ou raison ?

 

Ce que je suis, ce que tu es,

A ce que nous sommes, sans doute,

L'amour n'est pas sur cette route ;

Il ne serait ce qu'il parait.

 

Dans le ciel, je sens ce qui vibre.

Je ferme les yeux pour te voir

Et mon âme pour le savoir.

Le courage, c'est d'être libre.

 

Ce que je fuis, ce que tu hais,

Ce n'est qu'une marche plus haute,

L'amour n'est jamais une faute.

Ce que tu fuis, ce que je fais :

 

Il n'est pas question de raison.


 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

Est-ce le courage

De tourner la page ?

Est-ce la raison

De notre abandon ?

 


 
 
 
 
 
 
 

À travers

 

À travers le temps

S'espacent, tremblants,

Cette vie d'amants

Et ses tourments.

 

Le cœur agité

D'inhumanité

Perd sa vérité

Et sa beauté.

 

Alors, il s'éteint

Perdu en chemin

Dans le lointain.

 

Au creux de ma main

Est l'éternité

Évidemment.


 
 
 
 
 
 
 

Intérieur

 

Le vent, le vent, le vent,

Le matin au levant,

Doucement nous pénètre

Jusqu'au fond de nos êtres.

Le temps, souvent le temps,

Glisse quelques instants

D'un rai à la fenêtre

Ce qui peut disparaître.

Parfois les gens, les gens

Passent en s'étonnant

Quand ils voient apparaître

Nos deux ombres. Peut-être

 

Qu'ils voient dans le soleil

Les motifs de l'éveil…

Deux ombres s'enchevêtrent

Pour n'être qu'un seul être.


 
 
 
 
 
 
 

De jour de nuit

 

Le jour n'a pas de bouts,

Il est entré en nous.

Doucement sur ton cou,

Se posent les étoiles

De la dernière nuit.

La lune qui s'enfuit

Laisse au soleil le fruit

De cet amour sans voile.

Il est entré en nous :

Le jour n'a pas de bouts.


 
 
 
 
 


 
 

Passage

 

Ce n’est qu’une vision

Rien qu’une apparition

Ce moment on l'on ose

 

Une ombre contre une ombre

Dans la douce pénombre

Se dépose sans pause

 

Et de battements en

Battements soulevant

Ce couvercle d'ardoise

 

S'entend ce cœur qui chante

Dans la calanque envoûtante

D’un coffret de turquoise


 
 
 
 

 


 
 
 

Pluie métaphysique

 

Dans le jardin des âmes, la pluie

N'existe pas, n'existe plus. Moi,

Je rêve d'elle cependant. Moi,

Je crois simplement qu'elle s'ennuie.

 

Mon âme cherche son âme quand

Le temps est sec, le temps est beau. Elle,

Elle chante, elle danse au loin. Elle,

Elle se promène aux quatre vents.

 

Dans le jardin des âmes, ici

Est un autre ailleurs pardi. Ici

Se cache la nuit dans la lumière.

 

Moi, je la cherche toujours ailleurs.

Ici, elle n'y est pas. Ailleurs

Est bien meilleur pour son âme fière.


 
 
 
 
 
 
 

Bouton de rose

 

Un simple bouton, rose,

Là, sur le teint, blanc,

Simplement palpitant,

Avant que je n'ose

 

Une respiration.

Et cette soie, blanche,

Retient mon attention,

Loin des hanches, franches.

 

C'est le cœur battant,

Le délicieux instant

Où ma main se pose :

Un simple bouton, rose !


 
 
 
 
 
 
 

À toute heure

 

De quelques traits

D'un brin de bonheur

Sans un arrêt

Surtout de nos cœurs

 

De quelques joies

D'envies de folie

Sans aucun choix

Surtout de nos vies

 

De quelques fleurs

De graines d'ardeur

Sans une erreur

Surtout de nos cœurs

 

De quelques riens

D'ailleurs et d'ici

Et tout le bien

Surtout de nos vies
 
 
 
 
 
 
 

Bleu Éden

 

C'est un jeu, un jeu d'heureux.

Je le vis dans tes yeux,

Dans tes yeux, au fond si bleu.

C'est un jeu pour nous deux.

 

C'est la vie, la vie d'envies.

Je la vis juste ici,

Juste ici au paradis.

C'est notre vie, Lucie.
 
 
 
 
 
 
 

Sous un ciel d'automne

 

Je marche, je marche dans la rue

Dans l'attente de la pluie.

Elle, elle erre comme une inconnue.

 

Je marche dans ce temps qui s'ennuie,

Dans cette lumière offerte

Par ce ciel de douceur et de suie.

 

Je marche dans cette rue ouverte

À toutes mes idées folles,

Aux libres pensées, aux découvertes...

 

Elle, elle écrit du vent les paroles !

 

   xxx

Vision
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