
Loin
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Courons sur les feuillages
Je m'excuse de courir
Sur les feuilles du passé
Je voudrais tant les nourrir
Jusqu'à ne plus les rêver
La lumière est si violente
Je ne suis que de passage
La lumière est si présente
J'en oublie presque nos âges
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Sortie de route
La page se tourne
Sur la tristesse passée
Nous aurions pu être
Nous aurions peut-être
Su nous reconnaître
Su nous apparaître
Tels d'autres êtres
Regardant à la fenêtre
Ce qu'était la vie rêvée
Avant que la roue ne tourne
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Avant la nuit
Que le jour revienne
A l'intérieur des sentiments
Dans cette maison pleine
De mille et un tourments
Que le jour retrouve
Toutes les traces
Des passés oubliés
Des chemins entortillés
Que le jour renaissent
Sur la pointe des pieds
Et offre sa caresse
Avant de ne plus être
Respire avant de ne plus savoir
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À l'abri du temps
Paresse étrangère
Dans le flux de lumière
Le temps ne peut s'entendre
Il ne sait que s'étendre
Vue de jour, vue de nuit
A côté de la pluie
Caresses étrangères
Dans les flots de lumière
Dans le silence
Naît l'insolente
Jeunesse du temps
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Les heures passées
Ceux qui croient ceux qui crient
Ce qui hurle ce qui meurt
Nul ne sait ce que me disent
Les silences des heures passées
Gentil
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Givre
Dehors, le givre
A en être ivre,
Ne me délivrent
Que tous ces livres.
Là, pas à pas,
Le mot n'est pas
Ce que l'on croit,
Ce que mes doigts
Crispent et livrent :
La peur de vivre
Qui ne se voit
Pas et me noie.
Ô Aime-moi
Comme une foi
A en être ivre...
Dehors, le givre.
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Sur le char de Carco
Pour que l'instant soit superbe,
Qu'il perturbe l'infini,
Regardez les yeux amis
Sous le vent et sous la grêle.
Les mots en feront leur lit
Et s'allongeront sur l'herbe.
Il pleut -
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Petit bout de Thiou
Sous le petit porche, les mots s'arrêtent. Comme la pluie. Le chemin reprend entre les murs de bois et de béton, entre les plantes diverses et leurs fleurs aux parfums légers. Au passage d'un pont neuf, l'eau, rugissante, abondante, s'enroule en vagues multiples le long des berges submergées. Le chemin serpente un peu comme s'il ne l'avait jamais fait. Il dévoile, tour à tour, des faces cachées des lieux. Celles que l'on ne savait plus voir, celles que l'on avait oubliées, celles que l'on a sorties de l'oubli, aussi. Une grande cheminée. Une turbine. Quelques vannes en fer rouillé. L'eau canalisée fait un tour au centre de la ville. Plus loin, les arbres reprennent leurs droits et l'eau s'étend plus lentement laissant aux canards le temps de paresser dans le courant. Un train pourrait passer et couper le chant des oiseaux. Mais l'air est frais et la pluie qui revient offre au chemin des couleurs humides et calmes. On passe sous les ponts qui dévoilent leurs fresques immenses, bombées à l'évidence, un futur qui tranche avec la nature indolente et vivante. Quelques maisons s'approchent avec leurs haies de plantes variées, leurs feuillages multiples et ces fleurs printanières sur lesquelles s'écoulent des perles de lumière. Les passants deviennent plus nombreux. Puis ce sont les terrasses où s'agglutinent les gens trop heureux de pouvoir sortir de chez eux. Pourtant il pleut de plus en plus fort. Les quais se réduisent. On passe près du palais. On arrive au jardin de l'Europe, ces grands arbres majestueux, ces paysages artistiques et le pont des amours. Le Cygne rentre à reculons. Le lac est là. Majesté allongée au pied des montagnes la tête dans les nuages. Il pleut plus fort encore. Il est temps de rentrer, main dans la main. On refait le voyage à l'envers vers la confluence avec le Fier, le cœur léger.
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Avant
Avant de me connaître, tu me connaissais déjà. Je ne le savais pas, je ne savais pas pourquoi. Je regardais les êtres comme autant de peut-être et je ne les voyais pas. Je me regardais même sans même remarquer que dans l'image blême je n'existais même pas.
Perdu à la fenêtre d'un mur qui n'était pas, j'oubliais mon être et tous les autres en une fois. Ce n'est que le mal-être qui grandissait déjà qui emporta la fenêtre ne laissant que ce mur las.
Les yeux clos remplis de mots, le noir s'ancra en moi jusqu'au bord de l'effroi de ce grand mur froid.
Avant de te connaître, je ne me connaissais pas.
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Un homme pressé
Le soleil se presse à faire rougir une fraise ou deux. Le soleil se presse et déjà je cligne des yeux.
Le soleil se presse et je ne le sais pas. Moi, je paresse en tendant les bras
Le soleil se presse dans ce ciel si bleu que j'hésite un peu à savoir être heureux.
Le soleil se presse et se pressent tes pas. Je ressens déjà que me manque tes bras.
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Dépassement
Tout de suite est imprudent sur le divan des sentiments. Les jours fleuris, les parfums printemps se dispersent allégrement. Petite pluie, petite vie, main dans la main, caresses aux vents, ce sont deux passants qui vont en souriant. Sans la moindre ombre, sans un regard, ils passent le long de tous les gens. Dans leur regard, aucun hasard, juste le présent qui défile les embrassant.
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Pluie blanche
Neige de mai, saints de glace
Le grand cerisier a des fleurs blanches
Il brille dans l'avalanche de gouttes denses
Et ses feuilles dansent dans ce vent givré
À la fenêtre je compte les chemins
Que cette pluie avance perdant de vue
Demain maintenant que j'y pense
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Il pleut.
Aujourd’hui, il pleut.
Pourtant le soleil brille,
Il brille de mille feux,
Il brille comme un être heureux.
Il brille.
Mais, aujourd’hui, il pleut.
Il pleut si fort
Que je pourrais être mort,
Il pleut si fort
Encore sur mon corps
Que je ne peux qu’avoir tort.
Aujourd’hui, il pleut.
Je ne lis rien dans tes yeux.
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Encore nous
Folle folie, bras ballants, grands sourires
Couverture, draps, plumes d'oreillers
Entre dans la danse des jeux d'enfance
Un coup par-ci délire par-là
Il est toujours trop tôt
Pour cesser de rire
Cesser de s'aimer
Sous l'oreiller
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Des cendres
Sur les cendres du passé, le soleil se couche. nos regards s'éteignent en même temps que la nuit arrive.
Un oiseau pourrait passer, un messager du temps, s'en allant, descendant vers le néant. Un parfum des chemins pourrait nous troubler, nous ravir, nous consumer.
Au loin des images, des sonorités, des vagues et des montagnes, et leur disparition dans nos brumes.
La douleur est présente - une mémoire à elle-seule - comme des aiguilles qui se plantent ici et là, et qui nous rappellent que nous étions vivants.
Pourquoi ai-je oublié ?
Sur les cendres du passé, le soleil se couche et m'éteint.
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Seconde latente
S'approche le jour
S'approchent les mains
Le sel du temps
Se dépose sur nos lèvres
La haute mer ne s'oublie pas
Elle nous dévoile tout bas
Dans l'air du matin
Un rayon s'affaire
D'où naît le chemin
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Se réchauffer dans les derniers rayons
Chut ! Le vent chute
Reposant ce qu'il reste du temps.
Au loin point d'horizon,
La brume recouvre
Tous nos souvenirs.
Au loin point de chemins.
Rien que les herbes couchées
Se rappelant de nos pas.
Le ciel voudrait percer
Le plomb de mes pensées
Mais, dans les lignes de mes mains,
Rien ne me revient.
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Jour d’été
Des rires, des jeux, des chants.
Dans les bruits de la foule,
Entre les gouttes de pluie,
Entre les couleurs chatoyantes
De quelques parapluies vaquants,
Un sourire se trouve.
La beauté est si simple
Quand, les yeux grands ouverts,
On se laisse emporter
Dans la danse d’un sourire.
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