
expédition
Libellune
Un vol, un instant, pêle-mêle
Prenant, sans souffrir le désir,
Au bord de son corps toujours frêle
Jusqu'à en saisir le plaisir.
Est-ce un jour, une nuit, un rêve ?
Sous la lune, son amour dort.
Sans un bruit, sur le sol, s'élève
Une envie d'un monde plus fort.
Elle vient, elle part, se pose,
Dans mes yeux, dans ses yeux, l'éclair
Un parfum, un bouquet, le rose
De sa peau, de son cœur, est clair.
Elle est douce, elle est calme et libre,
Dans le vent, le soleil, le ciel,
Dans ma chair, dans sa chair, tout vibre
Un nuage, une pluie, pluriels.
Innocence, indécence, aimante,
C'est la lune et le jour, la nuit,
Et mon âme en son âme errante
En son ombre, en mon ombre, fuit.
Libellule et la lune jouent
Dans ses bras, dans mes bras, ouverts...
Un baiser, un baiser, nos joues
Dans le rouge et le bleu, les verts.
Paradis et enfer, cruelle
Est la vie, infinie beauté.
L'amour, un instant, n'est sans elle
Qu'un flocon de neige en été.
Lily says
Près de toi au téléphone,
S'élève une douce voix.
Tu dis que ce n'est personne.
Tu as déjà fait ton choix !
Mais tu le sais, elle sait.
Elle voit ce que tu caches.
Tu le sais, elle connait
Les maux auxquels tu t'attaches.
Dans ta voix, pourtant s'entendent
Chacun des mots et tes pleurs.
Sans que tu ne les défendes,
Ils transpercent le bonheur.
Tu sais, au fond de ses yeux,
Dans toutes les couleurs grises,
Elle perçoit que les cieux
Se confondent en bêtises.
Dans le piège, l'innocence
A fait son chemin de nuit.
Et ton cœur en transparence
Sait déjà qu'il s'enfuit.
Devant ses yeux grands ouverts,
Une larme sur ta joue
S'écoule sur le désert
Qui se recouvre de boue.
A côté du téléphone,
« Qui c'est maman ? », Lily dit.
Et toi, tu lui mens : « Personne ! »
« She loves you » retentit...
Être ma faute
Et je m'accuse
D'être indécent
Quand il s'amuse,
Le temps d'avant...
Lettres odieuses
Et sans ressort,
Et malheureuses
D'un être mort.
Et je déchante,
Être imprudent,
Du temps qui chante ;
Charbons ardents.
C'est dans le sable
Et le fossé,
Que je m'attable :
Être cassé...
Comme malade
Sans un seul son
Dans la tornade,
Être raison.
Dans les eaux fortes,
Être damné
Contre la porte,
Je suis mort-né.
L'instant aphone
D'être étourdi,
Une anémone...
Pour seul souci.
Et c'est ma faute,
Être si bas,
Tu es si haute !
Mea-culpa !
Danse macabre
Quelques pas dans la vie,
Un malheur !
Quelques pas dans l'envie
De ton cœur.
Rien ne relie la terre
Et le ciel ;
Une vision amère
Sans le miel.
Dans ta main désarmée
Tout un art,
Chaque phrase est brisée
Sans regard.
Dans ma tête résonnent
Tes enfers.
Et tes mots me couronnent
De tes fers.
Sur ce chemin se nouent,
En glissant,
Les larmes sur tes joues.
Impuissant,
Je sens l'hypocrisie
De ta main
Glacée de jalousie.
Puis demain,
L'amour sera vulgaire
Et sans voix.
Dans ton silence austère,
Je te crois,
Infidèle maîtresse.
C'est la mort
Que tu m'offres. L'ivresse
De ce sort
Lentement me dévore.
L'inconnu
Danse encore à l'aurore :
Je suis nu !
Cave somnia
Je ne suis qu'un animal
Qui ne voit pas ce qui change.
Non, je ne suis pas un ange ;
Le ciel n'a qu'un idéal.
Loin de ses mots, le poème
En oublierait le soleil
Et tous ses sens en sommeil.
Que voulait dire « Je t'aime » ?
Quand mon corps dans le néant
Git sous les lueurs passées,
Ce ne sont que des pensées
Qui m'achèvent en fuyant.
Alors, au loin dans la queue
Du temps, c'est le paradis
Qui disparaît et tandis
Que recule la mer bleue
C'est notre monde d'avant
Qui, sans le moindre courage,
Meurt sombrant dans l'ombre en rage...
Et le silence du vent.
L'amour est vide à présent,
A peine un parfum de femme.
Il ne retient de l'instant
Que la froideur de son âme.
J'ai perdu toute ma sève
Dans le ciel qui disparaît.
Maintenant, ce que je sais :
Dans ce monde, pas de rêve !
Je crois
Je crois que je t'ennuie,
Je ne peux l'éviter.
Mes mots sont cette pluie
Qui ne peut s'arrêter.
Ainsi que l'hirondelle,
Ils volètent gaiement.
Pourtant ils n'ont pas d'ailes :
Ce sont des sentiments
Attendant les tiens, sensuels,
Qui se cachent encor.
Étincelants, cruels,
Ils m'apportent la mort.
Des phrases acérées
Pour découper mon cœur,
D'autres désespérées
Sans calmer leur fureur.
Une pensée rebelle
Qui se défoule en vain,
La vie était si belle
Quand tu tendais ta main
D'un mot, d'une caresse,
D'un son voluptueux,
Qui rappelle l'ivresse
D'un parfum vénéneux.
Tu n'es pas téméraire,
Tu es prise d'effroi
Perdue dans ce mystère
Inconnu avant toi.
Devant l'envie farouche
Qui sur toi s'abattra,
Le sens deviendra louche
Et il s'effacera.
« C'était une amourette »,
Ainsi tu le diras.
Et du petit poète,
Les mots, tu renieras.
Cette idée ingénue
Après l'hiver méchant,
Tu l'as faite inconnue :
Je suis un mécréant !
Une, promesse
Une promesse, une promesse,
Partie pour toujours...
Et ma vieillesse, et ta jeunesse,
Que sont nos amours ?
Quand, dans ma main, ta main, je serre,
C'est un sentiment
Où le ciel rejoint par la terre
Est au firmament.
Allongé sur ce lit de roche
Le contact rêvé
Un instant, s'approche et s'accroche
A la vérité.
Là, enlacés dans ce nid d'herbe,
Pétris de désir,
S'imagine un hymne superbe
Dédié au plaisir.
Les peaux sont comme ce feuillage
Bientôt découvert
Se déshabillant sans ombrage
Dans des tons de vert.
Puis, se mêlant dans le partage
Ainsi que deux fleurs,
Elles allient l'envie sauvage
A d'autres valeurs.
S'enchevêtrant, ces deux reptiles
Tordant l'avenir
Repeignent leurs fureurs futiles
D'un seul souvenir.
Dans cette attente téméraire,
Ils ont dessiné
L'un contre l'autre, sans contraire,
L'amour destiné.
Mais ce n'était qu'une promesse,
Une nuit d'amour,
Où ma vieillesse, où ta jeunesse,
Auraient dit : « toujours ! »
Amnésie
N'ai-je que perdu la mémoire ?
Au fond de tes yeux un non-dit
Ne serait être que l'Histoire
De ce vieil automne interdit.
L'amour ne serait qu'éphémère,
Une caresse quelque part
Vide en ce chemin de misère
Où tu as dressé ton rempart !
Vois dans tous ces instants hors normes
Que leur beauté n'est pas passé,
Mais qu'ils nous inventent les formes
D'un autre futur embrassé.
Dans notre nature,
La fécondité
Est cette aventure
De l'intensité.
En oubliant les temps sublimes
S'effacent au bleu de tes yeux
Les montagnes et les abîmes,
Qui ont créé en nous les cieux.
Tu as peur de franchir la ligne,
De l'orage qui a tonné
Et de voir dans le moindre signe
La belle idée d'un nouveau-né.
Le temps n'a pas d'âge,
Il est en arrêt.
Sa mort sur ta page
Fait qu'il disparaît.
Puis, dans chaque seconde folle,
Chaque mot vient à se plier
Jusqu'à en perdre la parole
Quand tu ne veux plus qu'oublier.
Ecoute dans le vent, écoute
La vérité au fond de toi,
Laisse à chacun des mots sa route,
Laisse vivre en toi cette foi.
Cette envie secrète, discrète,
Ne peut s'effacer dans le temps.
L'amnésie ne sera complète
Que si le poète se rend.
Regard
La poésie est-elle
Un instant de beauté ?
Serait-elle aussi belle
Avec les yeux fermés ?
D'une rime superbe
A des vers enchaînés,
Je t'écrivais dans l'herbe
Mes mots désordonnés.
Sous ma main en souplesse,
Je les voyais rougir
Et, dans mon allégresse,
Ils espéraient t'ouvrir.
Tous serrés, bien ensemble,
Ils décrivaient demain
Sans que ton cœur ne tremble
Même au petit matin.
Ma plume est délivrance,
Comme un vieux laboureur,
C'est dans son espérance
Que les mots sont des fleurs.
Dans mon âme en spirale,
Ils embrassent ma foi
Pour la rendre banale
Et m'approcher de toi.
Ce n'est que la folie
D'un passé généreux
Qui me donne l'envie
Que tu ouvres les yeux.
La beauté de mes mots
Se lie à leur présence.
Leur laideur, ce fardeau,
Se vit dans cette absence.
Même
Dans la vie peu commune,
Le danger
Est l'envie importune :
Partager.
Tu sais qu'à la lisière
Le moyen
De regarder derrière,
C'est le bien !
De l'instant insolite,
Ton éclat
S'est pelotonné vite
Tout en bas.
Pourtant juste à la cime
De mon ciel,
S'est gravé cet abîme
Eternel.
Je crois à la chimère
De rêver :
L'amour est d'être fière
De s'aimer.
Méconnaissance
Dans le jardin des épouvantes,
Je t'attendais les bras ouverts.
Et maintenant que tu me hantes,
Je ne perçois que des déserts.
Tant qu'aucun mot, aucune rime,
Ne délivrera l'horizon,
Je ressentirai cet abîme
Que m'a façonné ta raison.
Il est sur moi comme une tâche,
Du silence l'immensité
De cet amour toujours trop lâche
Pour aspirer à la beauté.
Aujourd'hui, sans une parole,
Tu méconnais tout ce malheur.
Ton cœur est d'une absence folle
Tant qu'oublie de battre mon cœur.
Pluie
Il pleut encore sur ma mémoire.
Il pleut sur mes souvenirs radieux.
C'est une de ces fines pluies noires ;
Noires au point d'absorber les cieux.
Il pleut sur cette vie de chimère.
Il pleut à oublier la vertu.
Ce n'est qu'une fine pluie austère ;
Austère en ce monde qui s'est tu.
Il pleut à ne plus savoir que dire.
Il pleut au plus profond de nos yeux.
C'est une pluie fine à se maudire ;
Se maudire jusqu'au bout des cieux.
Il pleut toujours sur la sombre ville.
Il pleut ainsi tant et tant en vain.
C'est une pluie puissante et fragile ;
Fragile comme l'est le destin.
Il pleut à verse sur notre monde.
Il pleut sur les derniers jours d'été.
C'est une pluie muette et profonde ;
Profonde à toucher ta volupté.
Il pleut sur tous nos amours fugaces.
Il pleut à ne plus savoir penser.
C'est une pluie, une pluie qui passe,
Qui passe sans savoir s'arrêter.
Il pleut encore, tu es si belle !
Il pleut comme il a plu dans le temps.
Ce n'est qu'une douce pluie cruelle,
Cruelle pour toujours à présent.
Il pleut sans que tu ne le désires.
Il pleut dans chacun des jours plus vieux.
C'est une lente pluie, pas la pire.
Le pire serait de se dire : « Adieu ! »
Tout le temps
Le temps passe dans ma tête,
On dirait qu'il se défend.
Il a oublié la fête ;
Elle est partie à présent.
Le temps m'inspire le pire
Tout en me fermant les yeux.
Je ne peux pas le maudire :
Je me souviens de ces cieux.
Le temps construit ses murailles
Pour ne pas être jaloux.
De batailles en batailles,
Il accepte les coups.
Le temps a des douleurs vaines
Qui se glissent sous mes pas.
Elles ne sont pas humaines,
Elles ne pardonnent pas.
Le temps devient stupide,
Il ne veut que nous punir
Se faisant amouricide
Au point de nous désunir.
Le temps restera sauvage
Tout au fond de son sommeil.
Il ne laisse qu'une image
Consumée par le Soleil.
Bises
Dans le vent, cette mélodie
Chante pour moi, chante parfois,
Ce doux air, celui de ta voix.
Il reste ta mélancolie.
Dans le vent, je ressens ta peur
Elle m'attrape, elle me broie,
Elle arrache les fils de soie
Qui relient ton cœur à mon cœur.
Dans le vent, tu es la prêtresse
Changeant la foi, changeant les cieux.
Simplement en ouvrant les yeux,
Tu me reprends chaque caresse.
Dans le vent, au pied de l'autel,
Tu m'offres le pire supplice
Avec chaque instant pour complice.
L'amour est un pauvre mortel.
Dans le vent, se brisent mes ailes.
Tous tes mots ne sont plus pareils,
Ce sont des éclats de soleils.
Dieu, que tes bises étaient belles !
Mon bel amour
L'amour est un calvaire
Lorsqu'il est lâcheté.
Je ne suis pas sévère,
J'ai perdu sa beauté.
Ce n'est pas difficile
Quand on est enlacés.
C'est souvent inutile
Si ce n'est pas assez.
L'amour n'est jamais traître.
Il n'a pas de pitié.
Il est à la fenêtre
D'un parfum d'amitié.
Il n'a de cuirasse
Que si l'on est fermé
Et il laisse sa trace
Quand il est consumé.
L'amour a la faiblesse
De n'être que passion.
Mais quand il est paresse,
Il devient damnation.
Et s'il est hypocrite,
Il est rempli de fiel
Et n'a aucun mérite
Même venu du ciel.
L'amour est sans clémence,
Précipité des cieux,
Lorsque tu le balances
Juste en fermant les yeux.
Il n'est miséricorde
Que si l'on aime en vain.
Pourtant, je te l'accorde,
Il n'est jamais dédain.
Le mensonge est une autre forme de vérité
Une phrase, une dernière,
Entre l'amour, la pitié,
Le désir et la colère :
La vérité à moitié.
La vie est-elle plus douce
En s'effaçant lentement ?
Quand chacun des mots nous pousse
A entrevoir le moment
D'un coup ou d'une caresse,
Aujourd'hui est-il demain ?
Le sais-tu, triste maîtresse,
Quand les mots sont dits en vain ?
La vérité castratrice
N'a jamais eu de remords.
La fausseté tentatrice
Ne porte que des mots morts.
Je t'aime, plein d'espérance,
Le ciel est de volupté.
Je t'aime en cette apparence
Rêvant sans réalité.
L'amour n'est que ce mirage,
Aucun mot ne correspond.
L'amour serait cette rage
Qui se tort et se morfond.
Le mensonge est l'être infime
Rongé au cœur de mes vers.
La vérité est l'abîme
Où se perd mon univers.
Chaque seconde futile
Me ment en réalité.
Chaque seconde inutile
Est vraie pour l'éternité.
Furorem amor
La colère, toute cette colère,
N'a pas pardonné.
Elle restera là toujours sévère
Dans mon cœur damné.
Les amours ne sont jamais éternelles ;
Je ne peux rêver.
Quelques secondes ont pourtant fait d'elles
Une éternité.
J'aimerais savoir quel genre de femme
Etait dans mes bras.
De ses vérités à sa grandeur d'âme,
Quels étaient ses pas ?
J'ai senti son cœur à l'unisson battre
Dans les battements
Du mien. Pourquoi a-t-elle voulu combattre
Tous nos sentiments ?
Le ciel était-il un sombre mensonge
Caché dans ses yeux
Ou tout simplement un vulgaire songe
Pas pris au sérieux ?
Alors, dans ma tête est l'image d'un monde
Voulant s'élever,
La recherche d'un ciel loin de l'immonde
Temps à oublier.
Mais que dire, tout cela est perfide.
Où est le bonheur ?
Il ne peut trouver dans la peur avide
Une vraie valeur.
Toujours et toujours, sa flamme dévore
Ce qu'était mon corps,
A croire que depuis ce qu'elle adore
Est dans cette mort !
Maintenant, je me perds dans sa colère.
Je perds cet amour
Et je croise son enfer sous la terre
Devant son cœur sourd.
La même lune
La même lune aux lueurs fugaces
S'efface lentement sous nos pas.
Il ne me reste plus que ces traces,
Que ce que je ne connaîtrai pas.
La même lune, en un face à face,
Le sentiment d'être dans tes bras,
De me sentir ainsi à ma place
Comme s'il n'existait pas le trépas.
La même lune, œuvre de jeunesse,
J'entends battre ton cœur d'émotion
Lorsque tendrement je te caresse.
Mais une fois passée cette ivresse,
Tu ne vois dans notre passion
Pas la même lune : une illusion.
Comme Dieu
I
Sans bruit, l'ivresse est morte !
L'arbre s'est défendu
En refermant la porte
Du paradis perdu.
Du vrai bonheur, la cime
Se résigne à souffrir.
Ce n'était pas un crime
Que de le voir mourir.
Seul, le cœur se désole
Dans le désert géant.
Personne ne console.
Ce reste de néant.
L'Amour est la torture
De l'homme condamné.
C'est cette créature
Qui le laisse mort-né.
Au diable, l'espérance.
L'amour n'est contagieux
Que pris dans la souffrance
Et les pleurs dans nos yeux.
Puis d'un seul mot suprême
Du mal divinisé,
L'homme n'est plus lui-même
Loin de tous les baisers.
Il vit cette blessure
Baignant son cœur maudit
Dans cette meurtrissure
Du fruit du paradis.
II
Cette chair frémissante
Serait à condamner
Comme l'âme impuissante
Incapable d'aimer.
Ce doux fruit qu'il désire
Ne sachant pas pourquoi
Depuis longtemps l'attire
Vers un monde plus froid.
Quel odieux maléfice
Pour combattre le mal
Dans ce long sacrifice,
Il n'est qu'un animal !
Vieille terre infertile
Qu'il reste pour toujours,
Ta mort est inutile
Dans l'audace des jours.
Ces méprisants supplices
N'ont aucune émotion,
Ce sont tous les délices
Pour une damnation.
Il en oublie son âme.
Il en oublie les dieux.
Il brûle dans les flammes
Que lui offrent les cieux.
L'homme en ce ciel sublime
Ne peut cesser d'aimer.
Il plonge dans l'abîme
Dans un dernier baiser.
A cet amour
A cet amour fugace
Qui part quittant mes pas,
C'est en suivant ta trace
Que se perdent mes pas.
A cet amour de glace
Qui ne s'efface pas,
Je retrouve ma place
Si proche du trépas.
Je vois dans ta jeunesse
Comme a vieilli mon cœur
Maudit dans la caresse
D'un unique bonheur.
A cet amour, l'ivresse
Qui n'a pas de vainqueur...
Au contraire
Tu peux dire tout et son contraire,
Tu sais bien où est la vérité.
Quand chaque mot retrouve sa paire,
Tu regrettes de l'avoir quitté.
Tu peux dire tout et le vulgaire
Oubliant ce que l'on a été,
Quand chaque mot devient téméraire,
L'amour reprend sa solidité.
Tu peux tout dire sur cette terre
Ou du moins le faire croire aux cieux
Jusqu'à ce que chaque mot s'enferre.
Tu peux dire tout avec tes yeux,
Des ces mots de pierre aux mots de guerre,
Je ne verrai en toi que le mieux.
Le passé à présent
Il faudrait tourner la page
Comme le font les amants.
Mais l'amour a un visage
Qui est là, en moi, présent.
Il faudrait perdre l'image
De ce qui est important.
Mais je ne suis pas volage.
Tu le sais, c'est évident.
Il faudrait que je sois sage
En effaçant ce mirage.
Mais le passé est troublant.
Et je marche avec courage,
Guidé par les mots du vent.
Je te ressens tout le temps.
Héros dans le ciel
Notes noires et blanches dans la rosée
Donnant des touches rouges à tous mes maux...
Rêves orange d'une perle irisée
Mixant le jaune dans le reflet des eaux...
Femme, dans les tons verts, délassée...
Solfège de tes soupirs bleus illégaux,
Lascive envie indigo de ta pensée,
Silence violet sous tes idéaux...
Cette gamme de couleurs sur ta peau creuse
L'intense beauté d'une courbe radieuse ;
Ce délicat dessin de ton corps subtil.
Et mes doigts dans la brume de ce délice,
Dessinent un arc-en-ciel sur ton calice.
La pluie attendait le soleil d'un pistil.
Le feu du temps
Le temps est devenu insomnie
En perdant les couleurs du bonheur.
Dans le ciel, y a-t-il un génie
Capable d'effacer ce malheur ?
Le temps a laissé gagner la peur.
Ne retenant que la tromperie,
Il a oublié toute vigueur.
N'est-il au final qu'étourderie ?
Le temps, tout ce temps, m'a dévasté.
Brûlant mon cœur de sa triste lave,
Il m'a transformé en un esclave.
Le temps d'une immortelle beauté
Ne joue qu'une unique note grave :
Il ressent ton immobilité.