gens
Chaos (I)
Ma tête explose dans ce désordre.
Des mots, des mots et puis d'autres.
Je me noie et il parle, et il parle
Lâchant ses mots dans des pleurs secs.
Au loin, les miens se perdent dans leur non-sens. Ils oublient les vérités pour souffrir. Ils s'abandonnent sans combattre comme si les cartes avaient déjà donné leurs vérités. Et ils fuient dans l'obscurité, là où ils leur semblent qu'est leur place.
Les mots entrent.
Les mots sortent.
Ils font en sorte que la terre soit morte. Ils font en sorte que plus rien ne les porte. Ils font en sorte que se ferme la porte.
Les mots se coincent.
Les mots couinent.
L'esprit se bloque
Dans ce désordre...
Chaos (II)
Les mots sont nets, tendus.
Il les porte comme un bouclier et une épée.
Il se cache derrière pour mieux me blesser.
En a-t-il conscience ? Joue-t-il avec ?
Chaque coup ajoute à la blessure précédente
Une profondeur accrue, une douleur supplémentaire.
Ce n'est pas un combat de rue.
Je suis à découvert pourtant...
Le cœur sur la planche à découper.
Le monde chavire.
Mon monde s'écroule.
Je sombre dans ce chaos de mots.
Chaos (III)
Choisir l'instant
L'instant présent
Offrir la douleur comme on offre des fleurs
Penser vite
Penser juste
Profaner avec précision chacun des sentiments
En déduire la noirceur pour blesser totalement
En finir par le silence et laisser pourrir le cadavre
Ainsi est le chaos que s'offrent les gens
Chaos (IV)
Le temps s'immobilise dans le silence
L'oubli est subtil
L'oubli est pervers
Le temps s'immobilise dans la déchéance
L'oubli est sûr
L'oubli est pire
Que ce temps qui s'immobilise de patience
Perdue
Que pensais-tu ce jour d'orage ?
Face à la pluie
Quelle était la colère ?
Face à la douleur
Quelle était l'envie ?
Que pensais-tu ce jour d'orage ?
Face aux mots
Quel était le mal ?
Face à l'amour
Quelle était la mort ?
Maintenant que le temps est calme
Maintenant que les mots ont disparu
Maintenant que ces paroles sont perdues
Maintenant quel homme es-tu ?
Un beau matin
Douce respiration du temps, je sens ton souffle sur ma nuque. Mais le temps est différent. Je sens ton ombre dans mon dos tel un fantôme d’un autre temps.
C'est un sourire, un gloussement, un mot perdu, une caresse. Et tu t'en vas. Et tu reviens. À petits pas. À petits riens. Je le sens bien, tu es toujours là. Jamais très loin. Tu parles tout bas.
Je regarde par la fenêtre. J'écoute les oiseaux. Dans leurs chants sont peut-être cachés quelques mots. Le soleil est là, de son éclat familier. Je regarde là-bas la montagne s'éveiller. Lentement descendent sur elle ses rayons lumineux. Ils toucheront bientôt notre cabane, c'est heureux.
Toi, tu restes là, en silence, accrochée derrière moi comme si le temps était en vacance.
Mort d'un amour
Tu as cru réussir. Tu as cru en elle. Tu m'as oublié. Les mots n'ont pas de force face à la réalité. Tu as cru à cet amour. Tu as cru le tenir. Tu m'as oublié. Mes mots ont une autre force.
Ce soir, ce soir d'orage, le temps a basculé et je t'ai fait perdre pied. Tu t'es noyé dans tes propres outrages quand j'ai commencé à te faire couler. L'amour n'a de vérité que celle dont j'ai décidé. Tu t'es trompé. Je le tiens maintenant au creux de ma main et je suis décidé à ne rien lâcher. Tu sais que ce en quoi tu as cru a cessé d'exister. Tu sais que ce temps est définitivement perdu. Je suis là et tu n'existes pas. Cet amour n'est pas. Il n'est plus. Toi non plus.
Apocalips
Un mot, un seul !
Et mes lèvres me brûlent...
Il est trop tard : le monde s'écroule.
Lequel ?
Tu le sais.
Le paradis et l'enfer ont la même porte.
Seuls les mots diffèrent.
D'une seconde à l'autre,
La vie devient étrangère.
L'amour se perd : la raison est austère.
L'éternité peut naître
Une fois que la porte a claqué.
La nuit est là.
Le jour ne reviendra pas...
Ne restera sur mes lèvres
Que la brûlure du temps...
Place de la raison
Une place, une chapelle et des sentiments fous...
Assis sur le banc de calcaire, face au ciel, je respire encore le temps passé.
Il est là, il me prend, me pénètre jusqu'au fond de mon être. Il est là, au présent, ce vent d'avant, ce vent du temps.
Ni regard, ni sourire, ce n'est que l'élan d'un sentiment irrépressible qui s'étend longuement dans l'ensemble de mes membres. Je le sens comme avant, comme autant de vagues intérieures.
Et pourtant, assis là, je le sais, j'ai perdu la folie...
Sous la pierre le temps
Le temps emporte la douleur
C'est ce que certains gens disent
Mais les maux à l'intérieur du cœur
Le transforment souvent en pierre
Le silence n'est qu'un mur
Sur lequel se damne le bonheur
Il n'a jamais rien de pur
Si tu crois en ses dures valeurs
Ce n'est que l'amour qui se consume
En devenant cendres et poussières
Jamais on ne se relève plus fort
Même lorsque l'on n'est pas mort
Sous la pierre le temps
N'a pas d'enfants
Mémoire du fier
Tu n'étais pas là et tu y étais
Tu ne savais pas et je le sais
L'eau s'écoulait lentement sur le sable et les pierres
Le ciel imprudent s'excusait presque d'être présent
Tu n'étais pas là et tu ne voyais pas
Tu ne pensais pas et je le crois
Le vent se posait déjà sur le vieil arbre et sur l'eau
Le ciel se dissolvait dans le silence de l'automne
Tu n'étais pas là et tu m'absorbais
Tu ne pleurais pas et je le tais
La brume se posait doucement sur le temps
Le ciel s'éteignait laissant sa mémoire au Fier
Mort d'une nuit
Au bord de l'eau, la pluie naît
Violente et différente
Puissante... et sans surprise
Au bord de l'eau, déjà la mort
Sûre et soudaine
Impose son emprise
Sous cette pluie de mots
Sous cette pluie de larmes
La raison s'impose
En une unique vérité
Est-il plus beau
De mourir à l'aube de la nuit
Avant que le rêve naisse ?
Dans ce monde n'existe
Que ce que l'on est prêt à offrir
Fidèle doute
Le doute est là et il m'envahit
Je ne sais pas si elle triche
Le doute est là dans mes bras
Je ne sais pas qui elle est
Vraiment
Le doute est là cette part de moi
Je ne sais pas où elle va
Le doute est là et s'empare de moi
Je ne sais pas si elle ment
Vraiment
Rien de bien
L'incendie a cessé
Il ne reste qu'une terre calcinée
Quelques bribes de poussières
Dans l'immensité d'un désert
L'eau a emporté
Ce que le feu
Avait embrassé
L'homme regarde
L'horizon face à lui
Il prie les yeux face au soleil
Il prie le cœur sous la pluie
Il prie l'âme cernée de brumes
Et il se désole
Pourtant il le sait
Il ne sert à rien
De vouloir retenir
Le ciel dans ses mains
De vents de terre
J'aime ce souffle sur mon cou,
Doux.
J'aime cette patience, cette science du temps qui me prend parfois contre toi, ce lent mouvement de ta bouche, ce lent déplacement de tes cheveux, ce feu multiple dans tes yeux...
J'aime cette caresse sur ma joue,
Douce.
J'aime cette lenteur, ce parfum qui s'étend tranquillement sous tes doigts, cette précision de tes les lèvres, ce frémissement sur ma peau, ce silence follement enivrant...
J'aime être devant le ciel, devant ces vents de terre...