Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les restes du chemin qui ne cessent d'éclore.
Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit
Dans le vent, dans le temps, dans l'amour qui s'enfuit.
Dans ma main, ce parfum me laisse la caresse
Du passé révolu d'un geste de tendresse.
Mon regard plonge au loin devenant le témoin
De la mort du soleil, de l'ombre à chaque coin.
Se meurt sur mon visage ensuite son image...
C’est tout.
Dans un souvenir, cherchant le passage,
Mon rêve de bonheur, adorable et bercé,
Conserve ce rayon d'un jour ensoleillé,
Ce souvenir charmant de cette jeune fille,
Sous le ciel libéré, sur l'herbe qui scintille...
Et je rêve en poète, et j'attends son amour,
Et j'espère sans cesse, et j'espère toujours
Qu'elle ouvrira son cœur, qu'elle sera la femme
Que mon âme depuis toujours pleure et réclame.
Toute grâce et toutes nuances
Dans la chaleur des sentiments,
Ses douces mains sont dans mes danses
Errant dans le vent de ses temps.
Ses yeux qui sont les yeux d’un ange,
Ont fini par cesser d'oser.
Il reste le parfum étrange
D’un immatériel baiser.
Au loin, me laissant dans sa fuite,
Sans aucun mot, même discret,
Elle tue dans l'oubli la suite,
Le cœur pris par elle en secret.
Puis, dans la froideur éternelle
Offerte par son couperet,
Elle abandonne l'étincelle
Dans ce temps devenu muet.
Alors, quand chaque instant me tord
L'éloignant de ma vie intruse,
Elle fait du silence un tort
En attendant que la mort m'use...
Jusqu’à l’amour - qui sait ? Peut-être,
Qu'elle aura un cœur, elle aussi,
Ce fol espoir de pouvoir être
Juste un instant au paradis.
J'en ressens encore la braise
Enflammée dans chaque tourment,
Perçoit-elle encore le malaise
Du doux mal qu’on souffre en aimant ?
Et en robe blanche, elle fut la danse
Traçant le chemin au cœur de mes cieux.
Elle apparut souriante à mes yeux
Comme un air charmant teinté d'innocence.
Elle alla, vint, revint, s’assit, parla,
Légère et grave, ironique, attendrie :
Ce fut le temps d'un temps sa mélodie
Comme un joyeux reflet de tout cela ;
Elle jouait dans le ciel, assoupie,
Le chant d'un amour, elle offrait l'instant
En bouquets de fleurs en entremêlant
Dans les bleus sa vie encore meurtrie.
Je n'eus pas le temps de saisir l'avant,
D'attraper l'envie qui fut effacée...
Loin de tout conte est morte cette fée
Que depuis lors je supplie en tremblant.