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1. Entre deux regards
  

En premier, j'ai regardé le ciel. Il avait ce bleu profond qui ne trompe pas. Il y avait ce désir insoumis que je ne connaissais pas. Il y avait ce brin de folie qui ne s'oublie pas. Et il y avait autre chose.
De sombre. De noir. D'ardent.
Un feu bouillonnant.
Il y avait sa main sur le chemin. Je l'ai prise. Elle m'a reconnu. Elle a ouvert les portes une à une. Et je l'ai laissée faire comme si le bonheur était là. Et il y était.
Il y avait ce soleil. Je l'ai retenu dans mes yeux. Il m'a brûlé, comme on brûle un animal pour le tatouer et s'assurer de le posséder. Et je l'ai laissée faire comme si le bonheur était là. Et il y était.
Il y avait ce nuage. Je l'ai observé de loin. Il a retenu toute la rage, comme si l'orage n'était jamais loin. Et je l'ai laissée faire comme si le bonheur était là. Et il y était.
Et puis, il y a eu cette nuit, comme celle où le jour s'enfuit, comme celle où l'étoile meurt, comme celle où le temps s'éteint. Et je l'ai laissée faire comme si le bonheur s'en allait. Et elle est partie.
En dernier, j'ai regardé le ciel. Il n'avait plus de fond autre que ce noir persistant. Il n'y avait rien que je connaissais, si ce n'est le temps.

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Prisonnier

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