
A la porte
Il n’y a pas de paradis.
C’est ainsi que tu l’as écrit. Je te parle comme si tu étais un ami alors que je ne te connais pas, alors que tu ne me connais pas.
Il n’y a pas de paradis.
C’est ainsi que je le vis. Peut-être qu’un jour on y a cru, peut-être qu’un jour on y était ?… Je ne sais pas si on le sait.
Il n’y a pas de paradis.
C’est ainsi que je le vois. J’ai regardé la terre, j’ai regardé le ciel, il y avait une étoile… Peut-être était-ce un phare ?
Il n’y a pas de paradis.
Et alors ! J’ai bien le droit de croire ce que je veux après tout.
Ce n’est pas toi qui me contrediras. Tu ne parles plus et tu n’écris pas.
Tu es je ne sais où, quelque part là-bas dans un horizon un peu flou.
Ce n’est pas toi qui me contrediras, la mort t’a pris dans mes bras, l’amour est parti avec toi…
Peut-être es-tu au paradis ?
Enfin, s’il y en a un…
Je crois que je t’ai rencontré un jour…
Je rois que je l’avais trouvé ce jour…
D'où vient le chemin ?
Où conduit-il?
Je l'ignore.
Première pierre
A l'aube était le silence, comme une pierre.
Le jour n'était pas érigé sauf peut-être une larme,
Un sourire perdu dans le quotidien.
Le monde n'est jamais parfait,
L'absence est pesante
Et le silence devient vite la nuit.
Suffisait-il d'un mot, d'un pas,
Pour que le chemin naisse ici ?
Ici-bas
Les mots sont comme les pierres,
Ils épousent les rires et les larmes
Et chacun d'eux retient
Sous sa parure une vérité.
Là, dans les journées brûlantes,
Ils raisonnent sans bruit
Et s'efforcent de naître
Quand s'acharne la détresse.
Devant nous
Au raz du gazon, à même les herbes tendres,
Les pensées abondent d'autant de couleurs
Qu'imagine le monde. D'un simple sourire,
Pousse le désir, d'un simple sourire
Apparaît dans la prairie, la force
D'un chemin qui se glisse sous nos pas.
Peut-on marier amour et vaillance ?
Marchant depuis longtemps,
je le poursuis.
Un temps
Bonjour le jour. Le bon est partout.
Le mal aussi, tu le sais.
Mais le bon est si bon que le mal
S'oublie. C'est toujours pareil.
C'est toujours différent.
C’est toujours vrai.
Et c’est vain aussi.
Alors le bien persévère
Face au mal qui s’exaspère...
Et le temps là-dedans ?
Il va briller, il va s'éteindre,
Il va s’inscrire en nous
D'une façon irrémédiable,
D'une façon indescriptible,
Il sera perdu, il sera ravi...
Croisement
Attrape la gaieté,
Attrape le pour,
Attrape la suite...
Le commencement
Est une flamme radieuse
Aux temps changeants.
C'est le jour qui pétille...
C'est la nuit qui scintille...
Et la joie par-dessus,
Et l’amour en brindilles
Qui afflue, qui sautille...
Et le soleil en tant de perles
Et la chaleur jamais atteinte...
Attrape ce feu irréversible.
Suite
Le temps est vaincu.
La lumière est blanche.
Elle est enfouie en nous
De ses couleurs vives.
Le bon est dans la pluie,
Dans cette pluie sourde,
Dans cette pluie lointaine,
Dans cette eau écumeuse.
Tout est là, en nous.
Ça nous prend aux tripes.
Ça nous prend partout.
Ça nous chavire.
Ça nous retourne
Et c'est bon malgré tout.
Partirais-je si je n'avais reçu un appel ?
C'est un mot
C’est un mot
C’est une base
C’est une idée
C’est cent pensées
C’est un mot
C’est un peu plus
C’est une histoire
C’est de le vouloir
C'est sans attendre
Nous sommes que ce que nous sommes
Nous sommes aujourd'hui et déjà demain
Je le crois, tu le crois ou presque.
C'est un être
C’est un être
C’est un peut-être
C’est un devenir
Peut-être, un avenir.
C'est ce que nos corps ont de vrais.
C'est ce que nos cœurs ont de juste.
C'est une façon de vivre
Hors de ce que l'on est
C'est une vertu
Sans fin
Parce que tout cela est la vie
Parce que c'est simplement nous.
C'est vivre
C’est toujours un peu plus.
C'est toujours être plus.
C’est encore être mieux.
C’est extrêmement être ensemble.
C'est être autrement.
C'est être vivant. C'est ce que l'on peut être.
Mais le sait-on ?
Est-ce que l'on sait vivre ?
Tout arrêt sur le chemin
ne peut être qu'une porte.
En chemin
Tu es là couchée, le soleil est debout.
Tout est à l'arrêt et le chemin se tait.
Loin est le temps.
Sous le feuillage épais,
La vie s'écoule
Tendre comme le ciel.
La brume va se disperser,
Je le lis dans tes yeux.
Mai tombe en octobre...
La vie est pressée et présente.
Je sens ton cœur tendu,
Qui bat, qui bat
Qui bat encore dans le jour
Qui s'enfouit, qui s'allonge...
A l'arrêt
La lumière est,
La lumière chante
Et j'écoute son silence.
Il fait frais
Et ma poitrine se serre et se libère.
La vie est là,
Peu commune.
Je la sens remonter le long de mes bras.
Je la vois s'épanouir
Comme un soleil planté devant moi.
La joie est pure, le bonheur sûr.
Sous ce ciel radieux,
Une larme est passée.
La nuit peut tomber.
Je sais que parfois le jour pleure...
A la porte
La forêt est accueillante.
La bergerie est ouverte
Et le chemin s'est arrêté.
Il ne nous faut aucun temps
Pour trouver le temps.
La vie est belle
Quand il cesse, qu'il nous brûle,
Que notre sang se répand
Sous le ciel,
Que le soleil nous prend,
Qu'il nous mène là où nous ne le pensions pas.
C'est la vertu des cœurs
De rendre le temps étrange.
A la porte, notre cœur bat encore.
Est-ce le jour, est-ce l'amour qui jouent ?
Et si je n'avais l'assurance d'être attendu ?
Sans attendre
Seconde après seconde,
Nos amours sont plus longues.
Les heures ne savent être
Que ce que l'on veut bien être.
Nos cœurs tournent encore
Comme les aiguilles dans le miroir.
L'instant ne nous accuse plus,
Nous avons vaincu l'infranchissable.
Pas à pas
Pas à pas, dans tes bras,
De toujours à encore,
Nos aurores bien aimées
Donnent aux jours ce neuf
Des désirs accomplis.
Rien d'interdit,
L'instant n'a pas de raison
De refuser l'envie.
Aux Temps
Seule l'étoile inaccessible
Résiste aux secondes trop longues.
L'une après l'autre,
Elles regardent se remplir
Nos jours et nos yeux
Offrant aux matins
Ce que nous n'aurions pu
Envisager dans nos vies recluses.
L'expression d'une espérance obstinée est celle d'un homme guidé par une étoile.
Espérance
Je t'aime sous l'orage et dans la vie.
Ce n'est pas une promesse, c'est ainsi.
Ce n'est pas une promesse, c'est le vent.
Et je le poursuis dans ta vie.
L'espérance est si douce
Obstination
Les jours printaniers de l'automne
S'écoulent dans le vent du temps.
Cent mots, cent voix, cent choix,
Et si on poursuivait le vent ?
Le temps fait ce qui lui plaît.
Expression
L'étoile sourit en passant.
Jamais elle n'oubliera
Celle qui poursuivait le temps,
Celle qui poursuivait le vent...
La vie est si douce si on lui permet.
La beauté de l'amour est
qu'aucune promesse ne le garantit.
En présence
En présence de tes bras
Se dessinent le jour
La promesse d'une nuit
Peut être celle d'un amour
La richesse des silences
Auréole nos yeux
Et nos cœurs secrets
Allongée, tu t'efforces
Dans ce matin lent
De créer la lueur d'un sourire
Sans certitude et tu t'imagines
Déjà comme un souvenir, celui obstiné,
De ce coin de paradis
Celui d'une blessure merveilleuse.
En l'absence
En l'absence de tes bras
Je rêve des jours
Des années peut-être,
A l'ombre de ton regard
Je rêve toujours
Des richesses divines
Obscurcis par le vent
Difficiles à contenir.
Figé par le temps
Les jours s'allongent
Dans les lueurs du matin
Dans les fragilités du quotidien
Mais j'écoute le vent
Il porte dans ce coin
La droiture heureuse
En revenant
En revenant de nos instants
Tellement insuffisants,
Je ne suis qu'un homme en somme
Malhabile, imprudent
Entre si peu et toujours
Dont les richesses sont ailleurs
Dans ce cœur vieillissant
Dans ce cœur difficile.
Le clapotis du temps
Allonge maintenant les secondes
Nous sommes si loin déjà
Emportés par la folie quotidienne
Et je reste cet homme planté là
Dans la beauté inavouable
Et la blessure d'une promesse latente.
Le sort consiste à appeler sans attendre de réponse, à marcher sans apercevoir de but, à écrire à l'infini.
Sans but
Dans le jour et la nuit
Dans la seconde et l'infini
Dans ta main et
Dans la mienne
Dans l'instant qui réunit
Dans le désir et son envie
Dans la lumière que je prie
Dans un seul ciel et sa vérité
Dans le présent et sans futur
L'amour se prend et se cache
Ecrire
Un regard pour lapider le temps
Un sourire pour sortir de l'aire froide,
Un mouvement pour s'habituer
Une illusion pour tuer le mal
Un rien tout en silences,
Un mot pour tenter la gloire
Des lèvres pour capter la lumière,
Une larme pour nier le désert
Un rire pour le plaisir
Dis-moi encore
Infini
Le temps n'a pas de fronde
Sa glaise est lourde
Mais la vie connait le bien
Si tu sais où est le mal
Sur nos épaules le silence,
Rit de dérision des raisons
Qui font danser la lumière,
Et c'est sans peine, et c'est sans larmes,
Que je bois toujours ton eau à ta fontaine
Si l'amour existe il n'a pas de fin
La seule récompense possible est
la satisfaction fondamentale.
Infusion
Peau à peau, l'espace est si mince
La brûlure intense, l'harmonie terrible
Si près, si lointain
Le désir est aigu
Juste sur tes lèvres, mes lèvres
À la recherche évidente
Aux confins de ton ventre
Dans ta bouche l'attente
Le corps serré contre le mien
Nos amours secrètes
S'immiscent entre les arbres
Le temps n'a qu'une parole
Effusion
Dans l'anfractuosité fragile
Le parcours se trace
Dans les grains de ton souffle
Tes yeux clos inventent la nuit.
Il faudrait que tu caches
Ces flots doux et reconnus,
Dans ces caresses retenues
Serrées aux bords des rivages
Serrées au fort de l'instant
Ce désir est comme un ordre
L'horizon commence à luire
Aussi fragile qu'un poème.
Soûl désir
Si mince l’instant, si frêle bonheur
Le cœur brûlant s'enivre de tout
De tous les mouvements de tant de fragments
Le jour s'harmonise et se grise d'amour
Le jour ses blessures et ses appels à la nuit.
Les mains ambiguës aux caresses d'argent
Tracent d'évidentes folies sur tes courbes offertes
Et ce ventre et son antre sont source d'une liqueur
Qui s’invite dans ma bouche sur ma langue
Et ces grains de douceurs que caressent ma main
Imposent à tes lèvres cette moue des amours secrètes
Ensemble nous buvons cet alcool d'un paradis,
Sans paroles
Il y a tant de paradis.
A la fenêtre
Quand les jours s'aimaient
De rêves et de poussière.
Les nuits même sans lune,
Avaient ce rien d'extraordinaire
Sous les pierres et le soleil
La pluie avait ce reste de sommeil
Que dans nos rêves on emportait
J'aimais ces états d'âme
J'aimais ta frange volubile
Et tous nos gestes manqués.
Et dans cette baraque de bois
Flambait un bout de nous
Et nous ouvraient les fenêtres
D'un paradis recommençant à chaque fois.
Infini
Tant de temps
D'amour et d'éveil
Le jour sans fond
La nuit partie
Du soleil d'hier,
De la suie dans l'âtre
Je rêve que tu rêves
A côté de mon âme
Que nos corps mêlés
Ne peuvent se manquer.
La baraque est à nous
L'extérieur s'empoisonne
Les fenêtres sont closes
Et le temps recommence.
Nous
Tant de paradis
Tant d'amour
Tant de jours
Nous n'avons rien emporté.
Le soleil est à l'intérieur
Le reste peut s'oublier
Je t'emporte tu me portes
On s'aime et rien d'autre
Que nos pensées mêlées
Sans aucun acte manqué.
La baraque foisonne d'idées.
Et nos corps y flambent.
Les fenêtres grandes ouvertes
Une femme, un homme, entre le rêve.
Le terme du chemin est
le chemin lui-même.
L'arrêt
Aucun bruit,
Juste la pluie qui s'ébroue
On ne peut que se taire,
Peut-être
Un mot
Ou un autre autre,
Le grain de ta peau
Un grain de folie
Pour croire en nous
Pour croire en nos jours
Aucun bruit,
Le silence
Et dans notre oreille
Ce battement d’ailes
L’entrée
Ne rien faire
Ne pas supplier
Ne rien faire
Pour ne pas oublier
La baraque construite
Par l'un et par l'autre,
Nous offre d'entrer
Pour continuer le chemin
Pour le réinventer
Pour le rêver
Sans bruit,
Juste pour capter son énergie
Pour se mettre en éveil
À grands coups de soleil
Le chemin
Un bruit,
Qui se clame,
Seulement pour nous
Pour nous rassurer
Le chemin est de mots
De couleurs et d'autres
De grains de beauté
De grains de poussière,
De trous et de montagnes
De sensations imprenables
Et dans ce courant
Et dans ce silence
Si on tend l'oreille
Inutile de le dire, nous sommes le chemin
.