
Dessein
Il y a un beau soleil cet après-midi
Dans la forêt
Et étincelant dans mes yeux deux tout petits
Feux follets
Il y a un beau soleil en ce doux chemin
Sur le crêt
S'imagine au bout de mes doigts un beau dessein
Et après ?
Inspiré de « Il y a de beaux dessins » de Pierre-Albert Birot
Un trait
un tout petit baiser
posé sur tes lèvres
uniquement pour voir le soleil sourire
Rêve rêve
Tu as rêvé de la terre
J'ai rêvé du ciel
Tu as rêvé d'un mont
J'ai rêvé d'un soleil
Tu as rêvé d'un avion
J'ai rêvé un envol
Tu as rêvé d'un autre paradis
J'ai rêvé de toi
dans tous les sens
Lucie
Lucifer
un amour
un enfer
un toujours
un travers
à l'endroit
à l'envers
tu es belle
que faire ?
A tort ou à raison
Par négligence ou par raison,
L'amour n'aurait qu'une maison ;
Une maison pleine d'amour ?
Une raison sans un toujours
Par négligence ou par raison,
L'amour n'aurait qu'une saison ;
Une saison remplie d'amour ?
Une raison comme un toujours...
A tort ou à raison,
L'amour a ses raisons.
J'attends chaque saison
Où nous nous aimerons.
Amour rare
Qui aimera rêvera
Qui cheminera vivra
Qui parlera sourira
Qui caressera saura
Qui te touchera sera
Qui rêvera aimera
Je sais que tu ne sais pas
Que l'amour est dans tes bras
Des mots
On se disait des mots doux,
On a oublié
La vie.
La vie nous a rattrapés,
écrasés,
effacés.
Nous ne l'avons pas changée.
Nous n'avons pas changé.
Rattrapés,
Ecrasés,
Effacés,
Nous nous sommes oubliés.
La vie
Nous a oubliés
En nous disant des mots durs.
juste
juste une caresse
posée sur ta joue
un peu de tendresse
un petit mot doux
juste sur ta joue
pour que la pluie cesse
Toi et moi
Je te donne un baiser
Un délicieux baiser
Sur tes lèvres discrètes
Sont des amours secrètes
Je t'offre une caresse
Une tendre caresse
Sur cette soie de toi
Est l'infini de moi
Puzzle
une pièce
pour tes yeux
une pièce
pour ton rire
une pièce
pour tes bras
une pièce
pour tes seins
une pièce
pour ton cœur
une pièce
pour le mien
un puzzle
pour te dire
que je t'aime
que je t'aime
Et la lumière
Le soleil avant l'orage
La beauté avant la rage
Et la lumière m'emplit
De son silence subit
Le désir qui nous caresse
De fureur et de tendresse
Et la lumière se bat
Dans la folie qui s'abat
Le soleil avant la lune
Qui se cache sous la dune
Et la lumière s'enfuit
Dans la douceur de la nuit
Aube
Tu dors
Un léger rayon
Effleure ton épaule
Il glisse lentement
Sur la courbe de ton sein
Et mes lèvres
L'accompagnent
Pour que s'éveille
La lumière
Licornes
Ta sœur est princesse
Aimant le désir
Aimant le plaisir
Les folles caresses
Des douces licornes
Les yeux dans le ciel
En goûtant le miel
Dépassant les bornes
Ses lèvres offertes
Et la bouche ouverte
Elle est une fée
Et toi ?
Le désespoir de l'arbre nu
Le ciel est gris. Le ciel est sombre.
Il pleure
Inondant l'arbre de son ombre.
Sans un regard, dans le silence,
Il sombre
En présence de son absence.
Il aperçoit dans chaque goutte
L'essence
De chaque mot, de chaque doute.
La vérité et le mensonge
Se foutent
De quelques-uns de ses vieux songes.
En attendant sa dernière heure,
Il plonge
Sans un espoir. L'arbre nu pleure.
Du songe
Du songe, il reste la beauté
Invisible, comme en sommeil,
Une seconde à la durée
Interminable. Sans savoir,
Le songe englobe le miracle
Mêlant et la nuit et le sang
Dans la noirceur, dans la clarté
Insoutenables. Sans pudeur,
Tu songes à ce que la nuit
Jouit de douceur, de chaleur,
Insensible au noir des caresses
Et à la blancheur des promesses.
Entièrement femme
-
En réponse à
« Homme de quart homme de demi »
de Benjamin Péret
Mystère d'une femme entièrement
Comment expliquer l'inexplicable
Une femme simple normale
Un mystère
Comment dessiner l'indéfinissable
Une femme ses traits ses courbes
Un mystère
Comment imaginer l'insondable
Une femme son amour son âme
Un mystère
Le ciel
Ronds d'eau de pluie
Le temps a laissé le chemin.
Il en a oublié la pluie
Jusqu'à en perdre son envie
Dans l'impossible lendemain.
De chaque goutte sans refrain
Reste un nuage qui s'ennuie,
Le temps a laissé le chemin.
Aujourd'hui, hier ou demain,
Quel sera le jour où la vie
Trouvera la goutte de pluie
Egarée au cœur de ta main ?
Le temps a laissé le chemin.
Inspiré de "Rondeau" de Charles d'Orléans
Assis sous la lune
Assis sous la lune
Je regarde le temps qui s'efface
Bleu dans tes yeux qui se closent
Jaune de l'inaccessible étoile
Noir du ciel définitivement absent
Et la pluie, la pluie infinie
Tombe comme une folle envie
Sur la terre d'un désir inassouvi
Je regarde le temps qui s'efface
En l'espace d'un instant
Et ton ombre qui se noie
Dans les ombres sombres
D'un vieux chemin
Inspiré de Denis Jallais
La différence
Qui es-tu à jamais ?
Quelle personne ?
Là, perdu dans l'air frais,
Tu sais, résonne
Ce qui n'était qu'amour,
Cette envie folle
D'embrasser nuit et jour
Ta vraie parole.
Où se posent tes yeux ?
Et ta poitrine ?
L'instant voluptueux,
Touche divine
Dans mon esprit, vient, part,
Fore et dévore
Le temps de part en part !
Plus fort encore...
Que deviennent nos pas ?
Et nos « je t'aime » ?
Là, déposés si bas,
Tout à l'extrême,
Si loin du paradis,
C'est leur essence
Qui est morte. Voici
L'indifférence !
Inspiré de « Je suis plus pauvre que jamais » de Paul Verlaine
Il pleut
Il pleut Averse
Douce pluie
Gouttes d'eau
Sur ta peau verse
L'eau de pluie
Perméable
Gazouille
Chatouille l'eau
Agréable
Et humide
De goutte
En goutte
Mouille tes cheveux
Sur ma peau Heureux
Il pleut Il pleut cette pluie
Cette averse de pluie
Il pleut Il pleut à verse
Sur ton corps parapluie
Inspiré de « Il pleut » de Raymond Queneau
Sept pluies
I
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l l l l p l
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p p p p e p I
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[Sept pluies
Il pleut ; la brume est épaisse
Il pleut une voix de femme
Il pleut dans mon cœur
Il pleut — c’est merveilleux
Il pleut Averse averse averse averse
Il pleut du bleu doux sur ma peau
Il pleut ton ciel bleu ]
Hommage à Victor Hugo, Guillaume Apollinaire, Paul Verlaine, Francis Carco, Raymond Queneau, Maurice Carême et Marcel Proust.
Aurores
Matin criminel,
Se transforme le ciel
En une grande alcôve ;
La lune est un fauve.
Je ne suis que celui
Qui crois aujourd'hui
Que l'amour soulage
La douleur sauvage.
Ton cœur s'alourdit.
Se défait notre lit,
Sa douce atmosphère
Est là à le refaire.
Ce n'est que le temps
Où souffle le vent
Dans toutes les rues
Maintenant sans issues.
Au bout du chemin,
S'efface ta main,
S'efface ta frange
Que le passé mange.
Dans mon cœur gonflé,
Dans mon être enflé,
Restent les délices
Des instants complices,
De ces temps ici,
De ces temps aussi,
De notre grande messe
Où tu étais maîtresse.
Je vis en ces moments
Quelques rugissements
Où les amours se hissent
Quand les nuits se finissent.
Cela n'est pas commun
Qu'un et un ne soient qu'un.
L'aurore est parfumée...
Tu le sais, mon aimée :
Je suis cet inconnu
Qui n'est jamais venu !
Inspiré de « Le crépuscule du soir » de Charles Baudelaire
Au-dessus de moi
Il n'y a qu'un toit,
Si bleu, si calme,
Un endroit étroit,
Si doux qu'il calme.
C'est ce que l'on croit,
Tendre complainte,
Qui est notre droit,
Une autre empreinte.
Mais la vie est là,
Folle et tranquille,
Tout simplement là
Tel un asile.
D'un baiser, voilà,
Aimant sans cesse,
Sur cette voie-là,
Je le caresse...
Inspiré de « Le ciel est par-dessus le toit » de Paul Verlaine
Soleil couchant
Une petite lueur d'espoir
Dans le silence du soir
Je regarde ton absence
Dans les yeux de ton innocence
A côté
Je suis à côté
De toi. C'est si bête.
Un peu dans ta tête,
Un peu à côté.
Je suis, j'ai été
Un mot de poète,
Un peut-être en quête,
D'un peu de beauté.
Et toi, tu es femme,
La sorte de flamme
Entre bien et mal
A côté des choses,
L'instant anormal
Du bleu que tu oses !
Instantané
Des verts, des verts,
Des sombres et des clairs,
La montagne,
Entre noirs et lumières,
Mélange les teintes éphémères
D'un simple rayon de soleil
Découpant le ciel gris...
voyage
ma montagne
de gris et de froid
le chemin
dans le vieux matin
pierres noires
l'une derrière l'autre
sombres branches
sans joie et sans feuilles
la montée
l'automne en silence
au sommet
la chanson du vent
puis au loin
un immense ciel
une vague blanche
et je rêve
Ascension
Valtournenche,
Un rêve d'enfant,
Ce pic pyramidal
Me rappelle le passé...
Le col Théodule m'emmène
Sous l’imposante
Et labyrinthique
Face sud. Quelle puissance !
Au-dessus, un autre col.
Les crampons, la neige dure,
La forte pente vertigineuse...
Je regarde vers le refuge.
L’arête du Lion,
Mon souffle est court,
La verticalité me hisse
Suspendu dans le vide.
Trop de glace, trop de neige,
Je souffre jusqu'à la crête,
Sa croix de fer forgée
Plantée au milieu du ciel.
Lucide
Pas vu et pas pris
Cachant sa beauté
La subtilité
Dans le temps épris
Pas vu et pas pris
Être à mi-chemin
En cherchant le prix
De donner sa main
Pas vu incompris
Entre les esprits
Ouverts sur demain
Pas vu et pas pris
Le bien-être acquis
Mon cœur en ton sein
Un instant banal
Et se noie l'amour
Surpris au grand jour
Triomphe le mal
Inspiré de « Le Sylphe » de Paul Valery et de
« La Sylphide » de Filippo Taglioni
Amour d'automne
Je suis fou, tu es folle !
Regarde le ciel clair
Dans nos cœurs à l'envers,
Il n'a qu'une parole.
Tu es air, je suis terre !
L'étoile dans la nuit
Regorge du mystère
Où serpente le fruit
Un temps, juste un instant,
Lorsque ton cœur m'étonne.
Nous savons qu'à présent
L'amour est notre automne.
Inspiré de « Joie de printemps » de Lucie Delarue-Mardrus
Ombre(s)
Coulent les larmes de pluie,
Sur tout notre temps qui passe.
Elles brûlent et effacent
Un à un nos jours et nos nuits.
Sombre sous notre chapelle
Leur onde sourde et bruyante
Qui forme des ruisseaux noirs
Au cœur de nos ombres frêles.
J'entends leurs mots qui m'appellent,
Ce sont des gouttes d'espoir
Qui glissent suivant tes pas
Sans que je sache pourquoi.
Dans le vent du réverbère,
Se noient des formes de toi.
Il n'y a aucun mystère,
Tu retournes sur tes pas...
Je ne sais qui tu peux être.
Je reste en t'attendant là
Sans pouvoir te reconnaître.
Qui étais-tu autrefois ?
Coulent les larmes parfois,
Dans l'ombre de cette pluie,
Te dessinant pas à pas.
Ton ombre n'est que ma pluie
Et je te sens contre moi...
Inspiré de « Ton ombre » de Francis Carco
avec toi tout peut changer
un instant simple
unique
et pourtant
identique à chaque instant
un instant simple
spécial
et pourtant
similaire à tant d'instants
un simple instant
contraire
et pourtant
pareil à d'autres instants
un simple instant
osé
et pourtant
beau comme aucun autre instant
tu es là
Aucun
Aucun amour ne tremble sous le vent
Même quand les mots claquent.
Les larmes ne sont que des flaques.
Aucun amour ne vole sous le vent
Seuls les mots se dispersent
Lorsque tu veux qu'ils se renversent.
Aucun amour, mon amour, ne décroît.
Même ton âme à nu
Trouve dans l'inconnu
L'unique vérité, l'unique choix.
Aucun amour ne s'écrit en silence,
Tu le sais et pourtant
S'est perdue l'innocence
Dans de la confiance et du vent.
Aucun amour ne nous traverse.
Le temps a doucement
Laisser pleuvoir à verse
Sans courage, ni volonté... Attends...
Inspiré de « Un arbre tremble sous le vent » de Francis Carco
Dernier mot…
As-tu lu un poème ?
As-tu compris que même
La vie n’a qu’un thème
Qui s’écrit encore :
« Je t’aime ! »