
C'ETAIT UNE BELLE HISTOIRE
Prologue
Le temps d’une histoire
Le temps est infatigable.
Il fait de l'amour un diable
Nous façonnant dissemblables.
Le temps nous rend pitoyables.
Il crée l'amour oubliable
Et le livre invraisemblable.
Le temps nous rend comme fous
En nous broyant sous ses coups,
Nous détruisant à genoux.
Le temps a planté le clou
De la corde à notre cou
Pendant que s'ouvrait le trou.
Le temps nous métamorphose
Liant épines de rose
Aux gris des pierres moroses.
L'amour n'est que cette chose
Qui remet le temps en cause
Avant que la mort n'éclose...
Bribes
Chanson pour moi
Dieu que la lune est ronde
Lorsque la nuit perfide
M'emporte dans son onde,
M'emporte dans le vide.
Sans le regard du monde,
Mon cœur n'est que livide.
Dieu que ronde est la lune
Lorsque le jour de braise
Découvre l'infortune,
Découvre le malaise.
L'envie inopportune
Rend nos amours de glaise.
Dieu, l'amour et la haine,
Ces épines de rose,
Sont des douleurs humaines,
Sont les valeurs des choses.
La lune à sa fontaine,
Tous mes doux mots explosent.
Elle choisit ma peine.
Autre Non !
Tu n'es pas qu'une femme.
Non, tu n'es pas que toi.
Tu n'étais pas pour moi :
Tu n'avais qu'une flamme.
Tu n'as pas de valeur.
Non, tu n'es qu'une étoile.
Tu n'as pas mis de voile :
Tu n'avais qu'un seul cœur.
Tu n'es pas que ton âme.
Non, tu n'as pas de foi.
Tu n'avais plus de loi :
Tu n'avais pas qu'un drame.
Tu n'as pas d'autre jour.
Non, tu n'es pas à l'heure.
Tu n'avais pas qu'un leurre :
Tu n'avais pas d'amour.
Tu n'as pas cru en moi.
Non, Tu n'as pas de terre.
Tu n'as pas vu de pierre :
Tu n'as pas cru en toi.
Ultime
(L'amour à jamais fatigué)
Serrés, sur le chemin fatigué,
Nous essayons d'être et de paraître.
Nous regardons l'avenir être
Sans être certains qu'il sera gai.
Nous enlacer est notre fortune,
Pourtant Eros n'a plus aucun arc.
Nous sommes là, plantés au cœur du parc,
Nous attendons dans le silence une
Sensation qui ne viendra pas, qu'on
Ne verra pas dans les nuages.
Nos cœurs sont-ils tendres et volages
Quand l'amour n'est qu'un faible flocon ?
Illogique
Qu'est-ce que tu dirais
Si un jour j'oubliais
L'amour du précipice ?
Qu'est-ce que tu ferais
Si un jour j'oubliais
Ce regard bleu complice ?
Mais t'aimer
Ne peut se blâmer,
Au fond du précipice.
Mais c'est toi
Qui posa ton doigt
Sur ma bouche complice.
Qu'est-ce que tu dirais
Si un jour j'oubliais
Ce qu'était le délice ?
Qu'est-ce que tu ferais
Si un jour j'oubliais
De l'amour le caprice ?
Assonance en silence
I
Une photographie
Dérobée par ici...
Quand l'as-tu su, Lucie ?
Ta mèche de cheveux
Attachée à nos jeux
Comme un trésor précieux...
Ta douce voix riante
Prise en un jour en pente
A ta personne absente...
Ce délicat dessin
La montagne en chemin
Dessinée de ta main...
Il me manque l'odeur
Le parfum, cette humeur
Attachés à ton cœur.
II
Au cœur de l'enveloppe,
Un mot se développe
Et tendrement galope.
Un petit mot en vrille,
Tout au fond du blanc brille
D'un amour qui m'étrille.
Ce n'est ni mal, ni bien.
Ce n'est qu'un petit rien.
Ce n'est qu'un petit lien.
Au fond de ce désordre,
Continue à se tordre
Le reste d'un vieil ordre...
Une petite étoile
Disparue sous le voile
Dans un pli de la toile...
III
L'espace d'une bulle,
Une bulle un peu nulle,
Devenue ridicule...
Un sursaut de mémoire,
Ce fragment de l'histoire
Derrière la porte noire...
Tout ça dans le silence,
Le vide et puis l'absence
D'un amour en vacance.
Est-ce là le bonheur ?
Est-ce là le malheur ?
Est-ce là tout ton cœur ?
Dans le blanc de la nuit,
Un petit bout d'envie
Se souvient de la vie :
Une photographie.
Au bord de la lune
Au bord de l'aquarium, solitaire,
Erre un petit bout de nous, de toi...
Moi, assis, je crois avoir la foi.
Toi, tu regardes la boule en verre.
Les yeux en l'air, le temps de se taire,
Erre ce bout de nous un peu coi.
Toi, pensive, tu reviens vers moi.
Moi, je m'enferre dans ce mystère.
Pourquoi le ciel n'est-il pas à moi ?
Toi, regardes-tu toujours la terre ?
J’erre, je n'ai plus aucun repère.
Mère, la lune s'enfuit sans moi !
Le plus cher
Dis, est-ce que l'amour est cher ?
De cet instant à l'aise,
Seuls au bord de la falaise,
Gardes-tu un goût amer ?
L'amour est-il un caprice ?
Dis ce que c'était pour toi.
N'était-ce qu'un simple émoi
Ou n'était-ce que du vice ?
Dis, l'amour est-il trop beau ?
De l'avion dans le nuage,
Ne reste-t-il que la cage
Plantée au cœur du tableau ?
L'amour est-il une joie ?
Est-ce que dans ton esprit
Tout n'est que question de prix :
Être chasseur ou bien proie ?
Dis, l'amour est-il fortune ?
Aurait-il une grandeur
Où la peur est sa valeur ?
La douleur n'est pas commune.
Pour un homme et une femme,
Qu'est-ce qui est le plus cher ?
La faiblesse de la chair
Ou la faiblesse de l'âme ?
La peur
Le diable était présent.
Cachée et effrayée,
- Pourquoi, mon Dieu ? -
Elle craignait l'instant
Qui, sa vie dévoilée,
Serait odieux.
Les désirs infinis
Se mélangeaient sans doute
A cette chair,
Ces bouts de paradis
Clairsemés sur la route.
Que l'être cher
Soit ce triste passant
Dévoré par les ombres
Lui importait
Bien peu finalement.
Elle recomptait les nombres
Ceux à jamais
Effacés par le ciel.
Elle attendait le pire,
Ou le meilleur,
Glacée sous le soleil
Sans le moindre mot dire.
Dieu que la peur
Soit ainsi sa valeur
Dans ses moments intimes,
C'est effrayant !
Dieu, pourtant dans son cœur
Est la flamme sublime.
Comme une enfant,
Ses yeux bleus grands ouverts,
Elle voit dans son ventre
L'éternité.
Quand son regard se perd,
L'amour posé au centre,
Sa liberté
N'est jamais aussi haute
Que la montagne en feu.
Jamais en faute,
Elle craint encor Dieu !
L'amour est sagesse
(De Dieu à la bête)
L'amour est sagesse…
Je crois que c'était
Ecrit et j'aimais
Ces mots de promesse...
N'y a-t-il pas pire
Poète que celui
Qui ne savait pas lire
Le jour dans la nuit ?
J'attends sans penser
La sagesse des autres.
L'amour est-il nôtre
Ou qu'un autre baiser ?
Je ne sais ce qu'est
L'amour dans ton idée.
Peut-être la pensée
Que ce n'était jamais ?
L'amour serait divin
Si le ciel était rose.
Ce Dieu qui nous oppose
Est le diable à la fin.
Mondes assonants
Dans les émotions normales
Glisse un bout de notre cœur.
Est-ce bien ou est-ce mal ?
Tant que ce n'est pas un leurre,
L'amour se vit comme tel.
Il construit un nouveau monde
Telle une vie irréelle...
Pourtant, nous tournons en rond !
L'amour est hypocrisie
Lorsque le verbe est amer.
Je connais le mot choisi.
Le plus cher est-il sincère ?
La vie parfois nous reprend
La faible essence divine.
L'amour n'est jamais à rendre
Même au plus profond du spleen.
Un mot trahit et dénonce
Cet amour à glorifier.
Depuis l'enfer, hic et nunc,
J'écoute ton âme fière !
Amour sans rimes
(Jusqu'où l'Amour est-il grand ?)
Que sont les mots au bout de ta plume ?
Sont-ils de boue ou encor d'argent ?
Ces mots nous disent ce que nous fûmes :
Amoureux sous le nez de ces gens.
L'amour est dans les actes à faire.
Sur les chemins divers, le tic-tac
Du temps se distend. Sévère, austère,
Il se perd dans l'atmosphère en vrac
Et dans les restes d'un peu-importe.
Errant entre toujours et jamais,
Les mots survivent même à la mort.
Est-ce que le grand Amour t'effraye ?
Sensibilité
Tout au fond de tes entrailles, nos enfants !
Pourquoi ? Pourquoi n'avons-nous pas été braves ?
Dis, pourquoi n'avons-nous pas été confiants ?
S'aimer, mon amour, sont-ils des mots si graves ?
Ces mots, tous ces mots continuent de pleurer
En passant, repassant sur la plaie vive.
Inlassablement, ils continuent d'errer
Cherchant, perdus, reperdus sur l'autre rive.
Au loin, ils ne sont que de noirs revenants
Qui s'exposent sur la blancheur du cadavre.
Au loin, entre les torts, les désagréments,
Ils noient, noient tant de fois, ce cœur qui se navre.
Tout au fond de tes entrailles est ce point,
Ce point final plus dur que toutes les balles.
Dans mon ventre et dans mon cœur, ce coup de poing,
Cette douleur qui, durablement, s'installe.
Les mots, tous les mots continuent dégoûtés
A s'inscrire en faux dans tes creux de ma vie.
Le silence nous tue de sa vanité
Brisant à chaque pas l'idée de survie.
Tout au fond de tes entrailles est ma vie.
Honte
Honte quand l'amour se blâme,
Qu'il se perd dans ses yeux clairs,
Qu'il meurt sur son corps de femme.
N'était-ce que de la chair ?
Honte quand l'amour se tait,
Qu'il se cache aux yeux des autres,
Que le bon n'est que mauvais.
Croit-elle qu'il était nôtre ?
Honte quand l'amour est brouillard,
Qu'il n'est pas une idée, même
Plus cette ombre d'un hasard.
Puis-je dire qu'elle m'aime ?
Exquisement
L'ensoleillement de mes pas dans tes pas
M'emmena tout autour de notre monde.
Nous étions là dans la forêt profonde
Lorsque l'idée du bonheur éclata.
La vitesse de l'instant déplorable
Fit que, désolée, tu te mis à ta-
Ble. En quelques mots, il nous effaça.
Que la violence est parfois admirable !
Ainsi partit au loin l'exquis du cœur
Laissant au chemin l'unique vainqueur.
Dieu que la peur est une valeur grise !
La souffrance a quelque chose de subtil
Que la douleur du temps nous rend exquise-
Ment. Quel sentiment que d'être gentil !
Confiance en la promesse
J'avais confiance en ce soir,
Maintenant que j'y repense.
J'avais confiance en la danse
De l'amour et de l'espoir.
J'avais confiance en ce noir.
Maintenant que notre chance.
N'est plus qu'un souvenir rance,
Je reste sur le trottoir...
Confiance en ta certitude
De conserver la hauteur,
De vivre dans l'altitude.
Juste au bord du précipice,
J'ai perdu le sacrifice :
La confiance de ton cœur.
Fin
C’était une belle histoire
L'histoire se conte
et se raconte.
Elle a ses mots
et puis ses maux.
Elle est tendresse,
elle est caresse.
Elle est beauté
et pureté.
Elle est nuage,
sans aucun âge.
Elle est départ
et puis départ.
Elle est un conte
sans aucun compte.
Elle est le noir
venu un soir
C'était l'histoire,
la belle histoire.
Elle n'était
qu'un peu, jamais.
L'histoire se conte
et se raconte.
Elle a ses mots
et puis ses maux.