Lecteur, ce livre n'est pas pour toi !
Ce livre n'a pas de sens sans elle.
Que vas-tu comprendre de ma foi ?
Alors que je n'écris que pour celle
Qui a noyé le ciel dans ses yeux,
Qui a noyé sur terre ma vie,
Que vas-tu comprendre de ses dieux ?
Jette ces mots, jette ! Elle est partie !
Elle a laissé à la mer le port
Abandonnant tous ses bleus à l'âme.
Lecteur, crois-tu encore à la mort ?
Serait-elle de l'amour la femme ?
Ne lis que si tu connais l'envie
De croire un instant en l'utopie...
La pendule a sonné midi :
Deux cœurs s'enlacent sur la terre
Cherchant de l'Amour le mystère,
Là, entre enfer et paradis.
– Aujourd’hui, date fatidique,
Jeudi, seize, jeudi maudit,
Jeudi de ce ciel infini,
Jeudi de ma mort famélique,
L'instant où se perd dans les pleurs
Ton cœur avant de redescendre,
L'instant où l'Amour devient cendre,
Où tu en oublies ses valeurs.
Je n'ai pas vu partir ton ombre
Dans la bise sur le trottoir,
Je n'ai pas vu venir le noir
M'enveloppant dans la pénombre.
La pendule a sonné minuit,
Je ne savais pas que le crime
Pouvait être si légitime,
Que le jour deviendrait la nuit.
– Aujourd’hui, date symbolique,
Jeudi seize, jeudi perdu,
Jeudi de ce ciel inconnu,
Jeudi de ma mort alcoolique,
L'instant où se perd dans un mot
Mon cœur qui voit fuir la lumière,
L'instant où l'Amour n'est plus fière,
Où tu en deviens son bourreau.
Dès lors, sur nos chemins funèbres,
Tu me fais te lâcher la main
Et m'obliges chaque demain
A me cacher dans tes ténèbres !
I
Que m’importe que tu sois sage,
Je t'aime ! Je t'aime toujours !
Si les larmes sur ton visage
N'ont été dans ton paysage
Qu'un lointain orage de pleurs,
Je t’aime quand je sais la joie
Venir sur ton chemin pavé
D'espoirs où le malheur se noie,
Quand sur ton présent se déploie
Un bonheur tuant le passé.
Je t’aime quand ce bleu déverse
Quelque sentiment apaisant,
Quand cette tendre main les berce,
Juste en les caressant et perce
Un cauchemar agonisant.
Je t'aime, volupté divine,
Je sais qu'il est délicieux
De se poser sur ta poitrine,
De voir ton cœur qui s’illumine
Et de se sentir dans tes yeux !
II
Je sais que ton cœur fou regorge
De cet amour enraciné,
Qu'il est comme un petit grain d'orge
Tendrement posé sous ta gorge ;
Cette folie pour être aimée.
Je sais qu'au profond de ton rêve
Entre Paradis et Enfer,
Tu es à jamais cette élève
Songeant à tous les plaisirs d'Eve
Éprise de foudre et d'éther.
Je sais qu'il te reste la crainte,
D'un chemin où d'un plaisir doux
Se cache l'étonnante étreinte
D'une flamme à jamais éteinte.
Je sais que le temps tout dissout,
Que tu es redevenue reine,
Que tu n’aimes plus cet émoi
Et que ta vie en est plus saine.
Je t'aime sous la lune pleine
Et toujours, je ne vois que toi.