Faux amour
Visages
On n'entre pas par hasard
Écoute ton regard,
Je ressens son pouvoir.
J'en capte la rage,
J'en vis les orages.
Le lointain est divin,
Demain sans ta main.
Je prie ton esprit
Qui, lui, me maudit.
Plus de jours, ni d'heures,
Plus de temps, de bonheur,
Rien que ton regard
Qui part et repart…
​
​
​
​
Une femme
Un chemin
Dans la montagne
Un nuage qui s'accroche
Une goutte de pluie
Sur les lèvres serrées
Un rien de vent
Le chemin
Qui s'enfuit
Le jour
Et sa brume
Un coin de ciel bleu
On pourrait être heureux
Un chemin
Et puis rien
Qu'une femme
​
​
​
​
​
​
​
Bruits
Dans le creux
« Si la terre s'arrêtait de tourner »*
Si le jour aimait la nuit
Si l'homme lisait le temps
J'aurais su reconnaître le chemin
Dans le creux de ton ventre
La pâleur des instants d'automne
La fraîcheur d'un feu de bois
Les craquements d'un vent distant
La folie de cet instant
Dans le creux de ton ventre
Il ne suffisait pas d'un mot
Il ne suffisait pas d'un silence
Il ne régnait que l'impatience
D'imaginer une autre danse
Dans le creux de ton ventre
Déjà tout autour
Déjà à l'intérieur
Se délimitaient les contours
De ce qu'était notre langue
Dans le creux de ton oreille
​
​
​
​
​
Aller simple
Debout
Sur la quai de la gare
Mon regard s'égare
Dans un sourire
Dans un salut
Dans deux derniers mots
Et c'est le départ
Les phares s'éloignent
Les lumières s'éteignent
La nuit m'embrasse
Et m'en lace de froid
Derrière moi
M'attrape le passé
Une présence
Rythmée d'absences
Un voyage solitaire
Dans les ruines des mots
Rien qui saurait te retenir
Rien qui ne saurait revenir
​
​
​
​
​
Outre mère
Je me rappelle encore
La terre est une table
Où le ciel se repaît
La lumière douce
Doucement entre et se reflète
Le silence d'un sourire
Et celui d'un désir
Ne se cachent pas loin
La lumière lente
Lentement se fond et se délie
Le temps d'une seconde
Ou d'une minute au pire
Se prend et se détend
La lumière danse
Densément me ment et se ment
​
​
​
​
​
Nuit de toi
Nuit d'amour
Nuit d'un autre jour
À ciel ouvert
J'ai lu la pluie
J'ai pris le temps
Laissé le froid
Ouvert le toi
J'ai crié sans bruit
J'ai prié pour rien
Et puis pour tout
Dans ce silence
Où tu n'étais pas
​
​
​
​
​
Juste au bord
Suis-je si différent
Dans ce flot de silence
Où la tendresse n’a pas de place
Où le temps est de glace ?
Suis-je si malheureux
À chaque instant de l’absence ?
La vie ne serait qu’un jeu
Et je ne suis qu’un pion
Je songe peut-être trop
À cette infinité de passés
Aucun n’était le bon
Aucun sur mon chemin
Je crois que le rêve s’achève
Mais je ne sais s’il a commencé
Je suis resté sur le bord
Et je l’ai regardé passer
​
​
​
​
​
Voyage
J’attends
La seconde d’avant
Celle volée aux vents
Celle de tant de présents
Une autre dite en passant
Au bord de la mer
J’attends
Le jour du passé
Celui laissé en place
Celui parti en rêvant
Une autre fois encore
Au bord de la terre
J’attends
L’année qui reviendra
Celle qui n’a pas existé
Celle accrochée au cœur
Un chemin en flânant
Au bord du ciel
​
​
​
​
​
Mauvais jour, mauvaise nuit
Pour passer la nuit
Il suffit de regarder les étoiles
Qui passent
Qui s’effacent
Qui enlacent les nuages
Comme le ferait le froid
L’hiver
Je crois
Que mon cœur se vide
De toutes ses images
Du noir au noir
En passant par des éclats
De blancs
Violents
Je crois
Que chacun passera
Sans voix
Sans choix
Sans toi
Pour passer le jour
​
​
​
​
​
​
Mauvais jour, mauvaise nuit
Pour passer la nuit
Il suffit de regarder les étoiles
Qui passent
Qui s’effacent
Qui enlacent les nuages
Comme le ferait le froid
L’hiver
Je crois
Que mon cœur se vide
De toutes ses images
Du noir au noir
En passant par des éclats
De blancs
Violents
Je crois
Que chacun passera
Sans voix
Sans choix
Sans toi
Pour passer le jour
​
​
​
​
Hors-champ
La mer a disparu
Le ciel s'est en allé
La terre s'est aplatie
Un peu plus aujourd'hui
Plus d'horizon
Plus de saisons
Plus que l'espace
Un peu plus profond
Et ce chemin
Qui disparaît
Fallait-il tout ce temps
Pour en arriver là ?
​
​
​
​
Prise de ciel
« La nuit s'en mêle »
Le jour s'en va
Et disparaît
aucun étoile
ni horizon
La nuit est noire
Rien ne se passe
rien que le silence
La pluie est loin
La nuit s'emmêle
​
​
​
​
L'air du temps
Partir pour d'autres yeux
Partir pour d'autres cieux
Et s'apercevoir que le ciel
N'est que vide et néant
Peuplé d'étoiles lointaines
Et inaccessibles
« Tout est en l'air »
Qui vole de travers
À travers la fenêtre déserte
Le temps se défile
Et semble disparaître
Sans le moindre fil
​
​
​
​
Fin de saisons
Été, automne, hiver,
Et même un printemps,
Rien ne se retient
Quand le temps se déplace
Nul n'est à sa place
L'espace d'un instant
Quand chaque "je t'aime"
N'a rien d'évident
Une main qui s'efface
Un regard changeant
Un sourire qui se défile
Devenant inexistant
Le jour et la nuit sont unis
Dans les faux-semblants
Demain sera comme hier
Aujourd'hui est mourant
​
​
​
​
Le ciel est bleu
Aucun nuage
Aucun soleil
Aucune étoile
Juste une surface plane
À la fenêtre
Le jour sans cesse
Dépasse le temps
Dépose l'instant
C'est le silence
C'est la vacance
C'est l'inconscience
Le ciel est bleu
Déménagement
Tu voulais que ce jour
Soit un autre jour.
Mais la pluie a cessé,
Je ne l'avais pas remarqué.
L'été s'est terminé
Au cœur de juillet.
Le ciel était maussade
Et l'envie en balade.
Le temps s'est délité,
Il n'y avait rien après.
Tu voulais que l'amour
Soit un autre amour.
​
​
​
​
Après-sommeil
La lampe de chevet
S'est éteinte.
Les ombres qu'elle décrivait
Se sont noyées dans le noir.
Je n'ai pas saisi les instants.
Je n'ai pas compris le moment.
Je n'ai pas attrapé l'étoile.
Je n'ai pas levé le voile.
L'heure a sonné depuis longtemps.
L'éveil n'a pas eu lieu
Tu étais là, je le croyais.
Tu n'y étais pas, je le savais.
La lampe de chevet
S'est éteinte.
Je ne percevais
Que mes craintes.
​
​
​
​
Le long du nant d'Orgeval
Une petite fleur bleue
Comme sur une photo.
Une petite fleur bleue
Le long de mon chemin.
Je ne saurais dire mieux.
Je ne saurais voir plus.
L'air est si frais
Que je crois qu'il est vrai.
La main est caressante.
La journée, si plaisante.
Un sourire et des soleils,
Le chant du vent, et pourtant...
Une petite fleur bleue
Que je croyais amoureuse.
Une petite fleur bleue
Que je voulais heureuse.
​
​
​
​
Un K (comme un autre)
À ce jour qui passe
Bas, si bas
Comme un jour
Déjà vu.
Est-ce que je peux croire ?
Faut-il le faire ?
Généreuse est la nuit..
Heureuse parfois,
Il faudrait que j'ouvre les yeux
Je ne le fais pas.
Car
Elle ne le veut pas.
Même pas.
Non !
​
​
​
​
Hors d'elle
La pluie n'a laissé de traces
qu'intérieures.
Tout semble en place
comme si rien n'avait existé.
Les ombres du passé
sont absentes
et l'œil ne perçoit
qu'une autre présence.
Morte, elle-aussi.
Qu'importe ce que l'on pense.
Qu'importe ce que l'on vit.
Le ciel est parti
et la pluie aussi.
Qu'importe
Tant que cette porte
n'est pas définitivement
refermée.
Demain sera pareil
à aujourd'hui.
Peut-être ?
​
​
​
​
Chambre vide
Le drap est tiré.
Les oreillers, en place.
La lampe de chevet trône
à côté du dernier verre
Lui seul
garde peut-être
les traces de ses lèvres
La poussière danse
dans un rayon de lumière.
Qui sait quel regard
se cache dans le ciel ?
Le silence continue.
​
​
​
​
Machine
le jour s'enroule
machinalement
les gestes se répètent
encore et encore
chaque geste revient
du jour au lendemain
certain de n'être
qu'un geste d'hier
le jour s'enroule
autour du vide
et le recrée inlassablement
chaque jour enkyste
le précédent et le remplit
du non-sens ambiant
encore et encore
le jour s'enroule
​
​
​
​
Idées union
De loin en loin
De moins en moins
Nous nous aimons
Loin de ce pont
Tu te souviens
Je le retiens
Chaque minute
Qu'un temps chahute
Est-ce le bien
Qui nous revient
De ces secondes
D'un autre monde
Est-ce la mal
Qui rend fatals
Tous les instants
Qui sont absents
Si tout se casse
Si tout te lasse
Si tout s'arrête
Si tu es prête
Tu m'oublieras
Tu m'aimeras
De moins en moins
De loin en loin
Et tout se mêle
Perd l'éternel
Aucune idée
Ne s'est créée
​
​
​
​
​
​
Quand le jour s'enfuit
« Et j'aime à la fureur »CB
toutes les images du passé
que mon esprit a effacé
celles que je ne sais revoir
celles qui piègent l'espoir
et même celles qui me font peur
Juste là où la nuit « se mêle à la lumière » CB
​
CB Charles BAUDELAIRE, Les bijoux
Le début du tunnel
La dernière heure
La dernière seconde
Un frisson de peur
Et le monde qui s'effondre
Sans fin
L'éternité a cela de particulier
On a beau tourner*et retourner
Le temps infiniment
Il ne passe plus
L'arrêt est brutal
Même quand il est attendu
On reste en suspension
L'esprit dans le vide
Et le cœur sans courage
Autre que celui d'accepter
Il s'enfuit
Il s'enfuit
Et ainsi naît la nuit
​
​
​
​
Nu
Souffrir, est-ce un désir ?
Est-ce la beauté dénudée ?
Est-ce le temps qui attend ?
Souffrir à en pâlir,
À tout détruire,
À en vomir tous ses maux.
Et puis partir
Dans un délire
À en oublier d'être
À en oublier les êtres,
Les autres
Jusqu'à se recroqueviller
En un unique poing.
​
​
​
​
​
​
Mousse ou pierre
Côté mousse,
Côté pierre,
J'ai le cœur à l'envers.
J'ai le cœur à l'enfer,
Chacun peut le dire.
Chacun peut le voir
Dans les traits du jour,
Dans ceux de la vie.
Comme un étrange parcours,
Comme un chemin dissout,
Côté mousse,
Côté pierre,
Pas de quoi être fier.
​
Rideau de pluie
Doucement l'aube bruit
Les lents parfums du jour
Infusent sous la pluie.
N'est-ce que l'amour ?
Ainsi le temps s'enfuit
À petits pas, ainsi
Que l'astre de mes nuits.
N'est-ce que la vie ?
Maintenant, tout est froid.
Et sans le moindre émoi,
Sans la moindre envie.
Maintenant, tout est gris
Comme un rideau d'ennui.
Qui était ici ?
​
​
​
Ce qui ne se fit pas
Le ciel s'arrête
Là où le chemin se noie
Rien
Rien d'autre que la plaine
Vaste et vide
Sous les rides de la crête
Se dessine le temps
Viens
Viens que les jours
Ainsi se succèdent
À l'abri du passé
S'estompent les pensées
Tiens
Tiens ma main encore
Rien qu'une seconde
Tiens mon âme en peine
​
En boucle²
Loin, je vois si loin,
Que l'horizon
Semble inhumaine.
Mes yeux ne peuvent
Retourner en arrière.
Il se peut qu'il pleuve
Dans quelques vieilles prières.
Mes bras ne savent
Embrasser le temps.
L'air est si suave
Qu'il est comme absent.
Mon cœur se cogne
Contre le vide à présent.
La nuit survient
Dans la lumière d'antan,
Loin, je vois si loin.
​
​
​
​
Sans retour
Tourner en rond
À l'ombre des décombres,
Tourner en rond
Inlassablement
Pour tenter de réunir
Quelques beaux instants
Tourner en rond
Sur ce chemin de ronde
Tourner en rond
Continuellement
Et ne rien saisir à chaque instant
Tourner en rond
Jusqu'à croire que le temps
N'a pas existé.
​
Fond de ciel
Prendre la route
Perdre la chanson
Attraper le bleu
Oublier le vert
Caresser la pluie
Attendre le rayon
Loin d'ici
Loin d'ailleurs
Dériver lentement
Dériver infiniment
Et se perdre à l'horizon
Sans horizon
Dernière bataille
Le silence est-il ?
Assis, rêvant
De temps
En temps
De ce temps passé
De ce temps présent
Et absent
En même temps
Assis, rêvant
Le silence est-il
La dernière raison ?
​
​
​
​
​
​
En plein cœur
Sentiments
Soulever le jour
Soulever la nuit
Attendre la main
Et tendre la joue
Rien ne peut plaire
Dans cette petite mort
Rien que des mots à taire
Et d'autres sans horizon
Reprendre le jour
Éteindre la nuit
Remettre le couvert
Comme si vous étiez là
Rien derrière la porte
Rien devant non plus
Juste quelques plantes
Qui attendent que l'hiver
Ne soit qu'un souvenir
Reprendre le cours
Éteindre la pluie
Attendre une étoile
Qui n'a jamais luit
Maintenant je regarde
Le temps par mégarde
Le vent par défaut
Le silence voltige
Dans les branches des livres
Trop de mots écrits
Pas assez de dits
Aucun ne retient
ceux qui veulent partir
Demain sera bien
Loin d'aujourd'hui
Soulever l'amour
Soulever la pluie
Attendre la main
Et tendre la joue
​
​
​
​
​
​
​
Péchés
Solitude
Silence
Silence
Une goutte d’eau tombe
Dans l’océan du temps
L’horizon s’éteint
Le jour n’est plus
Qu’une pluie de secondes
Qui se comptent
Qui se content
En tant de silence
Silence
​
​
​
​
​
Amitié
Ami
Mon ami
Je sais pourquoi
Tu n’es pas ici
Je sais pourquoi
Tu as quitté ma vie
Je sais pourquoi
Et je n’ai rien fait
Pour que ce soit ainsi
Et encore moins
Pour que ce soit
Simplement différent
​
​
​
​
​
Liberté
Je suis libre
Libre de tous mes choix
Libre de toutes mes erreurs
Libre sur cet unique chemin
De laisser derrière moi
Aucun petit caillou
Aucune miette de pain
Libre de vous oublier
Libre de m’oublier
Libre d’oublier
Mon propre chemin
​
​
​
​
​
Beauté
Assise au pied de l’église
Seule
Les yeux dans l’attente
Elle rêve
D’un ciel bleu
Limpide
Heureux
Elle rêve
D’une robe blanche
De ces marches en pierre
De cette musique
À l’intérieur
Qui l’appelle
C’est si simple
Elle est si belle
Les yeux dans l’attente
Seule
Assise au pied de l’église
​
​
​
​
Poésie
Colchiques dans les prés
Je rêve que l'été ne saurait passer
Je rêve que le soleil ne m'a pas brûlé
Je rêve que la pluie pourrait continuer
Épousant la terre
Ce reste de lumière
Rayonne dans le vent
Je sais que le temps viendra
Où tout se fanera
Colchiques dans les prés
Je garde les yeux fermés
Pour ne pas la voir s'envoler
​
​
​
​
Amour
Ton visage sous le jet
Et cette moue surprise
Ton sein qui se glisse
Sous la tendre caresse
Ton nombril qui déplie
Attendant l'instant
Ton sexe qui arrive
D'un désir ardent
Pourtant se cache ailleurs
Le plus important
Un regard un sourire
C'est si évident
​
​
​
​
Tristesse
Ce matin, le ciel est gris.
Gris de silence et gris de pluie.
C'est à croire que la nuit est restée
Accrochée aux carreaux
Telle cette brume fugace
Qui s'insère dans ma carcasse.
Dehors, tout semble mort.
Ni oiseaux ni insectes,
Ni même un arbre,
Tout a fondu dans le temps
À présent.
Je voudrais retenir
Ne serait-ce qu'une image,
Un sourire, un regard
Et tout ce que je sens partir.
Je voudrais retenir hier
Et chaque seconde passée.
Alors que je ne sais pas contenir
Ces larmes prêtes à s'effondrer.
​
​
​
​
​
​