
dans le silence épars des jours

La nuit
Dans le silence épars des jours elle vient se maintient et entretient le sombre sa violence son âpreté ce ne serait qu'un vent léger si la douleur n'était présente écoute ce silence et sa danse
Dans chaque seconde fluette se tisse la mort cette mort invisible intérieure suprême celle que personne ne voit ni ne regarde celle qui pèse tant qu'elle rend violent chaque instant
Dans sa main rien rien de plus rien de moins ni grain de poussière ni grain de sable rien de bien rien de mal non plus juste le temps qui ride inlassablement le présent pour l'oublier
Dans le silence épars des jours la nuit n'est plus qu'une autre forme de l'amour triste et mortelle belle et affreuse de celles qui lui permettent de s'éparpiller tels des flocons de neige
Caresses
Sur mes bras se glissent les caresses ces caresses insoumises d'un autre temps plus légères que le vent plus douces plus folles encore celles volées à quelques instants celles éparpillées dans quelques rêveries quelques sursauts du temps elles glissent et se glissent sans la moindre idée de bruit à fleur de peau à fleur de vie si tendres que rien ne semblerait pouvoir les arrêter rien même pas le temps
Dansent quelques lueurs celles de la lune celles du ciel entre les persiennes de ses regards c'est comme deux petites flammes aux sommets de leurs bougies qui rayonnent dans la nuit qui rayonnent sur les lèvres d'un instant absent
Je regarde au loin
Je regarde à présent
Cette étoile dans ses yeux
Les folies et les faiblesses
D'une lumière obscure
Qui me pénètre
Allongé dans le noir sur ce parquet brut mon corps ressent encore la chaleur de ces flammes une brûlure tranquille douce et divine de celles qui vous marquent le cœur de celles qui vous emprisonnent l'âme de celles qui s'enfuient dans la nuit lorsque vous désirez les retenir elles sont à jamais ce présent absent sur mes bras se glissent ces caresses sans cesse
J'ai peur
J'écoute ton silence qui suinte des mots non-dits. Il reste au fond des écrits cette trame sombre. Il reste entre les lignes ces courbes qui se devinent. Il reste dans les espaces cette masse difforme de nos silhouettes.
Il reste au-dessus ce souffle lent, ce souffle léger qui parcourt mes membres inlassablement. Est-ce le reste d'une caresse ? Est-ce celui d'un baiser ? D'un regard, peut-être ? Tout ce que je sais est que cela reste en moi, ancré si profondément qu'à chaque instant ce silence est brûlant, bruyant, insistant. Il prend ton visage, il épouse tes formes, il poursuit tes pas et se perd entre les pierres de notre chemin.
Dans le silence épars des jours, dans celui blotti dans chaque nuit, j'écoute, j'écoute sans cesse...
J'ai peur. J'ai peur de tout. De moi. De mes sentiments. Des tiens. De faire mal. De ne pas être à la hauteur. De ne pas être une bonne mère. De ne pas être cette femme. J'ai peur et je me terre dans le silence...
Le silence n'est qu'une douleur.
Au bord
Au bord de l'eau lorsque les pierres se taisent qu'elles laissent s'enfuir l'onde au fil de leurs flots qu'elles laissent miroiter la lumière dans les esprits divers qu'elles laissent mourir le temps sans le moindre mouvement j'attends
Au bord du temps lorsqu'il s'éparpille en lui-même qu'il ralentit invariablement qu'il accepte de cesser tout rapprochement qu'il ne vibre plus quel que soit l'instant qu'il n'est plus que le son d'une aiguille se déplaçant j'attends
Au bord du silence lorsqu'il s'étend jusqu'au fin fond de l'absence qu'il prend chaque mot pour le tordre infiniment qu'il lui ôte ses sens simplement en le déchirant qu'il baigne le jour d'un unique voile sombre uniformément présent j'attends
Au bord de toi j'attends
un présent
Au diable l'innocence
Lorsque la nuit me parle
dans son silence blanc
chaque instant d'avant
se glisse insistant
jusqu'au bord de mon âme
Lorsque la nuit me parle
aux quatre coins de mon lit
se cherche chaque reste
Du chemin d'avant
oubliant le temps
de ces mots hurlant
au fond de moi
Le ciel coule sur la terre l'illuminant de sa lumière frêle et douce de cette innocence aux ombres de flammes à la chaleur divine et infernale à la saveur de l'encre noire qui s'épanche sur la page blanche au fil des jours et des nuits
Sur ses lèvres tendres que le silence inonde d'un sourire se tracent les courbes de l'espoir et celles de ses peurs
se tracent les évidence
Et quand se tend la main et quand se tend l'amour à travers l'eau et le feu le silence s'éteint sur les rives du ciel il dissipe le sommeil il s'installe
Au fond des yeux attrapant les images une à une les laissant danser infiniment doucement attendant que la nuit s'achève au milieu des rêves attendant que le temps transforme l'innocence en ces moments de vérités translucides
Le ciel dort
Silence
La nuit te murmure
le long de mes murs
froids et blancs
Je pense à toi
Je pense à toi
et je relis tes paroles
qui se découpent sur le plafond
dans les ombres sombres
et claires
qu'imagine la lune
Tu es là
Tu es là
et ton corps
s'endort contre le mien
dans les courbes simples
de ces draps de coton bleu
où se mélangent nos sens
et ton absence
Il fait froid
et je caresse
le vide incertain
la pointe de tes seins
le centre de ton ventre
et j'attends ton sourire
pour qu'il illumine ton
silence
Mademoiselle
Dans l'ombre dansante de nos ombres
elle est là dansant sur le rythme lent
du silence
Je rêve sa peau
blanche démasquée par l'envol d'un ciel bleu
un après-midi d'automne
Je rêve son sourire
d'un air lumineux planté dans mes yeux
tel un feu un soleil enrobé de miel
Dans l'ombre dansante de nos ombres
elle est là simple comme l'existence
du silence
Expression
À la source du temps le paysage est léger
l'arbre attend l'instant simple où la feuille va se détacher
le vent latent ne s'entend qu'à peine
il est sûrement ce présent que l'arbre attend
à présent le temps s'étend sur le monde absent
il guette l'unique moment où la feuille va s'envoler
il cherche
À la source de la vie le ciel est transparent
son cœur attend ce battement simple où une main va s'approcher
ce n'est qu'un moment sourd lourd de conséquence
ce n'est qu'un frissonnement rempli d'impatience
il est au temps ce qu'est le silence
il guette le sublime moment où la main va s'offrir
il rêve
À la source de l'amour ton visage est serein
j'attends uniquement ton expression
Dans le silence d'une présence
À l'abri du temps sous l'eau qui ruisselle le silence devient transparent il grandit lentement oubliant les instants oubliant l'innocence oubliant la valeur du temps
Goutte à goutte il se répand dans les interstices laissés vides il remplit ces manques d'amour par de l'inconsistance quelques résidus d'inconscience quelques bribes de déni quelques riens d'inutilité
Dans la beauté du matin c'est pourtant un sentiment brillant qui s'élève comme si sa présence avait un sens
À l'ombre de tes mots
Il pleut cette nuit la lune est habillée de brume elle donne ses rayons à chaque goutte dans un silence fragile
Dans l'épaisseur du brouillard les étoiles tracent tes pensées elles dessinent des volutes de lumière
Du bout des doigts j'essaie de lire j'essaie d'attraper les ondes déposées au cœur de la nuit je laisse les gouttes tatouer ma peau de milliers de reflets aux teintes irisées et douces
Sais-je lire sais-je comprendre l'importance et la valeur de chaque marque sais-je apprécier chaque mot que tu me contes ?
Il pleut je ferme les yeux pour appeler
les instants heureux bercés à l'ombre de tes mots
Mars
Dans les lumières de Mars plus près plus près je rejoins ta pensée
La nuit est plus proche plus belle plus calme qu'elle caresse ma peau d'une lumière lente et faible un peu de rouge un peu de noir et je sens à nouveau tes lèvres qui accrochent l'instant un peu comme si ton sourire rayonnait en moi
Je me tais et écoute le chant de la nuit qui danse sur ma peau
Nue bleu
Nue l'heure défile sans bruit sans attention aucune elle passe hors de tout regard tu ne la perçois même pas elle serait transparente que ce ne serait pas différent
Ce mystère se lirait-il dans tes yeux ? Comment savoir comment comprendre comment le dire ?
Je ne sais ni ne comprends
L'espace entre vérité et silence est si ténu qu'il semble vide
Vide de sens vide d'amour vide de tout
Pourtant le ciel reste d'un bleu invariable ne le sais-tu pas ?
De souvenirs en avenirs
Tendre bonheur du temps qui persiste au bout de mes doigts
tendre si tendre
Te souviens-tu ?
Rares sont les instants d'une vie où s'imaginent une telle tendresse un mélange complice une osmose vertigineuse
Te souviens-tu ?
Aucun mouvement aucune sensation ne s'approche de la folie ressentie douce et légère douce et frêle
Te souviens-tu ?
Le temps découpant au scalpel chaque seconde pour la rendre féconde explosive intuitive le temps lent et bref incommensurablement vrai
Te souviens-tu ?
Sans paroles sans textes uniquement réel uniquement géant d'une simple beauté d'une unique vérité sobre et puissante
Te souviens-tu ?
Aucune expression aucune ne saurait être à la hauteur du souvenir
Peut-être l'avenir ?
Si animal
Si pur si ciel si oiseau
Ton cœur veut battre tel un moineau
Si vrais si beaux tes cheveux ces chevaux
Tissent le vent en mille écheveaux
Si chaud si haut délicat rouge-gorge
Ce feu cette flamme qui nous forge
Si grand si doux si ours blanc
Le temps au creux de nos bras s'étend
Et l'amour est cet animal qui nous définit
Chant de ma nuit
Ma nuit est là à tes pieds
comme une petite lune
comme un vent d’été
elle est douce
elle est chaude
elle est fruitée
Ma nuit est là à tes pieds
comme une belle étoile
comme un souffle d'automne
elle est tendre
elle est calme
elle est parfumée
Ma nuit est là à tes pieds
comme un grand soleil
comme un silence d'hiver
elle est blanche
elle est fraîche
elle est transparente
Ma nuit est là à tes pieds
comme un ciel à l'aube
comme un sourire franc
elle est proche
elle est vivante
elle est présence
Ma nuit est là à tes pieds
Elle est air elle est ciel elle est bleue elle est folle
elle est totale elle est invraisemblable elle est belle
elle est toi
Chant du vent
Écoute écoute l'instant qui court entre les arbres
Attrape la légèreté du vent d'antan
Il court dans la forêt entre les arbres
près de la cabane en bois
il ouvre sa porte délicatement
et inonde la pièce d'un air fou
Rien se saurait retenir son souffle
pas même une remarque bête
pas même un grand sourire
il est là tout contre nous
Il court dans la pièce il court
il ouvre nos âmes
il ouvre nos cœurs
il ouvre nos bras
Rien se saurait retenir son ardeur
pas même une caresse
pas même un baiser
pas même notre amour
Écoute écoute le vent qui court entre nous
Attrape la légèreté de cet instant
Il pleut il pleut c'est merveilleux le vent nous attend à chaque instant
Les peurs du ciel
Ce matin comme chaque matin comme chaque nuit comme chaque jour le ciel a peur peur de tout peur de lui-même peur du temps peur de l'instant de l'instant présent à présent
Le ciel bleu pourtant est heureux dans son regard dans son sourire ses enfants gouttes de pluie virevoltantes gouttes d'eau dansantes gouttes de plaisir amusantes Le ciel bleu les tient serrées dans ses bras blancs
Le ciel gris est présent aussi dans ses attentes dans ses folies la vie flocons de neige tremblants petits cristaux blancs au bout des doigts petits cristaux tendres sur la langue petits cristaux frais dans l'air
Le ciel gris les tient contre son cœur tout blanc
Le ciel noir se cache aussi dans un recoin ses amours perles de grêle dures billes glacées dures billes piquantes dures billes brûlantes s'éparpillant au gré des vents s'éparpillant au souffle des vents
Le ciel noir les enfouit tout au fond de son âme
Ce soir comme chaque soir le ciel compte ses peurs les brasse dans la glace les mélange aux flocons les pleure dans la pluie
Le ciel a tant de nuances tant de nuances de peur
Portrait de traits
Un crayon un bout de papier et des pensées qui s'envolent
sans le moindre bruit dans le lent silence du passé
Le crayon trace des lignes et des signes convergeant
parfois divergeant à d'autres instants il glisse en virevoltant
Il glisse au fil des traits qu'il voudrait parfaits
qu'il voudrait justes qu'il voudrait aimants qu'il aimerait présents
Il se faufile entre les traits pour tracer la beauté pour tracer
ce regard ce sourire sa vérité il se faufile sans trembler
Un crayon noir un papier blanc se rencontrant inlassablement
autour de ces traits la dessinant
un crayon noir un papier blanc simplement en silence s'aimant
Rêve éveillé
Les yeux se ferment le temps s'arrête
seul le vent semble exister en cet instant
une nouvelle forme d'être se répand
à l'intérieur une sensation de bien-être simple et fluide
Que demander de plus qu'attendre d'autre
se laisser bercer à l'orée du temps et accepter ce présent
le cœur ouvert à ce qu'il transporte à ce qu'il apporte
en ouvrant cette porte
Le cœur battant tremblant sous le simple effet de ce vent enivrant tourne et retourne ses battements
troublé par la puissance douce de la réalité
troublé par cette folle vérité
Le ciel même les yeux fermés invente toutes les formes de couleurs dessine des espaces imaginaires extraordinaires
impulse une énergie quasiment électrique
quelque chose de magique de féérique
Ce silence ce silence est bon
Et ce jour identique
à chaque autre jour
renferme en lui ce joyau
qui s'intègre à mon âme
Rien ne se perd tout se transforme ce silence devient
un monde plus grand que n'importe quel songe
si grand que même l'éternité ne saurait le contenir seul un mot saurait le définir ce mot écrit du bord de tes lèvres tout au fond de nos yeux
Est-ce un rêve
est-ce la réalité
est-ce le présent
suis-je éveillé
Je ne ressens maintenant que la force de l'instant
Veille
Le jour ne s'entend pas
enveloppé tout bas dans nos bras
Il mime nos pas pas à pas
Il sait que là-bas tu resteras
Le jour jamais ne résonne
Il ne faut pas que je m'en étonne
Il sait que sur tes pas raisonne
cette personne qui me croit personne
Au-delà
chaque pas
n'est pas
ici bas
Ne te tais pas
Je cherche dans le silence la valeur de tes mots
Ils sont comme une petite danse dans la lumière
Je ne sais ni ne comprends les défauts de ces mots
Ils se mélangent aux ombres se cachant dans le soleil
Je ne vois dans ce halo que des dessins noirs et blancs
Ils se glissent dans mes yeux même quand ils sont clos
Alors lorsque résonnent les vibrations de ton étoile
Tes mots lentement frissonnent juste au bord de mes os
Écoute écoute en somme ce que racontent tes rêves
Écoute et dis-moi
Que chaque mot
Mérite d'être dit
Écoute et ne te tais pas
L'ombre de ton ombre
Tout au bord de ton ombre sombre mon ombre tu ne la vois pas tu ne le sais pas elle est cachée dans cette silhouette muette elle est posée là dans ta lumière frêle dans celle douce qui s'écoule le long de ton corps tu ne la vois pas tu ne le sais pas elle épouse tes formes
Elle se plait ici t'accompagne sans le moindre bruit elle te suit pas à pas dans l'ombre de tes pas elle se tait tout le temps elle cherche à ne faire aucune ombre elle se veut tranquille docile pour rester dans tes bras elle est là tout contre toi
Ne regarde pas peut-être la verrais-tu peut-être pas peut-être aurais-tu peur ou l'envie de la serrer ce n'est pas la peine elle se cachera pour que tu ne la vois pas
Parfois tu peux croire qu'elle est partie que dans le noir complet elle ne se marie plus avec ton ombre mais elle est toujours là dans ce petit coin de pénombre à l'ombre de ton âme
Poursuite
Le silence me poursuit de ses mots absents de ses riens de ses vides il me poursuit sans cesse taisant tous les éléments d'une vie taisant tout ce qui a pu être paradis il me poursuit
Et pourtant c'est toi qui fuit sans bruit dans le brouillard du passé tu fuis en effaçant chaque trace chaque chemin trouvé tu ne laisses du paradis qu'une ombre tu fuis
Je dessine avec mes pauvres mots quelques traits dans le noir des esquisses d'espoir je dessine de manière maladroite quelques restes du paradis quelques lumières je dessine
Toi tu fermes les yeux pour ne plus voir ne plus penser ne plus oser tu fermes la porte à double tour sans retour pour laisser aux peurs toute leur place toute leur force tu fermes
J'écris sur tes silences j'écris entre les lignes j'écris sur chaque espace j'écris et je n'écris rien rien que tu ne saches rien que des mots creux qui remplissent le paradis de mes vides de tes vides j'écris
Invisible le silence s'écoule le long de tes courbes tu n'en ressens pas la caresse tu n'en ressens pas les faiblesses ni le sens dans le labyrinthe du temps tu n'en ressens que la fuite invisible
Je n'ai que le temps
Un souffle dans le cou un simple souffle léger et doux
Un souffle du bout des lèvres qu'aucun temps n'achève
Un petit rien un de ces temps qui ne se dissolvent pas dans le temps
Un instant fou où chaque once de nous nous retient
Un souffle court et envoutant ici là et maintenant
Un souffle qui m'appelle et me rappelle le temps
Un petit rien qui vient, me tient et fait du bien
Un instant fort où se tord le temps qui me revient
Je n'ai que le temps d'aimer
Ce présent absent
Petite mort de l'âme
Le chemin s'élance dans le silence de l'automne.
Il se glisse vif entre les couleurs à la douceur
monotone dans le flux de lumière claire.
Le jour semble sourire et m’emmener
au bout de la forêt, de la montagne.
Il me prend par la main sans fin.
Désormais, je le sais, jamais
le jour ne sera pareil.
Il restera ma petite
mort, juste celle
empruntée à
ton âme
...
L'absente
Point de vent, point de jour,
uniquement un instant d'absence.
Rien ne vient tromper sa puissance,
rien ne vient adoucir cette mort.
Si triste est ce temps, si décevant.
Regarder, attendre pour qu'enfin un espoir naisse,
pour qu'enfin un moment soit
différent.
Perdu et patient,
ce feu prend sa source dans sa foi,
ne se repend pas de ses actes, ne renie pas son passé et
se répand infiniment en des mots inconscients.
Se tatouent dans mon âme
ces restes de chemins de pierres,
ces voyages extraordinaires et
cette fureur de vivre, d'aimer jusqu'à caresser une beauté unique.
Devant ce temps qui se dérobe, qui s'enfuit sans horizon,
s'espacent chaque image, chaque son, chaque partie de ma vie.
Aucune question, aucune réponse ne convient.
Ce manque ne sait que se subir.
Ce manque est dans sa main,
dans ses yeux, dans son cœur à
Elle
À la maison
Je me souviens du chemin
des premiers silence d'hiver
Nos bras ouvraient les portes
À ce qui était un mystère
Je relis au fond de tes yeux
la peur de comprendre
cette peur qui nous atteint
au cœur d'un geste tendre
Je me souviens du chemin
où le temps malhabile
ne savait attendre le jour
et le temps invisible
Je relis sur tes lèvres
ces mots qui s'évadent
pourquoi ne faisons-nous
pas cela à la maison ?
Je me souviens du chemin
de cette joie docile
de ces sentiments où le bien
envahissait nos corps
Je relie chaque mot
et comprends le bonheur
être ne s'invente pas
être se vit
Larmes filantes
Légère nuit douce nuit aux éclats incendiaires
réveille-moi assoupi au creux de tes bras
alors que je plonge dans les profondeurs de la noirceur réveille-moi que je noie dans tes larmes filantes mes pensées amantes réveille-moi que je ploie sous le poids des secondes partantes réveille-moi
avant que le jour n'efface les nuées ardentes
légère nuit douce nuit je ne suis qu'un ange maladroit
Dans le ciel brillent en silence les étoiles filantes sous cette pluie d'or
je ne sais que rêver
Mon amour discret se perd dans les lumières qui s'attardent
je ressens encore le plaisir de l'obscurité je ressens encore
tes désirs de volupté je ressens toujours la caresse des vents passés
et je me blottis sans cesse dans ces souvenirs parfumées
j'embrasse le temps la vie l'amour et la mort
j'embrasse ton corps dans l'infini espace qui nous sépare
Légère nuit douce nuit
aux crépuscules qui s'enfuient
relâche les ombres qui nous suivent
relâche le jour qui attend
laisse à l'instant le présent
des larmes filantes
Légère nuit douce nuit
aux aurores qui se taisent
imagine un autre soleil
imagine un nouveau ciel
offre à l'instant ce présent
des larmes insouciantes
Légère nuit douce nuit
attise la chaleur du bonheur
attise la grandeur des saveurs
ouvre à l'instant un présent
différent incandescent
dans les restes de clarté
des larmes filantes
Légère nuit douce nuit
souviens-toi de l'être aimé
Amitié amoureuse fantasmagorique
Il suffit d'une étoile à portée de la main, d'une main ouverte, d'une main confiante. Il suffit de croire en toi, mon amie.
Il suffit d'une lumière à portée du cœur, d'un regard sûr, d'une âme libre. Il suffit de s'offrir à toi, mon amour.
Il suffit d'un silence à portée de l'inconscience où même absent chaque mot est une évidence, chaque geste une pleine conscience. Il suffit d'être nous dans la fantasmagorie de notre être.
Il suffit d'une molécule à portée de notre bulle, d'une bulle parfaite, d'une bulle de vie. Il suffit d'être ciel et terres.
Il suffit de rêver
Pour continuer le voyage
En réalité...
Ton silence
J'écoute toujours le silence de tes mots
Il est comme une présence amicale
Il tournoie dans le froid et le ciel
Il tournoie pour moi parfois
J'écoute toujours ce silence dense
Il me prend dans ses bras lourds
Il m'embrasse comme au premier jour
Il m'embrasse comme toi parfois
J'écoute toujours ce silence au loin
Il est comme ce parfum divin d'antan
Il vibre de ses saveurs fugaces
Il vibre en moi quand les valeurs trépassent
J'écoute encore ce silence de tes mots
Il me laisse sur le chemin de pierre
Il caresse ma joue une dernière fois
Il me caresse et je crois que c'est toi
Les vagues amères
Les mots culbutent par-dessus le temps
en un ressac violent et lent
Les mots plongent dans l'intermittence
des pensées et de leur silence
Un à un ils dessinent l'absence
Comme de ton choix l'essence
Un à un ils tracent le long du vent
ce que le temps n'a plus à présent
J'écoute, j'écoute et j'entends
ce que sont les mots maintenant
J'écoute, j'écoute et j'attends
que revienne le ciel troublant
Je ferme les yeux sans assurance
que l'instant sera sans violence
Je ferme les yeux sans prudence
J'attends un temps d'innocence
La mer en vagues déferle
comme autant de petites perles
La mer en vagues m'attire
le silence n'est que le pire
Pas pour nous
Peu importe les mots, peu importe les silences,
Peu importe le sort, peu importe notre mort,
Ce n'était pas pour nous ! Ce n'était pas notre danse,
Ce n'était pas le jour, ce n'était pas notre port...
Il faut à l'évidence
Oublier ce que l'esprit
Nous offrait comme chance
Juste avant d'être surpris.
Peu importe le faux, peu importe le vrai,
Peu importe le mur, peu importe cette porte,
Ce n'était pas pour nous ! Ce n'était que défait,
Ce n'était pas l'amour, tu n'étais que cette morte...
Il faudrait un autre ciel
Pour oublier la lune
Et qu'à nouveau l'essentiel
Soit fait d'amours communes.
Mort d'un silence
Plus de temps, plus de vent,
À peine le sentiment d'un doute…
La nuit se répand inlassablement,
L'ombre s'étend sur tes lèvres.
Je ferme les yeux pour t'entendre ;
Ton cœur résonne encore si fort,
Plus fort que le silence de tes mots.
Au loin, par-dessus la montagne,
S'élève l'onde lointaine.
Celle qui reste du temps.
Celle qui flotte comme avant.
Celle qui s'est perdue maintenant.
J'entends le silence en partance,
Un simple battement dans le ciel.
Au loin, par-dessus la montagne,
Ton cœur résonne encore si fort.
Interdit
Le silence maintenant maintient le silence
Ce mur au cœur de ton mur
Il maintient sans fin le brouillard
Et entre chaque brique fabrique
L'insondable absence de nos sens
D'interstice en interstice
Je gratte et grave
À l'encre invisible
Ce qu'il reste de sensible
De rien en moins que rien
Je perce et transperce
De mes mots vides
Chaque espace interdit
En vain
Le silence maintient fermement le silence
Jamais
Jamais
Je ne saurais jamais
Jamais je ne voudrai
La terre dans le ciel
Tourne en silence
Tourne en l'absence
Du temps présent
La terre dans le ciel
Ignore le silence
Ignore l'absence
Du temps passant
Le ciel sur la terre
Éclaire le silence
Éclaire la présence
De tant de mots
Le ciel sur la terre
Soutient le silence
Soutient la présence
De tant de maux
Je ne pourrai j'aimais
Jamais je ne pourrai
Le silence
Regret
Le silence entre. Le silence entre nous. Le silence entre tout. Le silence entre dans les mots. Le silence entre les murs ferme la porte.
Je ferme les yeux. Je ferme la bouche. Je ferme le temps, le temps d'un instant, le temps d'un instant passé. Je ferme et j'attends que le temps revienne souffler le temps présent, attiser l'instant qui s'éteint, redorer la flamme qui s'envole, ouvrir l'espace qui se clôt, dépasser le ciel qui se ferme, terne.
Au loin, se devine l'ombre, se dessine sa silhouette, s'imprime son pas, se bat son cœur. Au loin, pointe l'envie. Au loin, sur un point d'exclamation, revit ce qui manque ici. Au loin, ce besoin n'est jamais loin.
Je rêve. Je rêve pourtant. Je rêve d'un temps. Je rêve autant que le temps l'autorise. Ce rêve se lie au passé, à ses vérités, ses sincérités, ses beautés. C'est dans l'essence de ce rêve que la vie sait, que la vie est. Tu sais, tu le sais.
Tout près, est une main, est un sourire, est un regard. Si près que le temps disparaît. Si près que le silence est un chant harmonieux. Si près que dans ce silence dansent les cheveux au vent d'un temps heureux.
Que la vie est belle !
De l'inutilité du temps
Mes paupières lourdes posées sur un regard vide
Les mots qui apparaissent sur le blanc
Ces doigts qui s'agitent inutilement
Le temps est présent le temps est absent
Les yeux qui piquent en retraçant la nuit passée
Les sourires perdus les mots et les baisers
La tendresse évaporée celle d'autrefois
Le temps s'effiloche le temps s'embroche
Au loin les restes de ce que fut la journée
Ces quelques chemins oubliés
Cette main qui tâtonnait sans un bruit
Le temps glisse le temps dévisse
Nul mot à dire rien à réfléchir
Rien d'autre que la mort
Rien que le triste sort
Du temps d'avant s'en allant
Autres automnes
Il n'y aura pas d'autres automnes
L'hiver n'est pas terminé
Il recouvre les couleurs
Depuis tant et tant d'années
L'oiseau sur la branche s'est depuis longtemps envolé son chant n'a laissé aucune trace seule la neige est restée accrochée au squelette d'une branche noire
La petite fille est partie elle aussi emportant sa poupée de chiffon emportant son sourire léger emportant les dernières lumières
Le soleil s'est éteint le ciel l'a accompagné les étoiles ne sont plus seules une brume glaciale s'imprime sur la peau faisant apparaître chaque être comme l'ombre de lui-même
Plus personne n'a l'idée de ce qu'était l'automne
De ce que sa douceur pouvait porter comme bonheurs
De la magie des caresses de quelques vents frais
Seul est l'espoir de le revoir avant la mort
Tu ne connais pas la puissance de ton sourire
L'absence n'a pour longueur que la force du silence.
Au creux de ma main résident les lignes et les chemins
où s'inscrivent la valeur du temps.
Il y pousse aux bords des fleurs et des mots
dont les couleurs s'inspirent d'avant.
Alors j'écoute et j'entends le froid et le vent,
ces petits instants dérobés aux temps,
aux temps à présent impatients dans mon cœur.
Personne ne l'entend, personne ne le voit,
personne ne pressent ce que sont ces moments.
Debout sur le chemin d'hier, de pierres et de sang,
je regarde le lointain comme si c'était demain.
Je ferme les yeux et doucement
ressent la présence de ton sourire
que le silence jamais ne dément.
Il suffit d'une étoile
à portée du cœur
Le chemin au bout de nos mains
ne connait ni hier, ni demain
Il ne connait qu'une étoile
Le chemin au bord de nos regards
ne connait ni le ciel, ni la terre
Il ne connait qu'une lumière
Le chemin au coin de nos lèvres
ne connait ni le paradis, ni l'enfer
Il ne connait que le feu
Prends cette étoile
du bout des doigts au fond des yeux
et souris de ce qu'est l'amour
une étoile à portée du cœur
Au bord, juste au bord...
Au bord, juste au bord, s'étend la fraîcheur du bleu
entre Semnoz et Veyrier,
un rêve à la peau douce.
Au bord, juste au bord, se murmure la tendresse
qui se reflète dans les couleurs du ciel,
l'instant de pureté.
Au bord, juste au bord, se dessinent les vagues charmantes
qui reprennent la dentelle des sommets voisins et de leurs chemins,
le refrain du temps.
Au bord, juste au bord, s'écoule l'eau douce et timide
qui fait chavirer les cœurs de sa simple caresse
lorsque nous déciderons de traverser le pont, ensemble,
au bord, juste au bord.
Prends le temps de longer son calme et d'embrasser sa fureur,
il est amour et orage, bleu et gris,
il est la vie...
Questions
Dans le silence épars des jours,
L'absence est-elle la caresse
Qui efface en nous tour à tour
Ce que l'amour avait d'ivresse ?
Dans ce qui ressemble à la mort,
Les mots conservent-ils leurs vies
Où leurs corps créaient nos trésors
Ou ne sont-ils plus qu'exuvie ?
Dans ces nuits s'achevant sans fin,
L'amour a-t-il cette innocence
Écrite aux chemins de ta main
À l'aube de cette vacance ?
Dans tes yeux étaient les réponses,
Je n'imaginais pas rêver.
Même quand le monde s'enfonce,
Mon silence écrit pour t'aimer.
Hommage à l'amour
Silence -
Écoute le vent qui s'écoule, qui s'enfuit et glisse.
Écoute le temps même lorsqu'il s'étend.
Silence -
Ressens ce qui est ici, ce qui est ailleurs et en nous.
Ressens le temps même lorsqu'il se fend.
* * *
Nul ne sait qui façonne le visage de l'amour,
nul ne sait quels songes le construisent, ni ceux qui le brisent.
Nul ne peut le façonner, ni nos regards, ni nos corps,
ni nos mots, qu'ils soient tendres ou purs.
Il est au cœur du vent, au cœur du temps, au cœur de tout.
Il est les terres et le Ciel.
Complainte du silence
Danse, danse en silence dans l'absence du temps
et pense que tu fends avec aisance l'innocence
Danse, danse en silence dans la puissance de la méfiance
et pense aux ressemblances des romances
Danse, danse en silence jusqu'à la jouissance de l'échéance
et pense à l'invraisemblance de notre connivence en pleine conscience
Danse, danse en silence dans la constance de tes promesses
et pense à la persévérance de l'obéissance
jusqu'au tréfonds de ton enfance
Métropolitain
Un chemin de fer
Par-delà la terre
Un chemin ancien
Par-delà nos mains
Un bout de sourire
D'un simple plaisir
Un bout de la rue
Au-dessus d'un nu
Nouvelle station
Pleine d'émotions
Nouvelles envies
Au bord de Lucie
La beauté d'en haut
Au cœur du métro
La beauté du ciel
En un seul soleil
Des gris à l'oubli
La montagne se découpe
Dans la tristesse du ciel
De gris tourmentés
Le vent la polit
De ses caresses fraîches
Et la pluie refroidit
Ce qu'il reste de l'été
La montagne se découpe
Dans les brumes du ciel
Demain tout sera oublié
De ces pluies tourmentées
Quand le ciel devint mer
Un amour entre le scorpion et la vierge
Accroché à une étoile tout en haut,
Dans sa lumière telle celle d'un cierge
Se reflète de l'intense ciel le beau.
Personne n'entend le chant de cet oiseau
À l'unique moment de leur périastre,
Seules les nuits noires aux confins des eaux
Laissent leur place à la caresse des astres.
Ce n'est que dans le silence d'une oreille
Attentive que se conçoit le vivant,
Que s'imagine dans le ciel la merveille
Douce qui embrasse la pluie et le vent.
Personne ne sait ce que fait l'éternel
Qui tisse dans les cœurs ce que le cœur n'ose
D'un fil de soi vrai et inconditionnel,
Léger, léger tel un pétale de rose.
Ce n'est qu'enlacés au bord de la clairière
Que le ciel et la terre sentent que bat
Leur étoile bleue sans la moindre barrière.
Elle est là, juste, elle guide leurs pas.
Personne ne sait ce que l'on nomme amour,
Il est là, tout près, dans cette fraîcheur sourde.
Il est là, haut en couleurs, cherchant toujours
Entre le soleil brûlant et les pluies lourdes.
Ce n'est qu'à la triste apogée du chemin
Partageant les lueurs ultimes du cierge
Que le ciel devint mer brisant dans sa main
Un amour entre le scorpion et la vierge.
Avant l'hiver
Tu es dans le silence
Allongée dans le ciel
Allongée dans le bleu
De quelques jours heureux
La lumière est simple
De chaleur et de douceur
De chaleur et de désir
Tu attends l'avenir
Se pose un instant
Un instant de surprise
Tu l'attrapes et le serres
Juste avant l'hiver
Tu es dans le rêve
Inventant les nuits
Inventant l'amour
Dans les petits jours
La lumière est belle
Réelle et captivante
Réelle et d'un sourire
Tu attends le plaisir
Se pose une main
Une main sur ton ventre
Tu la laisses et te perds
Juste avant l'hiver
Tu es dans la couleur
Étirée sur la terre
Étirée sur le vent
D'un sentiment amant
Tu conquiers le temps
De vrai et de bon
De vrai et de faux
Tu en oublies le beau
Tu l'enterres en silence
Juste dans l'hiver
Un jardin sans murs
Danse ton corps en silence dans mes bras et sous l'arche blanche
tu ne sais pas ce qu'est la liberté
Et je rêve, et tu rêves de ce grand oiseau blanc
navigant dans cet océan qui nous attends
navigant sans tourments dans ces grands draps blancs
Perdu au bord de tes lèvres
Alors que le rêve s'élève
J'attrape le beau
J'embrasse le haut
Et je m'enroule contre ta peau, et je m'enfouis dans ta chaleur
là, juste là, à côté de ton cœur, et tu m'emportes d'un seul sourire
et m'ouvres la porte d'un seul désir
je veux et tu veux créer une éternité dans chaque seconde
Danse ton âme en silence dans la mienne et sous l'arche blanche
nous savons ce qu'est le paradis
Réveil soleil
La mer le matin
Unit le silence
Au bord du satin
Sans qu'elle n'y pense
Au bord du satin
Sa petite danse
Se glisse en ma main
Sans que je n'y pense
Et dans son sommeil
Le matin s'éveille
Un rayon de ciel
Parcourt son oreille
Puis sous le soleil
Le ciel se réveille
D'un rouge vermeil
La mer m'émerveille
Déchiffre la nuit
Ce que le silence méprise
Sur tous les murs noirs de basalte
Rend la terre toujours plus grise
Et sombres, les chemins d'asphalte.
Ce que le silence a de mort
S'étend sur le sol et la chaux
Vive cristallise nos corps
Les brisant entre froid et chaud.
Ce que le silence a de songe
S'enfuit désormais de nos bras,
Ce n'est que le temps qui nous ronge
Comme si nous n'étions pas là.
Mais mon silence a un sourire,
D'un baiser la nuit sur ta joue,
Ce mot va sans cesse s'écrire :
Je t'aime en la pluie et la boue.
Pluies
Il pleut d'une de ces pluies
Qui s'écoulent sur nos joues,
Qui s'écoulent, qui s'enfuient
Dans le jour, le matin doux...
Il pleut sur la nuit qui dort,
Sur nos rêves qui s'enlacent,
Sur ceux qui quittent le port
Quand l'étoile nous embrasse....
La pluie qui passe enfante
La pluie qui reste nous cache
La pluie qui danse nous chante
La pluie qui luit nous attache...
Il pleut toujours et encore
Sur le temps de notre amour,
Sur ton corps jusqu'à l'aurore,
Sur le mien de jour en jour.
Il pleut sur ta main, tes doigts
Froids, sur ton cœur en chemin,
Sur le silence et sur moi.
Il pleut... et tu es si loin.
La pluie qui passe délite
La pluie qui hante et te cache
La pluie qui meurt précipite
La pluie qui fuit nous détache...
Tôt ou tard
Trop tôt, trop tard, au bout du silence,
Repose une pierre noire et blanche.
Lorsqu'elle est venue, nue,
À l'orée de la forêt, tout près,
Dans ce jardin, ce jardin de ciel,
Je l'ai prise dans ma main, sans fin,
Tout contre son corps, fort.
J'ai ressenti le merveilleux bleu
Et chaque battement de son cœur
Comme si nous étions ailleurs, loin,
Et si près de nous, fous,
Dans ce que nous appelions bonheur.
Les yeux dans les yeux, sans un seul bruit,
Nous nous sommes aimés...
Tout le temps
Je ne l'ai pas tu ne l'as pas
Il s'enfuit tout le temps, le temps
Court dans le temps suivant tes pas
Je ne sais pas pourquoi le temps
S'en va là-bas s'en va sans moi
À se défiler chaque instant
Où je te vois ce n'est pas toi
Ce n'est que le temps tout ce temps
Où se perdent tes bras tes pas
Et ce que tu es tout le temps
Ici et ailleurs et là-bas
Je n'entends plus que tout ce temps
Qui part loin qui part avec toi
Avec mon cœur éperdu tant
Et tant dans le bois je le vois
Qui s'en va maintenant sans moi
Perce-neige
Dans le silence blanc
Quand s'efface le temps
S'imagine pourtant
Un regard autrement
Comme un regard d'enfant
Dans le silence blanc
Qui s'en irait riant
Dans la nuit innocent
Dans le silence blanc
Quand le brouillard présent
S'évapore portant
Un regard autrement
Comme un regard d'enfant
Dans le silence blanc
Qui capture le temps
De cet horizon sang
S'écoulant du soleil
Se couchant sur la neige
Sur la rose en sommeil
Et le blanc perce-neige
Contre-temps
Le silence n'est que le sort
Que nous lançons dans le vent
Livrant l'amour à la mort
Livrant les sentiments au temps
Il ne suffit pas d'une vie
Pour avoir assez de temps
De temps de jours et de nuits
Pour s'aimer raisonnablement
L'amour ne sait pas être un piège
Il se perd dans les baisers
Les averses et la neige
Il ne saurait s'apprivoiser
Le silence n'a pas ce cœur
Qui bat même dans l'absence
Il ne peut vivre l'ardeur
Qu'en contre-temps de notre danse
Encore une nuit
Encore une nuit où s'attend
Le petit jour et se découvre
Le temps d'instants intermittents
Qui nous enferment et nous ouvrent
Les portes de Dieu, de Satan
Encore une nuit sans le ciel
De ce temps qui n'existe pas
Recouverte de noir, de fiel
Et de tout ce vide ici-bas
Encore une nuit sans soleil
Sans sa lumière comme avant
Plus rien maintenant n'est pareil
Tous les mots s'en vont dans le vent
Avec notre temps qui s'envole
Encore une nuit où la lune
N'a ni nord, ni sud, ni boussole
En perdant ses étoiles une
À une jusqu'à être folle
Encore une nuit où les signes
Rappellent la vie à la mort
En écrivant entre nos lignes
Ce qui nous noie, ce qui nous mord
En le murmurant à voix basse
Encore une nuit où nos bras
En oublient le sens et nous tassent
Nous emportant dans l'au-delà
Pour que le diable nous enlace
Encore une nuit où tu files
Pour éteindre les jours perdus
Dans tout ce temps qui se faufile
Dans tous ces mots qui sont non-lus
Ne laissant qu'un vent décevant
Encore une nuit où s'endort
Notre amour sous de vieux draps blancs
Oubliant nos cœurs et nos corps
Dans l'absence de sentiments
Petit matin
Jusqu'au petit matin
Je retiens le silence
Le tenant dans ma main
Même en ton absence
Jusqu'aux couleurs aurore
Je capture le temps
Tout ce temps incolore
Fuyant dans le vent
Jusqu'aux douces lueurs
De ton premier sourire
J'éteins toutes tes peurs
Pour l'amour t'écrire
Jusqu'au bout de l'envie
Dans ton regard d'enfant
Je veux lever ta vie
Vers le firmament
Silence
Au crépuscule de nos amours mortes,
Je perds la vue tout au fond de tes yeux.
Et c'est le noir, le diable qui m'emporte
Dans ce silence, ce silence odieux.
La nuit s'invite dans l'ombre des jours.
Elle se glisse dans chaque interstice,
Dans chacun des instants les rendant sourds
Dans ce silence, ce silencieux vice.
Puis de jour en jour, et de nuit en nuit,
Dans la poussière et dans le vent s'évade
Le temps, le temps perdu, celui qui fuit
Dans ce silence, ce silence fade.
Au loin sur cette mer sans nul rivage,
Vogue dans les vagues l'ancien bonheur
Se noyant dans l'écume d'âmes sages
Dans ce silence, silence de peurs.
Au crépuscule de nos amours mortes,
Je cherche dans ton cœur un peu du jour
Qui, d'un battement, ouvrirait la porte
Dans ce silence, silence d'amour.
Ce n'est...
Ce n'est que dans le silence, rêveuse,
Que tu oublies de ton regard mouillé
Ce qu'était cette vérité songeuse
À laquelle nous avons tous deux rêvé.
Ce n'est qu'au travers de ta douce pluie,
Trompeuse et légère comme le vent,
Que nous ressentons que la nuit essuie
Tendrement de ces jours tous les tourments.
Ce n'est qu'au creux de ce profond sommeil
Que s'illumine dans le ciel l'étoile,
Celle unique tel l'éternel soleil
Qui découvre au fond de nous tous les voiles.
Ce n'est que dans nos amours paresseuses
Que nous trompons le temps avec la mer.
Elle a peur dans le vague, malheureuse,
En se brûlant à nos instants amers.
Ce n'est pourtant que ce temps que j'attends
Ton sourire émerveillé, cette danse
De ton regard dans l'automne partant
Et tous tes mots, ces mots dits en silence...
Inattendue
Dans le silence épars des jours
Je ressens tout ce temps absent
Je ressens encore et toujours
Tout ce temps ce temps que j'attends
Et pourtant en partant le temps
N'est plus à présent que trop court
J'attends l'inattendue autant
Que ce vent apportant l'amour
Peut-on ressasser assez ?
Je dis, je dis et répète
Les mêmes mots évidents.
Dans des phrases un peu bêtes,
Je ressasse tout le temps.
Tout ce temps dans mes poèmes
Où s'enfile chaque jour,
Où s'écrivent les « je t'aime »
S'éteignant jour après jour.
J'écris, j'écris et j'écris
Ces mots remplis de tendresses,
Tous ceux dits et ceux non-dits,
Ces baisers et ces caresses...
Je parle en l'air et dessine
Des mots blancs et d'autres noirs,
Et des mots que l'on devine,
Puis d'autres remplis d'espoirs...
Je tourne et retourne encore
Ceux qui sont vivants, et ceux morts,
Ceux qui me broient ou me forent,
Ceux qui amputent mon corps.
Ils virevoltent sans cesse
En mélangeant les tourments.
Ils alignent mes faiblesses,
Ma paresse également...
Je crois, je crois et je pleure
Sur les restes de bonheur
Perdant les jours et les heures
Dans l'ensemble de tes peurs.
Ils me perdent et me fondent
Encore et encore aux vents
Brûlants de ces milliers d'ondes.
Ils m'abiment mort-vivant.
Ils inscrivent dans ma mort,
Notre sang et son silence
En oubliant dans le port
Cette inconnue innocence.
Ils répètent et ils ressassent
Un à un tous nos instants
Ne voulant pas que s'effacent
Le flou de l’amour d'antan.
Ils me rongent dans mes songes
Tout en s'éloignant de toi
Et je crois dans leurs mensonges
Ce qu'il me reste de toi.
Et encore un peu
Je dis, je dis et répète
Les mêmes mots tout le temps,
Dans les amours, les tempêtes
Et les instants insolents
Je te dis pour être honnête :
Je dis, je dis et répète
Que t'aimer est une fête.
Tout le temps tout le temps
Le jour, le souffle court,
N'attend qu'un peu d'amour
Qu'un peu de temps, d'un temps
Manquant tant à présent.
Et pourtant, maintenant,
Tout le temps, tout le temps
N'est qu'un silence pour
Ce qu'a été l'amour...
Tant de temps que l'heure a sonné
Tant de temps à présent que le temps effacé a oublié le temps que nous avons aimé.
Tant de temps chuchotant sur le mur abimé le passé des amants s'est ainsi délité.
Et d'un seul battement, est passé l'évidence en nous martyrisant.
D'un seul frémissement de l'automne partant est morte notre chance.
Nuits et jours
Le jour est l'ami de la nuit.
Le jour est l'ami de l'amante.
La pluie est l'amie de la nuit.
La nuit est l'amie de l'attente.
À l'aube, dans chaque chanson,
S'éveille l'amour en sommeil.
Au crépuscule est la raison
De le retenir au soleil.
Nos cœurs accrochés aux étoiles,
Les yeux perdus dans les vagues,
Notre raison l'amour dévoile
Pendant que les peurs il élague.
Nuits et jours, on regarde au loin
Ce que l'amour a comme pièges
Pris dans le manque et le besoin
Les jours de pluie, les nuit de neige.
Le jour est l'ami de la pluie,
La nuit est l'ami de l'absence.
Le jour est l'amie qui s'enfuit,
La nuit est l'amie du silence.
Course poursuite
Je cours et je cours dans tes songes
Cherchant à attraper ta main
Dans le silence des mensonges
Je veux attraper ton dessein
Je cours, je cours et tu plonges
Dans nos âmes et leurs détours
Dans le silence qui s'allonge
Dans l'ombre de l'ombre des jours
Je cours, je cours et tu t'enfuis
Sur le chemin d'un mauvais jour
Dans le silence de nos nuits
Où s'achève ce qu'est l'amour
Je cours, je cours dans mes poèmes
Pour changer le cours de l'hiver
Dans le silence d'un « je t'aime »
Et de ton cœur qui a souffert
Je cours, je cours à l'aube nue
Pour reconquérir ta nature
Dans le silence, inconnue
Devait être notre aventure
Je cours, je cours d'un battement
De ton cœur l'amour est vivant
L'ombre sombre
Je suis sur les pas de ton ombre
Je voudrais la caresser
J'aimerais la cajoler
J'aimerais la voir rester
Je suis sur le bord de ton ombre
Je voudrais être un chemin
J'aimerais être une main
J'aimerais vivre demain
Je suis dans les bras de ton ombre
Je voudrais te rassurer
J'aimerais te voir voler
J'aimerais te voir aimer
Je resterai contre ton ombre
Malgré les jours et les nuits sombres
Comment
Comment rendre vain le temps ?
Comment le rendre absent ?
Je ne sais dans le noir
Comment attraper l'espoir.
Comment te rendre complice
Du temps et de ses vices ?
Je ne sais dans tes mains
Ce qu'est le choix, le destin.
Comment rendre son visage
À ce temps d'un autre âge ?
Je ne sais ce qu'humain
A pour sens dans ton dessein.
Comment rendre des couleurs
Aux noirs et blancs des peurs ?
Je ne sais des caresses
Que l'amour et sa tendresse.
Je ne saurais pas pour toi.
Je ne sais pas pourquoi.
Je sais : l'amour ne ment
Jamais ! Toi, sais-tu comment ?
Mémoire... ou pas...
Un léger souvenir
Derrière cette porte
Lentement va dormir,
Le silence l'emporte.
Doucement, il s'éteint
Dans tes yeux, tes sourires
Et même dans tes mains.
Plus un mot à lui dire,
Il s'en va, il s'en va...
Il part de ta mémoire
En s'envolant tout bas.
Il n'est plus qu'une histoire,
Un bout d'un vieux passé,
Une petite chose
Oubliée un été,
Un baiser, un rose...
Peut-être une lumière,
Un poème ou un vers,
Une idée en arrière
Qui se noie, qui se perd ?
Tu ne sais plus... ou pas...
Où te menaient tes pas...
Le vent et son silence
Le vent se tait, le vent s'en va
Dans la forêt et le silence.
Et le silence est tout là-bas.
Et tout là-bas, dans l'innocence,
Le vent s'en va loin de tes bras.
Le vent s'en va le souffle court.
Le souffle court dans la montagne.
Dans la montagne est chaque jour.
Et chaque jour, sans que l'on gagne,
Le vent s'en va loin de l'amour.
Lentement
Lentement le silence fait son lit
Dans tes bras, dans tes draps et ton absence.
Il est là dans ton sommeil, dans tes nuits,
Tes rêves, tes cauchemars en partance.
Lentement le silence est cette neige,
Qui glisse en mourant au creux de ta main.
Il est là dans chaque jour qui s'allège
D'une mort, d'un amour et de demain.
Un automne
Il pleut sur notre saison
Il pleut des sourires et des regards
Il pleut du rouge, il pleut du bleu
Un peu de jaune et de blanc aussi
Il pleut sur notre chemin
Il pleut des balades et des surprises
Il pleut l'imprévu, il pleut l'inconnu
Un peu d'envie et de vie aussi
Il pleut sur notre cabane
Il pleut sur son silence
Il pleut du calme, il pleut en douceur
Un peu de tendresse et d'amour aussi
Il pleut dans la lumière
Il pleut du merveilleux
Il pleut du rouge Delarue, il pleut du bleu Roy
Un peu de vert Verlaine et du blanc Carco aussi
Il pleut toujours un peu
Sur un automne heureux
L'ultime pluie
Le silence est si froid
Qu'il nous broie tous les os
Qu'il nous broie dans l'effroi
Dans le flux de cette eau
Tu ne respires plus
Ce ne sont que sanglots
Ce ne sont plus des mots
Le chemin est perdu
La nuit a regretté
Ce que fut cet amour
Ce que fut ce passé
Nous tuant dans le jour
Il a plu cette nuit
D'une lumière noire
D'une toute autre pluie
Celle du désespoir
Le temps déjà n'est plus
Je ne sens plus ta voix
Je sens qu'il ne pleut plus
Le silence est si froid
Silence amant
Aucun bruit
Juste un regard
Un sourire d'envie
S'aimer est si simple
Le silence
Enlace la danse
Des corps et des mains
S'aimer sans le moindre lit
Le soleil
Et puis la pluie
Se glissent dans le jour
S'aimer en pleine lumière
Petit jour
Étrange nuit
Changement de peau
S'aimer naît d'un même rêve
Brouillards d'automne
Te souviens-tu de ces instants ?
La brume recouvre tout, la brume recouvre nous...
Le jour s'est replié dans son grand manteau gris.
Quelques perles transparentes illuminent la vitre
d'un halo pâle, illuminent ta peau évanescente.
Les teintes grises dominent laissant naître
la fraîcheur délicate de cette infinité de roses
tendres et doux qui se reposent sous mes doigts.
Mille paysages se dessinent dans les caresses
abandonnant au loin l'uniformité de la brume.
L'absence de temps dans le silence laiteux
de l'automne naissant offre à l'instant
une longueur monotone délicieuse.
Est-ce cette ouateur qui transforme
les brouillards en bonheurs ?
Dans le silence épars des jours
Dans le silence épars des jours
J'écoute tous ces petits riens
Ces petits riens qui en silence
Ont l'évidence du bleu ciel
Ces petits rien où l'espérance
A la couleur d'un ancien miel
Ces petits rien qui sont les fruits
De l'innocence en apparence
Et ces petits rien que la nuit
Capture dans sa transparence
Écoute ce silence écoute
Écoute ce son monotone
Écoute sans un bruit
Ce que te raconte l'automne
Et regarde cette lumière
Inventer une vérité
Et regarde cette première
Imaginer un autre été
Et regarde la frêle flamme
Émerveiller le froid du jour
Et regarde ce qu'une femme
Invente juste par amour
J'écoute tous ces petits liens
Dans le silence épars des jours
Le ciel et l'enfer
Petite fille, suspendue dans le ciel,
Ton cerceau parcourt sans fin notre chemin.
Est-il de pierre ? Est-il de mer ou de miel ?
L'anneau d'or en son centre retient ta main...
Du souvenir, il a attrapé le vent.
À la marelle, il est parti de la terre.
Des oiseaux l'ont accompagné longuement.
Je t'attendrai au lieu du premier mystère.
Pour revenir, je me perds entre ciel et enfer...
La pluie discrète
Dans le silence ne s'entend la pluie
Ni le jour, ni la nuit…
Goutte à goutte pourtant,
Elle tombe en passant.
En passant dans le monde transparent
Qui la nuit, qui le jour,
Goutte à goutte toujours
Court sur nous en jouant…
Et le temps impatient oublie la pluie
Dans le jour, dans la nuit,
Où se terre le ciel
De nos cœurs en soleil…
Amour
Quand le silence en forêt
Occupe la vie, l'envie
Est toujours un peu plus près.
Dans ma main, la féerie
De ce bonheur du matin
Fait de l'aube mon amie.
La lumière sur ton sein,
Légère, achève le rêve
Que caresse le satin.
Dès lors, le soleil s'élève
En saisissant cet instant
Contre tes lèvres d'élève.
Et déjà s'enfuit le temps...
Mais moi, je le tiens encore
Quand s'éteint le jour d'avant.
Mais moi, je te tiens encore !
à propos
Le silence n'a-t-il jamais été une présence ?
A force et à force de chercher à le briser,
il m'a envahi tout entier
s'éparpillant dans les jours
jusqu'à déposer ses propres mots,
jusqu'à devenir un visiteur...
« Un visiteur
Quelqu'un est venu pendant que je dormais
est entré dans la chambre entré dans mon sommeil
m'a regardé dormir a dormi avec moi
Son souffle était mon souffle son silence le mien »
Claude Roy