
Amour fatal
Lorsque la vie, soudain, nous dés-
Unis, sont-ce les capri-
Ces de l'amour ? Sont-ce les envies déc-
Idées ? Sont-ce les morts qui nous rec-
Entrent ?
Arts
Chair de mots
Sur le chemin de tes mains
Erre la chair de mes mots,
Sensible, intranquille
Et qui ne dissimule rien.
Demain, ils seront étourdis,
Maladroits, fou de toi,
Et la joie les retiendra
Sur la page blanche.
Demain, ils seront sans fin,
D’esprit, de folie,
De patience aussi
Et puis, ils mourront
Ainsi dans l’encre noire
Qui s’assèchera.
Sur le chemin de tes mains,
Ils deviendront la vérité
Qui part en poussière.
De la…
De ça, de là,
D’ici, d’ailleurs,
Je ne sais pas :
Je n’ai pas peur.
De-ci, de-là,
Ainsi d’ailleurs,
Je ne crois pas :
Ce n’est plus l’heure.
Des pas de là;
Des si d’ailleurs ;
Je ne dis pas ;
C’est pas ton cœur.
Dépit de là,
Aussi d’ailleurs,
Je ne vis pas :
Ce n’est qu’un leurre.
Si peu
L’amour c’est si peu,
Une goutte de pluie
Dans l’océan de ta vie
Ou une goutte d’eau
Dans le verre de tes mots,
Une larme qui détale
À cet instant banal,
Une larme qui s’écoule
Dans celui qui te saoule
Une poussière sèche
Sans goutte d’ivresse,
Cette poussière rêche
Du chemin qu’on délaisse :
L’amour est si bleu.
Avant de partir
Adieu amour
À Dieu toujours
Adieu encore
Si je m’en sors
À Dieu pourtant
Encore enfant
Adieu pour tant
D’instants partants
À Dieu Amour
Pour l’instant
Pour toujours
Encore
À dire
Je ne sais ce que veut dire
Je t’aime
Je l’ai tant entendu
Je l’ai tant dit
Je l’ai plus écrit
Encore
Je ne sais ce que veut dire
Je t’aime
Dans tant et tant de poèmes
Il s’est glissé
Il s’est perdu
Il s’est brisé
Hors de toute vue
Je ne sais pas ce que veut dire
Je t’aime
Et pourtant
Je te le dis
Dense
Que dire ?
Qu’écrire ?
Quel sens ?
Quand j’y pense,
Que j’y repense,
Que cette danse
Des mots
Piétine en moi
Tous les chemins
De mon cerveau
Comme des chevaux noirs
Se cabrant,
Se révoltant
Sous mes cheveux blancs !
Que dire ?
Qu’écrire ?
Quel sens
Peut encore
Vibrer en moi ?
Noir est bleu
À l’encre noire dans le ciel bleu
Les mots s’abyment
Entre les deux
Les mots se plongent
Dans l’amer
À l’encre bleue dans le ciel noir
Abcyme
La poésie n’est pas
Ici
Et le poème
Jette les « je t’aime »
Entre les lignes et leurs cimes
La poésie n’est pas
Ailleurs
Et le poème
Se noie dans les peurs
Entre les signes et les abymes
La poésie n’est pas
Tout court
Et le poème
N’a plus aucun sens
Perdu sans cime ni abyme
Poésiel
Ma poésie n'a qu'un sujet.
Il n'est qu'elle :
Elle-même
et elle-autre.
Elle est de vert,
De bleu et de noirs.
Pas de blanc, sûrement.
Un peu de rose, légèrement.
Elle glisse sur le temps,
Les chemins et le ciel
Et se perd en tournant
Autour de ses tourments.
Ma poésie n'a qu'un seul
Sujet amoureux.
Elle n'est qu'L
Et rien d'autre.
D’un mot
Le mot s’écrit
Le mot se crie
Parfois
Sur cette voie
Par cette voix
Pardon
Le mot s’évite
Le mot c’est vite
Adieu
À ce demain
Dans ces deux mains
À Dieu
Le mot sait
Le mot c’est
Amour
Oui pour ce jour
Non pour toujours
Amour
Sur un petit art
Sur un petit air
De la route de la chanson
Les mots s’en vont
De l’autre côté
Pour une autre maison
Sur un petit air
Sans la moindre raison
Les mots cheminent
De l’autre côté
Sans qu’ils se devinent
Sur un petit air
Sur cette montagne
Les mots se taisent
De l’autre côté
Tombant de la falaise
Pourtant ils m’entêtent
Petit à petit
Je ne suis qu’une petite
Tête de l’art
À la dérive
Les vers se promènent
Se perdent et se déversent
Sans fin
Ils tanguent, se renversent
S’accrochent et se décrochent
En vain
Et moi je les retiens
Les grave et les oublie
C’est rien
J’ai le mal de mère
Pluie d’antan
Dans le temps
Les mots coulaient à flots
Entre les pierres et les gens
Venant du ciel et de la terre
Tout autant
Maintenant
Ils coulent tout le temps
Mais c’est si différent
Ils sont secs et amers
Tout le temps
Mais pourtant
Ils coulent comme avant
De cette pluie d’un autre temps
Ni laids ni beaux
Ni vraiment
Ils ne sont que le temps
De cette pluie d’antan
Cela aurait pu être un poème
J’ai mis les chaussures de Raymond
J’ai mis aussi ses chaussettes
Et je suis parti sur les chemins
De l’écriture poétique
J’ai ramassé quelques fleurs
Des gouttes de pluie
Des reflets du soleil
Et quelques regards au hasard
J’ai juste oublié que ma plume
Écrivait avec de l’encre sympathique
Mes mots se sont dissous un à un
Et ont disparu dans le bleu du ciel
[Jamais ma poésie ne saura
Ce qu’est l’ART PO]
Accroché au mur
L’art
Quelque part
L’art du silence
Celui des mots tus
Celui des non-dits
Et tous ceux malvenus
L’art de se taire
Pour être plus bas que terre
Pour être un non-être
Et peut-être un peut être
L’art de mourir
Un petit peu à petit feu
Pour se sortir de ce jeu
Et ne plus être ce je
L’art
D’être là par hasard
De n’être que hagard
De ne voir que le départ
L’art
D’être un lèse-art
Yeux
La pluie
Il pleut.
Ce matin, il pleut.
Une eau lourde, une eau froide,
Une eau sèche comme mon cœur.
Le ciel est gris,
Sombre et gris.
Gris de silence et gris d’absence.
Il est gris comme chaque instant.
Alors,
Ce matin, il pleut.
Dans mes yeux, dans ma vie.
Il pleut comme il fait gris.
Et demain…
Baille
Le jour se lève.
Du bout des yeux bleu ciel
Au bout de la tartine
Rouge framboise,
Se glissent tes lèvres
Fines et pâles,
Avant qu’en un dernier
Sourire, tu t’en ailles.
Bye bye…
Bleu acier
Sur l’oreiller blanc,
L’aube dessine
Des ombres folles.
Je crois percevoir
Dans les plis du temps,
De temps en temps,
Ce dernier regard
Qui m’a découpé
En fragments éclatants.
Si peu
J'imagine
le bleu
profond et amoureux
le bleu
clair et savoureux
ce bleu
fier et délicieux
J'imagine
la vague dans le ciel
le souffle d'océan
cette étoile de mère
J'imagine
c'est tout ce que je sais faire
et c'est si peu
pour rendre heureux
Partir
Une terre, un ciel
Et le temps
Tout autour
Le jour, la nuit
Et la pluie
Qui s’ennuie
Le noir, le blanc
Et le bleu
Qui s’envole
La main, les yeux
Et la bouche
D’un sourire
Adieu
Le temps d’un regard
Le temps
Le temps de le dire
Le temps de le faire
Le temps de l’être
Et celui de disparaître
Le temps de voir
Le temps de taire
Le temps d’avoir
Et celui de nier
Je ne l’ai plus
Je n’y crois plus
Je ne retiens de tes yeux
Que le temps perdu
Qui ne reviendra pas
Erretteleicertne
Il était
Un monde à l’envers
Un paradis sur terre
Un enfer dans le ciel
Il était
Un voyage en restant
Sur place en suivant
Un chemin sans sens
Il était
Un tour sans aucun jour
Un espace contenu
Et un vide plein
Il était
Ce que je ne sais
Ce que je ne vois
Ce que je ne dois
Il était
Incertain
Regard
À l’envers
Sans un regard
Mur
Murmures
Suis-je au pied
De la lettre
Suis-je au fait
Du temps
Juste de temps
en temps
Suis-je la porte
Suis-je le mur
Dans lequel souffle
le vent
Dans lequel souffre
le temps
Un instant
De ce passé présent
Dans les murmures
du mur
Et même plus !
Je ne suis qu'un homme quelcon-
que, un peu triste, toujours quelcon-
que, je dis parfois des choses quelcon-
que passant inaperçues, si quelcon-
que... Alors, je me dis quelcon-
que dans tous les regards.
À la place
Il faut bien rire parfois
même quand rien ne va
que les oiseaux sont moqueurs
que les poissons sont marteaux
Il faut bien rire de tous les maux
des plus laids aux plus beaux
et puis de tous les hasards
des vrais aux ringards
alors sur ce trottoir noir
je ris loin de tes regards
un peu jaune, un peu noir
un peu chaud, un peu froid
de tout, surtout de rien
Puis je vois passer un chien
et je ris de chagrin
Les yeux dans les yeux
Circulez
Il ne sert à rien
De s’arrêter
Vous n’avez pas vu
Que les feux étaient bleus
Tant pis pour vous
C’est marron
Lunettes
À double foyer
Elles sont à double foyer
Elles ne permettent pas
De mieux voir
Elles ne permettent pas
De mieux se comprendre
Et encore moins
De ne pas se tromper
Nouveau départ
« Les beaux jours s’en vont. »
Les beaux jours me quittent.
Plus de choses dites,
Plus rien ne tourne rond.
« Les beaux jours s’en vont. »
Les beaux jours repartent.
Plus aucune carte,
Plus rien n’est vraiment bon.
« Les beaux jours s’en vont. »
Les beaux jours, adieu…
Plus rien dans tes yeux,
Plus rien, je reste con.
Des laisses
Laisse
Laisse au temps le temps
Laisse aux jours l’instant
Laisse aux nuits la vie
Laisse au tout les riens
Laisse à tes filles les jeux
Laisse à l’envie la pluie
Laisse aux nuages le vent
Laisse à la mère le vague
Laisse à la terre le feu
Laisse au ciel le bleu
Laisse aux chiens les laisses
Et laisse-moi tes yeux
Au dernier regard
J’attendais le bon endroit
J’attendais le bon moment
Et je tournais en rond en attendant
Le bon endroit n’était pas là
Le bon moment n’y était pas
Et je tourne en rond en attendant
Au bon endroit
Au bon moment
Elle est passée sans se retourner
Rues
Perte
Dans la rue, le bitume chante.
Il chante pour la passante.
Il chante pour cette absente
Que chaque goutte représente.
Pas à pas, roue après roue,
La ville nous déroule,
Souvenirs, rien de nous
Et rien du tout dans la foule.
Puis, cette pluie me noie.
Je ne comprends pas.
Je ne saisis pas
Qu’elle emporte la joie
À la rue
Où es-tu ?
Pas un mot.
Pas un regard.
Juste le vide.
Juste le temps.
Tu es passée.
Es-tu passé ?
Pars ici
Je cours.
J’entends tes pas
Et je cours.
Je cours
À corps et à cris
Mes pas dans tes pas
Me niant pas à pas.
Je cours
Bas et court
Descendant cette vie
Emporté par ma propre pluie
Sans le moindre parafoudre.
Lumhier
De réverbère
en réverbère
j'oscille sous la lumière
éclats de verre
éclats de pierre
tant de soleils
parmi les étoiles
Et juste un voile noir
qui broie le soir
sous mes pas
qui errent d'hiers en hiers
Espèces d'espaces
L'espace d'une seconde
L'espace d'une minute
L'espace d'une heure
d'une journée, d'un mois
ou d'une année
l'espace se referme sur moi
comme un chemin qui m'étreint
infiniment d'espaces vides
Entends
Silence
Aucun bruit pour me retenir
Aucun son dans la maison
Juste le silence
À l'unisson
Avec l'absence
Goût de goudron
Habillé de gris
habillée de noir
Les espoirs se laissent
quand on quitte la rue
L'amour en cavale
La mort en bandoulière
Les espoirs s'éteignent
Sous les derniers réverbères
Le désir sur l'asphalte
Les envies passagères
Les espoirs sont déchus
La route continue
Au coin
Au coin de la rue
une mère
et ses deux fillettes
qui jouent
qui dansent
qui rient
et elle
la tête à l'envers
s'interroge
que voient-ils
que pensent-ils
que disent-ils
tous ces gens
qui la regardent
qui l'interrogent
tous ce gens gris
tous ces gens tristes
au coin de la rue
Il pleut
Pourquoi ?
Pourquoi pleut-il ?
Cela te déplait-il ?
Pourquoi ?
Toutes ces gouttes
qui s'ajoutent
une par une
et par milliers
Toutes ces gouttes
sans aucun doute
qui sur ta route
s'ajoutent et s'ajoutent
sur ta joue
toute douce
se posent en douce
tant de bisous
Il pleut
Hommage
à l'hommage à Tristan Corbière
« Il pleut sur la mer au cœur de la nuit »*
Où toutes les vagues rongent les rues
Enragent les nuages et les nues
« Il pleut sur la mer au cœur de la nuit »
La pluie s'abat en expulsant le temps
« Contre la jetée où le phare luit »*
« Il pleut sur la mer au cœur de la nuit »
Son cœur a mis les voiles de l'ennui
S'en allant voguer sous tant d'autres vents
« Il pleut sur la mer au cœur de la nuit »
La rue déserte
« Jamais jamais jamais »*
Je ne me retournerai
Je ne me retournerai
jamais ni après
« Jamais jamais jamais »
Je ne me délivrerai
Et je ne me livrerai
Jamais ni après
« Jamais jamais jamais »
Je n'entendrai je t'aimais
Mais moi, je te le dirai
C'est faux
Et c’est vrai
Pauvre con
Au bord du caniveau
l'esprit dans les chaussettes
mon cœur prend l'eau
Et son bain debout
Les cheveux en bataille
Le regard dans les maux
Mon cœur sur l'asphalte
S'éteint sans la pluie
Sur le pont le jour passe
Et je passe pour un con
Mon cœur en écharpe
Une écharde tout au fond
Attention
C'est sérieux
as-tu dit
Un jour au bord du chemin
Longeant la grand-rue
C'est sérieux
J'ai compris
Ce même jour en chemin
et moi je l'ai cru
C'est sérieux
Mais au loin
Je n'ai pas vu les points
de suspension
Altlucentrisme
Tu es au centre
Au centre de la rue
Au centre de la ville
Au cœur de ma vie
Au cœur de ma vue
Tu es mon centre
Et tu n’es pas là
Qu’en serait-il
Si tu étais
Au centre ?
Point de rue
Assis sur la pierre pointue
Je vois au loin les rues
Qui s’entremêlent
Et qui s’emmêlent
Je ne sais plus quoi penser
De ce point de vue
Même le nuage est perdu
Assis sur la pierre pointue
J’ai juste mal
La rue s’arrête ici
Au milieu de la prairie
Homme
Peut être
Être être
Être homme
Être quelque chose en somme
En attendant de naître.
La conscience se perd
À quelques pas de l’univers
Sur des chemins à l’envers,
Sur des chemins de retraite.
Être peut-être
Un peu plus,
Un peu moins,
Être une fois,
Une autre fois,
Un autre moi
Loin de ses pas.
Être et n’être
Pas tout à la fois
Temps
Tant et si peu
De temps.
Tant et tant
D’instants.
Tant qu’un peu
De temps
Insuffisant.
Tant et tant
De tant
Si tentant.
Tant pour peu
Que le temps…
Tant et tant,
Soit autant.
Tant et si peu,
Tant et tant,
Tant qu’il pleut !
Dos au mur
Les murs sont
des murs sombres,
surtout sans sons.
Les murs sont
de tristes ombres
sans rien de bon.
Les murs ont
des trous en nombres
des malfaçons.
Les murs ont
dans la pénombre
tant de raisons
Et toi
derrière le mur
tu ne murmures
que des morsures
Il pleut
Il pleut averse
une haute pluie
des gouttes d'eau
des mots d'orage
imperméables
impertinents
Cheveux humides
et pieds mouillés
je rêve sans doute
à d'autres gouttes
pour défriser
ce qu'est l'été
mettre à l'envers
ce qu'est l'hiver
il pleut averse
sur moi en somme
ils me traversent
je reste un homme
Fards
La pluie la nuit
a sa magie
La pluie le jour
a ses toujours
et tu m'emmènes
à travers ciel
tu me promènes
dans tes yeux
fenêtre fermée
et mains ouvertes
les lèvres offertes
la nuit déguisée
le jour de miel
suis-je un homme heureux ?
Écrire
Que dire
que je n'ai dit ?
Qu'écrire
sur les pages jaunies ?
Que faire
de ce désert ?
Je croise les doigts
et je crois en toi
plus que tu n'y crois.
Je ne sais ce qui se perd
lorsque tous nos repères
ne sont ni à dire ni à faire.
J'espère t'écrire..
Unique
Quelqu'un
sur le chemin
sur le sentier
qui n'a pas de fin
Quelqu'un
qui serait bien
qui serait bon
sur ces vallons
Quelqu'un
lové sous la pluie
niché dans la nuit
et ses seuls parfums
Quelqu'un
ou plutôt quelqu'une
si peu quelconque
que je l'attends comme une
vérité.
Accolade
« Je ne connais que la défaite. »*
Tu dis que cela aide à grandir.
Ce qui ne m’a pas fait mourir
Devait me rendre tellement plus fort.
Mais je crois que les mots ont tort
Autant que moi. Pourtant, je crois encore.
« Je ne connais que la défaite. »*
et
L’amour est la mort.
hait
Je ne sais quels maux choisir.
Je n’ai ni envie ni désir.
Embrasse-moi une dernière fois.
Embrasse-moi, il fait si froid.
« Je ne connais que la défaite. »*
L’homme au raz-d-eau
Une goutte d’eau s’écoule,
S’écoule sur mon épaule.
Lentement, elle s’écoule,
Tournoyant lentement.
Lentement tournoyant,
Elle s’écoule lentement.
Sur mon épaule s’écoule
Une goutte d’eau et coulent
L’homme et son radeau.
Signel
Folie folie folie
Un signe parmi les lettres
Et les nombres premiers
Tout se mélange
Et s’interprète
Je ne sais pas lire
Entre toutes tes lignes
Je ne sais qu’écrire
En multipliant les signes
Folie folie folie
Je ne parle que d’ailes
Qui s’envolent à l’infini
Multipliant les étincelles
Dans le feu et la pluie
Je ne sais pas dire
En une seule ligne
Je ne sais qu’écrire
Sans le langage des signes
Ailleurs
Plus haut, plus haut encore
Toujours plus haut
Autrefois est dans aujourd’hui
Comme le soleil dans la pluie
Le jour mêle à la nuit
L’impossibilité de l’oubli
Ailleurs est toujours plus haut
Que ce que mon regard sait saisir
Aujourd’hui est dans ma main
Mais demain est ailleurs
En question
L’homme a fait le tour de la question
Et en revenant à son point de départ
Il est reparti à reculons à tort ou à raison
Il n’a pas su ni pourquoi ni comment
Son absence de raisonnement
N’a apporté comme réponse
Qu’une question dont on ne fait pas le tour
Un brin
Regarde le brin d’herbe
Qui danse dans le vent
Il danse et ne pense pas
Il danse seulement
Il danse dans le vent
Sans penser au temps
Il danse sagement
Juste en attendant
Rien rien de rien
Seulement il danse
Comme un brin d’herbe
Comme
Je suis un homme
Je n’ai rien d’un brin
À gratter
Pas de traces
Pas de taches
Plus d’espace
Tout en surface
Semble faire croire
Que la mer
N’est plus à voir
Pas de traces
Pas de taches
Juste l’espace
À gratter en surface
Pour pouvoir croire
Que la mer
Fait naître un espoir
Vague à l’homme
Ce recueil est un cercueil
Qui accueille les mots morts,
Ceux enterrés et ceux à terre,
Ceux au ciel et ceux sans Dieu.
Ils n’ont comme linceul
Que des pages blanches
Où tranchent les noirs
Sans le moindre espoir.
Ils n’ont comme paradis
Que le silence des lignes,
Que celui de chaque signe
Qui divague dans l’espace.
Ce recueil est un cercueil
Qui accueille ton œil
Pour quelques secondes perdues :
Je ne te reverrai plus.
J'espère qu’il pleut, que la vie se déc-
Entre. J'espère que ce sont des crist-
Aux, que leurs flammes sont les bienve-
Nues !
« L’espèce humaine m’a donné
le droit d’être mortel »
Raymond QUENEAU
* Des mots de Raymond QUENEAU