
A FANTASIE
(L'homme sans rêves)
ALTRA ATRA
Aphantasie
Maladie d’amour,
Mémoire malade,
Peut-on comprendre
Que notre œil intérieur
Est aveugle ?
Peut-on comprendre
Que ceux extérieurs
Ont oublié ?
L’amour n’est pas un fantasme :
L’image a son importance.
Peut-on aimer
Sans se voir ?
Peut-on se perdre
Dans le noir
Sans savoir ?
Malade d’amour,
Maladie de la mémoire…
Incapable de se voir
Jusqu’à décevoir !
IN MEMORIAM MEMORIAE
1 · Aveugle
Non
Je suis aveugle de toi
Je suis aveugle de tout
Rien
Dans mon esprit
Rien
Dans ma vie
Ne s'imprime ici
Au fond de moi
Non
Tu ne peux rien comprendre de moi
Tu ne peux rien comprendre du tout
Rien
De ton esprit
Rien
De ta vie
Ne s'imprime ici
Je ne suis
Que ce noir
Je ne suis
Que ce vide
Qui n'a su retenir de toi
Qu'un monde aveugle et sourd
Non
Il ne reste rien ici
Il ne reste rien du tout
Rien que je sois capable
De voir
2 · Perdues
Perdues, perdues dans l'antre de ma tête,
Les images se fanent inexorablement.
Rien qui n'existe,
Rien qui ne joue.
Le diable s'emploie dans ma mémoire
À détruire chaque grain
Jusqu'à ce qu'il ne soit même plus
Un misérable grain de sable.
Perdues, perdues dans l'antre de ma tête,
Parmi les noirs et les noirs,
Rien qui ne persiste,
Rien qui ne vit,
Les images ne sont qu'absences et silences.
La lente danse de l'inconscience
N'arrive pas à retenir ce qu'étaient nos vies
Perdues, perdues dans mon antre vide et creux.
3 · Toi, dans le noir
Tu étais là, je le crois, je le sais.
Et pourtant mes bras sont vides,
Vides comme mon âme.
Et je recherche, et je creuse
Dans cet abîme infini de vide.
Les mots sont là, noirs sur blanc,
Assurément constants,
Constants comme mon cœur.
Mais les images sont noires sur noir.
Tu étais là, je le crois, je le sais.
4 · Sombre ressenti
Je ferme les yeux
Pour chercher à rêver,
Pour chercher la douceur
De ce qu'est ma tombe.
À croire qu'il est facile
De rêver d'ailleurs,
De rêver simplement
Ce qu'est l'amour évident.
Je ferme les yeux,
La lune est noire.
Le ciel aussi !
Comment ressentir, Lucie ?
5 · Le miroir brisé
Dans les éclats de la glace
Des éclats de moi
Noirs et pailletés
C'est à croire
Qu'il ruisselle de la brume
Dans ce miroir sans tain
Mort.
Est-ce le passé, est-ce le présent
Qui s'oublie ainsi tout le temps ?
Est-ce le désert, est-ce la nuit
Qui ainsi me maudit ?
Retenir,
Comment ne rien pouvoir retenir ?
Dans les éclats de la glace,
Des éclats de toi,
Sombres et diffus,
Sont présents et s'écoulent en mots.
6 · Voir dans le noir
J'aime une femme dans le noir.
Elle a un regard perçant,
Elle a un sourire d'enfant
Et je ne la vois pas.
J'aime une femme dans le noir.
Elle a des joues fraîches
Et des cheveux épris de liberté.
Et je ne la vois pas.
J'aime une femme dans le noir.
Elle a de petits seins légers
Sur un cœur vibrant.
Et je ne la vois pas.
J'aime une femme dans le noir.
Elle a un ventre craintif
Et un nombril attentif.
Et je ne la vois pas.
J'aime une femme dans le noir.
Elle a ce que je tairai
Et plus que cela
Que je ne vois plus...
7 · Maintenant
Maintenant que le temps n'est plus,
Il ne me reste de la pluie
Que les brumes de l'orage
Qui se mélangent dans le noir.
Et ce qui était la vie, ce qui était hier,
A déjà disparu dans mon brouillard.
J'ai conservé les mots, et puis les photos,
De ce passé parti, de ce passé mort.
Maintenant que le temps n'est plus
Dans cet œil à jamais aveugle,
Ne se suivent que les noirs des espoirs,
Ces vides et ces riens qui feront demain.
8 · Sans
Devant tant de silence,
Devant tant de vide,
La nuit est si sombre
Que le jour n'est plus.
Je ferme les yeux
Pour revoir les jours
Heureux, ceux partis.
Sans images du bonheur,
Sans images du temps,
Le jour n'est plus sûr
De ne pas être la nuit.
Je ferme les yeux
Et la vie continue
Sans bruit : tu es partie.
9 · Un nouvel automne
Un nouvel automne s'écoule
Ni différent, ni identique
Uniquement plus absent
Tel un de ces contes sombres.
Alors je cherche dans mes rêves
Autre chose que la nuit,
Mais je sais encore aujourd'hui
Qu'il ne me reste plus rien
Je scrute et je scrute encore
Dans tous les recoins de ce pauvre corps
Mort. Et je ne trouve que le noir
Comme seul élément d'espoir.
10 · Sombre souvenir
Le souvenir de l'automne
Serait de rose et bleu
De ciel et de chair
Comme le serait un rêve
Ces heures de douceur
Seraient de lenteur et de beauté
De regards et de caresses
Comme le serait l'amour
Ce souvenir du temps
Passé n'est que nuit et brouillard
Que vides et silences
Comme l'est ma mémoire
11 · Où
Je suis aujourd'hui
Et hier s'est éteint.
Il refuse de chanter
Il refuse de briller.
Il ne subsiste rien
Rien sur lequel me reposer.
Rien sur lequel me retenir.
Où es-tu ?
Nous nous embrassons
Sur le chemin, main dans la main.
La forêt est silencieuse
Elle nous accompagne.
Tendrement laissant le temps
Retenir son souffle.
Tout doit être là quelque part
Où es-tu ?
12 · Si loin
Le temps est si loin.
Si loin, et pourtant, je me souviens.
Je me souviens de ton visage
De tes yeux bleus perçants
Je me souviens de tes lèvres
Fines et fraiches.
De ton sourire éclatant
Je me souviens de ton front
De ces mèches qui s'envolent
Sous le soleil de l'après-midi
En caressant mon visage
Je me souviens, je me souviens
Et je ne vois rien
13 · Sans fin
Je cherche sans fin
Les instants qui s'effacent
Dans le noir dans le vide
Je cherche dans chaque seconde
À rattraper les instants perdus
Chaque bribe de nous.
Je cherche sans fin
Les infinis détails
Ces étincelles merveilleuses
Je les cherche dans les espaces
Sombres de ma mémoire morte
Je cherche sans fin
Chaque image qui s'absente
Chaque pas qui s'enfuit
Je les cherche dans le jour
Et la nuit comme s'ils étaient partis
Je cherche sans fin
À te retenir
14 · De la lumière à l'ombre
Dans l'ombre de la nuit
Et dans celle du jour
Il ne se passe pas un instant
Où je te perds
Un peu plus
Au-dessus de moi, le vide
Et le néant tournoient
Le temps est ce grand présent
Maintenant totalement absent
Il s'effondre à la manière de la mort
Ne laissant dans mes yeux
Qu'une brume insipide
Le monde n'est pas
Le monde n'est plus
La raison a épuisé
Ce qu'il était dans tes yeux bleus
Je n'ai conservé
Que ces nuages sombres
Des lumières de notre temps
15 · L'enfant
Je me rappelle d'un enfant
De cette idée venue
Sans même y penser
Je me rappelle de lui
Ce n'était que des mots
De vent et de poussière
Posés au centre de ton ventre
Par le pressé de nos baisers,
Ce n'était que beauté
Je me souviens de mes mains
Sur ton cœur, sur tes seins
Inventant ce dessein
Du bout des doigts, du bout des lèvres
Sans imaginer la fin
Il est là cet enfant
Au bord de moi, au loin de toi
Il est là cet enfant
Je le sais et ne le vois pas
16 · Qui peut me croire ?
Qui croit encore au poète ?
Le temps a recouvert le temps
De ces cendres d'absence.
Le poète est aveugle
Encore plus qu'auparavant,
Il cherche ses mots dans les failles,
Dans les eaux troubles de son esprit.
Il cherche dans tous les noirs.
Ce que le soir pourrait avoir
Comme lueur d'espoir.
Qui peut encore croire en lui ?
Il sait que ses mots d'amour
Peuvent faire peur.
Il sait que dans le noir
Leur encre blesse la page blanche.
Il sait que sa plume.
Ne peut plus être lue,
Qu'elle est devenue insensible.
Qui peut croire à la lumière du soir ?
La beauté s'enfuit dans la nuit,
Cette nuit qui se repait
Des images de sa vie disparues,
Cette nuit qui se construit
Autour de l'oubli.
Ses lèvres de sel
Ont le parfum acide
De la mort de l'automne.
Une neige sombre
A recouvert ce monde
Englouti dans le vide.
Qui croit encore au poète
Quand son esprit sombre ?
17 · Une mèche
Une mèche de cheveux
Dans le ciel radieux,
Elle m'éblouit de mille feux
Glissant devant ses yeux brillants
Pour caresser l'instant.
Une mèche de son sang
Comme des tisons ardents,
Me brûlant dans ce jeu
De lumières entre amoureux,
Cette mèche de cheveux
Reste dans mon passé en creux…
18 · De noirs
De noirs sur fond noir,
Ma mémoire se noie.
Un reste de lumière blanche
Surgit sans le moindre bruit.
Une ombre sombre
Flotte dans cette pénombre.
Est-ce ton fantôme
Ou les relents d'une brume
Posthume et morbide ?
Un soupir. Un mouvement. Un instant.
Rien que le temps qui se fige
Dans les méandres de cet antre
De noirs sur fond noir.
19 · Sombre passion
Tour à tour dans l'effondrement
Du jour se cherchent les lumières,
Ce monde plie et ploie
Dans l’étroitesse de mes idées.
Je ne sais à quel moment cela commence.
Je ne sais à quel moment cela s'arrête.
Mais je ressens en moi ce courant,
Cette électricité sous ma peau,
Cette onde qui monte et monte
Sans jamais redescendre,
Cette onde qui vibre infiniment
De sa puissance indéfinissable.
Tu ne sais pas, tu ne sauras pas
Comment résonne mon corps,
Comment bat mon cœur,
Comment s'envole mon âme.
Tu ne sais pas ce qu'est le temps,
Ce qu'il construit dans mon regard.
Tu ne sauras pas ce qu'est la vie,
Ce qu'elle imprime chez un homme.
Personne n'imagine, personne ne croit,
Que l'amour peut être si simple,
Qu'il peut déchirer n'importe quel mur,
Qu'il est cette chose banale et folle.
Personne, même toi, ne peut croire
Que l'amour n'est qu'une passion folle
Et tandis que le monde s'écroule,
Je continue à croire en toi dans le noir.
20 · À la naissance de ton sein
C'est un chemin pour la première fois,
Emprunté. Il sent l'automne et la liberté.
Il m'a pris par la main sans attendre,
Il m'a transporté dans un tendre endroit
Dans les couleurs de blancs sentiments.
D'un sourire, d'un mot vers l'avant,
C'est le temps qui s'est arrêté.
Devenant lentement caressant,
Il m'a montré le chemin
Du bout de tes lèvres,
Au bout de mes doigts…
Délicatement le tissu se soulevant.
Mon cœur vibrait à la naissance de ton sein ;
Mon corps se souvient
De ce que mes yeux ont oublié.
21 · Vide
Je suis vide de jour de nuit
Et tu es je ne sais où
Je regarde au loin le matin
Pour retrouver l'illusion
Perdue de nos jours heureux.
Je vois dans mes mots ce sable
Jetable ces résidus de ce marbre
Qui ne sont plus que poussière
Je suis vide de ton amour
Comme si à chaque instant
Tu effaçais un à un nos sentiments
Toutes ces gouttes de pluie
Maintenant désunies
Je suis seul tout seul
Dans le labyrinthe de ma tête
Dans ses méandres sans images
Je suis vide de toi si vide
Que même la lumière perd
Son sens dans les brumes
De mes jours et de mes nuits
Je ne vois plus aucune lumière
Parmi les secondes et les heures
Mes pensées se noient dans ta mort
De cet effroi de mon vide intérieur
22 · Le sablier
Le sablier du temps brûle la lumière brule nos instants passés.
Je ne soupçonnais pas
Que la chaleur de tes bras
S'effacerait en moi.
Temps ennemi, l'oubli en ami,
Je ne sais plus ce que tes yeux
M'ont raconté, ce qu'ils ont écrit
Dans mes jours et mes nuits.
Au fond de mon cœur,
La faiblesse et la noirceur
Estompent les valeurs
De toutes tes ardeurs.
Je ne ressens plus
Des instants divins
Que le noir malsain
Qui m'enserre sans fin.
Le sablier du temps
Sans la moindre douceur
Arbore le silence
Comme unique valeur ;
Ni haine, ni amour,
Uniquement l'absence
Dénudant tous nos sens
De leur innocence
Et dans ces instants
Qui nous consument
Nulle image, nul présent,
À peine le vent…
Le sablier du temps
A perdu ma mémoire,
Tu ne veux rien savoir
Ne laissant vivre en moi
Qu'une furieuse lumière noire.
23 · La beauté des mots
A l'aube de l'histoire
Les mots se taisaient
On ne savait pas
Qu'ils s'imprimaient.
Mais quand le silence
Nous a submergés,
Le papier les a retenus
Quand ma mémoire n'a pas su.
24 · Mots
Je me demande parfois où
Sont le ciel et cette étoile.
Dans les noirs de ma mémoire ?
Non ! Peut-être dans l'espoir ?
Alors, je creuse ce passé
Décomposé, sa lumière éteinte
Et ne trouve rien. Ni couleurs...
Ni soleil ... Ni pluie ...
Rien que le temps a retenu.
Rien qu'un inutile noir
Vide chaque jour,
Mort dans mes propres ombres.
Le temps continue rangeant
Les instants perdus, chaque partie
De ton corps inconnu et même
Ton visage dans la nuit déchirée.
De tes yeux bleus rieurs, de ton sourire
Bienvenu, de cette mèche douce
Et libre, il ne me reste rien !
Que des mots noirs sur une page !
25 · Absolu
Mes mots ont élu domicile
Dans le clair de ta chair
Quand ton cœur et ta chemise
Ont fait le tour de mon monde.
De ton sourire léger
À la finesse de tes seins,
Mes mots ont fait alliance
Avec tes courbes tendres.
Ils ont mangé ton corps
Et chaque soleil inconnu
Jusqu'à en trépasser
Dans le noir absolu.
26 · Lointains souvenirs
Je me souviens. Te souviens-tu ?
La fraîcheur du ciel,
La délicatesse de l'eau,
La petite pluie et ses cadeaux.
Je me souviens. Te souviens-tu ?
Le mouvement du vent,
La danse de la lumière,
Le chant des feuilles mortes.
Je me souviens. Te souviens-tu ?
Le bruit du chemin sous nos pieds,
Sa tendresse mélancolique,
Le parfum de l'innocence.
Et tu souris et je rêve,
Et dans le jour et dans la nuit
Avant que la brume ne m'achève…
Je me souviens. Te souviens-tu ?
27 · Croire dans le noir
Où est le temps nous ressemblant,
A-t-il péri, a-t-il brûlé ?
Il n'est plus à présent
Qu'une histoire fanée.
La honte a nié la beauté.
Les mots ont gagné leur tombe -
Dans la vulgarité du papier,
Ils sont des pierres d'absence ...
Une à une,
Seconde après seconde,
Elles ont envahi ma mémoire
Pour laisser le temps peser
De tout son désespoir.
Alors a commencé
Leur ronde autour de cette tombe,
Cette ronde infernale,
Noire ! Sombre ! Inutile !
Pour écrire des mots sans suite,
Pour écrire des phrases creuses,
Et d'autres vides de sens,
Des phrases tirées des ténèbres,
De celles que tu ne peux voir
Même en plein soleil -
Des phrases que ne veut voir ton cœur
De temps en temps, seule.
La douleur apporte le réconfort,
Celui de voir dans mon cœur
Que tes mots sont restés
Fragiles et constants
Du premier au dernier ...
Et je ferme les yeux
Pour croire t'apercevoir.
28 · Quand
Quand jaillissent les étincelles,
Au bord du cœur,
Que doit-on penser ?
Que doit-on faire ?
Dans les mains des démons,
Et dans celles des anges,
Doit-on croquer la vie ?
Doit-on la suspendre ?
Et quand le ciel vous embrasse
Qu'il n'est que beauté ardente,
Doit-on brûler au paradis ?
Doit-on nier la vie ?
Puis lorsque tremble le monde,
Lorsque la pluie ne nous unit plus,
Doit-on baisser la tête ?
Doit-on mourir dans le noir ?
29 · Retiens-moi
Retiens-moi encore une fois
Retiens-moi dans tes bras
Retiens-moi pour toujours
Dans la fragilité de la vie
Le jour est à peine levé
Je lis dans tes yeux
Quelques vérités
Ce que sont tes maux d'enfant
Retiens-moi encore en toi
Retiens-moi contre tes seins
Retiens-moi comme jamais
Dans la beauté de ton amour
Mes yeux se sont clos
J'aimerais tant te rêver
Dans cette noirceur du néant
Retiens-moi comme avant
30 · Qui et où
Qui est plongé au fond de ma tête,
Au plus profond de cet enfer,
Au plus profond de cette nuit,
Accroché à des bribes de souvenirs,
Effondré dans des éclats du passé ?
(Rien de ce que j'ai vu ne m'est visible.)
Où est la raison ?
Qui aurait le courage assumé
Au déséquilibre du temps,
Au déséquilibre de l'amour
Chassé du lointain chemin,
Expulsé du ciel d'hiver ?
(Tout ce que j'ai pris est parti.)
Où est l'amour ?
Qui a le souhait de mourir
Sans construire une maison,
Sans construire une famille
Autour de la complicité,
Autour d'une communion
Gagné dans un regard,
Capturé en silence ?
(Tout ce que nous avons dit est vrai.)
Où es-tu vraiment ?
31 · Feux
Feux d'automne dans tes yeux,
Et le ciel s'accomplit aujourd'hui.
Le vent conserve la douceur de la flamme
Et se cache dans l'envol de tes cheveux.
Feux à travers les instants de vent ;
Et chaque chemin troublant
Résonnent douceur et fraîcheur
Et s'éparpillent tes charmes.
Feux au bout de nos mains offertes
Et dans nos pensées envoutantes,
Se projettent les délices de l'envie
Et s'élèvent nos âmes dans nos corps.
Feux ondulants dans le ciel lointain
Et de fumées et de brouillard,
Je suis assis dans les rigueurs de l'hiver
Et les cendres grises de notre mémoire.
32 · Attraper
Attraper ton sourire dans un autre
Et se laisser envahir de mon écriture
Comme si la vérité était autre
Et que tes lèvres étaient miennes
Attraper ton sourire comme nul autre
Et accepter cette chaleur
Quand on est aveugle de l'intérieur
Il faut savoir attraper la lumière
33 · Laisse-moi
Laisse-moi une fois
Une fois encore
Vivre dans tes rêves
Me glisser dans la mer
De lumière !
Laisse-moi cette fois
Cette fois encore
Sur les sommets argentés
Sur la folie soyeuse
De lumière !
Laisse-moi mille fois
Tant de fois encore
Croire en l'envie
Croire en la vie
De lumière !
Laisse-moi voir ... laisse-moi croire ...
LUX TENEBRIS
Cache cache
L'amour devient poussière
Lorsque se perd le Ciel
Lorsque se perd la foi
Il devient souffrance
Oubliant l'innocence
Oubliant la violence
Il devient tout autre
Se perdant lui-même
S'oubliant lui-même
Il devient silence
Tu ne dis rien
Tu ne veux rien
Tu ne sais rien
Si seulement
Tu ne penses rien
Tu ne crois rien
Tu ne peux rien
Si seulement
Tu ne laisses rien
Tu ne prends rien
Tu ne donnes rien
Si seulement
Et sans mépris
Sans discours
Sans un bruit
Sans aucun dieu
Et sans colère
Sans baisers
Sans regards
Sans aucun diable
Et sans douceur
Sans désirs
Sans grandeurs
Sans aucun ange
Tu as perdu confiance
Redevenant mère
Et pourtant toujours déchirée
Je sais que tu te caches encore
Tu as perdu connaissance
Rendant ta liberté
Et pourtant là dans le soir
Je sais que tu te caches encore
Tu as perdu notre essence
Fermant simplement les yeux
Et pourtant là dans mon noir
Je sais que tu te caches encore
Et si...
Et si ma mémoire se perdait sans fin
Si c'était le bout de toutes choses
Si le chemin n'était qu'une impasse
Si l'amour n'avait plus de vérité
Si la terre ne voyait plus le ciel
Et si la pluie perdait son âme
Si chaque mot était non-dit
Si ta parole se muait en silence
Si tes pleurs te déshabillaient
Si ton cœur trouvait une raison
Quel que soit le combat
Quel que soit l'oubli
Quelle que soit la nuit
Je penserai à toi
Même si je ne te vois pas
À Dieu
Adieu ! Je ne peux te voir !
Tu ne peux me croire.
Et ce n'est qu'un enfer.
Et j'attends là
Tout au bord du noir
Le dernier soupçon.
Celui d'un rayon.
Celui d'un espoir
Permettant de te voir,
Dieu, au fond de moi...
PHANTASMA
Dans le noir
Tu es là
Je te tends la main
Tu la prends
Tu souris
La lumière est là
Tes yeux s'ouvrent
Je vois
MORBUS
L'aphantasie
Pendant longtemps, on se croit identique à tous les autres. Tout semble normal en apparence, la même vie, les mêmes plaisirs, les mêmes soucis. La vie est comparable au long fleuve des voisins.
Et puis lentement, un soupçon germe.
« Tu te souviens de cette plage ? Et de ce sable ? De ces vagues ? Je les revois encore ! »
Ce que vous pensez au départ être une image, un vague souvenir qui s'exprime en quelques mots, vous finissez par vous rendre compte que l'autre voit vraiment cette image. Là où vous n'avez que des mots, lui il voit la plage.
Vous êtes aveugle ! Mais aveugle de l'intérieur !
Rien ne filtre, rien n'apparait dans cet étrange écran noir de cet œil
clos ! »
Imaginez, imaginez que vous soyez incapables de visualiser vos souvenirs, incapables de revoir ces images capitales de votre passé, que vous soyez tout simplement incapables de voir des images. Cela vous parait probablement étrange et pourtant ce curieux syndrome neurologique a un nom l'aphantasie.
Comme toute personne qui souffre de mal-vision, ce syndrome a différent niveau et chacun a une capacité à voir différente, de celui qui peut décrire ses images en haute définition à l'aveugle complet, en passant par tous les stades possibles.
Aucun ophtalmologue pour ces malvoyants de l'intérieur, uniquement le noir.
Cette maladie découverte assez récemment touche cependant un nombre assez élevé de personnes et commence à être étudiée sérieusement.
Qui sait ?
Peut-être qu'un jour nous retrouverons la vue et, en même temps, nos images perdues dans le néant de notre tête ?