
à bientôt
Après la pluie
La nuit s'est éclaircie
Sur la tombe du jour.
La pluie a cessé
Quelque part dans le passé.
J'entends une voix.
j'entrevois le reste
D'un geste de la main,
D'un sourire peut-être,
D'un départ, c'est certain.
Le silence traverse
Les longues branches d'un arbre.
Le chemin disparaît
Sous ses sombres feuilles mortes.
Plus aucun pas ne se succéderont.
Sans fin
La pitié est l'amie de la colère.
Elles vibrent dans les jours
Où s'éteint la lumière.
Ces mauvaises compagnes
M'accompagnent dans le désert
Effaçant tous mes pas perdus.
Sur ce sable à l'âpreté amère,
J'erre sans le moindre repère.
Je ne sais que savoir.
Je ne sais que penser.
Alors, j'oublie, solitaire,
Tout ce que pouvait être hier.
Et j'abandonne déjà demain
Dans un présent sans faim.
Jour après jour
Et le temps, à présent, a un autre plan.
D'humiliations en déroutes,
Le seuil de ses yeux n'a jamais
Permis de pénétrer
Dans ce monde incertain,
Dans ce lieu voué à être ancien.
Aucun pas parmi tous les pas
N'a défini le moindre chemin.
Chaque jour enfouissait
L'idée même d'un matin.
Ici la nuit a tout embrassé
Même l'ombre légère d'un espoir.
Rien ne nous a unit
D'autre que le fruit amer d'un passé mort.
Une femme à l'âme
Au fond de son âme
Se cache une femme
Que j'ai perdu de vue
Je ne sais qui elle est
Je ne sais ce qu'elle veut
Je sais juste qu'elle se promène
Depuis une éternité
Sur ce chemin épineux
Sur ce chemin caillouteux
Sur ce chemin ténébreux
Qui se terre
Loin de la lumière
Au fond de mon âme
15
La vie s'en va
À petits pas
Et rien ne la retient
La vie s'en va
Laissant mes bras
Vides de toi
La vie s'en va
Tu fermes les yeux
Une dernière fois
Et je ne vois rien
Je ne suis pas là
La vie s'en va
Et un bout de moi
S'en va infiniment
La vie s'en va
Et je reste là
Là où la mer se noie
Tu n'es plus là
Perte
Intime jusqu'au bout du vide,
Le corps mystérieux encore,
Le silence comme unique parole,
Les jours ne seront rien.
Le sommeil d'un simple regard,
Les bras perdus dès le départ,
Les lèvres faussement douceâtres,
Les jours n'existent plus.
Quelques cheveux abandonnés,
Des gestes précipités,
Un être fait de mal-être,
Les jours sont des douleurs.
Rien de plus...
Et l'amour ?
Il existe parfois...
Sans moi.
L'importance d'une année
Au coin de la rue,
Un départ sans regard.
Vainement, j'attends.
Le désir n'est pas venu,
Le plaisir non plus.
Sous la lune, ne reste
Que la douleur d'un amour
Qui n'aura pas vécu.
Suis-je triste ?
Ou malheureux ?
Rien n'a disparu.
Je n'ai rien perdu :
Ni bonheur, ni amour...
Alors de ces jours obscurs,
Je ne retiens rien,
Rien de bon, rien de bien.
« C’est peut-être sans importance. »*
Extrait de « Je ne serai plus heureux » de Jorge Luis BORGES
Plein
J'ai embrassé le vide.
Et il m'a rempli.
Il est de noir et de rien
Pour ce qu'il m'a dit.
Il embrasse mes peurs,
Il étreint mes malheurs.
Il exprime mon amour
Parcourant ma tête
Comme un oiseau perdu.
Et il tourne.
Et il tourne
Dans le noir.
Je lui parle.
Il se tait.
Il noie mes rêves
Avant que je ne les vois.
Il noie mes cauchemars,
Ne lançant que des traces
Électriques dans mon corps.
Il se joue de moi.
Il endort mes sens
Et façonne l'homme que je suis :
Vide de sens.
Juste mesure
L’amour.
Un mot.
Une prison
Quand il n'est que ce mot.
Le masque est tombé
Par terre.
Le ciel
Est cette illusion
Intemporelle
À laquelle nul
Ne peut se raccrocher.
Le rêve
Existe
Mais il ment.
La magie
Ne dure qu'un temps.
Et pourtant,
Dans ma tête,
Court l'amour.
Incertaine lumière
Crépuscule
Ce soir est mort
Dehors
Rien à attendre
Le regard dans le vide
Se tend vers l'aube
Le silence
Le silence
La lune se cache
Le ciel est noir
Le rêve ?
Le rêve déserte
Dans les cercles infinis
De la pensée
Tourne et tourne
Le poids du temps
Le poids des jours
Celui des ans
Inutiles
Ou futiles
Leur ombre
Dissimule les échecs
Les erreurs
L'inconséquence même
De l'être incertain
La mémoire
S'est noyée
Dans des mots imaginaires
L'horizon
N'est plus qu'une ligne
Qui relie la glace
Et la nuit
Aucun remords
Aucune larme
Rien
Rien que le
Crépuscule
Dernier chemin
Tu es le temps
Tu es la nuit
L’obscurité qui m'étreint
Ce ciel sans fin
Le chemin se perd
Le long des falaises mornes
Nul reflet dans le lac
Juste l'onde qui dort
Le feu est froid
« L’ombre l’a encerclé.
Tout nous dit adieu, tout s’éloigne. »*
La mémoire va s'éteindre
Comme tant d'autres auparavant
Il ne restera que quelques lignes
Il ne restera que quelques signes
Extrait de « Les fleuves » de Jorge Luis BORGES
Sans goutte
Il est des fleuves sans eau
Des souvenirs du vide
Il est des fleuves morts
Sans le moindre reflet
Ce pourrait être le sommeil
Ce pourrait être l'oubli
Ce n'est que l'absence d'une vie
Qui enfile les jours et les nuits
Il est des fleuves sans regard
Où le silence règne en maître
Il est des fleuves sans foi
À croire que Dieu n'existe pas
Ce pourrait être le crépuscule
Ce pourrait être la poésie
Ce n'est qu'un tas de mots
Qui s'amoncellent dans le couchant.
Il est des fleuves sans visage
Nous n'en percevons pas le fond
Il est des fleuves sans fin
Qui nous dévoilent nos âmes
Aux maux
Me voici seul
Un choix impératif
De l’à-peu-près du bonheur
Je n'ai capté que la peine
J’ai subi
J’ai pourri
J’ai fui
Mais ai-je aimé ?
Me voici seul
Face à moi-même
À mes certitudes
À mes inquiétudes
À tous ces mots
Qui font profondément
De moi ce que je suis
Et que personne ne lit
Je suis pauvre
De sentiments
Coupable du vide
Qui m'emprisonne
Dé-penser
Que pense le vent ?
Que pense le temps ?
Le bonheur n'est-il
Qu'une idée immobile ?
Se partage maintenant
Ce vide évident
Au goût si amer
Que chaque temps se perd
Que pansent les mots
De tant de poèmes ?
Au début de la nuit
C'est le soir
Après tant de mots
Après la balade
Qui a tué le temps
C'est le départ
Derrière le mur de verre
Dernier face-à-face
La distance est palpable
L'envie est lointaine
L'oubli entamé
Tout est chargé
Plus d'excuses
À bientôt
Il est des sourires qui sont des douleurs.
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