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Poussière d'hiver

 

Dans tes mains se glisse la poussière,

Une fidèle et douce lumière.

Lucie, te souviens-tu de ces soirs

Lorsque notre amour chantait encore

D'une pensée pour qu'elle décore

A jamais tous les sentiments noirs ?

 

Puis, assise, en disant « Je t'ennuie ! Â»

Naissaient des mots en voyant la pluie

De Carco dessiner un tableau,

Comme une aquarelle à l'eau de rose.

Tu la regardais, à peine éclose,

Naviguer au loin au fil de l'eau.

 

Hommage en bouts rimés à Â« Avril Â» de Gérard de Nerval

Dépôt de plainte
 

Las, mes mots se déposent sans crainte.

 

Mais ont-ils un jour eu une vie ?

J'ai peur de ne le savoir jamais.

Les mots se disent... Et puis s'oublient...

Mais, je ne dirais pas "je t’aimais..." !

 

La poésie serait-elle vaine,

Son souvenir tuant l’avenir ?

Il aurait fallu que je t’emmène,

Que, dans mes mots, tu veuilles partir.

 

Alors, dans la lointaine espérance,

Je me dis qu'un jour tu reviendras,

Que tous ces mots effacent l'absence...

Je sais que tu ne reviendras pas !

 

Les mots dansent et partent en rêve

Sur mes derniers espoirs dangereux

Et mon regard, vers les cieux, se lève

En recherchant le bleu de tes yeux.

 

Dans le soleil se cache un peut-être

Car personne aujourd'hui ne comprend,

Le sens de mes mots sans te connaître :

"Pourquoi jouer lorsqu'on est perdant ?"

 

Mes mots ne sont qu'un dépôt de plaintes...

 

Hommage en bouts rimés Ã  « Adieu ! Â» d'Alfred de Musset

Si tu veux nous nous aimerons
 

Si tu veux nous nous aimerons,

Tu n'auras aucun mot à dire.

Sur notre chemin, nous ferons

Ce que, pour nous, la vie désire.

 

La montagne, nous gravirons

Pour que le bonheur nous aspire.

Si tu veux nous nous aimerons,

Tu n'auras aucun mot à dire.

 

Dans la douceur, nous plongerons

Afin que notre âme s'inspire.

Je voudrais tant te voir sourire

Quand, tous deux, nous nous en irons.

Si tu veux nous nous aimerons...

 

Hommage à « Si tu veux nous nous aimerons Â» de Stéphane Mallarmé

Que...
 

Que j'aime la vérité,

De cette phrase enlacée

Au cœur de notre pensée

Lorsque meurt le bel été,

 

Que cette pensée est chère,

Quand elle émane de vous,

Fuyant le monde jaloux

Avec l'idée de me plaire ;

 

Que cette idée est pour moi

Le doux instant de vous dire,

Que de ce simple sourire

Ma vie plie sous votre loi,

 

Que votre loi n'est qu'un geste,

Comme un délicat clin d'œil,

Faisant de la vie le deuil

En un grand élan céleste.

 

Que cet élan soit de voir,

Que s'efface dans le sombre

Chaque souci, que leur nombre

Devienne espace d'espoir,

 

Que l'espace soit suprême

Synonyme de toujours,

En ces allers et retours,

N'entendez que "je vous aime !"

 

Hommage en bouts rimés à Â« J'ai presque peur, en vérité Â» de Paul Verlaine

 

Il pleut
 

Il pleut - c'est merveilleux.  Je ne t'aime plus.

Je suis tranquille à la maison en famille.

Je réécris ma vie, rien ne me plait plus :

Je me retrouve dans les yeux de mes filles.

 

Il pleut. J'en oublie les idées malvenues.

J'ai refermé derrière moi les fenêtres

Et les portes. Je ne suis plus ingénue !

Chaque goutte a emporté tous les peut-être.

 

C'est merveilleux : il pleut. Assise, j'écoute

Le doux chant de la pluie effaçant la nuit.

Je sens, qu'à nouveau, je n'ai plus aucun doute

Quand, dans le silence, mon amour s'enfuit.

 

Je ne t'aime plus sans que je te déteste.

Je ne veux pas savoir ce que les adieux

Font de toi. Je n'ai que retourné ma veste.

Tant pis si, maintenant, il pleut dans tes yeux.

 

Hommage à « Il pleut Â» de Francis Carco

Joy
 

Mon doigt se pose sur tes lèvres rouges

Et s'éclaire le bleu au cœur du noir.

 

Au silence du temps, sans que tu ne bouges,

Du temps qui se prend, du temps des espoirs,

 

La caresse offre un doux souffle tendre,

Juste un souffle chaud en un souffle fou.

 

Se glisse le doigt du désir d'attendre

En plaisir d'attendre un désir de nous.

 

Dans la descente est la chance bénie

De la volupté au cœur de nos corps,

 

Ce n'est qu'un instant, seconde infinie

Qu'il faut apprécier, un instant... Encor !

 

Hommage à « Spleen Â» de Paul Verlaine

Rêves d'eaux
 

Un reflet m'apparaît dans la lueur du soir.

Une fenêtre s'ouvre et un instant dévoile

Ce que serait le jour : comme un éclair d'espoir

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles.

 

Lors, les marches du temps me descendent vers celle

Qui glisse dans le vent de sa simple beauté

En traversant le jour et, soudain, m'ensorcèle,

Ses grands flambeaux bercés mollement par les eaux.

 

Quand l'espace est béant devant le fil du temps,

Il arrive qu'au sol brille une unique étoile.

Ses doux rayons charmeurs, entre l'or et l'argent,

Flottent très lentement couchés en ses longs voiles.

 

Disparaît le présent dans la tendre caresse,

La vérité s'envole en gouttelettes d'eaux.

La vie ne connaît que la force de l'ivresse, 

Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

 

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles,

Ses grands flambeaux bercés mollement par les eaux

Flottent, très lentement, couchés en ses longs voiles.

Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

 

Vers empruntés à « Ophélie Â» d’Arthur Rimbaud

Ivresse publique
 

Je ressens le délice des yeux.

Ma main se dépose sur ton ventre,

Tourne, chemine, serpente et rentre...

Lors, elle se glisse sur eux deux.

 

Le beau de l'air m'emplit, délicieux,

Ma main entre, tremblante, dans l'antre.

En touchant le sensible d'un chantre,

L'automne en devient silencieux !

 

L'atmosphère brulante est extase !

Le ciel s'illumine, doux topaze.

Dieu, mère de tous les saints, bercez !

 

Bercez l'instant dans toutes les pauses,

Que les étoiles soient terrassées

Quand s'entrouvrent les boutons de roses !

 

Hommage à « Sonnet ivre Â» de Jean Richepin

Délicieux automne
 

Automne, délicieux automne,

Tu mourras délicatement

Quand se quitteront les amants

Dans ce lent ciel gris qui détonne.

 

Pauvre automne, attends le temps,

Meurs dans le vent qui se fredonne ;

De neige, l'hiver déraisonne

Au fond de tes yeux bleus absents.

Des pas de vieillesse se glissent

Sur le chemin, perdant l'esquisse

Qui jouait de l'amour les délices.

 

Aux lisières de nos deux âmes,

Les sourds souvenirs nous réclament.

 

Et que j’aime ce bel automne !

Les délicatesses caressent

Le vent au cœur de ta finesse.

Toutes les couleurs que chantonnent

Les feuilles douces te dévoilent.

Qu’on foule un instant ce tapis,

Un léger instant, cette envie

Qui roule et dessine ta toile,

La vie, soudain en moi, résonne.

S’écoule un délicieux automne.

 

Hommage en bouts débutants Ã  « Automne malade Â» de Guillaume Apollinaire

Feuille d'automne
 

Quand me caressent ses cheveux longs,

 

A l'instant où résonne l'automne,

S'entonne le vent des violons

 

Et la douce feuille monotone

Envahit de ses couleurs mon cœur,

M'offrant de l'automne la langueur.

 

Là, le temps s'étend sur le banc quand

Le ciel bleu délicatement pleure

Sans tristesse ; l'heure n'attend que l'heure.

Le blanc soleil devient suffocant.

 

L'automne est là et s'ouvre sa porte.

Puis, dans les branches, le vent mauvais,

Tout simplement, d'amour, nous emporte.

Dans son ciel d'automne, je m'en vais

Comme s'envole la feuille morte...

 

Hommage à « Chanson d’automne Â» de Paul Verlaine

Toute la lumière a sa part d'ombre
 

Dans ces sombres instants grêles,

S'évaporent ses yeux clairs.

Ils en oublient nos vieux airs

S'envolant à tire-d’aile.

 

Dans le lointain, le chemin,

Où la lumière atténue

Ce qu'était cette avenue,

Plonge dans ce noir dessein.

 

Fuient les secondes charmantes

Enterrant chaque serment.

Fuient, loin, délicieusement

Les fariboles amantes,

Là où personne ne sait

Ce que la lumière échange

Pour que ma vieille ombre change.

 

Le monde noir et blanc est

Juste inconstant et farouche

Et il noie, dans son cœur sec,

La lumière et l'ombre avec...

 

Se pose un doigt sur sa bouche.

 

Hommage en bouts rimés à « Ã€ la promenade Â» de Paul Verlaine

A suivre
 

Bientôt....

A suivre
 

Bientôt....

Non amour
 

Non, la vie n'est que simplicité,

Chère enfant !

Pourquoi en serais-je dépité

Ci-devant ?

 

Non, c'était l'émouvante douceur,

Du miroir

Se cachant dans les yeux de ta sœur,

Pour te voir.

 

Non, honni, j'attends toujours tes bras.

Un méchant,

Sort a fait que ma vie n'est pas - hélas ! -

Ton doux chant !

 

Non, je sais que je te connais par cœur

Quand sifflait,

Sur le chemin, toute ma douleur

D'agnelet.

 

J'ai perdu ta lumière et l’honneur.

Dans un fort

Et délicat moment de bonheur,

Je suis mort !

 

Hommage en bouts rimés à « Child Wife Â» de Paul Verlaine

Mon amour

A toi
 

Je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas aimé,

Je ne te connais point et je t’aime encor moins :

Je ne sais pas pourquoi je t'avais embrassé !

C'était une bêtise ou bien un besoin...

 

C’est que, d’abord, et c’est qu’ailleurs, vers les cœurs joints

Bercée par ces clous froids, puis par l’élan, paumée,

J'ai cru encore avoir trouvé en toi les points

D'une étoile cherchée, d'une étoile damnée.

 

Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes

Mes erreurs sur ta route emportant tous mes doutes.

Je t'abandonnai là d'un regard détaché.

 

Et ton calvaire, rien à faire ! Et ta déroute,

Pauvre chair, que voulais-tu que cela me foute ?

Alors, meurs simplement, toi, homme de péché.

 

Poème détourné : « A Charles Baudelaire Â» de Paul Verlaine

Pierre qui rouille
 

Si j’ai du goût, ce n’est guère

Que pour la terre et les pierres.

Je ne sais aujourd'hui faire

Qu'oublier ce qu'était hier !

 

Sûre, il faut que je brise

Les vieilles pierres d’églises

Et ce vieux banc où, assise,

Eperdue, je fus éprise.

 

Je ne veux pas qu'il me juge,

Ni qu'il croit au subterfuge,

Les galets des vieux déluges

N'ont été que mon refuge.

 

Que je brille, que je mouille,

Que je dorme, que je bouille,

Je ne ressens plus la trouille :

Le souillon court sur la rouille.

 

 

Poème détourné : « Faim Â» d’Arthur Rimbaud

A Lucie
 

L'amour n'est pas ce que l'on voit,

L'amour n'est pas dire « je t'aime Â».

L'amour n'est que ce que l'on croit.

L'amour, ce n'est qu'être soi-même.

 

Le ciel est-il celui que l’on voit ?

Le ciel est-il celui que l’on aime ?

Le ciel est-il celui que l’on croit ?

Le ciel n’est-il vraiment que lui-même ?

 

La vérité du choix se voit :

Embrasse la terre, elle t’aime.

Elle n’est ce que ce que l’on croit.

Penses-tu que tu es toi-même ?

 

Hommage en bouts rimés à Â« Ã€ Aurore Â» de George Sand

 

Un instant d'amour
 

Lorsque se dépose sur le rose

La tendresse de l'embrassement,

Le bonheur pénètre doucement

Dans le froid de tes paupières closes.

 

Délicat, se cache le désir

De découvrir ce que la vie pleine

Peut imaginer pour cette peine

Et la transformer en un plaisir.

 

Prends mon âme pour la faire tienne

Maintenant que tu sais qui je suis.

Emmène-moi dans ton ciel, et puis,

Goutons, tous deux, la rose ambroisienne.

 

Aux odeurs, se mêlent les odeurs.

Les symphonies de nos corps qui jouent,

Sur notre chemin, dénouent et nouent

Ce que sont nos cœurs et leurs ardeurs.

 

Nos vies se dévoilent sur la table

Sans savoir que nous sommes heureux,

Profitant de l'instant savoureux,

De chaque seconde délectable.

 

Est-ce le mal ou est-ce le bien ?

A cet instant, la vie offre et laisse

Le choix de devenir ou non maîtresse.

Ton avenir serait-il le mien ?

 

La douceur en devient jouissance

En naissant dans le regard de dieu.

Nos deux corps n'en oublient que le lieu

Pour partager la réjouissance.

 

Est-ce que l'amour n'est que cela ?

De trouver dans son cœur sa demeure

Avant que son propre cœur ne meure.

Il était là à cet instant-là.

 

Hommage en bouts rimés à « Baiser Â» de Joachim du Bellay

A l'habitante de ma pensée
 

Que serait le domaine des dieux ?

Un exil entre campagne et ville,

Des bras qui me ferment leur asile,

Des regards qui s'enfuient de tes yeux,

L'oubli se transformant en richesse...

Le silence ne devient qu'un art

Pour fermer sa porte en un rempart.

Nait la noire muse du Permesse.

 

Hommage en bouts rimés à « Aux habitants de Lyon Â» de Voltaire

 

Le dormeur de Josué
 

C'est un recoin de terre où brûle le désert

Jaune comme une mer aux lueurs éphémères.

Dans l'horizon lointain, on ne voit que l'enfer

De ce sable châtain, de ces chaleurs amères.

 

Un ancien roi est là, planté les bras en croix,

Planté sous un nuage en attendant la joie,

En espérant l'orage. En implorant la foi,

Un ancien roi est là lorsque le ciel rougeoie.

 

Les pieds plantés au sol, il attend un espoir.

La tête dans le ciel, il attend jusqu'au soir,

Le corps qui se désole et son cœur qui s'ennuie.

 

Alors il tend les bras désignant le soleil,

La nuit est sur ses pas tel un futur sommeil :

Un ancien roi est là regardant vers la pluie.

 

Hommage à « Le dormeur du val Â» d’Arthur Rimbaud

 

Moins je la vois
 

Moins je la vois, plus le temps je hais.

Plus le temps passe et plus il me fâche.

Plus le temps brûle et moins je m'y fais.

Plus il fuit, plus je veux qu'elle sache.

 

A nul moment, je crois qu'elle est lâche :

Elle ne peut choisir ce plaisir.

 

L'instant passé n'est plus à saisir.

Peu importe ce que l'amour crie,

Il n'est que poussière de désir.

Moins je la vois et plus je la prie.

 

Hommage en bouts rimés à Â« Moins je la vois, certes plus je la hais Â» de Maurice Scève

 

Il pleut
 

Ce n'était qu'une averse

Quelques gouttes de pluie

Juste une goutte d'eau

Qui, soudain, se renverse

Ce n'était que la pluie

Sur ton imperméable

Cette goutte qui mouille

Et dont tu as la trouille

Juste une goutte d’eau

La caresse agréable

Glissant un peu humide

Gisant un peu timide

Ce n'était qu'une goutte

Qui se glissait sans doute

Pouvais-je regarder

Tristement s'écouler

Quelques gouttes de pluie

Quelques gouttes de pluie

Qui n'étaient qu'une averse

Sur ta joue parapluie

 

Hommage à « Il pleut Â» de Raymond Queneau

Le ciel s'est couvert
 

Le ciel s'est couvert de brume

Le ciel a pâli

Ne reste que le noir

Au bord de l'écume

Au bord de ce trottoir

 

Le ciel s'est couvert de pluie

Le ciel n'est que gris

Ne reste que le soir

Au bord de l'ennui

Au bord d'un au-revoir

 

Le ciel s'est couvert de rage

Le ciel a blanchi

En plongeant dans le noir

Au bord de l'orage

Au bord de son mouchoir

 

Le ciel s'est couvert de pus

Le ciel est parti

A l'ombre de ce soir

Le ciel a fondu

Au bord du désespoir


Hommage à « Le ciel s'est couvert Â» de Raymond Queneau

A Fanny
 

Le temps d'une réponse tardive,

Sur l'étrange chemin, m'a conduit.

Ressens-tu la demande plaintive

Lorsque tombe la nuit ?

 

Toutes les étoiles sont propices

A quelque poème attristé

Dont ces quelques vers sont les délices.

L'amour est-il resté ?

 

L'oreille posée pour un murmure,

Elle attend que tu parles de nous,

Que les beaux mots deviennent parure.

Notre échange est-il doux ?

 

Tes mots s'envolent à tire-d'aile

En esquissant l'ombre d'un essaim.

Avait-elle peur de parler d'elle ?

D'un cheveu sur un sein ?

 

Ne savait-elle qu'elle est Pomone,

Qu'elle était la porteuse de ma foi ?

Depuis que s'est écoulé l'automne,

Est-elle comme toi ?

 

Alors que je recherche la terre

Dans le ciel de nos mots oubliés,

Je vois que meurt un mot solitaire :

L'amour n'a pas de pieds !

 

Depuis, l'horizon se décolore

Malgré ton lien et cet entretien.

Le temps voudrait supprimer l'aurore.

Ce mot est-il le tien ?

 

Ici, ce sont les restes d'orages.

Aucun sentiment n'en sort vainqueur.

Du ciel, je ne vois que les nuages.

Me reste-t-il un cœur ?

 

Hommage en bouts rimés à Â« Clarisse Â» de François-René de Chateaubriand

Eveil
 

Il est des chemins dans la forêt

Où se découvrent les altitudes,

Où disparaissent les servitudes ;

C'est un chemin que l'on savourait.

 

Un instant, la lumière paraît

Sur le sentier de nos pierres rudes

Tuant dans nos cœurs les solitudes :

Plus rien ne nous effaroucherait.

 

D'un sourire, nait le précipice.

Ma main glisse sur ton corps, tapisse

D'envies ton âme d'amours touffus.

 

Et au creux de l'automne, les courses

De nos cœurs enflammés et confus

Troublent nos esprits jusqu'à leurs sources.

 

Hommage en bouts rimés à Â« Conseil Â» de Théodore de Banville

 

Neuvain huit mil trois cent seize
 

Pourrais-tu dire encore « je t'aime Â» ?

Quand, maintenant, je lis lentement,

Je ne ressens que le temps absent.

Entre les mots se glisse l'espace

Qui sépare l’instant du poème :

Le déséquilibre est à sa place.

Et chacun peut mourir à présent

Ne pouvant pas vivre en s'aimant tant.

Pourrais-tu dire encore « je t'aime Â» ?

 

Hommage à Â« Dizain mil huit cent trente Â» de Paul Verlaine et « Her Â» de Spike Jonze

 

Barrières de janvier
 

Aux branches claires de cette vie

Meurt un timide petit oiseau.

Mais des chansons qu'il a portés haut

Voltigent les mots de son envie,

Que notre sang soit sur ses chemins.

Voici, s’enchevêtrant entre nos mains,

Le ciel et les terres sans tendresse,

L’azur et l'enfer en communion.

Je sors. Pris dans la désolation,

Je succomberai de sa tristesse.

 

Qu’on patiente sous cet arbre mort,

C’est trop simple. En la sombre paresse,

je veux encor ta main, sa caresse

Me lie à ton amour qui s'endort.

Que par toi passe un nouvel envol

Moins seul, moins craintif, comme un poème.

Au lieu de cela, dans l'anathème

Meurent tous nos oiseaux sur le sol.

 

Je veux bien croire que le temps use.

A toi, je veux dire mon amour

Et ma foi en un simple toujours.

Et, s’il te plaît, ne crois pas la ruse.

Rien de rien, ici, ne m'ensoleille ;

C’est dans le ciel que nait tout le bleu.

Mais moi, je veux ton regard heureux

Et libre. Que la vie m'ensommeille...

 

Hommage en bouts débutant à « Bannières de mai Â» d'Arthur Rimbaud

 

De l'ours à l'hirondelle
 

Je crois que ses regards jamais ne se plairont

Dans ce monde à l'envers, dans ce monde à l'endroit

Qui est mon univers, là où elle ne va

Car s'éloignant de moi, dans le ciel, ils seront.

 

Hommage à en bouts rimés à « Les Girafes Â» de Paul Verlaine

Quand à peine un nuage
 

Quand à peine un nuage,

Se glisse sans partage

Sur le bord d'un chemin

En nous donnant la main

 

Lorsque cet enfant sage

Flocon de laine, nage

Offrant son cœur soudain

Au soleil du matin

 

Quand en douces caresses

S'esquisse la tendresse

Au milieu d’un ciel pur

S'envolant dans l'azur

 

Lorsqu'un vent de finesse

Apporte sa jeunesse

Je ressens l'amour sûr

De quelque ombrage obscur.

 

Vers empruntés à Â« Ballade « Quand à peine un nuage » Â» de Théophile Gautier

Lucie fière
 

     Quels sont les instants que tu préfères,

     Ceux où la vie a la douce odeur ?

Sur le tendre chemin, ressens-tu la blancheur ?

Ressens-tu la rosée posée sur tes joues claires ?

 

     Quels sont ces instants contre tes seins,

     Ceux où la vie a la douce robe ?

Sur la table de bois, sens comme se dérobe

En ce jour, tour à tour, ces inconnus succincts.

 

     Quels sont ces instants d'amour étrange,

     Ceux de ce clair de lune en plein jour ?

Sur ton cou se dessine en magie notre tour,

Ton sourire illumine enfin tes ailes d'ange.

 

     Quel est cet instant à nul pareil,

     Celui où le jour d'amour te blesse ?

L'ultime instant où la lumière fière baisse

Quand le plaisir de Dieu en devient mon soleil !

 

Hommage à « Lucifer Â» de Lucie Delarue-Mardrus

 

Caresse d'une saison
 

Que n'avez-vous caressé les roses

Qui, sur le chemin, prennent des poses

 

Sur le chemin bordé de tilleuls

Lorsqu'allongés, nous sommes tout seuls

 

Allongés sur la couche de mousse

Qui, sur son corps, est toujours plus douce

 

Sur son corps où se bercent les blés

Quand, dans ce ciel, nous sommes troublés

 

Dans ce ciel, où son sourire frôle

Une caresse sur mon épaule

 

Hommage à en bouts rimés à  Â« Les quatre saisons - L’été Â» de Charles Cros

Un mardi à l'aube
 

Quand le soleil se réveille

Laissant dans le jour s'enfuir la nuit,

Je regarde ta main qui sommeille,

Tendrement, alors qu'elle conduit.

 

Ne serait-elle qu'oisive

Quand l'hiver exprime sa langueur ?

Ou ne serait-elle qu'attentive

Exprimant la chaleur de ton cœur ?

 

Maintenant que la lumière,

Me permet de plonger dans tes yeux,

Exaucerons-nous notre prière ?

Nous envolerons-nous vers les cieux ?

 

Sentirons-nous la justice ?

Verrons-nous cet assoupissement

De la vie nous éloigner du vice

Et nous offrir l'amour un moment ?

 

Malgré notre envie profonde,

Cette aube ne sera pas toujours

Nôtre. Et nous resterons loin du monde.

Un mardi à l'aube, tu pars... Cours !

 

Hommage à en bouts rimés à « Le mardi à Laudes Â» de Jean Racine

 

La femme aux enfants
 

Qu'est la simplicité,

Si ce n'est de rester avec un cœur d'enfant ?

Me voilà dépité

De perdre ton regard, ne plus le voir devant.

 

Que serait la douceur

Sans le charmant effet du reflet du miroir ?

Je reconnais ta sœur,

Sans l'avoir rencontrée, sans ne jamais la voir.

 

Au plaisir de tes bras

Succède le silence et ce lent vent méchant.

Me diras-tu - hélas ! -

Que l'amour ne serait que, de la femme, un chant ?

 

Que le vrai de mon cœur,

Déposé dans ta main, jamais ne te troublait ?

Que ce n'est que douleur

Que d'avoir découvert la chaleur d'un chalet ?

 

Je garde cet honneur

D'avoir saisi ton cœur, d'avoir cet amour fort !

Que serait le bonheur

Sans avoir ta confiance avant d'être mort ?

 

Hommage à « Child Wife Â» de Paul Verlaine

 

Chants d'automne
 

I

Il ne reste que les ténèbres

De ces merveilleux instants courts,

Les chemins sont marches funèbres

Et en oublient toutes les cours.

Il ne reste pas de colère,

Plus aucun sentiment forcé :

C'est un intense froid polaire

Qui reste à l'intérieur, glacé.

Maintenant que la saison tombe,

N'ai-je été qu'un aveugle sourd ?

Sous les pensées, mon cœur succombe

En pensant à ton oubli lourd.

Le fil du temps est monotone,

Il ne voit que ton corps qui part.

Qu'est devenu ce bel automne ?

Juste une ombre sur le départ.

 

 

II

Le ciel est maintenant verdâtre :

Le silence est sombre et amer.

Au loin, dans le temps, s'oublie l'âtre

Perdu aux vagues de la mer

Redevenue simplement mère.

Là est l'insouciant, le méchant

mot qu'elle pensait éphémère

Survivant au soleil couchant.

L'absence est perverse et avide ;

Un fantôme est sur mes genoux,

Ombre d'une saison torride,

Qu'est devenu l'automne doux ?

 

Hommage en bouts rimés à Â« Chant d’automne Â» de Charles Baudelaire

La mort d'un amant
 

J'ai oublié ces humeurs légères,

Et je ne vois plus que les tombeaux.

Tu me poses sur tes étagères

Comme ces objets ni vrais, ni beaux.

Je ne sais tes pensées - les dernières -

Quand tu jetas au loin les flambeaux,

Effaçant les traces des lumières,

Les traces de ces astres jumeaux.

Il n'y avait plus rien de mystique,

- un regard vers une étoile unique -

En quelques faibles mots, des adieux

Pour sceller assurément les portes.

Comment pourrait-on être joyeux,

Devant les restes des amours mortes ?

 

Hommage en bouts rimés à Â« La mort des amants Â» de Charles Baudelaire

Ciel couvert
 

Attaché, le ciel est couvert.

Qu'est-il ? Est-il bleu, gris ou vert ?

Est-il sincère ? Est-il cruel ?

N'est-il réellement que le ciel ?

Pourquoi, parfois, est-il voilé

Comme endiablé, ensorcelé ?

Pourquoi le vois-je qui se tord ?

Pourquoi je l'aperçois qui dort ?

Pourquoi n'ai-je plus d'horizons ?

Pourquoi sont mortes les saisons ?

Je ne vois plus son œil mouillé ;

Je sens que le temps s'est brouillé.

Ont disparu tous les climats !

Le ciel n'est plus qu'un blanc frimas :

Il fait de l'oubli mon hiver

Mourant dans la glace et le fer.

 

Hommage en bouts rimés à Â« Ciel brouillé » de Charles Baudelaire

Les yeux clos
 

Elle s’est doucement tendrement endormie

Sur ce banc de pierres en dessous du voile

Elle s’est doucement tendrement assoupie

D'une simple caresse et d'un doux mot gentil

 

Elle a touché mon cœur en chœur au paradis

Ciel formé de ses yeux à l’heure des étoiles

Elle a touché mon cœur en chœur sans un mot dit

Au point que notre temps si lentement s'oublie

 

Dans ce pays secret à nos mots inédits

Elle a dressé ce jour sur notre amour ce voile

Dans ce pays secret à mes pas interdit

Elle a construit ma nuit pour en faire son amie

 

Elle est belle autrement si simplement jolie

Blottie au fond du ciel inaccessible étoile

Elle est belle autrement si simplement Lucie

Ne t’en va pas trop loin sur la pente choisie

 

Vers empruntés à « Elsa Â» de Louis Aragon

IllégAL
 

J’ai traversé sans mon cheval

C’est là que c'est original

 

Une chanson de carnaval

Parlant d’un autre vieux rival

 

D’une rose perdue au bal

Et de ton corsage - scandale -

 

D'un lointain château médiéval

Et des cygnes dans le canal

 

De la prairie où tu cavales

Ma charmante fiancée du val

 

Et j’ai bu comme au festival

Ce nectar de ton corps fatal

 

Le ciel emporta mon aval

Le long du chemin animal

 

Et de ses armes littérales

Et de ses larmes abyssales

 

Au gré de nos amours bancals

J’ai traversé sans mon cheval

 

D’après « C Â» de Louis Aragon

 

A la vie insensée
 

A la vie insensée,

Qui fait de tous tes jours chacune de mes nuits,

Qui fait de ta pensée la fin de ma pensée,

Qui prend la liberté à mon âme oppressée

Au moindre de tes cris.

 

S'il avait suffi de quelques douces tendresses,

S'il avait suffi d'un simple autre moment

S'il avait suffi en quelques belles caresses

Que je sois ton amant,

 

Il n'y aurait jamais eu sur ta joue les larmes,

Il n'y aurait jamais eu ton cœur dans mon cœur,

Je n'aurais jamais cru, sans ressentir tes charmes,

Que tu es le bonheur.

 

Quelle que soit ta vie, quelle que soit ma vie

Qu'elle soit un rêve ou qu'elle soit insomnie,

Je suis sûr que je ne t'aimerais pas

Si tu ne m’aimais pas.

 

Hommage en bouts rimés à Â« A Laure Â» d'Alfred de Musset

Un anniversaire, un 31 octobre
 

Alors que se glisse le vent dans les prairies,

Que je te vois espérant en quelques rêveries,

Je ressens ton amour qui plie sous les roseaux

Sera-t-il capté par, de notre vie, les eaux ?

Alors que se glisse le temps sous les ombrages,

Que tu me parles, de la vie, les orages,

Je ressens ton amour en quelques mots touchants.

Sera-t-il tué par, de ton oubli, les chants ?

 

 

Un espoir, un 31 octobre

 

Alors, viens sur les prairies,

Que ta vie soit rêveries,

Je ressens chêne et roseaux :

Que m'envahissent tes eaux !

Alors, sous tous les ombrages,

Que s'effacent les orages,

Je ressens tes touchants :

Que m'envahissent tes chants !
 

Double hommage en bouts rimés à Â« L’anniversaire Â» de Félix Arvers

Eléments
 

Errant dans un ciel de solitude,

Quelques atomes d'air pour s'ouvrir,

Quelques atomes d'air pour souffrir

Et respirer ton âme à l’étude :

 

Juste un souffle de ce qui se voit,

Juste une respiration - je t'aime ! -

Juste cet instant pour que l'on croit,

Dans le feu, enfin, se voir soi-même.

 

Cherchant comment nous pourrions guérir

De la brûlure d'un amour rude

Touchés par le feu de l’habitude,

Nous sentons l'étincelle venir :

 

Juste cette flamme que l'on voit,

Juste l'inspiration que l'on aime,

Juste cet instant pour que l'on croit,

Dans l'eau, devenir, enfin, soi-même.

 

Alors, dans la mer des mots, perdue,

Tu te sentiras la bienvenue

Et, en silence, tu m’attendras :

 

Juste cette goutte que l'on voit,

Juste cette larme d'un « je t'aime Â»,

Juste cet instant pour que l'on croit,

Sur la terre, que tu es toi-même.

 

La poussière sera la contrée

De l'amour, d'une étoile ignorée,

Du temps qui ne disparaitra pas.

 

Hommage à George Sand et à Alfred de Musset, 
« A George Sand Â» et « A Aurore Â»

Ta part du gâteau
 

Ce trente et un octobre, une frêle pensée :

Choisir entre gâteau et bombe glacée.

N'est-ce pas trop épais ?

 

Ô mon grand, saurais-je si tu as été sage ?

Saurais-je vraiment si tu ne fais que ton âge ?

Chaque année te courba !

Las, j'ai fait un gâteau pour préparer ta fête.

Dans la farine, ce fut comme une tempête,

Pour les Å“ufs, un combat !

 

Un peu de chocolat posé en quelques ondes,

Des vagues de plaisir et des places profondes

Aux bonbons rayonnants !

Un peu de folie pour que j'ôte cette chaîne.

Mais ma composition ne doit pas être vaine

Pour ces instants poignants !

 

Puis, sortir trente-cinq bougies des catacombes

Et te les apporter avant que tu ne tombes !

Serais-je pour la paix ?

 

Voilà, un beau gâteau fait d'une main de maître.

La boule de vanille - et d'arsenic, peut-être -,

Le rêve se poursuit !

Je ne saurais pas s'il te fait peur ou envie :

Ce n'est qu'une tranche, une tranche de ta vie.

Danse et fais plein de bruit...

 

[Je n'ai pas vu lorsque la flamme est apparue

Si une chanson a bien traversé la rue.

Est-ce ta fête ou pas ?

Quoi ? Tu as jeté mon gâteau à la fontaine !

Tu ne voudrais surtout pas me faire de peine.

Non, mais je n'y crois pas !]

 

Hommage en bouts rimés ࠠ« Aux morts du 4 décembre Â» de Victor Hugo

L'envers du paradis
 

J’ai fait ce rêve. J’étais mort.

Dans la brume de la tristesse,

Je voyais encore ton corps

Vibrant sous ces quelques caresses.

 

Dans le bois qu’octobre jaunit,

Le chemin mourrait de beauté

Et, dans notre regard terni,

Il s'enfuyait de volupté.

 

Pourtant, je semble être vivant

Et, dans l’ouragan qui s’irrite,

M'enveloppant en tournoyant,

Je sens ton âme qui m'invite.

 

Alors, sur l'étrange chemin,

Sois le caillou que broie et roule

Notre unique cœur enfantin

Emporté par notre amour saoule.

 

Sois la folie dans ce sous-bois,

A l'envers sous le chrysanthème,

Meurs avec moi une autre fois

Et revis, mais sens que je t’aime !

 

Vers empruntés à « Purgatoire Â» de François Coppée

Mon automne
 

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,

Allongé, juste au creux de ce petit matin,

Je ressens la couleur de la douce aventure,

A peine déposée, juste au creux de ta main.

 

Sur ce petit chemin, au gré de l'atmosphère,

Je te dois une larme aux bords de mon tombeau,

Déposée sous le pin, déposée sur la terre,

Juste au creux de ta main : la larme sur le beau.

 

Je ferai le silence et ne serai parjure.

Je te dois ce moment, je te dois tout ce temps.

L’air est si parfumé ! La lumière est si pure !

Juste au creux de ton cœur, déposé cet instant.

 

Je ferai le silence ainsi que pénitence,

J'en oublierai ta main, j'en oublierai la faux

Juste au creux de ton âme et de sa dure absence :

Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

 

Vers empruntés à « L’automne Â» d’Alphonse de Lamartine

L'arme de sang
 

Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu,

Elle fut déesse, elle fut maîtresse,

Ayant dans sa main, en toute tendresse,

Un brin de candeur, un poignard heureux.

 

J'attendais sa lame au fort de mon corps,

Et sa blanche main, dans mes boucles folles,

Doucement glissa, doucement frivole,

Comme un instant d'or appelant ma mort.

 

Là, elle tomba, en sa triste ronde,

Pour faire ce que doit faire cette arme :

Souffrir et brûler au-delà du monde.

 

Lentement mon cœur, dans ses sentiments,

N’aperçut plus rien, plus rien qu’une larme

Avec une goutte épaisse de sang.

 

Vers empruntés à « La rose de l’absent Â» de Gaston Couté

Un jour d'automne
 

Le Fier est là, planté devant nous,

Qui coule et s'écoule sans un bruit.

Un train, au loin, s'en va vers la nuit

Qui roule et s'écoule au vent, sans nous.

 

Des pierres blanches et grises, posées,

Sont en prière ; on est à genoux

Dans la bruyère de nos pensées.

 

Tu es la fille sur cette terre

À la fontaine de mon présent ;

J’ai tant de peine dans l'éphémère,

 

J’ai tant d’amour, autant de toujours.

Tu es si belle en ce temps absent.

Est-on fidèles à nos amours ?

 

Et moi je t’aime et je t'aime encore !

Le temps s'écoule dans ce courroux

Et s'endort dans ton ciel incolore.

 

À la fontaine de la rivière,

Pas de haine : de quoi es-tu fière ?

 

Hommage à « Un soir d’été Â» de Guillaume Apollinaire

Au-dessus de l'au-delà
 

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Vois la terre posée, vois le ciel qui s'étend...

Cherche dans la rosée ce vieux chemin d'antan

Qui, sourd, s'en est allé au-dessus des pensées.

 

Sens au-delà des cieux, au-delà de l'espace,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Sens la douceur des mots, sens la noirceur des vers

Gisant sur cette feuille en perdant leur trace...

 

Par-delà le soleil, par-delà les éthers,

Goûte tout ce plaisir, goûtes-en la brûlure.

Laisse en ma bouche ce sein de la luxure

Par-delà la poussière et chaque univers...

 

Touche sans réfléchir, touche avec le désir,

Par-delà les confins des sphères étoilées,

Par-delà ces bulles encore parfumées,

Touche-les du bout de l'âme à t'en souvenir...

 

Entends cette chanson, cette chanson fluette.

Entends là par-delà, par-dessus, au-delà ...

Je t'attends, assis là ! J'espère ces mots-là,

Quelques mots d'une fleur, d'une chose muette...

 

Vers empruntés à « Ã‰lévation Â» de Charles Baudelaire

 

XX - Toujours pareil
 

Il est un ciel étrange

Voguant à demi-nu.

Dans son cœur, la vendange

Est un monde connu.

A l'orée mystérieuse

Qui est aimée de tous,

L'amour n'est que curieuse !

Comment la voyez-vous ?

Allongée et ravie

Dans l'amour d'une Vie !

De ces amours subtils

Se teintant de mensonge

Et s'enfuyant en songe

D'un battement de cils...

 

Hommage en bouts rimés à Â« Semper Eadem Â» de Charles Baudelaire

Sur les bois (il pleut)
 

Il pleut

Et c'est ma faute à moi

Dans mes yeux, Mélusine

A son amour gravé

Il pleut

Dans ses yeux, Mélusine

A mon chemin pavé

 

Ma fille m'a fait danser et ne me regarde pas

Elle est repartie danser en ne changeant que de bras

Elle m'a fait payer de nous être tous deux aimés

Dans ces bulles de douceur, de ces bulles osées

Ma fille m'a fait danser et ne me regarde pas

Elle est repartie danser en ne changeant que de bras

 

Il pleut

Et c'est ma faute à moi

Dans mes yeux, Mélusine

A son amour gravé

 

Les restes du chemin sont les seuls que je vois

Quelques parfums qui montent, ils sont toujours pour moi

Mais quand je suis seul sous son toit

Avec ce soleil, avec ses nuages

J'entends le ciel pleurer

Je vois le doux bleuté de ses yeux arriver

Doucement

Dans mon ciel à moi

La lune danse pour moi l'espoir

Elle danse, danse, elle danse, danse

Et de mille feux, mon visage, elle caresse

Le ciel est pour moi

Je m'y plonge le soir

Et j'y plonge ma peine

 

Il pleut

Et c'est ma faute à moi

Dans mes yeux, Mélusine

A son amour gravé

Il pleut

Dans ses yeux, Mélusine

A mon chemin pavé

 

Réinterprétation de
« Les Carreaux (il pleut) Â» de Glen Powell, Jacques Romain G. Brel, Steve Kirk

Douce détresse
 

J’aime la douce rage

D'un amour éternel

Embrassé dans l'orage

D’amour continuel

Je t'aime Ô mon amour

Quand se couche le jour

 

Je t'aime Ô mon amour

Quand d’un même courage

On s'offre chaque jour

Ce délicat message

Le soin est mutuel

Dans l'amour sensuel

 

Heureux sera le jour

Ouvert à ce passage

Du soir au petit jour

Où dans ton regard sage

Je verrai tant le jour

Que je mourrai d’amour !

 

Vers empruntés à « Douce Maîtresse Â» de Pierre de Ronsard

Ma muse
 

Bluet aux regards d’améthyste,

La terre n'est-elle qu'à genoux ?

Dans le noir des cieux, le courroux

Ne la rend-elle qu'utopiste ?

 

Bluet aux yeux de ciel, dis-nous

N'est-elle que cette égoïste

Qui va, ressassant, pessimiste,

La tête sens dessus-dessous ?

 

Et, dans son cœur sur cette piste,

Est-ce le silence du houx

Ce qui la fait être si triste ?

 

Pourtant sur le chemin des dieux

J’ai vu ses yeux, j’en suis jaloux.

 

Ma Muse a passé sous mes yeux.

 

Vers empruntés à « La muse Â» de Nérée Beauchemin

Ose
 

L’aurore est une envie passionnante,

Une goutte d'eau si désirante

D'une lumière automnale aimante :

Bel espoir d'une vie bourdonnante.

 

L'herbe scintille comme une alarme,

Le soleil joyeux chemine en mousse.

La vie s'écoule comme une douce

Lumière. Sur ta joue, une larme...

 

Hommage en bouts débutants à « Pause Â» de Provencao

De la montagne au ciel
 

Le ciel ne veut pas de la montagne,

De ce doux nuage au parfum gris.

Aussi ne veut-il avec mépris,

Sinon du mal, que le froid la gagne.

 

Puisqu’il ne souhaite pas la terre

Je regarde maintenant vers lui :

Plus grand est le jour, courte est la nuit ;

Faire autrement lève le mystère.

 

Donc si ma main se tend vers sa main,

De l’amour naîtra chaque matin :

Dans son sein se cachera l'envie.

 

Punissez-moi si l'amour est faux

Et brûlez-moi au moins jusqu'en haut.

Vivre sans sa main n'est pas la vie.

 

Hommage en bouts débutants à Â« Le ciel ne veut dame que je jouisse Â» de Pierre de Ronsard

Un dernier baiser
 

Et depuis deux ans de paresse,

J'en ai perdu toute caresse,

J'en ai perdu chaque soleil

Pour gagner des nuits sans sommeil.

 

Donne-moi tes lèvres, Lucie,

Donne-moi un reste d'envie.

Que me donne ce sentiment,

Tes belles lèvres de pur sang.

 

Ta bouche est brûlante, Lucie,

Inventons donc quelque folie,

Inventons encor quelque sort

Qui nous perde l’âme et le corps.

 

Seul, maintenant, ressens, mon cœur,

Que je suis vide à faire peur.

Je crois, si j’en valais la peine,

Que ton amour n'est plus que haine.

 

Allons, Lucie, il faut t’attendre

A ne jamais pouvoir comprendre,

A m'oublier sans un baiser

Quand je monte sur ton bûcher.

 

Vers empruntés à « A Julie Â» d'Alfred de Musset

Rien
 

Rien comme être n’est passager :

L'amour ne saurait être sage

Délivrant l'unique message

Dans les yeux de cet étranger.

 

Posée, sur un nuage, au bord,

Un jour, tu passes la frontière,

Celle qui n'est qu'à la lisière

Entre cet amour et sa mort.

 

Tu t'enferres sur ce fil blanc

Pour en découdre la patience.

Peu à peu, tu te fais silence

En noyant ce qu'était l'avant.

 

Dans ton regard s'éteint l'instant ;

Il part en plongeant dans l'absence

Ressentant dans quelque espérance

Tomber la poussière du temps.

 

Vers empruntés à « J’arrive où je suis étranger Â» de Louis Aragon

Un amour
 

Te souviens-tu des caresses dans le vent ?

De ces fenêtres, de ces portes qui claquent ?

De ces godillots sous la pluie dans les flaques ?

Te souviens-tu de notre amour sous le vent ?

Maintenant le temps l'étend et le disperse

Et, définitivement, il pleut à verse.
 

Hommage en bouts rimés à « Un arbre Â» de Francis Carco


 

[Attendre en sachant qu’il n’y a plus rien à attendre…
Mais j’attends car je crois en elle.]

Février 2014
© 2014 LJB

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Sur le chemin de  Lucie


Lettres envolées entre 
ciel et terres

 

Quelques mots de poésie
pour raconter une tranche de vie,
rien de plus que quelques instants
perdus dans le fil du temps,

quelques moments en
équilibre instable
sur le fil d'un chemin,
des mots posés ici
après la disparition d'une bulle,
des mots posés ici
pour qu'ils continuent à vivre,
des mots posés ici
pour que ce petit chemin
ne disparaisse pas.

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