
XL ~ LJB
*1* Un sens au sens *
Chaque signe a un sens, peut-être pas celui que l’on pense. Chaque signe s’interprète de la façon dont on le désire.
Et le temps dans tout cela ?… Il s’écoule, il s’oublie, il se perd… Rien à faire… Rien à attendre…
Et pourtant le temps est un signe, lui aussi… identique et différent, tout le temps… rien ne se crée, rien ne se perd… et pourtant…
Dans ma poche, vit un souvenir… un présent, autrement… Dans ma poche, vit un désir… un passé, imprudent… dans ma poche, vit un plaisir… dépassé, innocent… il est là comme absent…
C’est un petit bois, un petit toit, une fois… C’est un bout de pin, un bout de rien, une faim… C’est de l’inconnu, du jamais vu, l’imprévu…
C’est une femme, deux flammes et quelques états d’âmes…
Chaque signe a un sens… plus ou moins grand, plus ou moins petit… Il est fait d’innocence, il est fait de confiance. Il est aussi grand que ce que l’on désire. Il n’a pour avenir que l’envie de le voir grandir. Il n’a pour passé que ce que l’on souhaite garder… rien ne se crée, rien ne se perd… et pourtant…
Dans ma poche vit un souvenir… assurément un autre présent… Dans ma poche vit un plaisir… un passé, autrement… Dans ma poche vit un amour… je le sais, follement… Il est là, différent…
Chaque signe a un sens… qui s’oublie, qui s’enfuit. Chaque signe est plus grand… dans nos yeux d’enfant. Je le sais, à présent, il y a des mondes où le rêve est permis.
C’est un signe autrement… autrement plus grand que le sens que l’on donne à nos sens.
Rien ne saurait être plus grand que lorsque l’on se rêve vraiment…
*2* A présent *
Chut ! la lune est silencieuse,
Elle se reflète dans tes yeux.
Là, au bord du lac noir,
Se perd le temps de l'amour.
Vois dans cette lumière douce
Le présent et sa source.
Crois dans la nuit sans voile
Que chacun de nos mots est sûr.
Sens au bout de tes doigts lents
Que notre esprit est vivant.
Vis ce paradis inscrit
Dans le temps et dans nos vies.
Sais, à présent, que cet instant
Nous relie à l'éternité.
*3* Vent debout *
Tu m'as écrit la pluie,
Un instant dans un poème,
Sans me dire ce « je t'aime ».
Alors il a plu des mots.
Alors il a plu plus que de raison.
Tu étais là, sensible.
Tu étais là, fragile,
Le regard dans le ciel
Bleu amoureux.
Un sourire m'a ensoleillé,
Un sourire volé à la lumière
Ou offert à la montagne.
Le vent a fait vivre ce monde.
Il t'a tenu dans sa main,
Il a couru dans tes pensées,
Il a enfanté dans ton cœur.
Tu m'as écrit la pluie
Et tu me l'as dit.
*4* Distance *
La distance entre nos mains
N'est que celle de l'amour.
Tu ne le sais pas encore :
Demain sera vrai... toujours...
Ma main, posée sur tes jours,
Raconte une unique histoire.
Présente dans ta mémoire,
Elle brille tel un astre
Perdu après le désastre,
Rêvant sans bruit... d'un encore...
*5* L'amour est folie *
Et le jour se balance
Au fil des temps latents
Et je laisse à la chance
La quête du présent
Ce jour en silence
D'un seul battement
Connait la distance
Des êtres s'aimant
L'étoile en l'absence
Sait exactement
Ce qu'est l'évidence
De ces gens amants
Et le jour se balance
Dans les secrets latents
En offrant à la chance
La folie d'un présent
Poème dédié à la sagesse
*6* Esquisse d'un amour *
Et peut-être que le ciel
me plonge dans le rêve
une seconde une vie
peut-être
l'esquisse
un trait dans le vent
un cheveu s'envolant
un désert ondulant
peut-être
l'esquisse
un parfum floral
un pétale sous la pluie
une branche qui casse
peut-être
l'esquisse
impalpable
sensation du grain
insondable
silence soudain
véritable
mystère intérieur
une étoile luit
dans la nuit
une transparence
une goutte d'eau
une poussière
peut-être
l'esquisse
un nuage
une page
blanche
peut-être
l'esquisse
d'un sourire
*7* Oui *
Oui
Un petit mot sur les marches
Où ton sourire m'attend
Personne ne regarde
Personne ne voit
Personne ne sait
Et pourtant
Oui
Tu es là
Au pied de la grande église
Où ton cœur m'attend
Personne n'écoute
Personne n'entend
Personne ne sait
Et pourtant
Oui
Tu es là
Devant cette montagne
Où ton âme m'attend
Personne ne respire
Personne ne sent
Personne ne sait
Et pourtant
Oui
Tu es là
Oui
Simplement oui
Sans aucune raison
*8* Ce que je ne savais pas *
15 novembre 2013.
Je regarde par la fenêtre.
Le jour se lève.
Il pense à moi.
Je ne savais pas que c'était si facile.
Je ne sa vais pas que c'était si heureux.
Je ne savais pas que c'était si doux.
Je ne savais pas que c'était si calme.
A cet instant, j'ai aimé le temps
Immobile planté sur ma montagne.
J'ai vu le reflet du ciel
Dans la vitre souriant.
J'ai senti le bonheur
De la lumière s'élevant.
J'ai inspiré une nouvelle fois
Pour vivre cette foi.
Je ne savais pas qu'il pouvait en être ainsi.
Je ne savais pas qu'il pouvait être ici.
Je ne savais pas qu'il pouvait être aussi.
Je ne savais pas qu'il pouvait naître ainsi.
J'aime ce jour pourtant loin.
J'aime ce jour et ce qui est autour.
j’aime ce jour sans jour.
J'aime ce jour d'amour.
J'en ai besoin.
« Pour être heureuse. Pour être bien. Pour vivre. »
*9* L'oiseau bleu *
Et le jour s'abandonne
A la pluie, à la nuit,
Et l'envie qui résonne
Sans bruit, elle s'enfuit...
Je vois toujours tes yeux
Arriver de bonheur,
Ils m'amènent les cieux
Les gravant dans mon cœur.
Et ce jour qui se donne
A la nuit, à l'envie,
Et ce bruit qui raisonne
Sous la pluie, c'est la vie...
*10* Merci *
Mon cœur est rempli
Mon âme est remplie
Tu le sais chérie
Tu le sais Amour
Au bord de tes bras
Au sein de tes lèvres
Je remplis de joie
Je remplis de toi
Chacun des silences
Je remplis encore
Mon corps de ta sève
Mon cœur de tes heures
Mes jours de tes mots
Mes nuits de ta pluie
Tu ne comprends pas
Au bout de mes doigts
S'éveillent les notes
Des instants perdus
Et de ceux rêvés
Mon cœur est rempli
Mon âme est remplie
D'amour sans merci
*11* Nuage sauvage *
Ce n'est que notre temps qui passe...
Ce n'est qu'un instant sur la place,
La main dans la main en chemin,
Rêvant d'un autre lendemain.
Ce n'est que le temps d'un « je t'aime... »
Ce n'est que celui d'un poème.
Le monde continue sans bruit
Attendant la pluie et la nuit.
Ce n'est qu'un simple paysage.
Ce n'est qu'un nuage sauvage
Pris à la montagne du temps
De cette tendresse autrement.
Ce n'est que l'oubli du courage.
Ce n'est que ce mot de passage
Qui, à l'ancien monde, se donne
Lorsque notre amour s'abandonne.
Ce n'est que la beauté des jours
Qui dans le ciel se crée toujours.
*12* Amour parfait *
Dans le ciel une image
La lune embrasse le soleil
Sur ses lèvres pourpres
Se pose une lumière étincelante
Et moi
Je ferme les yeux
Pour mieux te voir
Quand tu m'embrasses
*13* Une femme de valeur *
Le silence est froid
Et la tête la première
Tu te tais
Tu pourrais ne plus penser
Tu pourrais juste oublier
Te cacher peut-être
Là, juste toi
Derrière cette porte
Le silence est froid
Et tu poses tes doigts
Sur quelques n'importe quoi
Tu pourrais te soustraire
Tu pourrais fermer les yeux
Être quelqu'un d'autre
Peut-être dans un ailleurs
Là, juste toi
Derrière cette porte
Le grand amour tu y penses
Le grand amour tu y crois
Mais est-il pour toi ?
Tu te baisses un peu plus bas
Tu te baisses toujours un peu plus
Jusqu'à ne plus voir le ciel
Jusqu'à oublier la pluie
Tu sais ce que vivre peut être
Et peut-être la valeur d'aimer
Et tu regardes ton corps
Et tu te regardes encore
Là, juste toi
Derrière cette porte
L’as-tu vraiment ouverte
Pour connaître ta valeur ?
*14* Ce qu'est l'amour *
Allongée dans le petit jour
S'élève en toi une voix
Tu ne sais comment
Tu ne sais pourquoi
Ce n'est pas un choix
Dans ce jour tremblant
Tu ressens ses bras
Tu envies ces pas
Au bout du désert
Tu sais, tu espères
Tu sais et tu te perds
Allongée dans le petit jour
Pas un mot, uniquement
Un silence d'argent
Où ton corps vibre encore
Et ton cœur, ce trésor
Qui bat hors de toi
Ce n'est pas un choix
Ce n'est que toi
*15* Quinze battements par seconde *
Une flamme, un feu
Un nouvel être
J'écoute ton cœur battre
Je le sens, ma tête sur ta poitrine
Est-ce vrai ?
J'écoute ton cœur battre
Pour le croire
Vraiment à chaque instant
Le temps s'ajoute dans mon âme
A chaque battement
Mon sang s'écoule plus fort
Je le sens à l'intérieur
J'écoute ton cœur battre
Je le sens, ma tête sur ta poitrine
Est-ce vrai ?
J'écoute ton cœur battre
Pour le croire
Il y a dans mes bras
L'instant qui s'étend
A chaque battement
Le temps s'écoule plus lentement
Je te sens à l'intérieur
Et le temps s'éparpille
Et le temps s'éparpille
J'écoute ton cœur battre
Je le sens, ma tête sur ta poitrine
Est-ce vrai ?
J'écoute ton cœur battre
Pour le croire
Il y a dans mon cœur
L'instant qui s'égare
A chaque battement
La folie s'imprègne
Je ressens ton intérieur
J'écoute ton cœur battre
Je le sens, ma tête sur ta poitrine
Est-ce vrai ?
J'écoute ton cœur battre
Pour le croire
Il y a dans mes yeux ton corps
A chaque instant encore
A chaque battement
La folie se pleure doucement
Je te suis à l'intérieur
J'écoute ton cœur battre
Tu le sens, ma tête sur ta poitrine
Est-ce vrai ?
J'écoute ton cœur battre
Pour te croire
Seule la mort m'aidera
A oublier vraiment
A chaque battement
La vérité je crois
Tu es là à l'intérieur
J'écoute ton cœur battre
Vraiment
*16* Au bout du jour l'amour *
Assise en tailleur
Au cœur des fleurs
Tu plonges dans mes yeux
Attendant le meilleur
Tu ne sais pas encore
Que l'amour et la peur
Ne deviennent que douleurs
Si on les marie sans raison
Assise en tailleur
En rêvant d'ailleurs
Tu m'offres des yeux
Toujours plus songeurs
Je ne sais pas encore
Que l'amour et la mort
Deviennent plus forts
Si on les marie à la raison
Mais là
Je m'assieds derrière toi
Et sans un mot et sans un bruit
Je te raconte tout bas
Ce que le bout du jour a pour raison
*17* étoile *
La terre est aride
Le ciel est vide
Dans la musique du temps
Disparait notre temps
Dans ta gorge sèche
Chaque mot se retient
Pas un de plus haut que l'autre
Si ce n'est le silence
Pourtant dans tes yeux
Le ciel parle autrement
Il s'évade à la fenêtre
Pour rejoindre le vent
Pour se joindre au temps
Dans un espace autrement
La terre est aride
Le ciel est vide
Excepté dans tes yeux
Où survit une étoile
*18* Maman *
Tu ne me ressembles pas
Je te ressemble tant
Dans ces portes ouvertes
Dans ces portes fermées
Dans celle qui t'emporte
Dans celle que je transporte
Tu m'as manqué tant
Tant et tant de temps
A vouloir te haïr
Pour que tu puisses m'aimer
A vouloir être toi
Pour pouvoir te ressembler
A le vouloir plus encore
Pour être différente
Mais je sais que le temps
Nous emportera maman
Mais je sais que le temps
M'abandonnera sûrement
Qui suis-je vraiment ?
Suis-je ton enfant ?
Je voudrais te faire confiance
Je voudrais me faire confiance
Puis-je être autrement ?
Puis-je être autre simplement
Maman ?
Je t'aime
*19* À la recherche de soi-même *
Lucie
Entre les jours se cache
Un amour au petit jour
Peut-être
Ferme les yeux
L'amour n'est pas
Un choix
Entre les jours se cache
Lucie
*20* 40 jours, 40 nuits *
Sur les déserts de l'amour
S'effondrent 40 nuits et 40 jours
Et dans le ciel et dans le sable
Rien ne se compte
Face à la terre et face à la montagne
Seule la peur peut nous perdre
Nulle raison, nulle folie
On ne choisit pas d’aimer
Ni sa raison de vivre ou d’être
40 jours et 40 nuits
Quand on atteint le ciel
Reste l'essentiel de nos vies
Reste l’essentiel de nous
Nul déluge, nul naufrage
Rien que la mer qui tangue
Recherchant le cap dans le brouillard
Les yeux et le cœur fermés
40 jours et 40 nuits
A compter et décompter
Les vérités et les outrages
A oublier les affres de l’âge
Et les différentes vraisemblances
Et sous tes pas et sous mes doigts
Se tourne chaque page
Qui nous éloigne de nous-même
40 jours et 40 nuits
Brillent pourtant
Comme si un seul battement
Pouvait renverser le temps
Et du sommet jusqu’au fond
Rien de nous permet
De nous dire
Que nous nous sommes mentis
40 jours et 40 nuits s’éparpillent
Sur les déserts de l'amour
Il ne reste qu’un grain de sable
Brillant comme une étoile
Au creux d’une main douce
*21* Fanny *
Je sais que tu es là pour moi.
Je le sais après toutes ces années.
Il n'y a entre nous que l'espace de notre présence.
Je sais que tu es là pour moi.
Tu es la grande, je suis la petite.
Et je te regarde, et je te ressemble.
Je sais que tu es là pour moi.
Le temps n'a pas su nous séparer.
La vie n'a pas su nous égarer.
Je sais que tu es là pour moi.
Dans mon ombre, tu lis la tienne.
Dans ton ombre, je lie la mienne.
Je sais que tu es là pour moi.
Peu importe les mots, les regards...
Peu importe le ciel et les orages,
Je sais que tu es là pour moi.
Peu importe les hommes,
Peu importe les autres,
Je sais que tu es là pour moi.
Et si un jour, ma route te quitte,
Tu sauras où venir me chercher :
Je sais que tu es là pour moi.
Et si une nuit, l'amour s'en va,
Je sais que tu me retiendras.
Je sais que tu es là pour moi.
Sans regards, sans rien dire,
Sans un geste, sans rien...
Je sais que tu es là pour moi
Tout le temps comme moi aussi
J'espère que je le suis.
Je sais que tu es là pour moi,
Je sais que tu as mon cœur,
Je sais que tu es ma sœur,
Fanny.
*22* Chanson d'amour *
Il l'aime et elle l'aime.
Aucun problème.
Il l'aime et elle l'aime,
Lui aussi.
La vérité n'a pas de sens,
Elle n'a aucune innocence.
Et pourtant il sait dans ses bras
Qu'elle ne lui mentira pas.
L'amour n'est fait que de toujours
Remis en question chaque jour.
Et pourtant il sait qu'allongé
Contre elle, il vit l'éternité.
Chaque nuit sous la lune,
Il voit à la fenêtre
Ce que l'autre peut être.
Il sait qu'elle n'est qu'une.
Et puis chaque jour dans ses yeux,
Il se perd ou s'égare au mieux.
Il le sait si elle s'en va,
Il ne la retrouvera pas.
Alors il se tait un peu plus.
Alors il a peur toujours plus,
Le sait-elle ? Il ne le sait pas.
Le voit-elle ? Il ne le veut pas.
Et chacun d'un côté du mur
Espère être un jour enfin sûr
Qu'il la regardera sans doute,
Qu'elle l'emmènera en route.
L'amour n'a qu’une vérité ;
Il ne faut jamais le rêver.
Je l'ai regardée dans les yeux :
On ne dit pas adieu à dieu.
*23* La cour des miracles *
Depuis que tu es entrée en moi,
Je ne vois que la beauté de la cour.
Et sur ce bitume triste et sombre
Poussent des fleurs de soleil et de pluie.
Mes yeux ont grandi avec le temps.
Ils embrassent chaque jour, chaque nuit,
Laissant jouer de petites mains.
Je profite de leur danse sans fin
Pour attraper les lendemains, pour
Retenir à chaque instant ces présents.
Dans cette cour des miracles, pourquoi
La beauté s'est-elle enfuie dans l'ombre ?
*24* Ce que je ne savais pas du temps *
C'est un 14 novembre 2013
Le jour se pose sur la forêt
Le temps s'arrête
Est-il possible de croire
Que la vie sait se suspendre ainsi ?
Je le crois
Il est là
Face à moi
Me tendant un sourire
Qui me pénètre
Comme ça
Que sait-il de ce temps ?
Que sait-il de moi ?
Il est là
Immobile
M'offrant ses bras
Comme s'il faisait froid
J'aime ça
Qu'attend-il de ce temps ?
Que sent-il de moi ?
Il est là
Comme un chemin
Impertinent dans la montagne
Se faufilant entre mes falaises
Comme ça
Je le sais pourtant
Je le veux autant
Le jour se pose sur la forêt
Et je ferme les yeux pour ouvrir le temps
*25* ATLAS *
A toi qui tiens le ciel
Toi figé dans la pierre
La lumière n'a pas de prix
Aucun amour ne nous laisse
Seul
A toi qui restes éternel
Toi glacé par cette eau
La lumière n'est que ce tronc
Aucun amour ici aussi
Rêve
*26* Un petit pas *
Je suis allé dans le ciel
A midi pile un jeudi.
Dans des rayons de soleil,
S'évanouissait la pluie.
Je suis allé dans le ciel
Jusqu'à oublier les gens,
Jusqu'à voler le soleil
Dans les caresses du vent.
A midi pile un jeudi,
L'instant ne fut que présent,
L'instant fut ce paradis
Où j'ai embrassé le temps.
Je me souviens aujourd'hui
De ce présent de soleil :
Je suis allé dans le ciel
A midi pile un jeudi.
*27* Lucie *
courir au petit jour
pour attraper le temps
entre les ruisseaux et les chemins
comme un serpent
le soleil malheureux
chante déjà le jour
entre le rêve et la nuit
il quitte son lit
une étoile s'éteint
bleu
bleu comme le ciel
après la pluie
le temps frissonne impatient
le silence semble
large et profond
parfois doux
parfois ombrageux
parfois tendre
parfois insouciant
il accueille le temps
dans l'automne qui s'endort
encore
encore un peu
un peu plus loin
le paysage se détend
sous ses pas l'écrivant
le jour s'éveille merveilleux
et la rencontre
sans rien lui dire
Lucie oublie
*28* Pierres *
Une pierre autour du cou
Tant de pierres pour me lester
Une pierre comme un bijou
Tant de pierres à porter
Une pierre dans le passé
Tant de pierres pour me murer
Une pierre dans le cœur
Tant de pierres à oublier
Une pierre et des larmes fières
*29* Dans l'immensité de la rivière *
Rien
A peine une onde qui remonte
Le long de ton corps
Et sur les galets
Ce flot lent et lancinant
Du temps qui nous quitte
Rien
Pas même un mot
Pas même un chant
Rien que le temps
Ravissant
Et au milieu
Dans l'immensité de la rivière
L'urgence
Le frétillement impatient de la vie
Ce désir turbulent d'êtres différents
Cette précipitation rappelant la pluie
Et sans le moindre mouvement
Sans la moindre esquisse d'un son
Sans même que l'évidence naisse
S'écoule le désir
Infini de la vie
Dans nos yeux
*30* L'amour s'en va *
L'amour s'en va
Et tu restes là
Je ne sais plus où
Peut-être quelque part
Dans ma mémoire
L'amour s'en va
En vérités
Comme une caresse
Qui sait s'effacer
Au fil des automnes
L'amour s'en va
Et ne se réveille
Que dans une forme
De dessins gribouillées
Par la boue du temps
L'amour s'en va
Et je reste là
*31* De l'autre côté de la porte *
Viens entre
Les jours et les nuits
Les pluies et les feux
La sagesse et la folie
Tu sais comment s'enroulent
Les mots et les chemins
Vérités et mensonges
Couleurs noirs et blancs
Viens entre
Les pensées et les idées
La beauté et la laideur
La vie et la mort
Tu sais comment défilent
Les nuages et les vents
Saisons et secondes
Amour et lancinants silences
Il suffit d'un instant court
Pour que change la face du monde
Que le temps arrête de tourner
Que tu sois quelqu'un d'autre
Il suffit de si peu
Pour que vivre soit être
Que se taisent les peut-être
Viens entre
*32* Un passé et trois questions *
En quoi le passé
Est-il différent ?
A-t-il eu raison de partir ?
Les mots sont parfois durs
Le temps violent
Il faut être parfaitement sûr
Qu'il ne peut être autrement
Dans les yeux et dans le cœur
Bien ancrée profondément
La vérité n'a aucun sens
Que celui que l'on veut
Lui accorder
Maints et maints silences
Ne font pas de l'oubli
Une vérité
Que seul le temps sait
Accorder
A-t-elle eu raison de rester ?
*33* L'amour mourra en dernier *
Laisse-moi retenir les flammes
Leur danse folle sur les bougies
Ce sourire qu'elles éclairent
Dans la pièce sombre et froide
Laisse-moi retenir les flammes
Leurs volutes de fumée
Lorsque notre souffle
A effacé leur volonté d'être
Laisse-moi retenir les flammes
Jusqu'au bout des soleils
Pour que l'éternité ne retienne
Que leur désir de vivre
Laisse-moi retenir les flammes
Pour que jamais ne se consume l'amour
*34* Le lien *
Ce n'est pas seulement un mot
Ce n'est pas seulement un livre
Ici se cache le temps
Et peut-être aussi le vent
La pluie continue à couler
Le long des montagnes fragiles
Et dans les ombres d'un bel été
Tu trouveras la tienne
Qui continue à sourire
Ce n'est pas seulement l'amour
Ce n'est pas seulement la vie
Ici se terrent les nuages
Et peut-être d'autres amis
La pluie continue à bercer
Les arbres des plaines dociles
Et dans les étangs du printemps
Tu verras briller ton image
Qui continue à courir
Ce n'est pas seulement une âme
Ce n'est pas seulement une foi
Ici s'envole le passé
Et peut-être aussi un bout de nous
La pluie a cessé de paraître
Sur les tendres crêtes enneigées
Et dans chaque flocon blanc
Tu liras ce message
Qui continue à danser
Il y a toujours une route
Il y a toujours un chemin
Il y a toujours une question
Et une réponse qui parle de bien
Viens, donne-moi la main
L'automne revient
*35* Tant d'automnes *
Chaque soir, chaque matin,
Quand la lumière est libre,
D'un espoir,
D'un regard,
Elle attrape le temps.
Une fois, une autre fois,
Quand la lumière a froid,
Du bout des lèvres,
Du bout des cils,
Elle garde l'instant.
Une saison, tant de saisons,
Quand la lumière n'est plus,
Au fond du cœur,
Au fond de l'âme,
Elle oublie le temps.
Il est facile de disparaître :
Il suffit d'oublier l'être.
*36* Regarde mes yeux *
Papa, tu es là
Papa, tiens-moi dans tes bras
Papa, sèche mes larmes
Papa, serre-moi fort
Papa, regarde-moi
Papa, regarde-moi encore
Papa, dis-moi pourquoi
Papa, rouvre cette porte
Papa, ne pleure pas
Papa, ne pense pas
Papa, regarde dans mes yeux
Papa, regarde cette pluie
Papa, écoute mes pleurs
Papa, ne me laisse pas
Papa, ne me laisse pas dans la colère
Papa, retiens-moi
Papa, retiens-moi plus fort
Papa, je ne vois que le mur
Papa, je ne vois que le noir
Papa, je ne sens que la douleur
Papa, j'ai peur
Papa, j'ai froid
Papa, pourquoi n'est-elle pas là ?
Papa, es-tu là ?
Je t'aime !
*37* Du bout des doigts *
Le temps est bref, la vie est courte...
Ne soufflons pas trop vite sur les bougies.
Le temps est beau, le temps est lent,
Saurons-nous l'apprivoiser autrement ?
Le temps est doux, il est d'ailleurs.
Peut-être un jour le retrouverons-nous ?
Assis ici et sans un bruit,
A ce moment-là, il nous embrassera.
*38* Lumière *
Quand je rêve le soir d'une étoile
Quand je regarde la mer sans voile
Quand je vogue au fil du vent et du temps
Je ressens cette lumière
autrement
Elle est là
N'est-ce pas ?
Sûrement !
*39* Artifice *
Le temps a tout le temps
il suffit d'attendre pour comprendre
alors j'attends au coin de la rue
Le ciel
est limpide et transparent
à croire qu'il a la vie devant lui
je le vois qui sourit
Un nuage
blanc et léger
est suspendu dans le vide
heureux
Il attend lui aussi il attend
la pluie
ces gouttes d'or tombant lentement du ciel
Il sait ce qu'est l'amour
*40* Premier baiser *
Les yeux fermés sur le trottoir,
Le présent est ce que l'on aime !
Si ce jour n'aura aucun soir,
Il sera à vie un poème.
Des quarante années écoulées
Restera cet instant à rêver
De vivre ce dernier baiser
Comme un premier d'éternité…
xx