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de noir et de blanc

Dans les pas du ciel

 

Il fait noir

Il fait blanc

Le ciel est hésitant

Il avance doucement

Il s'arrête en silence

Un éclair traverse l'espace

Il est là

Il sourit

Un léger nuage prend sa place

Il s'accroche

Il est surpris

La montagne appelle le chemin

Il est lent

Il s'enfuit

Le jour s'en va en tremblant

Il fait noir

Il fait blanc

Ses pas sont hésitants

 

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Arbre (I)

 

Au bord du torrent les branches ballantes

Il voit le temps s'écouler lentement

Il ne sait pas qu'à présent

L'avenir s'est déjà enfui

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L'inespérance

 

La pierre posée sur le chemin attend.

Elle attend une main, elle attend demain,

Cette pierre posée sur le chemin.

Son gris reflète quelques nuages blancs,

Quelques nuages rêvant à d'autres lendemains.

Ses marbrures décrivent son passé, ses blessures,

Ses aventures, elles décrivent le temps.

Elles décrivent ses fêlures et l'oubli,

L'oubli qui existe tant, qui perdure

Bien au-delà de la vie, même des pierres...

Cet oubli que l'on devine quand on la caresse

Ne serait-ce qu'un instant, cet oubli

Qui rend douce sa rudesse, qui rend froid

Son amour, qui rend triste son message.

La pierre posée sur le chemin attend

En vain...

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A l'abri du temps

 

Un peu plus haut

Légèrement au-dessus

Du ciel

Se situe le rêve

D'or et d'argent

De lune et de soleil

Ses nuages s'entremêlent

Lorsque se couche le jour

Ses nuages s'ensorcellent

Lorsqu'il devient amour

Un peu plus haut

Légèrement au-delà

Du ciel

Le chemin s'élève sans fin

Il tutoie l'inaccessible étoile

S'enroulant dans l'éternité

Ses pas dessinent des caractères

De noirs sur le blanc

Ses pas imaginent la lumière

De blanc sur le noir

Un peu plus haut

Légèrement plus loin que

Le ciel

Est toujours

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Paroles d'un soir

 

La lune divague dans le ciel

Au loin

J'imagine ton visage

Serein

Sur un chemin inconnu

Le soir

Autour de moi se noie sans bruit

Ta voix

Me promène d'étoile en étoile

Et même

Dans le silence environnant

Me mène

Dans quelques rêves enivrants

J'aime

Cette douceur qui clairsème

La nuit

Tes lèvres me content les saveurs

Du temps

De ce temps élégant et doux

D'un ton

Rieur et fou je bois tes mots

Sans doute

Et me laisse emporter sur la route

Le monde

Est si rond est si bleu que je vois

Tes yeux

Simplement en écoutant tes

Paroles

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Lune d'automne

 

La lune

Au milieu du ciel

M'emmène à travers tes rêves

Elle se promène dans mes yeux

Du noir vers le bleu

Elle m'entraîne vers des rives

Où dérivent tes idées

Du sang vers le feu

Elle m'enchaîne à ce passé

D'un automne retrouvé

Du violet vers le rose

Elle égrène le temps

Des couleurs vers le blanc

Au milieu du ciel

La lune

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Simplicité de la mort

 

Je ne sais pas quand tu es morte

Mais tu es morte ce jour là

Je ne sais plus quand s'est fermée la porte

Mais je le savais déjà

Le temps n'a pas plus de sens

Qu'il en avait avant

Sa douceur pourrait être belle

Si elle n'était pas teintée de douleur

L'amour serait différent

En oubliant sa mort

La vie serait présente

En dehors du silence

Les mots ne sont plus que des mots

Des squelettes à l'encre noire

Ils délivrent sur la page blanche

Leur absence de lumière

Je ne sais pas quand tu es morte

Mais je suis mort ce jour là

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Secret

 

Discret

Caché dans tes bras

Secret

Tu l'attends tout bas

Ce soir

Au fond du miroir

Ton cœur

Se bat sans savoir

Il bat

D'un étrange espoir

Le noir

Serait si troublant

Le blanc

Serait l'évident

Secret

Caché dans tes bras

Discret

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Monde de pierre

 

La pensée de pierre

S'attrape dans l'infini

Leurs songes

Sont-ils des mensonges

Lorsque s'achèvent

Nos rêves ?

De notre passé brut

Ne reste qu'un mur poli

Lustré par le temps

Maintenant sur ce banc

Le silence cisèle

L'évidement du vent

Le dérobement du jour

La lumière serait belle

Si de quartz et de sable

Elle n'était faite

La nuit se construit

Prisonnière d'une gangue

De cristal et de basalte

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Mots en l'air

 

Que disais-tu ?

Te souviens-tu ?

Le ciel avait l'air libre

Le soleil brillait dans le vent

Tes mots vrillaient

Accompagnant la lente chute

De quelques feuilles claires

Que disaient-ils ?

Ils parlaient des nuages

Ils parlaient des étoiles

Ils parlaient de nos rêves

Accompagnant la lente chute

De quelques feuilles claires

Se souviennent-ils ?

Ils riaient sous la pluie

Ils riaient sur nos chemins

Ils riaient sous les rayons

Accompagnant la lente chute

De quelques feuilles claires

Que disais-tu ?

Te souviens-tu ?

Dis-moi

Que reste-t-il

De ces mots en l'air

Accompagnant la lente chute

De quelques feuilles claires

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Extérieur

 

Un instant, le temps s'est arrêté. Tes yeux se sont fermés à l'orée du bois. La lumière envoutante glissait tendrement dans tes cheveux. Le vent les balançait au rythme de ton souffle. Ils dessinaient sur mon visage des chemins incertains, des voies improbables et d'autres inimaginables. Et le vent inlassablement de sa candeur fraiche les promenait.

Tes yeux se sont rouverts tels des ciels. Aucun nuage pour perturber le silence. Juste deux lunes pleines et fières. Deux lunes noires et profondes. Deux espaces immenses où mes pensées se sont plongées. À l'intérieur de ton âme, à l'extérieur de ce monde, un instant le temps a disparu.

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Ma voix

 

Le temps absorbe le temps. Les instants se perdent à présent. A croire que l'innocence s'est diluée dans le silence. Le vent a dissous les ondes qui reliaient les mondes. À la recherche des rêves perdus, de leurs images disparues, le temps ignore le temps.

Ne reste du passé s'excusant déjà de l'absence que ta voix.

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Ciels

 

Ciel perdu dans l'au-delà du temps,

Sous le poids des nuages et des ans,

Qui s'amoncellent,

Ciel, dis, qu'est-il advenu d'avant ?

Qu'est devenu ton rayonnement ?

Là, se décèlent,

Ciel, dans les gris, le noir et le blanc.

Où sont partis les parfums d'avant,

Des amours cruelles ?

Ciel, dans les jours et les nuits changeants,

Crois-tu aux lumières d'antan,

Celles si belles ?

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La blessure du silence

 

Dans la transparence de certains instants

Le silence n'est qu'une douleur

Aucun bruit

Aucun signe

De vie

D'amour

L'attente

Juste l'attente

D'un mot

De ce mot rempli de couleurs

De ce mot aux mille valeurs

L'attente

Comme unique bonheur

L'heure tourne

Le temps s’épuise de lenteur

Tout ce silence

Permet d'entendre battre

Ton cœur

Dans ma poitrine

Il bat sans le savoir

Laissant s'écouler

Cette encre noire

Silence

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Silence

Ta lumière blanche

Me blesse

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Raison

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Couper l'herbe sous le pied pour ne plus avoir à penser.

La raison a toujours raison quelle que soit la raison.

Mon amour, mon amour perdu, je suis là, toujours

Au bout de cette rue. Je suis là sans raison,

Sans raison autre que de voir pousser l'amour.




 

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La maison de la montagne

​

Perdue au cœur de nulle part, cachée du chemin par une foule d'arbres, la maison de la montagne est plantée là. Sa porte face à la pente n'est jamais fermée. Elle s'ouvre à tous les vents et tous les gens.

​

Il aura suffi d'un jour, d'un détour, pour que nous poussions cette porte inconnue. C'est à se demander si elle ne nous attendait pas. De bon cœur, nous l'avons ouverte pour découvrir ses secrets. Et, emportés par cette découverte, nous nous sommes laissés aller à nous glisser à l'intérieur.

​

La lumière était faible, habitée par une étrange lueur, un désir envoutant dans cet antre de pin. La lumière était belle, changeant souvent de couleurs, de saveurs. Elle semblait danser lentement selon la volonté du temps entre les rayons de soleil et les gouttes de pluie.

​

Perdus au cœur de nulle part, cachés du chemin par une foule d'arbre, la maison de la forêt nous a accueillis. Elle nous a ouvert sa porte pour nos passages en coup de vent. Elle nous a appris que nous n'étions que ses hôtes, que des passants éphémères, que des gens errants.

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Aube

I

La lumière s'éveille au-dessus de la montagne. Elle sort du rêve. Son parfum léger danse dans l'atmosphère au travers de la poussière, une danse lente parmi de lumineux papillons.

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Le temps semble accroché à ces étincelles. Son impatiente transparence s'imprègne de lenteur.

​

II

Sous le drap, la lumière caresse ma peau d'une douceur singulière, de sa chaleur particulière. Son frisson remonte le long de mon dos puis s'évapore sur mes épaules, jusqu'à se déposer tel un baiser léger sur mes lèvres.

​

III

Je la ressens qui pénètre mon cœur. Son battement est clair, tendre et puissant. Il rythme ma respiration. Je la laisse conquérir mon souffle. Je m'abandonne à ses couleurs.

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Mes yeux s'ouvrent et plongent dans ses profondeurs. La lumière est belle. Et je m'enivre de son aube.

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Seconde(s)

I

Autour de ces deux flammes

Dansant dans nos regards

La paix

Le silence s'interrompt

D'un souffle long

Et les flammes s'en vont

D'un sourire partagé

Qu'y a-t-il de plus beau

Que cette infime seconde ?

​

II

Au cœur du chant de l'automne

Se réjouissant de cette présence

L'amour

Le froid disparait

Alors que le jour s'allonge

Le désir se plonge

Dans l'immensité de la caresse

Qu'y a-t-il au-dessus

De cette intime seconde ?

​

III

Parmi tous ces petits riens

Immergés dans nos pensées

Nous deux

La vie se faufile

Entre chacun de nos fils

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Et les mots se taisent

Quand s'embrassent les âmes

Qu'y a-t-il alors

Dans les autres secondes ?

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Existence

 

Sur le chemin entre le ciel et la montagne

Se déroulent les pierres blanches

La pente est douce et sensible

Elle porte un air frais

Ce délicat air d'automne

Sur le chemin entre le bleu et les orangers

Se déroulent de petits pas

Leur rythme est calme et docile

Il porte des mots tranquilles

Ceux d'un air de printemps

Sur le chemin entre la chapelle et le banc

Se déroulent les lents regards

La lumière est belle et fragile

Elle porte la dense innocence

Cette innocence de l'amour

Sur le chemin entre l'existence

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Immaculée

 

Étoile du matin

Peinte en trompe-l'œil

Tes fruits ne sont que des saints

Dévoilés par le bleu divin

Mon ange radieux

Nymphe aux yeux de ciel

Réjouis-moi de ta sagesse

Réjouis-moi de ta folie

Réjouis-moi de ta faiblesse

Réjouis-moi de ton envie

Étoile du matin

Posée sur le seuil

Tes mains ne sont que le fruit

De ce jour égal à la nuit

L'amour sans adieux

Béni au soleil

Réjouis-moi de l'innocence

Réjouis-moi de démesure

Réjouis-moi de l'indécence

Réjouis-moi jusqu'à l'usure

Étoile du matin

Je ressens le ciel

Se lève le soleil

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Passage

 

L'instant est bref, l'instant est lent.

Sur tes lèvres fraîches se dessine l'horizon, se dessine le désir d'avancer sans un bruit. Ce monde de béton n'a rien d'accueillant, nous le traversons discrètement. Ma main appelle la tienne pour que le temps nous retienne, pour que le vent soit absent juste ce léger moment. Ton sourire se rapproche et ton rire me chavire au passage. Pas de temps pour voir les passants, à peine celui de nos regards curieux, pas le temps de faire semblant, mon cœur s'imprime de cette image.

L'instant tourbillonnant, l'instant présent offre à nos corps froids la chaleur des amants. Et ce temps nous embrassant tel un soleil levant décrit en nous cette histoire d'un passage différent. Nous nous laissons emporter par la brise d'automne et quelques feuilles mortes, nous voyageons dans la cité le cœur léger. Aucun nuage sur le plafond de pierre, quelques motifs gravés par le temps, par l'eau ou le vent. Et là, tous deux, blottis dans le passage, nous écoutons le chant du temps qui s'efface.

L'instant est bref, l'instant est lent.

Nous serons tout le temps amants.

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À la fenêtre

 

Joli temps, heureux temps.

En cet automne, le printemps est à la fenêtre. Un silencieux brin d'herbe luit au cœur des autres. Identique et si différent pourtant.

Je le regarde onduler lentement. La lumière est si belle, le temps exaltant. Le présent semble figé d'une douceur passagère. Le ciel est le messager, ses nuages sont d'un blanc effervescent. Le soleil pointe ses rayons sous la douceur d'une caresse tendre du vent.

Quelques oiseaux se posent sur le fil, puis s'envolent le long de l'horizon. Ils décrivent le dessin des collines et disparaissent dans l'océan. De vague en vague, la mer se rapproche. Son souffle est court. Elle s'allonge sur le sable laissant le ciel se refermer.

Joli temps, heureux temps.

Le temps à rêver s'aimer...

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Leçon de temps

 

Autrefois.

Le temps paraissait lent.

Il s'appréciait entre les vagues

De pluie et de lumière.

Il caressait l'imaginaire

Pour le rendre fertile et gai.

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Muet.

Le temps n'est que l'espace

Que nous lui donnons. Il perd

Dans le silence l'illusion

Que les mots avaient un sens.

​

Misère.

Le temps n'est que nos actes.

Il s'insinue tout lentement

Au plus profond de ce que sont

Les gens. Il les rend malheureux

Lorsqu'il est absent.

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Cadavre.

Le temps n'a pas de mot.

Il se tait infiniment,

Il ne laisse finalement

Que les cadavres décharnés

De nos sentiments violents.

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Poussière.

Le temps n'est que le temps.

Maintenant, sais :

Le temps n'a pour présent

​

Que ce que ton cœur

Contient à l'intérieur.

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Effacement

 

L'ouragan est passé

Sur les grains de sable blanc

Lors de cette nuit noire

Plus d'arc-en-ciel

Plus de couleurs

Rien que la peur

Teintée de douleurs

Un autre vent a soufflé

Effaçant les pas passés

Il ne reste de l'horizon

Qu'un sentiment désolé

La pluie a maintenant cessé

Noyant la lune dans ses pensées

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Pensée abandonnée

 

Le voyage s'est perdu

Dans ce ciel si clair

Emporté par le vent

Oublié par le temps

​

Son ombre est invisible

Dans cet air insensible

Elle n'a plus l'éternité

De son flux de lumière

​

Dieu que les mots sont vides

Lorsque se nient leurs traces

Dieu que la pensée est abandonnée

Quand la terre n'est plus labourée

​

On ne peut pas forcer les gens

À nous aimer, on peut seulement

Faire semblant de croire en

Leurs bons sentiments

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Prière

 

Écoute, petite fille,

Écoute le chant du vent.

Cette brise est si légère

Qu'elle caresse le temps.

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Écoute, petite fille,

Écoute le chant du sang.

Sa folie est passagère

Pour en embrasser le temps.

​

Écoute, petite fille,

Écoute le chant du cœur.

Il danse sur notre monde.

Il est sur les pas du temps

​

Écoute, petite fille,

Laisse les chants de peur.

Ils tuent les amours, immondes,

Jusqu'à oublier leur temps.

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Mirage

 

La lumière est belle.

Un rayon de soleil illumine ses yeux.

 

Dans la limpidité du ciel,

Se dessinent les désirs

Et, lentement, son corps

Offre à l'impossibilité du temps

Ses courbes fragiles.

 

La lumière est belle.

Sa douceur s'imprègne de mille parfums.

 

Sur les milliers de grains

De sable, la caresse du vent

Imagine les traces divines

Mêlant les couleurs de l'arc-en-ciel

Aux transparences de la pluie.

 

Cette journée est folle.

Un rayon de soleil illumine ses yeux.

 

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Eau de pluie

I

Les nuages s'amoncèlent sur le chemin de montagne et se déposent comme un voile jusqu’à le faire disparaître. Les chants d'oiseaux sont morts écrasés par cette brume informe. Même leurs ombres se sont dissoutes dans les gris qui s'intensifient maintenant. Ce silence lourd et froid prolonge l'attente qui ensommeille le temps ; ce temps qui s'obstine à s'arrêter...

 

II

La lueur fragile du ciel absent confond tous les espaces. Il ne reste de lui à présent qu'un soupçon de rosée disparu sur les feuilles inertes. Aucun bruit, pas même celui de la nuit qui déjà s'enfuit vers l'au-delà. Le chemin baigne dans la clarté faible d'un jour qui peine à naître le long de la falaise.

 

III

La paroi verticale rappelle que l'amour a disparu. Sur le calcaire rêche, s'étend le temps inlassablement. Ses aspérités pourraient laisser croire qu'il est possible de tenir prise. Pourtant ce n'est qu'une méprise. La vie passe en oubliant le présent, le laissant s'envoler en poussières qui se disperseront aux quatre vents. Impossible de retenir ne serait-ce qu'un infime instant.

 

IV

Il a plu, il y a si longtemps, qu'on en perd maintenant même le goût de cette eau douce et limpide. Il a plu, il y a si longtemps, que cette eau ne ruisselle plus. Il ne reste pas d'indices de sa présence. Peut-être une peur derrière une porte ? Peut-être la soumission à ce qu'est cette porte ? Peut-être seulement le vent changeant ?

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V

Les yeux ouverts n'espèrent que voir tomber à nouveau la pluie, ressentir la beauté de sa chute et sa douceur dans le vent, attraper l'arc-en-ciel naissant dans la mélodie de la vie avant que ne revienne la nuit.

Le ciel est omniabsent. Seule une goutte s'écoule sur sa joue.

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Hymne à la folie

 

Je t'aime

Silencieusement

Tes bras dansent tels des enfants

Je t'aime

Ils caressent et caressent le vent

Brûlant à chaque instant l'instant précédent

Je t'aime

Ils dansent et dansent emprisonnant

La vie, l'amour, la mort et les serments

Je t'aime

Serpents ondulant dans le silence présent

Ils embrassent jour et pluie en un seul sentiment

Je t'aime

Ils embrassent l'horizon et ses tons tremblants

L'espace n'est qu’un soleil unique et violent

Je t'aime

Ils dispersent les rayons, la chaleur et le désir latent

Dans l'atmosphère où se perdent tous les blancs

Je t'aime

Ils accrochent à mon cou les larmes des espoirs d’avant

Ces petits bijoux de l'éternité passée et de ton sang

Je t'aime

Ils m'offrent ces petits fruits frais et impatient

Qu'ils découvrent ainsi en s'ouvrant

Je t'aime

Et le temps, et le vent, et le paradis

Ils les prennent dans ce tourbillon partant

Je t'aime

Et mon cœur, et ton cœur et leurs battements puissants

Ils les serrent et les resserrent plus fort pourtant

Je t'aime

​

Ils donnent un sens différent au temps

L'embrassant, l'enlaçant en même temps

Je t'aime

Je t'aime tant

Que le temps me rend fou maintenant

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en tourbillonnant

 

danse

danse

dans l'espace

sombre

que nos deux ombres

nues

ne soient qu'une

danse

danse

dans tous les sens

folle

comme la pluie

dense

nous envoute

danse

danse

à l'infini

trouble

dans cette éternité

brève

où ton corps s'élève

danse

danse

à l'évidence

toi

qui crée le tourbillon

fou

de notre amour

danse

danse

jusqu’au petit jour

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cours

sur ce petit chemin

qui danse pour moi

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Pureté

I

La réalité n'est pas ce que l'on voit

Elle n'a pas d'amour

Elle n'a pas de haine

Tout au plus on en ressent l'écho

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II

Sur le chemin fourbu de la vie

Se traîne le passant

Il croit avoir des ailes

Là où il n'a que des sabots

 

III

Alors au ciel il se pend

Rêvant dans les nuages

Parlant aux oiseaux

Le silence n'est pas toujours beau

 

IV

Tournant en rond il avance

Pas à pas vers le même refrain

Qu'il oublie à l'avance

Pour ne pas mourir demain

 

V

Le vent n'a pas de chance

Il ne porte que le chagrin

Et dans la feuille qui danse

Part le printemps vers le sol

 

VI

La lune a pris ses quartiers

Vers l'envers de l'espace

Il ne reste plus de place

Pour vivre même à moitié

 

VII

Le passant ferme les yeux

Pour faire renaître la beauté

Mais il ne voit que le noir

Qui préside en ce soir

 

VIII

Sa main se pose sur le banc

Il sait ses jours comptés

Ses épaules tombent en avant

Il n'aura pas le temps

 

IX

Il l'a eu ici et ailleurs

Il l'a été tant et tant

Qu'il s'est perdu tout le temps

Dans le bruit des sentiments

 

X

Alors il attend et il attend

Que son cœur s'ouvre et le lâche

Il attend comme un vieil amant

Qui se fane sur le banc

 

XI

Il n'a plus grand chose à dire

Rien non plus à écrire

Sa pensée s'est envolée

Il y a tant d'années

 

XII

Le jour ne voit de lui que cette ombre

Ce passant étranger

Qui est là sans y être

Un nuage de fumée

 

XIII

Au pied de la montagne noire

L'automne s'est consumé

Pas de traces de baisers volés

Ni des caresses abandonnées

 

XIV

Juste avant son dernier pas

Il voudrait pousser un cri

Mais il ne sait plus lequel

La vie n'a plus de prise

 

XV

C'était un passant comme un autre

Il est passé ce dernier soir

Il est passé sans le savoir

L'amour n'a pas de pureté

 

Un chemin dans le ciel

Novembre plane dans le ciel

Le jour s'allonge, s'allonge jusqu'à l'océan

De nuages qui grimpent le long de la montagne

En chemin, les mains se rejoignent

 

Nul mot, nul besoin

Simplement laisser le temps

Au chemin de gagner le ciel

Qui serpente entre les arbres

 

Le silence est dense

Il se blottit dans les feuilles

De couleurs qui abandonnent

Une à une la branche

Pour conquérir l'espace

 

Le temps se pose, là

Un instant immense

Le temps qu'un arbre pousse

Là, au beau milieu du chemin

Le ciel plane sur novembre

 

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Arbre (II)

 

Planté au cœur du chemin l'arbre

Cet arbre d'automne est silencieux

Ses bras s'enroulent maintenant autour de ses troncs

Sans mouvement il rêve que le temps est harmonie

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Mort dans larme

 

Une larme sur son corps

La mort ne nous attendra pas

Le ciel emporte les nuages au loin

Il ne pleuvra plus maintenant

Je ressens l'essence de la caresse

Ce n'est que le vent

Une larme pourtant

La mort est là depuis longtemps

Le ciel s'est éteint

Nous ne le reverrons jamais

De ses baisers perdus ne reste que le silence

Cette larme seulement

Tombe sur la terre sèche

Elle n'aura plus d'enfants

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Muette

 

La carpe dans la pierre

Son cœur est silencieux

Ne bat qu'un coup sur deux

Ne bat qu'avec la pierre

 

La carpe dans la pierre

Ses mots sont silencieux

Se cachent dans le feu

Se cachent sous la pierre

 

La pierre est sur la carpe

Ce n'est qu'un caillou bleu

Disgracieux et honteux

 

L'amour n'est pas un jeu

L'amour n'est pas heureux

Lorsque se tait la carpe

 

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Message

 

Tu n'es pas venue

Et tu restes là

J'ai capté ta voix

Laissée par hasard

 

Tu n'es pas venue

Je suis resté là

Sans pouvoir te voir

M'a manqué ta voix

 

Tu n'es pas venue

Le temps reste là

Dans ta frêle voix

Et d'immortels rires

 

Tu n'es pas venue

Ta voix reste là

Dans tout ce silence

Je t'entends parfois

 

Tu n'es pas venue

J'écoute ta voix

 

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Chérir

 

La douleur est présente jusqu'au fond de l'émoi.

La pluie ruisselante nous dépasse parfois.

Libre comme l'air, prisonnier comme la mer,

L'amour se pare d'une infinité de gris

Au point d'en devenir absent.

Le désir ensorcelé se perd dans l'orage.

Il n'est plus fait que de maux durs,

D'eaux noires et d'éclairs blancs.

Je ne vois de ton visage que l'image

Sombre de ce passé fragile.

Je ne ressens de ton cœur qu'un battement

Faible et insistant.

La douleur est présente jusqu'au plus profond de moi.

Et pourtant je la chéris comme si c'était toi.

 

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Monde secret

 

Dans l'ombre d'une étoile

Se terre le monde secret

Il attend une lumière

Même pâle même frêle

Il scrute l'horizon

Au plus profond du ciel

Il capte du silence

Les remous et les ondes

Et prend dans la patience

Ce que décrit l'absence

Dans l'onde de l'étoile

Espère le monde secret

 

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Mes connaissances

 

Je t'ai connue

C'était un jour au hasard d'une rue

au hasard d'une vie

J'étais déjà mort allongé sous le ciel

allongé sous le bois

Le temps s'était arrêté un instant

arrêté sans un bruit

Il m'a plongé dans tes mots

plongé sur le vent

Le chemin m'ouvrait grand ses ailes

grand chaque caillou

J'ai rêvé et j'ai appris si peu

appris si mal

Je n'ai pas vu venir la peur

venir l'absence

Je ne te connais pas

 

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Des cendres (au fond du précipice)

 

Dans le précipice du temps

Se trouve l'abîme de l'amour

Ses parois sont des murs d'ignorance

Dont les portes sur l'innocence

Se closent à chaque perturbation

Dans le précipice du temps

Se perdent les âmes folles

À l'horizon de leurs origines

Dans les infimes confusions

Et les brûlures des tortures

Dans le précipice du temps

Règnent l'inquiétude et la mort

À jamais se scelle le sort

De ceux qui oublient d'aimer

Dans ce lieu subsistent nos cendres.

 

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Divergence simple

 

Écoute-le chemin toi qui es rentrée

Il continue sans fin

Comme au fort de l'automne

Il est lent et paisible

Franc et sensible

Il a gardé du passé

Les saveurs et la beauté

Écoute son chant toi qui es partie

Il sourit toujours

Comme sait sourire l'amour

Il ne sait pas oublier

Et ne sait se terminer

Il a du ciel le bleu

Et de la terre l'espoir

 

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Notes de poussière

 

Le temps perdu dans la poussière

Se délite en notes friables.

La lumière est sans clarté

Égrenant chaque grain de sable.

Ce n'est que ce vent du passé

Plongé dans l'amour éphémère.

 

Autour de l'absence, le lien

Se dissout dans les apparences.

Les mots deviennent négligents.

Et puis, les pluies toujours avancent

Dans ce temps maintenant flottant.

Il pleut tant de mal. Pour un bien ?

 

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à travers les mots

 

folie douce plaquée sur l'automne

le temps de quelques secondes

le temps d'un nouveau monde

folie douce empreinte de beauté

 

tes mots glissent sur la page

faits de lettres sombres

créant des lettres rondes

tes mots sont ces larmes de son visage

 

d'un passé à un autre

la vie n'est qu'étrange

la vie nous mélange

et fait de cet amour le nôtre

 

folie de l'amour en automne

folie empruntée à ta beauté

 

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Cloaque

 

Le temps replie nos sentiments comme autant de détritus. Il les compresse et les broie sans pitié et sans joie. Il les serre contre lui pour que mieux ils s'enfuient et les pose par terre que le ciel les oublie. Le temps n'est qu'un amant qui passe sans s'arrêter.

Là, posé sur ce tas d'immondices, l'homme pleure. Le temps est passé et il ne l'a pas pris. Il ne reste de lui que des mots éparpillés. Il voudrait bien cet homme attraper ce temps qui part. Mais il s'égare en chemin, les mots n'ont pas de mains. Il cherche et cherche encore dans ce qu'est sa mémoire et n'y trouve que des mots morts, des mots sans espoirs. Il court après chacun sans savoir les retenir et ces mots doux, ces mots durs s'effacent un à un sans qu'il ne puisse comprendre.

Il croit parfois l'embrasser. C'est pour mieux se méprendre. Les mots se pendent à son cou et, lentement, l'étrangle. Il ressent la douleur, les saveurs évanouies, les brûlures et les désirs. Il ressent tout cela, ce présent d'un temps absent. Il ressent tout cela et ne sait plus pourquoi.

Alors il s'accroche comme le font les mots à une page. Il s'accroche désespérément à chaque mot qui ment. Il est là regardant l'horizon qui s'éteint sur ce paradis en ruines où les mots s'entassent. Un à un, ils rejoignent les autres dans ce cloaque perfide. Il est là, livide, allongé dans le vide. Il attend d'être un mot, ce mot de tous les temps qui replie en lui le temps.

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Patience

 

La lune attend à l'évidence

Que dansent les heures. Patience,

Les nuits s'envolent en fumée

Laissant partir les jours. Patience,

Les vies ne sont que des années

S'effilochant toujours. Patience,

Dans le regard fuyant du temps,

Se brisent les amours. Patience,

Dans un dernier départ, l'amant

Se fige éperdument. Patience,
Le soleil meurt à l'évidence.

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Le chemin du sommeil

 

La tête sur l'oreiller

La tête sur ce rocher

Je revois encore

Le torrent qui s'endort

Mes yeux se ferment

Sur ton image franche

Mes yeux se ferment

Et mon âme penche

Ta main arrive

De l'autre rive

Ta main m'emporte

Et me déporte

Le ciel apparait

Le ciel s'invite

Mon corps disparait

Juste à la limite

Mon cœur s'effondre

Des battements du tien

De ce côté sombre

Qui me fait du bien

Alors j'oublie le passé

Dans l'envie de t'aimer

La tête sur ce rocher

La tête sur l'oreiller

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La lune à côté de ton cœur

 

Air froid, tes cheveux dansent au-dessus de moi. Le ciel est d'un bleu délicat. Il scintille tendrement.

J'aspire profondément. Le temps balaie mon visage et s'envole en un simple sourire. Je demeure suspendu à ses lèvres et me laisse envoler dans sa douceur.

J'entends maintenant battre la nuit d'un rêve impatient.

 

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33 novembre

 

Et l'automne est là

Je suis dans tes bras

Un soupçon de brise

Sur la terre grise

Et le vent caresse

La délicatesse

Du temps découvert

Dans ce temps offert

Posé sur le banc

Le soleil attend

Que le jour dévoile

Une pluie d'étoiles

La vie nous embrasse

Le temps nous enlace

Je suis dans tes bras

Et l'automne est là

 

[Je retiens ce jour

Le retient toujours

Il n'existe pas

Mais tu étais là]

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Muette

 

Les pierres du chemin écoutent l'absence de sons. Elles laissent filer goutte à goutte les mots du passé aujourd'hui oubliés. Elles laissent au temps le temps d'être silencieux. Cela fait si longtemps maintenant que leur cœur est de pierre, que leur cœur se terre.

 

Sur ce chemin de pierres, elle se souvient que ses pas l'ont emprunté cela fait des années. Ses souvenirs sont accrochés à quelques restes du passé. Ses souvenirs ont conservé les mots aujourd'hui détruits. Cela fait si longtemps maintenant qu'elle est muette comme ces pierres.

 

J'écoute le vent assis au milieu du chemin. Il ne raconte rien. Il ne me raconte rien de beau, il ne me raconte rien de laid non plus. Se souvient-il seulement du chant de sa voix ? Se souvient-il encore de la douceur des caresses ? Le chemin de pierres est toujours là. Et moi, je crois parfois qu'il me parle...

 

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Une dernière étoile dans le ciel

 

Le jour s'est éteint depuis longtemps, la nuit touche à sa fin. Un brouillard gris recouvre l'espace et cache chaque trace. Les sons se sont enfuis dans le lointain. Quelques ombres sombres restent mortes au bord du chemin ; ce vieux chemin que le temps a oublié.

 

Assis au bord, un fantôme regarde le temps qui passe. Chaque seconde ressemble à la précédente faite de vide et de non-sens.

 

Chaque seconde lui semble pourtant différente. Lui, il voit dans l'absence, dans l'immense silence, une once de lumière mélangée à la brume, la luminance d'une poussière, un résidu d'un ancien conte. Lui, il voit dans l'uniformité de ce vide gris la flamme d'une dernière étoile dans le ciel.

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Arbre (III)

 

Le soleil s'est couché le ciel n'a plus de couleur

L'arbre est accroché à ce qu'il reste d'étoiles

Ses branches tendues semblent capturer le vide

C'est l'hiver il n'est que traits noirs sur fond noir

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Mal au contraire

 

Autrement, novembre est de cendres. S'oppose au temps le temps violent. Le noir hait le blanc, la lumière s'éteint et la nuit l'emporte.

Dans tous les silences, se cachent les cris. Derrière cette porte, un mur se construit, un mur pour autrui que personne ne doit voir. La porte se claque pour mieux se refermer.

Et dans cette claque se perdent les baisers, s'enferment les mots doux, se pressent les tendresses. Peu importe la porte tant qu'elle est fermée. Peu importe le mur tant qu'il est scellé. Peu importe le temps tant qu'il disparait.

Mal au contraire, les mots s'apposent sur ce mur. Ils en blanchissent chaque noirceur, ils en arrachent les brûlures, ils en fissurent les blessures, ils en inventent les peintures.

Il ne reste qu'une porte. 

Fermée ? Ouverte ?

Où est le mal ?

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​

Le sourire de la boulangère

 

Un rayon de soleil un matin de neige

Où je pensais à prendre le pain

Un rayon de soleil dans un ciel gris

Me dessinait un sourire enfui

Un rayon de soleil tu te rappelles

Ces quelques jours volés à la nuit

Un rayon de soleil un jour sans pareil

Je me souviens et tu reviens sans fin

 

 

​

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​

​

soleil

​

le soleil a une lumière blanche

qui danse en silence

dans le vent je sens la caresse

du temps sa main leste

se repose au bord de mon cou

Le serrant sans son

je cherche dans l'onde lointaine

l'ultime poème

dans les gestes d'un arc-en-ciel

où est ce soleil

 

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​

​

lune d'hier

 

l'eau reflète son image.

sa peau vacille.

les parfums de la nuit

entretiennent le silence

j'entends les feux de l'incendie

dans les battements de son cœur

au passage d'un nuage

son image s'assombrit

mais l'air du temps

est heureux

un sourire se dessine

sur la montagne

d'un simple rayon bleu

l'obscurité s'enfuit

hier se mélange à aujourd'hui

 

​

​

​

​

​

cette idée éphémère

 

on ne fait pas de bruit

on écoute la vie

on écoute le temps

on l'attrape en passant

 

on ne fait pas de bruit

on ressent cette envie

on ressent chaque instant

on l'attrape en rêvant

 

on ne fait pas de bruit

on construit une nuit

on construit un jour

on l'attrape toujours

 

on ne fait pas de bruit

dans le temps qui s'enfuit

on se laisse faire

tout au contraire

 

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​

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​

​

Souffrance

 

Le temps m'attrape en silence

Il se cache derrière l'absence

Ignorant tous mes mots

Il pleut il fait froid et pourtant

Je ressens sa brûlure lancinante

Le temps ne sera jamais mourant

 

Le temps m'attrape de se mensonges

Il est là à présent dans mes songes

Il se construit mot à mot

Dans la poussière et dans le sang

Je le sens omniprésent

Le temps devient obsédant

 

Le temps s'égare sans parole

Il fuit dans le vide qui me désole

En oubliant tous les mots

Le ciel s'éteint lentement

Sur la ligne d'horizon souffrante

Le temps est là seulement

 

​

​

​

​

​

À l'ultime seconde

 

La fin du chemin

S'approche

Un dernier virage

Le temps s'arrête

Il me dépose

Sur l'ancien trottoir

Noir

Une dernière fois

L'arbre se plante

Au cœur du temps

Qui l'enlace

Qui l'embrasse

Et qui s'en va

Il part sans bruit

L'instant serait simple

Comme un nouveau départ

L'instant serait simple

Comme une nouvelle mort

Je le regarde qui part

Espérant retenir la vie

Qui s'enfuit

 

​

​

​

​

​

Idée fixe

 

Fixé au bout de l'épingle

Les ailes aplaties

Le rêve se meurt

Sur un tissu froid

Les yeux dans le ciel

Les bleus à facettes

Se perdent sans horizon

Autre que la fin

Le soleil n'est plus

Et le jour pas plus

Il ne pleut même pas

La vie n'est que froide

Qui se souviendra de ce vol ?

Qui aura vu ces couleurs ?

L'herbe a oublié

Et le ciel aussi

Fixé au bout de l'épingle

Son amour l'a crucifié

 

​

​

​

​

​

À la place du temps

 

Je n'en avais pas besoin

Je ne le cherchais pas

Je ne voulais pas me perdre

Et pourtant j'étais là

 

Je suis revenue sur mes pas

Et me suis glissée dans les siens

Alors je me suis trouvée

Alors je me suis perdue

 

Et je suis devenue

Ma propre inconnue

Je ne le voulais pas

Et je le voulais tant

​

Je me suis laissée aller

A rêver en couleur

Je me suis laissée aller

À offrir la place au temps

​

​

​

​

​

​

Dans le ciel une ombre

 

La douleur est un brouillard vide et profond.

Du tréfond de ses gris, elle avale la vie.

Elle se ressent au plus fort de notre corps

En tant de battements qui s'effondrent sur nous.

Elle est là comme une ombre prête à dévorer

Cet amour qui sombre dans le néant immonde.

Elle est là attachée à un mur de mots tus

Et méprise le temps dans tous ses sentiments.

Elle brise l'audace et la fracasse tenace

En autant de morceaux, en autant de ruisseaux...

Elle achève de simples coups de glaive

Le peu qui restait d'un amour désuet.

La douleur dans le ciel est cette ombre :

La liberté ne saurait exister lorsque la parole s'éteint...

 

​

​

​

​

​

Arbre (IV)

 

Un pommier d’amour au bord du chemin

Posées dans mes mains juste quelques grains

L’arbre est accroché à ce vieux trottoir
Il sait déjà que demain sera noir

 

​

​

​

​

​

L'oiseau nuage

 

À l'aube

Dans le léger souffle de la vie

Un oiseau danse à la fenêtre

Une danse entre amis

La lumière semble le porter

Il est là au-dessus des pierres

Il est là au-dessus de nous

Une fleur volant dans le ciel

Je voudrais le laisser entrer

Pénétrer l'espace l'espace d'un instant

Lui offrir une place

Lui offrir le beau temps

Je ressens de son monde invisible

Le feu, l'incendie, l'inaudible

Je ressens dans son vol fou

La fraîcheur de la braise

La violence de la pluie

Je voudrais qu'il se pose sur ta bouche

Je voudrais que brillent tes yeux

Que l'envie grandisse toujours

Que la nuit se mélange à nos jours

Il est là et il danse à la fenêtre

Je ne sais pas si tu es prête

 

​

​

​

​

​

Effacer

 

L'ouragan est passé

Il a gommé d'un trait

Tous les mots dépassés

La terre est à l'arrêt

 

Où sont partis les yeux tendres ?

Que sont devenus les « ensemble » ?

N'y a-t-il rien à apprendre ?

Faut-il perdre le temps qui tremble ?

 

Quand les beaux jours se troublent

Quand les sources de la pluie sont taries

Quand le feu n'est que vagues souvenirs

L'amour n'est plus qu'une idée

Morte derrière une porte

 

​

​

​

​

​

Nu·e·s

 

Nu le vent dans les branches se penche

Nu il perçoit cet émoi en toi

Nue dans le froid sous ce toit en bois

 

Une main maintenant te surprend

Une assurance franche et blanche

Une main te tend et te détend

 

Nue les yeux accrochés au ciel

Nu dans la beauté des ondes bleutées

Nue tu veux dépasser l'essentiel

Nu dans les lumières déposées

 

Une seconde superficielle

Une entre plaisir et vérité

Une seconde nue et artificielle

Une où nous sommes nus pour l'éternité

 

​

​

​

​

​

À l'aube de la montagne

 

Je me suis promenée

Sur ce chemin

À en oublier ma nature

Je me suis promenée

À en boire tes mots

Tout au fond de tes yeux

Je me suis promenée

Dans le silence

De ces secondes volées

Je me suis promenée

Sur ces pierres folles

À me perdre dans mes idées

Je me suis promenée

Au bord de tes lèvres

Jusqu'à t'arracher le cœur

Je me suis promenée

À l'aube de la montagne

Et je t'ai abandonné

 

​

​

​

​

​

Lied délié

 

Ce n'est qu'une chanson

Attachée à tes pieds

Dénuée de tout son

Sur son bout de papier

 

Ce n'est qu'une chanson

Ce silence éthéré

Ignoré sans saison

N'est que mots torturés

 

Écoute, écoute donc

Le pardon envouté

Écoute, écoute donc

Ce que c'est être aimé

 

Ce n'est qu'une chanson

Sur ton corps consacré

Des mots à l'unisson

Dans le ciel azuré

 

Ce n'est qu'une chanson

Déliée à tes pieds

Sans aucune raison

Un amour de papier

 

​

​

​

​

​

Lettres

 

Accrochés à la fenêtre de notre vie

Les rideaux bleus du ciel content

Une histoire

Nous pouvons en boire chaque parole

Dans cette pluie fine et froide

Dans les brouillards et les buées

Dans chaque goutte insolente

Dans celles tristes et désarmantes

Lors des orages et des tempêtes

Quand le vent oublie et s'entête

La folie dessine des lettres

De gris et de peut être

Elle dessine chaque mot

Qu'elle laisse tomber d'en haut

Elle dessine les espaces

En de vides évidences

Elle écrit cette danse

Dans les sombres transparences

Accrochés à la fenêtre de notre vie

Les lettres s'écoulent sur les vitres

De nos amours

 

​

​

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​

​

le reflet du vide

 

bleu

le ciel bleu

orageux

un moment

et je vois la vie qui s'égare dans un reflet

bleu

d'une eau bleue

silencieux

je regarde le temps qui s'étend sans un bruit

vide

le ciel vide

limpide

et je vois le temps qui s'écoule en secrets

vides

le ciel vide

stupide

je regarde la vie qui s'enfuit dans la nuit

 

Lettre après X

Une lettre perdu un matin

Une porte claquant pendant l'orage

Une bise froide sur la joue

Une seconde éteinte d'un souffle

Une lettre sans le moindre sens

Une montagne rompue par le jour

Un ciel disparu à l'horizon

Un chemin redescendant le temps

Une lettre vide hors d'une boîte

Une phrase longue écrite sans mots

Un silence complet privée d'âme

Une femme au regard muet

Une lettre disparue dans le ciel

Un ciel noir sans l'esquisse d'un nuage

Un nuage oubliant jusqu'à la pluie

Une pluie sans l'étincelle d'une étoile

 

Une lettre perdu un matin

 

 

​

​

​

​

​

ce feu en marge du temps

 

il y a un feu sur le chemin de montagne

sous les arbres deux ombres flânent

on l'entend le silence de leurs pas

qui parle bas aux pierres endormies

près des portes de la forêt

la ville est si lointaine

Si nous marchons dans ces pas

le silence de nos âmes

de peu nous précédera

il n'aura de durée qu'un soupçon d'éternité

il ne vivra qu'entre les sombres infinités

où demeurent nos désirs et nos folies

c'est de nos craintes que nous aurons peur

que je meure ou que tu meures

dans ce murmure perpétuel restera 

de la lumière cachée ce feu en nos cœurs

 

 

​

​

​

​

​

souffre d’allumette

 

étincelle

à travers le ciel

des yeux de plus en plus clairs

l'ombre

boit l'invisible

tournoyant insensible dans la lumière

souffre

souffre au bout du doigt

le gouffre de la vie s'allume parfois

brûle

sans bruit le désir

pour s'offrir l'intime plaisir

le feu

follet danse sur ton ventre

et rentre dans la danse folle du feu

infime

est la distance entre le bien

et le mal jusqu'à la brûlure du souffre

 

 

​

​

​

​

​

ces oiseaux dans tes mains

 

flammes femme je me damne

sans cesse faiblesse des caresses

changeant le sens du silence

d'air en air solitaire je pense

qu'à peine ma peine se calme

je vois sans fin tes mains

quand elles passent face à face

leurs cris de vie d'envies

en mouvement longtemps le temps

dans l'espace se place se glace

peu ont la chance l'espérance

la vision de ces émotions

assez claires assez chair

pour chanter vraiment cet instant

même dans la nuit qui s'enfuit

 

​

​

​

​

​

rêve partagé

 

le ciel clair

le temps voyageur

ivre de douceur

la poussière et la terre

sentiments affolants

et la chanson du vent dans les cheveux

une voix

dans les yeux endormis

enlacées de calme

la lumière et la terre

sensations effrayantes

et le silence niant la mort

 

imaginez le sens

que peuvent prendre nos croyances

allongés au bord de nos vies

entre le sourire et les larmes

l'amour est un rêve partagé

 

​

​

​

​

​

monde

 

sous le poids des ans

le poids des pierres

le poids des pensées

l'amour s'efface

tel un songe en montagne

le monde perd la face

quand le temps ainsi se délite

mais dans le ciel

une couleur

une illusion

un coup de vent

et le monde change

un rien de bleu

le soupçon d'une ombre

une goutte d'eau sur la joue

et l'absence s'enfuit dans le silence

la lumière retrouve sa place

dans un battement de cœur

 

on peut croire

tout et n'importe quoi

et pourtant

quand ta main était là

le monde n'avait qu'un sens

 

​

​

​

​

​

chant de janvier

 

l'hiver est parfait pour mourir

j'écoute la danse de ton silence

accroché au mur blanc et vide

au loin la montagne se tait

paisible et insensible

 

les jours éteignent les jours

comme si les pluies froides

n'avaient plus d'existence

l'orage a frappé si fort

que l'amour est probablement mort

 

au creux du ciel persiste ce vide

ce rien imperceptible

qui subsiste encore

 

la terre est invisible

elle a perdu son corps

le brouillard étend son chant

 

les mots se séparent dans le temps

 

ma plume se noie dans son encre

 

​

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​

​

ce matin

 

ce matin au dernier éclat

de lune la douleur pénètre

ce rayon envahit mon être

ce matin dans le ciel tout bas

disparait le dernier éclat

de ta voix lentement pénètre

tout ton silence dans mon être

Ce matin quand le ciel là-bas

s'abat dans le noir de l'orage

ne vibres-tu que de la rage

qui s'imprime au cœur de ton cœur

Ce matin l'amour n'est pas sage

la mal veut être une valeur

la lumière n'a plus de rivage

 

que croire ?

tout et son contraire le mal et le bien serait frère l'amour et la haine complémentaires le silence et la parole qu'une même idée je ne sais plus et je sais tout il ne reste rien à brûler

que croire ?

ce matin est passé ce matin est présent ce matin n'a plus que le temps pour s'imprimer durablement tu crois que le gouffre disparaît en tournant le regard

que croire ?

ce matin attend un dernier éclat de lumière

 

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​

​

​

​

 

instants au jardin d'éden

i

à l'entrée du jardin les senteurs du passé vibrent

une fleur un oiseau un papillon

la danse du temps s'enivre

une feuille sur sa branche

hésite

va-t-elle commencer à vivre aujourd'hui ?

 

ii

le chemin serpente

le long de la pente colorée

le ciel s'est levé

les bleus se mêlent aux bleus

pour inventer la brise

va-t-elle commencer à vivre aujourd'hui ?

 

iii

la caresse lente

invente la danse du soleil

son feu généreux se répand

de reflet en reflet

la lumière est troublante

va-t-elle commencer à vivre aujourd'hui ?

 

iv

une voix au loin sourit

la jardin s'illumine

à croire que l'instant présent serait divin

sur un banc blanc et frais

attend une silhouette

va-t-elle commencer à vivre aujourd'hui ?

 

 

 

v

le silence s'efface

laissant la place au chant

des mots

posée dans la main une étoile

inaccessible

va-t-elle commencer à vivre aujourd'hui ?

 

vi

le ciel la terre

paradis et enfers

libres comme l'air

d'un regard

d'un éclair

a-t-on commencé à vivre aujourd'hui ?

 

 

​

​

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​

Un soleil dans le ciel

 

Quel que soit le silence

Il reste toujours un rayon

Un brin d'innocence

Un reste de passion

Même lorsque les yeux se ferment

Même lorsque les mots meurent

Se ressentent à l'intérieur

La véritable chaleur

Le battement d'un cœur

La sincère émotion

La vérité

 

Un soleil est dans le ciel

Espoir il s'appelle

 

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​

Arbre (V)

 

Dans les yeux du ciel un bourgeon naissant
Une petite feuille ou alors une fleur

Une simple idée loin de toute peur
L’arbre sait ce qu’est aimer vraiment

 

 

« Il n'y a pas pire

que l'indifférence et le rejet.

Ça, c'est assassin ! »

 

 

Tu ne peux pas dire le contraire.
C’est tout !

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