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L'automne au petit jour

​

« Ce soir ce soir-là

Puis la nuit suivante encore

De légers soupirs »

                   Marie Noël

 

 

 

 

 

Chant du vent

 

C'était il y a longtemps

Un jardin dans le matin

Peut-être qu'il y avait

Des fleurs de toutes couleurs

Ou peut-être que c'était

Quelques reflets de bonheur

Il n'y avait pas de murs

Et sûrement rien de sûr

Il y avait juste après

Un chemin dans la forêt

Mais jamais je ne saurais

Si le portail bleu avait

Cette petite clé noire

Si ce portail bleu

S'ouvrait sur un peu d'espoir

C'était il y a longtemps

Maintenant un jour de vent

 

 

 

 

 

 

​

Crépuscule

 

Le silence est là

Là où on ne l'attend pas

Là où se perdent mes pas

Là sans aucune raison

 

Le silence est rond

Rond comme tant de jours longs

Rond comme autant de saisons

Rond sans la moindre lumière

 

Le silence est fier

Fier à attendre l'hiver

Fier à tendre les enfers

Fier à espérer tes bras

 

 

 

 

 

 

​

Mot au bord

 

Un cri au bord, jamais finie,

La vie s'écoule après, après

L'ultime seconde, punie

Je ne sais pas ce que j’ai fait.

 

Un cri au bord, celui d'un homme

Là Comme si je le savais

Déposé sur mes lèvres comme

Un feu follet je le suivais

 

Un cri au bord, fort et sauvage

Une rage à voler, allant

A travers nos âges, voyage

Volage à travers les avants

 

Un cri au bord, l'unique rive

Où se dérivent nos amours

Aux petits jours ou quand arrive

Le crépuscule en un seul tour

 

Un cri au bord, sans une faute

La nuit à pleurer, à rêver

Sous le ciel noir, dans l'herbe haute

Je ne sais plus quel mot trouver.

 

Un cri au bord, au bord du cœur

Au bord du temps, au cœur de toi

​

Un cri en moi, autant de pleurs

D'un mot au bord.... Emmène-moi…

 

 

 

 

 

 

​

1.9.62

 

Un point dans le jardin
Une perle un matin
Le soleil et les fleurs
Des regards de couleurs
Est-on prêts, est-on sûr
Prisonniers de nos murs
De là où l'on irait
Des chemins, des forêt
De chaque jour d'après
De ce qu'on trouverait
Une idée, une clé
Un abri, une porte
Une nuit bien plus forte
Ou un dieu endiablé ?
Sur la flamme à souffler
L'homme que l'on apporte
A-t-il une âme morte ?

 

 

 

 

 

 

​

Comme en semant…

 

Au commencement, la nuit

Et ce qui ressemble au chaos

Et un esprit qui divague

Entre les feuilles qui attendent

                               De tomber

Au commencement, un bruit

Et la danse du silence

Et une âme qui s’éloigne

Entre les branches qui espèrent

                               Les retenir

Et puis la lune qui se cache

Semblant entre les nuages

Semblant entre les orages

Chercher infiniment l’instant

                               Du commencement

 

 

 

 

 

 

​

Et si…

 

Et si l’âge nous rendait sage

Retrouverions-nous notre folie

D’avant ?

Retrouverions-nous nos envies

D’autant ?

Retrouverions-nous notre vie ?

Pourtant

Nous devions apprendre

Nous devions comprendre

Nous devions savoir
Que l’âge oublie nos erreurs

Et qu’inlassablement on oublie

D’être sage
Et si…

 

 

 

 

 

 

​

Par foi

 

Parfois

Je me demande si la poésie

Habite le poète

Ou si ce ne sont que ses maux

 

Parfois

Je me demande si le noir

Ne s’écrit sur le blanc

Que pour être tranchant

 

Parfois

Je me demande si tu lis

Pour oublier ici

Uniquement ce que tu vis

 

Parfois

Je me demande pourquoi

Tu prends les mots en moi

Comme s’ils étaient à toi

 

Peut-être que tu es le poète ?

 

 

 

 

 

 

​

Vertigo

 

Je chancelle en attendant

Ma flamme est-elle si belle

Aussi belle que je le prétend ?

Le temps m’a porté jusque là

Plus loin que le présent

Mais pas assez pour autant

J’ai fait le tour tant et tant

De fois pourtant

Que je pourrais croire vraiment

Que j’avais fait ce qu’il fallait

Du haut de ma falaise

J’aperçois tout ce temps absent

Où je replonge à chaque fois

De plus en plus profondément

 

Je chancelle en attendant

Ce qui ne m’attend plus à présent

 

 

 

 

 

 

​

Bleu enfer

 

L’enfer est en moi.

C’est un monde à l’envers

Un être pervers qui s’étend

Éternellement

Le mal

Sûrement

Est au commencement

Je ne sais pas comment

C’est juste ce que je ressens

Le bonheur

Était là

Au bout du chemin

À portée de main

Mais toujours plus loin

La honte n’était pas

Encore en moi

Elle le deviendra

De plus en plus

À chaque faux pas

Je ne sais penser la tranquillité

Elle est dans ses bras

Qui se referment ailleurs

Le paradis n’est pas

Ce que l’on croit

Il ne me reste je crois

Que ce que je ne sais faire

 

Rêver

 

 

 

 

 

 

​

Bien mal

 

Le bien, le mal

Deux faces d’une même pièce

Et une infime épaisseur

Pour les séparer

De la caresse

À la claque

Il suffit d’un mot

D’un regard

D’un petit rien

Qui vous allume

Ou vous éteint

Il suffit d’une seconde

Pour que ce que l’on désire

Construire

Soit détruit intégralement

Et que l’on reste sans voie

Face à un unique choix

Se mélangent

Le bien, le mal

 

 

 

 

 

 

​

Laurier lilas

 

Laurier, lilas

Deux plantes

Qui se plantent

Chacune peut penser

Savoir la vérité

Chacune peut croire

Qu’il suffit de regarder

Aucune n’a compris

Ce qu’il s’était passé

Détruire n’a pas la vertu

De ce que l’on attend

Planter n’est qu’une façon

De masquer le vide ambiant

Les parfums de l’été

Se sont perdus dans mes pensées

Et je me retrouve las

Planté dans mon vide ambiant

 

Laurier ou lilas

Qui sait ce qui fleurira ?

Qui sait ce qu’il en restera ?

 

 

 

 

 

 

​

Juste rien

 

Rien de plus, juste en trop

                Trop vieux

                Trop mou

                Trop con

Jamais je ne pensais

Arriver aussi bas

Dans le regard

D’un être aimé

Jamais je ne pensais

Payer mes méfaits

À leur véritable prix

 

Je suis resté bloqué

Dans un passé incertain

Et je me suis oublié

Au point de l’être

Totalement

Rien de plus, juste en trop

 

 

 

 

 

 

​

Bonsoir

 

Est-on bon

Quand on ne sait pas

Dire bonsoir ?

Est-on sûr

D’être sur le bon chemin

Quand on nie l’ancien ?

Est-on sauf

Si on ferme les yeux

Sur les mots d’hier ?

 

Touche après touche

Se tapent les mots

Dans ma tête

Sans ce bon soir

 

 

 

 

 

 

​

Défait

 

Il aurait fallu s’évader

Il aurait fallu s’en aller

Il aurait fallu chercher

Sans se voiler les yeux

Il aurait fallu plus encore

Pour donner un sens à l’été

Il aurait fallu encore plus

Pour donner sens à cette vie

 

Je suis resté comme un pieu

Planté au cœur de ce lieu

Je n’ai même pas bougé

Quand la lame m’a traversé

Je me suis contenté

De la fermer

 

L’été s’en est allé

Emportant les autres saisons

Par la même occasion

Dans un silence de plomb

​

​

​

​

​

​

Intimété

 

Les mains posées sur le monde

Avant que celui-ci disparaisse

Les mains posées une seconde

Volée à un temps dépassé

Les mains posées en une ronde

Comme pour tout effacer

Les mains posées s’abandonne

C’est cela qui m’étonne

 

Il ne reste sur ces mains posées

Que le fantôme de l’instant

Toujours aussi présent

Toujours aussi absent

 

Demain reste derrière

 

 

 

 

 

 

​

Oublier

 

« Viendra le jour où vous chercherez l’ignorance comme une eau pour la soif »

 

Oublier

Oublier la tempête

Oublier tout ce froid

Oublier l’extérieur

Pour oublier l’intérieur

Oublier chaque pas

Oublier les sourires

Oublier les baisers

Oublier les dégâts

Pour oublier de détruire

Oublier un peu plus

Oublier encore

Oublier encore plus

Oublier toujours

Pour oublier les toujours

Oublier son savoir

Oublier sans savoir

Oublier de s’oublier

Pour s’oublier enfin

 

J’ignore si j’y parviendrai

Oublier est une douleur

 

 

* Citations de Marie Noël

 

Joel:  It would be different, if we could just give it another go-round.

Clementine:  Remember me. Try your best; maybe we can.

Extrait d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) »

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​

Pas lu

 

J’aurais aimé

Que tu me lises

Mais tant de mots

T’ont fait peur

Peut-être était-ce

Une bêtise ?
Peut-être était-ce

Une erreur ?

J’aurais aimé

Que tu me lises

Pour qu’un peu

Tu me dises

Ces mots que

J’espérais

 

 

 

 

 

 

​

Corbeille

 

Est-ce un endroit

Pour arriver ?

Était-ce un signe

Dès le départ ?

J’aurais dû voir

J’aurais-dû comprendre

Ce que mes messages vivaient

Car cela m’arriverait

J’aurais dû entendre

J’aurais dû percevoir

Ce que mon cœur oubliait

Mais j’ai fait comme si

Mais j’ai fait comme ça

Comme un papier froissé

Comme un papier plié

Dont l’utilité n’était plus

Nécessaire

 

 

 

 

 

 

​

Absorption

 

Je « marche sur la pointe des pieds, ne fais pas de bruit, ne tiens pas de place. »*

J’attends simplement que le temps m’absorbe.

Tu ne regardes pas, tu ne vois pas, tu ne ressens pas

Ce qu’il se passe en moi.

Tu as tes raisons, tu as tes problèmes, tu as tes désirs.

J’attends simplement que le temps m’absorbe.

Tu ne dis rien, tu ne fais rien, tu ne ressens rien

Des maux qui me touchent.

Tu as ta façon, tu as tes idées, tu as ta passion.

J’attends simplement que le temps m’absorbe.

Je « marche sur la pointe des pieds, ne fais pas de bruit, ne tiens pas de place. »*

 

Et m’efface…

 

 

* Citation de Marie Noël

 

 

 

 

 

 

​

C’est la vie

 

« Tout ce qui est vie est infidèle »*

 

Il suffit d’un brin de vie

D’un brin de vent

D’une saute d’humer

D’une seule envie

Le pas est franchi

Sans nul retour

Et peu importe

Si au petit jour

La feuille est morte

 

L’été nous brûle

Et nous consume

On invente des raisons

On crée les raisons

Et tout s’accepte

Tout passe

 

C’est ainsi qu’est

Tout ce qui est vie

 

 

* Citation de Marie Noël

 

 

 

 

 

 

​

Être

 

« Être moi !
Perdu dans la vie des autres ! »*

Reconnaître chaque erreur

Reconnaître sa prétention

Reconnaître ses faiblesses

Attendre que le temps vienne

 

Mais quel temps ?

 

Celui qui passe ?

Celui qui se retient ?

Celui qui s’oublie ?

 

Être moi

Pour être

Tout court

 

 

* Citation de Marie Noël

 

 

 

 

 

​

 

Cadeau

 

«  En moi-même, je me révolte, je renverse, je frappe, je brise de toute ma violence. »*

 

J’offre mon silence

J’offre mon absence

J’offre pour ce vide

Pour prouver que je résiste

J’offre mes mots

Dans ces livres caveaux
J’offre tous ces riens

Comme si c’était bien

J’offre ma confiance

Comme une évidence

 

« Je reçois doucement ce qui m’est contraire. Je ne suis pas doux. Je suis tué. »*

 

 

* Citations de Marie Noël

 

 

 

 

 

 

​

À battre

 

Un cœur bat

À l’intérieur

Je ne sais plus où

Je ne sais pas pourquoi

Un cœur bat

Je le crois encore

Mais il fait si froid

Qu’il ne bat pas pour moi

 

 

 

 

 

 

​

Pas à pas

 

« Que je vive de toi ! »*

 

Mon Dieu

J’ai cru

Je crois

Je ne sais plus

Tu étais perdue

Et j’ai suivi ton chemin

De croix

Peut-être ?

 

J’ai perdu tes pas

Et en me retournant

Les miens n’y étaient pas

 

 

* Extrait de l’hymne eucharistique

 

 

 

 

 

 

​

Paradis

 

Le paradis terrestre existe

Je l’ai vu

 

Je l’ai vue

J’ai pris la pomme

Je ne l’ai pas croquée

 

Et la porte s’est refermée

 

Le paradis terrestre existe

Peut-être n’est-il

Qu’en moi ?

 

Tout comme l’enfer

 

 

 

 

 

 

​

Temps de chien

 

« La paille brisée ou foulée est toujours assez bonne pour le chien… »*

 

Je ferme les yeux

Je me replie sur moi

Je ne respire plus

Pour ne plus entendre le temps

Je ne réfléchis pas

On le fait pour moi

Et dans ma tête tout se mélange

Ce n’est pas un rêve

Je ferme les yeux

Un peu plus encore

Je ne suis pas mort

Je ressens la douleur

De mon corps

Je m’allonge là

Dans cette tanière

Et j’attends que le temps

S’empare de moi

Je ne serai même pas

L’ombre de son chien

 

 

* Citations de Marie Noël

 

 

 

 

 

 

​

Pardon

 

Pardon

 

Je m’excuse

Auprès de vous

De vous tous

Enfants

Épouse

Amis

Pardon

La prétention

Se marie si bien

Avec la médiocrité

Pardon

L’âge n’apporte pas

La sagesse

Il n’apporte que l’illusion

De ce que l’on n’a pas su être

Pardon

Mais aucun pardon

Ne peut justifier

Ma faiblesse

 

Pourtant

Pardon

 

 

 

 

 

 

​

L’été

 

Le poète a été sans être

 

Tout l’histoire est là

Peut-être ?

Le poète n’a pas su commettre

Le poème attendu

Peut-être

N’est-ce que son être

Qui n’est pas ?

Peut-être

Même qu’il ne sait pas

Quel être

Il est au fond de lui

Quel être

Erre quand il s’enfuit

Dans tous les mots

Qu’il ne sait connaître

Dans ses vers

Qui le font disparaître

Peut-être

Qu’il n’a pas été ?

 

Peut-être

Qu’il n’a pas été

Seul

Avec ses mots

Qui n’ont pas passé

L’été

 

 

 

 

 

 

​

L’automne

 

« Jusqu’à la fin… Aimer… »

 

Il pleut

Il fait froid

Des mots vides

Autant que le silence

Tant de riens

Si peu de bien

Que retenir ?

Ne rien jeter ?

L’automne a eu de belles couleurs

Mais c’était autrefois

L’automne est aujourd’hui

Qu’une ombre dans le noir

 

« J’éprouve de la peine à croire que ce que j’ai tant aimé était un mensonge »**

 

 

* Citations de Marie Noël

** Citation de Pascal Quignard

​

​

​

​

​

Le chant des sables


« Nous sommes l’eau qui reflète
Un frémissement de feuille
Et la durée des étoiles »

                   Juliette Darle 

 

 

 


Obscur éclair


De mes pensées, je crois que
Que la nuit s'est rêvée, que
Que le jour s'est délié,

Quelques grains de sable autour
D'un grain de peau, luisant de
Beauté, étincellant de
La lumière de l'amour. 

 

 

 

 

 


Calme sauvage


Le calme souffre
Dans ta mémoire
Sauvage
Rien n'apprivoise
Rien que l'ardoise
D'une carapace
Sauvage
Là sous la fibre
Là sans le libre
De tes amours
Sauvages
Le calme en nous
Le calme en tout
Clame tout ce qui nous
Ravage

 

 

 

 


Cathédrale


S'élève l'ombre des passés
Danse le fruit de nos pêchés
Alors que fuit l'immortalité
Alors que pleut en verticales
Ce que l'on n'a jamais été
Le long du mur à l'horizontale
Se mirent les rayons décomposés
Par la tristesse et la poussière
Enchevêtrées à nos existences
Au-delà du temps sait-on rêver
Sait-on rêver à d'autres lignes
Le long du mur à l'horizontale ?

 

 

 

 

 


Sentiers


que se rêve le feu
ce n'est qu'une unique lanterne
Où se mêlent les jeux
des ombres et des lumières
dans ce bleu invisible
L'espace entre le rêve
et la clarté de nos gestes
au bord de la page blanche
s’ouvrent leurs sentiers inconnus
faits d'encres et d'horizons
Des astres solitaires
Ce n'est qu'au bout des temps
Que se rêvent nos jeux 

 

 

 

 

 

Un pont


Le glissement d'une main
Le glissement d'un instant
Je respire la vie
D'un regard tremblant
A côté de moi se creuse
La vague sous le ciel
La vague dans la brume
J'inspire d'un regard
La vie que se dépasse
Au bord du jour sérieuse
Les feuilles dévoilent
Les feuilles et toi le
Moment venu tu m'emmènes

 

 

 

 

Du noir l'espoir

 

Dans les fatigues du fleuve
Les larmes des eaux sourdes
Résonnent sur les pierres

Noires de vertige

On en oublie la Force
Du vent et du passé
Où sombrent les branches

Noires de vertige

Dans les horizons insaisissables
De vagues ondes saumâtres
Naissent du battement des ombres

Noires de vertige

Nos êtres rêvent d'un autre être
D'une lumière fière de liberté
D'un regard qui dirige

L'espoir d'un vertige


Les montagnes bleues


Et découpe l'air

Au loin d'un regard
Nait l'éclair

L’horizon s'embrume
Sans en avoir l'air

Et l’heure effile
Ce que l’ombre ronge

Mon monde se plombe
Prolongeant le crépuscule

Pourtant
D'un souffle ou d'un reflet
Se creuse la joue des nuages

Là où la pierre s'apprivoise
Là où le temps n'est plus vraiment

Que ce ruisseau dans une main
Que cette bise dans les cheveux

​

L'éclaboussure des regards
Celle des montagnes bleues 

 

 

 

 

 

​

 


Espace


L'espace d'un instant
Les gens pourraient croire
Ce que dit le vent
Du bout des lèvres
Au bout du chemin
Les traces de nos as
Content tous nos 
Renoncements
Est-ce à L'horizon
Que croit le néant ?
Ou n'est-ce qu'en passant
Que résonne le temps ?
Le tant de temps gâché
Inutilement
Le temps de rien parti
Évidemment
Derrière les dunes
Le temps d'un instant

 

 

 

 



Nuits choroplèthes


Les temps translucides
Éteignent l'innocence
Des lumières d'antan
Du brassier passé

Une seul goutte d'eau
Dans l'orbe des nuits
Une seule goutte d'eau
Tombant comme un fruit
Peut renaître la vie

 

 

 

 


Écorchures

​

Dissout les valeurs
Des jours solitaires
Mon regard se perd

Sans conscience la vie
S'embrume de nuits
Des blessures non dites
Des cailloux du temps

Se dénude l'amour
Au fil des grains clairs
Absorbés par les vagues
Qui flétrissent nos pas

S'écorche l'automne

 

 

 

 


Au-delà même


Au-delà du ciel
Au-delà de l'au-delà
Même
Reste l'éclair
Reste la fièvre

Face à cet astre
Face à sa lumière
Face contre face
Même
Reste la vie
Reste l'envie

Mes pieds dans le sable
Mes pieds dans l'écume
Mes pieds sur tes pieds
Même
Je contemple les nues
Je te contemple nue

Et bien au-delà

 

 

 

 


Quand le crépuscule appelle la nuit


Lorsque la plage étale
Ses longs lambeaux noirs
Offre une vue discrète
Offre une envie secrète
Aux paupières pétales

Ces instants d'aurore
Rythmés par les vagues
Aux chemins des encore
Dévoilent le rivage
Dévoilent le visage
Du jour qui s'élague

Ton corps se contracte
Le temps se rétracte

 

 

 

 


Pas à pas


Le jour s'enroule
Soleil et eau
Nous font défaut
Le cœur du jour
Bat pour l'amour
Et dans ma gorge
L'envie se forge
D'un battement
De nos deux sangs
Demain est là
Fait de nos pas

 

 

 

 


Tendre temps


Les vagues sont fables
Aurores des temps
Et pollens d'instants
Juste une tendresse
Que la nuit nous laisse

 

 

 

 


Goutte à goutte


Qui s’évade de la rade
Écoute l’équinoxe
Et ses doux paradoxes
Écoute ses larmes
Dans leurs mille charmes
Écoute encor
Encor plus fort
Écoute, oh
Toute l’eau
Écoute
Sans doute

 

 

 

 


À l'aube du sel

​

L'azur descend au cœur du brillant
De chaque grain de sable
Il présente le vent autrement
Dans cette nuées de miroirs présents
On pourrait croire entendre palpiter
Chaque instant quand l'écume vient se briser
Dans la transparence de tes yeux nus

 

 

 

 


Passé par là

​

Dans les bras du fleuve
La mer s'étend transparente
Les bleus du vent se suspendent
Aux relents salés de l'été
L'eau déjà pense à fuguer
Que restera-t-il de ce passé

 

 

 

 


Perdu en chemin

​

C'est un jour de septembre
Qui attend pour s'étendre
Que les arbres perdent leur temps
Que le vent change en venant

C'est un jour de septembre
Qui attend octobre lentement
À moins que ce ne soit novembre
On se perd vite les feuilles tombant 
Juste un grain

Chaque grain recèle
D'un brin de beauté
Une étoile intérieur
Qu'on ne peut lui ôter
Sauf à le briser
À le rendre poussière

Et même là
Il dansera dans la lumière
La première fenêtre venue

 

 

 

 


Va vide

​

Vite
Le vide nous explose
A la figure
Il nous aspire
Il nous avale
Et nous recrache
Vides

Et à notre tour
Nous emplissons
L'univers
De notre colère
Vide de sens

​

​

​

​

​

​

À portée

 

Longtemps, j’ai rêvé
Un rêve calme et léger
D'une voix sur ma voie
Au-delà d'un toujours
Longtemps, j'ai rêvé
Un rêve sûr et tendu
Vers le choix de ce toi
Au-delà de l'absence
Longtemps, j'ai rêvé
Un rêve vrai et borné
Sans horreur, ni souffrance
Au-delà de cet émoi
Longtemps, j'ai rêvé
Et je me suis déchiré

​

​

​

​

​

 

 


Sahara

 

Fleur des sables impénétrable
Mon âme se raie sur ta lumière
Brûlante, coupante de désirs
Variant de tant de douleurs

Le feu me brûle à l'intérieur
Ses yeux coupent toute volonté
Ses lèvres varient de beauté
Mon cœur n'est plus qu'éclats

Des grains simples comme d'autres
Éparpillés par milliers
Dans les chants du vent
D'une fleur des sables insatiable 

​

​

​

​

​

​

 

 


Douce nuit

 

Derrière la nuit
Se cache le cauchemar
Il se tapit dans mes veines
Et se coule dans mon âme
Il en boit la douleur
Et s'en gave de bonheur
Il traîne sur les courbes
Du passé insensé
Il resserre les fers
Et les rend plus ardent
Il balaie la poussière
Et la plante en pleine lumière
Il plie chaque seconde
Et fait qu'elle retombe
Incendiant la nuit noire
En la rendant plus blanche
Mes yeux se scellent
Même grands ouverts
Il ne reste du temps
Que le poids du vent

​

​

​

​

​

 

 


Regards

 

Les yeux se vident
Dans ces nuits translucides
Les jours se sont éteints
En deux soleils bleus
Aujourd'hui refermés

Nulle pluie
Rien que la vie
Qui m'irradie
D'une vivacité
Inutile et inouïe

​

​

​

​

​

​

 

 


Semailles

 

L'automne est arrivé
Succédant à l'été mourant
Les journées solitaires
N'ont été qu'austères

La terre s'est embrumée
Sous ce ciel absent
Plus rien n'a poussé
D'autre que du chiendent

Le temps s'est dénudé
Simplement s'étirant
Les cailloux ont poussé
Fleurissant dans les cœurs

​

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​

​

​

 

 


À L'intérieur

 

Au-delà de mon esprit
Comment croire en toi
Sans croire en moi ?
Mes racines sont plantées
Dans mon propre rocher

J'ai faim 
J'ai soif
Et je meurs 
De toi

Au-delà de moi
Comment croire
Que j'existerai
Sans être en toi ?

​

​

​

​

​

 

 


Perdue

 

Si l’on ouvrait mon âme
Que se cacherait-il encore
Derrière le mur froid et sombre ?
Quelles seraient mes ombres ?
Si l'on ouvrait mon âme
Comme une vieille armoire à tiroirs
Trouverait-on ce monde inattendu
Ou le vide ? Et rien de plus !

J'ai beau me casser la tête
J'ai beau chercher ce qui m'entête
L'abîme est trop profond
Et s'y perd mon âme

​

​

​

​

​

 

 


Grain

 

Un grand ciel bleu
Étendu sur une terre noire
Et le silence

Parfois passe une colombe
Majestueuse et douce
Libre et ivre de liberté

Parfois ce n'est rien
Un temps grave qui se lie
À un orage froid et lisse

Tout ce poids pèse sur moi
Dans cette brume sans lumière
Sauf celle d'un grain de poussière

Échappé d'un grain de vent

​

​

​

​

​

 

 


À temps ?

​

Le sablier du temps
Se renverse continuellement
Impossible de connaître la durée
Il me faut juste l'accepter

Agenouillé à attendre
Ce que serait le bon instant
J'ai perdu tout le temps
Il s'est enfui de moi

Et sa corde m'enserre
Infiniment

​

​

​

​

​

 

 


À verse

​

La nuit arrive
Et verse l'absence

Rien ne s'oublie
Et tourne dans ma tête
Le souffle des mots
En une tempête
Qui traverse mes os
Dehors chaque bruit
Nie tout ce silence
Je ressens comme un cri
Brûlant à l'intérieur
Je ressens ta main qui glisse
Ton sourire qui s'esquisse
Et mes pas qui s'en vont
Au moment où le jour s'éteint

La nuit arrive
Et verse l'absence

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Ténébreux

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Sans la lune
La dune s'efface
C'est un songe
Qui fugue doucement

Les dernières vagues
Enlacent la plage
Avant de se retirer
Et de tout oublier

Voici que meurt le soir
Simplement dans le noir
La brume s'étend lentement
Et plus rien ne s'entend

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À d'autres aurores

 

Minuit est là
Comme une fin de vie
Demain commence déjà
Il commence sans moi

Le chemin s'est perdu
Dans une vieille forêt
Et ne se retrouvent plus
Chaque pierre déposée

Les larmes sont inutiles
À quoi bon pleurer
Même ridicule
Il faut continuer

À rêver 

 

 

 

 


Plage blanche

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Il neige sur la plage
Le sable s'emplit de flocons
Il neige sur la plage
L'écume dessine des étoiles
Il neige sur la plage
La lumière s'endort dans la brume
Il neige sur la plage
Je crois que se tourne une page 

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Automne
Ancre 1
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