Calme Sauvage
L'automne au petit jour
​
« Ce soir ce soir-là
Puis la nuit suivante encore
De légers soupirs »
Marie Noël
Chant du vent
C'était il y a longtemps
Un jardin dans le matin
Peut-être qu'il y avait
Des fleurs de toutes couleurs
Ou peut-être que c'était
Quelques reflets de bonheur
Il n'y avait pas de murs
Et sûrement rien de sûr
Il y avait juste après
Un chemin dans la forêt
Mais jamais je ne saurais
Si le portail bleu avait
Cette petite clé noire
Si ce portail bleu
S'ouvrait sur un peu d'espoir
C'était il y a longtemps
Maintenant un jour de vent
​
Crépuscule
Le silence est là
Là où on ne l'attend pas
Là où se perdent mes pas
Là sans aucune raison
Le silence est rond
Rond comme tant de jours longs
Rond comme autant de saisons
Rond sans la moindre lumière
Le silence est fier
Fier à attendre l'hiver
Fier à tendre les enfers
Fier à espérer tes bras
​
Mot au bord
Un cri au bord, jamais finie,
La vie s'écoule après, après
L'ultime seconde, punie
Je ne sais pas ce que j’ai fait.
Un cri au bord, celui d'un homme
Là Comme si je le savais
Déposé sur mes lèvres comme
Un feu follet je le suivais
Un cri au bord, fort et sauvage
Une rage à voler, allant
A travers nos âges, voyage
Volage à travers les avants
Un cri au bord, l'unique rive
Où se dérivent nos amours
Aux petits jours ou quand arrive
Le crépuscule en un seul tour
Un cri au bord, sans une faute
La nuit à pleurer, à rêver
Sous le ciel noir, dans l'herbe haute
Je ne sais plus quel mot trouver.
Un cri au bord, au bord du cœur
Au bord du temps, au cœur de toi
​
Un cri en moi, autant de pleurs
D'un mot au bord.... Emmène-moi…
​
1.9.62
Un point dans le jardin
Une perle un matin
Le soleil et les fleurs
Des regards de couleurs
Est-on prêts, est-on sûr
Prisonniers de nos murs
De là où l'on irait
Des chemins, des forêt
De chaque jour d'après
De ce qu'on trouverait
Une idée, une clé
Un abri, une porte
Une nuit bien plus forte
Ou un dieu endiablé ?
Sur la flamme à souffler
L'homme que l'on apporte
A-t-il une âme morte ?
​
Comme en semant…
Au commencement, la nuit
Et ce qui ressemble au chaos
Et un esprit qui divague
Entre les feuilles qui attendent
De tomber
Au commencement, un bruit
Et la danse du silence
Et une âme qui s’éloigne
Entre les branches qui espèrent
Les retenir
Et puis la lune qui se cache
Semblant entre les nuages
Semblant entre les orages
Chercher infiniment l’instant
Du commencement
​
Et si…
Et si l’âge nous rendait sage
Retrouverions-nous notre folie
D’avant ?
Retrouverions-nous nos envies
D’autant ?
Retrouverions-nous notre vie ?
Pourtant
Nous devions apprendre
Nous devions comprendre
Nous devions savoir
Que l’âge oublie nos erreurs
Et qu’inlassablement on oublie
D’être sage
Et si…
​
Par foi
Parfois
Je me demande si la poésie
Habite le poète
Ou si ce ne sont que ses maux
Parfois
Je me demande si le noir
Ne s’écrit sur le blanc
Que pour être tranchant
Parfois
Je me demande si tu lis
Pour oublier ici
Uniquement ce que tu vis
Parfois
Je me demande pourquoi
Tu prends les mots en moi
Comme s’ils étaient à toi
Peut-être que tu es le poète ?
​
Vertigo
Je chancelle en attendant
Ma flamme est-elle si belle
Aussi belle que je le prétend ?
Le temps m’a porté jusque là
Plus loin que le présent
Mais pas assez pour autant
J’ai fait le tour tant et tant
De fois pourtant
Que je pourrais croire vraiment
Que j’avais fait ce qu’il fallait
Du haut de ma falaise
J’aperçois tout ce temps absent
Où je replonge à chaque fois
De plus en plus profondément
Je chancelle en attendant
Ce qui ne m’attend plus à présent
​
Bleu enfer
L’enfer est en moi.
C’est un monde à l’envers
Un être pervers qui s’étend
Éternellement
Le mal
Sûrement
Est au commencement
Je ne sais pas comment
C’est juste ce que je ressens
Le bonheur
Était là
Au bout du chemin
À portée de main
Mais toujours plus loin
La honte n’était pas
Encore en moi
Elle le deviendra
De plus en plus
À chaque faux pas
Je ne sais penser la tranquillité
Elle est dans ses bras
Qui se referment ailleurs
Le paradis n’est pas
Ce que l’on croit
Il ne me reste je crois
Que ce que je ne sais faire
Rêver
​
Bien mal
Le bien, le mal
Deux faces d’une même pièce
Et une infime épaisseur
Pour les séparer
De la caresse
À la claque
Il suffit d’un mot
D’un regard
D’un petit rien
Qui vous allume
Ou vous éteint
Il suffit d’une seconde
Pour que ce que l’on désire
Construire
Soit détruit intégralement
Et que l’on reste sans voie
Face à un unique choix
Se mélangent
Le bien, le mal
​
Laurier lilas
Laurier, lilas
Deux plantes
Qui se plantent
Chacune peut penser
Savoir la vérité
Chacune peut croire
Qu’il suffit de regarder
Aucune n’a compris
Ce qu’il s’était passé
Détruire n’a pas la vertu
De ce que l’on attend
Planter n’est qu’une façon
De masquer le vide ambiant
Les parfums de l’été
Se sont perdus dans mes pensées
Et je me retrouve las
Planté dans mon vide ambiant
Laurier ou lilas
Qui sait ce qui fleurira ?
Qui sait ce qu’il en restera ?
​
Juste rien
Rien de plus, juste en trop
Trop vieux
Trop mou
Trop con
Jamais je ne pensais
Arriver aussi bas
Dans le regard
D’un être aimé
Jamais je ne pensais
Payer mes méfaits
À leur véritable prix
Je suis resté bloqué
Dans un passé incertain
Et je me suis oublié
Au point de l’être
Totalement
Rien de plus, juste en trop
​
Bonsoir
Est-on bon
Quand on ne sait pas
Dire bonsoir ?
Est-on sûr
D’être sur le bon chemin
Quand on nie l’ancien ?
Est-on sauf
Si on ferme les yeux
Sur les mots d’hier ?
Touche après touche
Se tapent les mots
Dans ma tête
Sans ce bon soir
​
Défait
Il aurait fallu s’évader
Il aurait fallu s’en aller
Il aurait fallu chercher
Sans se voiler les yeux
Il aurait fallu plus encore
Pour donner un sens à l’été
Il aurait fallu encore plus
Pour donner sens à cette vie
Je suis resté comme un pieu
Planté au cœur de ce lieu
Je n’ai même pas bougé
Quand la lame m’a traversé
Je me suis contenté
De la fermer
L’été s’en est allé
Emportant les autres saisons
Par la même occasion
Dans un silence de plomb
​
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Intimété
Les mains posées sur le monde
Avant que celui-ci disparaisse
Les mains posées une seconde
Volée à un temps dépassé
Les mains posées en une ronde
Comme pour tout effacer
Les mains posées s’abandonne
C’est cela qui m’étonne
Il ne reste sur ces mains posées
Que le fantôme de l’instant
Toujours aussi présent
Toujours aussi absent
Demain reste derrière
​
Oublier
« Viendra le jour où vous chercherez l’ignorance comme une eau pour la soif »
Oublier
Oublier la tempête
Oublier tout ce froid
Oublier l’extérieur
Pour oublier l’intérieur
Oublier chaque pas
Oublier les sourires
Oublier les baisers
Oublier les dégâts
Pour oublier de détruire
Oublier un peu plus
Oublier encore
Oublier encore plus
Oublier toujours
Pour oublier les toujours
Oublier son savoir
Oublier sans savoir
Oublier de s’oublier
Pour s’oublier enfin
J’ignore si j’y parviendrai
Oublier est une douleur
* Citations de Marie Noël
Joel: It would be different, if we could just give it another go-round.
Clementine: Remember me. Try your best; maybe we can.
Extrait d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) »
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Pas lu
J’aurais aimé
Que tu me lises
Mais tant de mots
T’ont fait peur
Peut-être était-ce
Une bêtise ?
Peut-être était-ce
Une erreur ?
J’aurais aimé
Que tu me lises
Pour qu’un peu
Tu me dises
Ces mots que
J’espérais
​
Corbeille
Est-ce un endroit
Pour arriver ?
Était-ce un signe
Dès le départ ?
J’aurais dû voir
J’aurais-dû comprendre
Ce que mes messages vivaient
Car cela m’arriverait
J’aurais dû entendre
J’aurais dû percevoir
Ce que mon cœur oubliait
Mais j’ai fait comme si
Mais j’ai fait comme ça
Comme un papier froissé
Comme un papier plié
Dont l’utilité n’était plus
Nécessaire
​
Absorption
Je « marche sur la pointe des pieds, ne fais pas de bruit, ne tiens pas de place. »*
J’attends simplement que le temps m’absorbe.
Tu ne regardes pas, tu ne vois pas, tu ne ressens pas
Ce qu’il se passe en moi.
Tu as tes raisons, tu as tes problèmes, tu as tes désirs.
J’attends simplement que le temps m’absorbe.
Tu ne dis rien, tu ne fais rien, tu ne ressens rien
Des maux qui me touchent.
Tu as ta façon, tu as tes idées, tu as ta passion.
J’attends simplement que le temps m’absorbe.
Je « marche sur la pointe des pieds, ne fais pas de bruit, ne tiens pas de place. »*
Et m’efface…
* Citation de Marie Noël
​
C’est la vie
« Tout ce qui est vie est infidèle »*
Il suffit d’un brin de vie
D’un brin de vent
D’une saute d’humer
D’une seule envie
Le pas est franchi
Sans nul retour
Et peu importe
Si au petit jour
La feuille est morte
L’été nous brûle
Et nous consume
On invente des raisons
On crée les raisons
Et tout s’accepte
Tout passe
C’est ainsi qu’est
Tout ce qui est vie
* Citation de Marie Noël
​
Être
« Être moi !
Perdu dans la vie des autres ! »*
Reconnaître chaque erreur
Reconnaître sa prétention
Reconnaître ses faiblesses
Attendre que le temps vienne
Mais quel temps ?
Celui qui passe ?
Celui qui se retient ?
Celui qui s’oublie ?
Être moi
Pour être
Tout court
* Citation de Marie Noël
​
Cadeau
« En moi-même, je me révolte, je renverse, je frappe, je brise de toute ma violence. »*
J’offre mon silence
J’offre mon absence
J’offre pour ce vide
Pour prouver que je résiste
J’offre mes mots
Dans ces livres caveaux
J’offre tous ces riens
Comme si c’était bien
J’offre ma confiance
Comme une évidence
« Je reçois doucement ce qui m’est contraire. Je ne suis pas doux. Je suis tué. »*
* Citations de Marie Noël
​
À battre
Un cœur bat
À l’intérieur
Je ne sais plus où
Je ne sais pas pourquoi
Un cœur bat
Je le crois encore
Mais il fait si froid
Qu’il ne bat pas pour moi
​
Pas à pas
« Que je vive de toi ! »*
Mon Dieu
J’ai cru
Je crois
Je ne sais plus
Tu étais perdue
Et j’ai suivi ton chemin
De croix
Peut-être ?
J’ai perdu tes pas
Et en me retournant
Les miens n’y étaient pas
* Extrait de l’hymne eucharistique
​
Paradis
Le paradis terrestre existe
Je l’ai vu
Je l’ai vue
J’ai pris la pomme
Je ne l’ai pas croquée
Et la porte s’est refermée
Le paradis terrestre existe
Peut-être n’est-il
Qu’en moi ?
Tout comme l’enfer
​
Temps de chien
« La paille brisée ou foulée est toujours assez bonne pour le chien… »*
Je ferme les yeux
Je me replie sur moi
Je ne respire plus
Pour ne plus entendre le temps
Je ne réfléchis pas
On le fait pour moi
Et dans ma tête tout se mélange
Ce n’est pas un rêve
Je ferme les yeux
Un peu plus encore
Je ne suis pas mort
Je ressens la douleur
De mon corps
Je m’allonge là
Dans cette tanière
Et j’attends que le temps
S’empare de moi
Je ne serai même pas
L’ombre de son chien
* Citations de Marie Noël
​
Pardon
Pardon
Je m’excuse
Auprès de vous
De vous tous
Enfants
Épouse
Amis
Pardon
La prétention
Se marie si bien
Avec la médiocrité
Pardon
L’âge n’apporte pas
La sagesse
Il n’apporte que l’illusion
De ce que l’on n’a pas su être
Pardon
Mais aucun pardon
Ne peut justifier
Ma faiblesse
Pourtant
Pardon
​
L’été
Le poète a été sans être
Tout l’histoire est là
Peut-être ?
Le poète n’a pas su commettre
Le poème attendu
Peut-être
N’est-ce que son être
Qui n’est pas ?
Peut-être
Même qu’il ne sait pas
Quel être
Il est au fond de lui
Quel être
Erre quand il s’enfuit
Dans tous les mots
Qu’il ne sait connaître
Dans ses vers
Qui le font disparaître
Peut-être
Qu’il n’a pas été ?
Peut-être
Qu’il n’a pas été
Seul
Avec ses mots
Qui n’ont pas passé
L’été
​
L’automne
« Jusqu’à la fin… Aimer… »
Il pleut
Il fait froid
Des mots vides
Autant que le silence
Tant de riens
Si peu de bien
Que retenir ?
Ne rien jeter ?
L’automne a eu de belles couleurs
Mais c’était autrefois
L’automne est aujourd’hui
Qu’une ombre dans le noir
« J’éprouve de la peine à croire que ce que j’ai tant aimé était un mensonge »**
* Citations de Marie Noël
** Citation de Pascal Quignard
​
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​
​
Le chant des sables
« Nous sommes l’eau qui reflète
Un frémissement de feuille
Et la durée des étoiles »
Juliette Darle
Obscur éclair
De mes pensées, je crois que
Que la nuit s'est rêvée, que
Que le jour s'est délié,
Quelques grains de sable autour
D'un grain de peau, luisant de
Beauté, étincellant de
La lumière de l'amour.
Calme sauvage
Le calme souffre
Dans ta mémoire
Sauvage
Rien n'apprivoise
Rien que l'ardoise
D'une carapace
Sauvage
Là sous la fibre
Là sans le libre
De tes amours
Sauvages
Le calme en nous
Le calme en tout
Clame tout ce qui nous
Ravage
Cathédrale
S'élève l'ombre des passés
Danse le fruit de nos pêchés
Alors que fuit l'immortalité
Alors que pleut en verticales
Ce que l'on n'a jamais été
Le long du mur à l'horizontale
Se mirent les rayons décomposés
Par la tristesse et la poussière
Enchevêtrées à nos existences
Au-delà du temps sait-on rêver
Sait-on rêver à d'autres lignes
Le long du mur à l'horizontale ?
Sentiers
que se rêve le feu
ce n'est qu'une unique lanterne
Où se mêlent les jeux
des ombres et des lumières
dans ce bleu invisible
L'espace entre le rêve
et la clarté de nos gestes
au bord de la page blanche
s’ouvrent leurs sentiers inconnus
faits d'encres et d'horizons
Des astres solitaires
Ce n'est qu'au bout des temps
Que se rêvent nos jeux
Un pont
Le glissement d'une main
Le glissement d'un instant
Je respire la vie
D'un regard tremblant
A côté de moi se creuse
La vague sous le ciel
La vague dans la brume
J'inspire d'un regard
La vie que se dépasse
Au bord du jour sérieuse
Les feuilles dévoilent
Les feuilles et toi le
Moment venu tu m'emmènes
Du noir l'espoir
Dans les fatigues du fleuve
Les larmes des eaux sourdes
Résonnent sur les pierres
Noires de vertige
On en oublie la Force
Du vent et du passé
Où sombrent les branches
Noires de vertige
Dans les horizons insaisissables
De vagues ondes saumâtres
Naissent du battement des ombres
Noires de vertige
Nos êtres rêvent d'un autre être
D'une lumière fière de liberté
D'un regard qui dirige
L'espoir d'un vertige
Les montagnes bleues
Et découpe l'air
Au loin d'un regard
Nait l'éclair
L’horizon s'embrume
Sans en avoir l'air
Et l’heure effile
Ce que l’ombre ronge
Mon monde se plombe
Prolongeant le crépuscule
Pourtant
D'un souffle ou d'un reflet
Se creuse la joue des nuages
Là où la pierre s'apprivoise
Là où le temps n'est plus vraiment
Que ce ruisseau dans une main
Que cette bise dans les cheveux
​
L'éclaboussure des regards
Celle des montagnes bleues
​
Espace
L'espace d'un instant
Les gens pourraient croire
Ce que dit le vent
Du bout des lèvres
Au bout du chemin
Les traces de nos as
Content tous nos
Renoncements
Est-ce à L'horizon
Que croit le néant ?
Ou n'est-ce qu'en passant
Que résonne le temps ?
Le tant de temps gâché
Inutilement
Le temps de rien parti
Évidemment
Derrière les dunes
Le temps d'un instant
Nuits choroplèthes
Les temps translucides
Éteignent l'innocence
Des lumières d'antan
Du brassier passé
Une seul goutte d'eau
Dans l'orbe des nuits
Une seule goutte d'eau
Tombant comme un fruit
Peut renaître la vie
Écorchures
​
Dissout les valeurs
Des jours solitaires
Mon regard se perd
Sans conscience la vie
S'embrume de nuits
Des blessures non dites
Des cailloux du temps
Se dénude l'amour
Au fil des grains clairs
Absorbés par les vagues
Qui flétrissent nos pas
S'écorche l'automne
Au-delà même
Au-delà du ciel
Au-delà de l'au-delà
Même
Reste l'éclair
Reste la fièvre
Face à cet astre
Face à sa lumière
Face contre face
Même
Reste la vie
Reste l'envie
Mes pieds dans le sable
Mes pieds dans l'écume
Mes pieds sur tes pieds
Même
Je contemple les nues
Je te contemple nue
Et bien au-delà
Quand le crépuscule appelle la nuit
Lorsque la plage étale
Ses longs lambeaux noirs
Offre une vue discrète
Offre une envie secrète
Aux paupières pétales
Ces instants d'aurore
Rythmés par les vagues
Aux chemins des encore
Dévoilent le rivage
Dévoilent le visage
Du jour qui s'élague
Ton corps se contracte
Le temps se rétracte
Pas à pas
Le jour s'enroule
Soleil et eau
Nous font défaut
Le cœur du jour
Bat pour l'amour
Et dans ma gorge
L'envie se forge
D'un battement
De nos deux sangs
Demain est là
Fait de nos pas
Tendre temps
Les vagues sont fables
Aurores des temps
Et pollens d'instants
Juste une tendresse
Que la nuit nous laisse
Goutte à goutte
Qui s’évade de la rade
Écoute l’équinoxe
Et ses doux paradoxes
Écoute ses larmes
Dans leurs mille charmes
Écoute encor
Encor plus fort
Écoute, oh
Toute l’eau
Écoute
Sans doute
À l'aube du sel
​
L'azur descend au cœur du brillant
De chaque grain de sable
Il présente le vent autrement
Dans cette nuées de miroirs présents
On pourrait croire entendre palpiter
Chaque instant quand l'écume vient se briser
Dans la transparence de tes yeux nus
Passé par là
​
Dans les bras du fleuve
La mer s'étend transparente
Les bleus du vent se suspendent
Aux relents salés de l'été
L'eau déjà pense à fuguer
Que restera-t-il de ce passé
Perdu en chemin
​
C'est un jour de septembre
Qui attend pour s'étendre
Que les arbres perdent leur temps
Que le vent change en venant
C'est un jour de septembre
Qui attend octobre lentement
À moins que ce ne soit novembre
On se perd vite les feuilles tombant
Juste un grain
Chaque grain recèle
D'un brin de beauté
Une étoile intérieur
Qu'on ne peut lui ôter
Sauf à le briser
À le rendre poussière
Et même là
Il dansera dans la lumière
La première fenêtre venue
Va vide
​
Vite
Le vide nous explose
A la figure
Il nous aspire
Il nous avale
Et nous recrache
Vides
Et à notre tour
Nous emplissons
L'univers
De notre colère
Vide de sens
​
​
​
​
​
​
À portée
Longtemps, j’ai rêvé
Un rêve calme et léger
D'une voix sur ma voie
Au-delà d'un toujours
Longtemps, j'ai rêvé
Un rêve sûr et tendu
Vers le choix de ce toi
Au-delà de l'absence
Longtemps, j'ai rêvé
Un rêve vrai et borné
Sans horreur, ni souffrance
Au-delà de cet émoi
Longtemps, j'ai rêvé
Et je me suis déchiré
​
​
​
​
​
Sahara
Fleur des sables impénétrable
Mon âme se raie sur ta lumière
Brûlante, coupante de désirs
Variant de tant de douleurs
Le feu me brûle à l'intérieur
Ses yeux coupent toute volonté
Ses lèvres varient de beauté
Mon cœur n'est plus qu'éclats
Des grains simples comme d'autres
Éparpillés par milliers
Dans les chants du vent
D'une fleur des sables insatiable
​
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​
​
​
​
Douce nuit
Derrière la nuit
Se cache le cauchemar
Il se tapit dans mes veines
Et se coule dans mon âme
Il en boit la douleur
Et s'en gave de bonheur
Il traîne sur les courbes
Du passé insensé
Il resserre les fers
Et les rend plus ardent
Il balaie la poussière
Et la plante en pleine lumière
Il plie chaque seconde
Et fait qu'elle retombe
Incendiant la nuit noire
En la rendant plus blanche
Mes yeux se scellent
Même grands ouverts
Il ne reste du temps
Que le poids du vent
​
​
​
​
​
Regards
Les yeux se vident
Dans ces nuits translucides
Les jours se sont éteints
En deux soleils bleus
Aujourd'hui refermés
Nulle pluie
Rien que la vie
Qui m'irradie
D'une vivacité
Inutile et inouïe
​
​
​
​
​
​
Semailles
L'automne est arrivé
Succédant à l'été mourant
Les journées solitaires
N'ont été qu'austères
La terre s'est embrumée
Sous ce ciel absent
Plus rien n'a poussé
D'autre que du chiendent
Le temps s'est dénudé
Simplement s'étirant
Les cailloux ont poussé
Fleurissant dans les cœurs
​
​
​
​
​
À L'intérieur
Au-delà de mon esprit
Comment croire en toi
Sans croire en moi ?
Mes racines sont plantées
Dans mon propre rocher
J'ai faim
J'ai soif
Et je meurs
De toi
Au-delà de moi
Comment croire
Que j'existerai
Sans être en toi ?
​
​
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​
​
Perdue
Si l’on ouvrait mon âme
Que se cacherait-il encore
Derrière le mur froid et sombre ?
Quelles seraient mes ombres ?
Si l'on ouvrait mon âme
Comme une vieille armoire à tiroirs
Trouverait-on ce monde inattendu
Ou le vide ? Et rien de plus !
J'ai beau me casser la tête
J'ai beau chercher ce qui m'entête
L'abîme est trop profond
Et s'y perd mon âme
​
​
​
​
​
Grain
Un grand ciel bleu
Étendu sur une terre noire
Et le silence
Parfois passe une colombe
Majestueuse et douce
Libre et ivre de liberté
Parfois ce n'est rien
Un temps grave qui se lie
À un orage froid et lisse
Tout ce poids pèse sur moi
Dans cette brume sans lumière
Sauf celle d'un grain de poussière
Échappé d'un grain de vent
​
​
​
​
​
À temps ?
​
Le sablier du temps
Se renverse continuellement
Impossible de connaître la durée
Il me faut juste l'accepter
Agenouillé à attendre
Ce que serait le bon instant
J'ai perdu tout le temps
Il s'est enfui de moi
Et sa corde m'enserre
Infiniment
​
​
​
​
​
À verse
​
La nuit arrive
Et verse l'absence
Rien ne s'oublie
Et tourne dans ma tête
Le souffle des mots
En une tempête
Qui traverse mes os
Dehors chaque bruit
Nie tout ce silence
Je ressens comme un cri
Brûlant à l'intérieur
Je ressens ta main qui glisse
Ton sourire qui s'esquisse
Et mes pas qui s'en vont
Au moment où le jour s'éteint
La nuit arrive
Et verse l'absence
​
​
​
​
​
Ténébreux
​
Sans la lune
La dune s'efface
C'est un songe
Qui fugue doucement
Les dernières vagues
Enlacent la plage
Avant de se retirer
Et de tout oublier
Voici que meurt le soir
Simplement dans le noir
La brume s'étend lentement
Et plus rien ne s'entend
​
​
​
​
​
À d'autres aurores
Minuit est là
Comme une fin de vie
Demain commence déjà
Il commence sans moi
Le chemin s'est perdu
Dans une vieille forêt
Et ne se retrouvent plus
Chaque pierre déposée
Les larmes sont inutiles
À quoi bon pleurer
Même ridicule
Il faut continuer
À rêver
Plage blanche
​
Il neige sur la plage
Le sable s'emplit de flocons
Il neige sur la plage
L'écume dessine des étoiles
Il neige sur la plage
La lumière s'endort dans la brume
Il neige sur la plage
Je crois que se tourne une page
​
​
​
​
​
​
​